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Lhasa de Sela, Lhasa (Tôt ou Tard / Audiogram, 2009)

Lhasa de Sela
Lhasa de Sela / Photo : Ryan Morey

C’est une histoire qui pourrait sembler triste mais qui ne l’est pas.
Pas que.
C’est une histoire.
On y rencontre Bratsch et Tindersticks, on y rencontre pas mal d’amitié.s.
À ses bornes, on peut trouver deux vidéos, et c’est ainsi qu’elle peut être racontée, mais elle commence avant, on ne sait pas trop quand, et elle finit après, loin, on ne sait pas, on ne sait pas si elle finit.
On se contentera de ces bornes approximatives qui peuvent dire deux états des mondes, deux moments, ou ne rien dire de cela – les états des mondes, les états du monde – et dire tