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Anita Lane reprend « Sexual Healing » de Marvin Gaye (1993)

Anita Lane
Anita Lane / Photo : Courtesy Mute

Anita Lane* n’avait pas le référencement naturel et ancré. Fondatrice des Bad Seeds aux côtés de Nick Cave, on ne sait que peu de choses d’elle, si ce n’est sa traversée du milieu post-punk australien, via Londres et Berlin. Et quelques hommes. Plus qu’inspirés en la regardant et, pourquoi pas, en l’écoutant. Ils brillent dans le chemin d’Anita, comme on sème des petits cailloux blancs pour ne pas trop se perdre en route. « La plus talentueuse d’entre nous », dira Nick Cave. Peut-être s’est-elle finalement perdue à donner aux Bad Seeds ses plus grands morceaux, entre autres From Her to Eternity et Stranger Than Kindness, ainsi que plusieurs chansons pour le groupe The Birthday Party.

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Opal, Happy Nightmare Baby (SST Records, 1987)

Les rêves sont tissés du même fil que les cauchemars ; David Roback et Kendra Smith ont dû en éprouver la joie et la douleur conjointe pour écrire, composer et chanter ce titre sombre et énigmatique. Happy Nightmare Baby est une balade entêtante douce-amère où se mêlent la voix rocailleuse et suave de Kendra Smith, la guitare confuse et ralentie de David Roback et un clavier lancinant et spectral qui définira bientôt le style néo-psychédélique californien de Mazzy Star. Étonnante cantilène ressurgie de ma mémoire à l’annonce du troisième épisode de liberté conditionnelle… Continuer la lecture de « Opal, Happy Nightmare Baby (SST Records, 1987) »

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08. L’endroit d’où je parle

En deux jours, un texte sur chaque chanson du nouvel album de Chevalrex, “Providence” (Vietnam)

« … la voix pourrait être l’équivalent de ce que la personne a de plus caché et de plus vrai. »
Italo Calvino, Sous le soleil jaguar

La direction prise par la voix de Rémy Poncet alias Chevalrex sort de l’ordinaire et convoque par la lente pulsation, la prosodie fine et la poésie du quotidien des Etienne Daho, Dominique A ou Bertrand Burgalat. Avec une mélodie estompée par une succession de noires, Rémy Poncet affirme d’une voix douce une mélodie solitaire et intimiste non résolue… Continuer la lecture de « 08. L’endroit d’où je parle »

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Porteuse d’eau

Anne Sylvestre
Anne Sylvestre, mars 1963.

Celle qui a chanté, deux ans avant la loi Veil, l’absence de mots pour dire la chair, avait un nom. Le nom des bois et des choses sauvages. Elle avait aussi un nez « trop » grand, une frange « trop » longue et portait de larges robes afghanes. Elle était de celles qui refusent le jeu de la séduction et la soumission aux codes masculins. Elle était aussi une des premières autrices-compositrices-interprètes dans un paysage essentiellement moustachu. Éduquée au maniement de la voile, au respect des éléments, timide mais tenace, Anne Sylvestre écrivait pour les gens qui écoutent leur cœur se balancer au rythme de leurs sensations, de leurs émotions. Elle composait pour ceux qui comprennent les bruits infimes des grelots, elle était une femme, amoureuse, désirante, gémissante, ensorceleuse, une femme qui cherche un mur pour pleurer et finalement une mère fabuleuse. Continuer la lecture de « Porteuse d’eau »