Catégories 45 tours, chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Vaillant, Prince de Perse (Herzfeld)

« Comme tu en pinces,
comme tu en pinces,
pour le Prince »

Que restera-t-il d’une seule chanson jetée sur YouTube en été ? Le fantasme d’un tube à l’essai, d’un nombre de vues millionnaire, ou d’un geste pour la beauté, de l’art pour l’art. Le label Herzfeld de Strasbourg s’entête depuis une dizaine d’années, via son site, à proposer un format quasi-gratuit (3 euros) et c’est tant mieux : dernier en date, ce Prince de Perse, par Vaillant, sorti de la tête d’Olivier Stula (ex-Second Of June) qui nous émerveille. On pourrait régler l’affaire d’une paresseuse et comique analogie : un New Order 87 bien cramé (ces basses profondes et mourantes) mené par un Plastic Bertrand sous anxiolytique (cette voix étrange aussi fragile qu’elle semble sûre de son fait) fait tourner une ritournelle sans fin, une boucle, parfaite, pourquoi pas, en bande-son d’un jeu vidéo du même nom. Continuer la lecture de « Vaillant, Prince de Perse (Herzfeld) »

Catégories mardi oldieÉtiquettes , , ,

Monsieur de Foursaings, Voulez-vous me faire la cour ? (1998, Escalator Records)

Il est arrivé en 4L, ou était-ce une 2 CV, dans les petites rues de Sainte-Marie-sur-Mer, près de Pornic. Il s’est présenté à nous, chemise blanche, col ouvert sur un léger foulard de soie, pantalon à pinces de couleur claire sur chaussures cirées, blazer marine à boutons dorés. Mèche de cheveux rabattue délicatement. Il était venu nous rendre visite comme promis pour l’après-midi, quelques jours auparavant, lors d’un tournoi de football rassemblant la crème de la minuscule scène pop française, amoureuse des fanzines, cassettes, 45 tours… Nous étions venus de Paris, de l’Ouest, et de l’Est du pays nous réunir à la Gaube, dans le bocage vendéen. Continuer la lecture de « Monsieur de Foursaings, Voulez-vous me faire la cour ? (1998, Escalator Records) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , ,

Bertrand Burgalat, Rêve Capital (Tricatel)

BurgalatL’enfance reviendra,
comme on saigne du nez
et les noms oubliés sur la photo de classe
sortiront d’un seul coup,
jailliront du passé.

Il n’est même pas question de savoir si on peut être juge et partie. Qu’une personnalité publique à l’aura indiscutable passe aussi habilement des pages de Rock&Folk où il tient une chronique mensuelle hautement pointue, tranchée et personnelle, aux chambres des studios où il empile en stakhanoviste des séances d’enregistrements d’une œuvre à nulle autre pareil, personne ici ne s’en plaint. On aime, dans ce pays, les plénipotentiaires flamboyants, qu’ils soient un peu perdant magnifique, ou qu’ils décrochent le succès, de préférence en fin de carrière, à un âge certain qu’on dira sage. Continuer la lecture de « Bertrand Burgalat, Rêve Capital (Tricatel) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Jesuslesfilles, L’heure idéale (Duprince)

Jesuslesfilles

Sur le groupe facebook que Stéphane Lemarchand a créé,  « J’écoute une K7 de la vedette », Daniel Yeang anime le réseau et rythme les journées de ses presque six cents membres abonnés en postant les innombrables écoutes qu’il fait à droite et à gauche. Les nouveautés touchent à tous les styles (du métal au rap en passant par tout l’éventail pop rock) et sont présentées sans chichi, référencées objectivement comme dans un catalogue, et accompagnées d’une note (au dixième près) sur vingt. Pour le reste, à nous d’inventer les discours et les histoires qui vont avec, en animant (ou pas) le débat dans les commentaires. Nouvelle forme de critique musicale collective adaptée au flux incessant des sorties ? Premier tamis avisé et finalement très personnel ? Continuer la lecture de « Jesuslesfilles, L’heure idéale (Duprince) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Fontaine Wallace, Le Projet (Microcultures)

« Puis j’ai retrouvé Sophie, c’était vraiment bien »

De mon temps, Superflu représentait cette petite chose fragile dont il était aisé de moquer la littérature frontale d’étudiant, disons, pour aller vite, le spleen des jeunes gens français des années 90. Leur musique d’arpèges un peu tristes (le sentiment, pas la qualité) laissaient de glace surtout que l’école Lithium d’à côté – Superflu était signé sur le Village Vert – y allait fort question noirceur et engagement. Il y avait de la retenue alors qu’on se rêvait un peu plus bravache, il y avait du sentiment, alors qu’on se rêvait armé. Pourtant, quand je me suis retrouvé, j’avoue un peu par hasard, au concert du groupe de Nicolas Falez, j’en suis ressorti tout retourné, et même, un peu plus humble. Continuer la lecture de « Fontaine Wallace, Le Projet (Microcultures) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , ,

Léa Jacta Est, Les films pour adultes (autoproduction)

« Séléné, tu es si renversante que je suis à jamais renversée d’avoir aperçu la peau de ton ventre »

C’est marrant, parfois il y a collision. Je lisais l’entretien d’Arnaud Viviant pour le webzine Benzine : l’ancien journaliste de Libération y propose le top de ses albums préférés. S’y trouve une chanteuse qui m’était inconnue : Alexandra Roos. Je découvre hébété, c’est tout l’intérêt inépuisable de ces tops en pagaille dont je raffole, cette chanson d’alt rock – comme on dirait dans les rédactions de magazines rock – et sa poésie lyrique et crue : Prends-moi, à prendre justement au sens littéral du terme. S’en dégage une atmosphère exempt d’humour ou de second degré. Continuer la lecture de « Léa Jacta Est, Les films pour adultes (autoproduction) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , ,

Friture, Carnet de synthé (ARVO Disques / Eternal Soundcheck)

Friture arvo disques« Papa, comment on fait pour pas être mort ? »

J’avais croisé Yohan, en spectateur, dans le groupe Yves Bernard qu’il partageait entre autres avec Josselin de Taulard. Le punk pop mélodique, concerné, personnel, y faisait mouche grâce à la belle énergie de ce quatuor, délivrée notamment en concert, mais aussi sur son inusable cassette, la bien nommée Demo (et notamment de mon concert crush 2018, Objectifs et compétences). Friture paraît sur la structure Arvo Disques, une sorte de joint venture entre les labels Buddy Records et Future Folklore, surtout tournée vers l’Australie (« L’Australie, c’est super (loin) » est le slogan marrant de la superbe pochette illustrée par Ratcharge). Dans ce groupe solo, Yohan se retrouve face à lui-même et alterne les constats amers vis-à-vis du monde globalisé qui nous entoure. Continuer la lecture de « Friture, Carnet de synthé (ARVO Disques / Eternal Soundcheck) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Ô, Tribute album to Geneviève Castrée (1981-2016), (Ô Paon)

Alors bien sûr, la musique de Geneviève Castrée, par ailleurs auteure de bande-dessinée reconnue, n’a jamais joué la carte de la séduction. C’est le moins qu’on puisse dire : les mélodies à peine esquissées, cette voix qui semble vouloir rentrer à l’intérieur du corps même quand elle crie, les instruments organiques ou électriques qui frôlent à chaque instant le drone, ces textes rudes, on n’est pas vraiment là pour amuser la galerie. Comme tout artiste exigeant, solitaire, la jeune Canadienne, disparue trop tôt en 2016, posait son œuvre, sa vie sur la table, sans trouble dans la transaction, puis elle se retirait très vite dans sa maison de bois, sur sa planche à dessin, sans doute. A nous de nous débrouiller avec. Continuer la lecture de « Ô, Tribute album to Geneviève Castrée (1981-2016), (Ô Paon) »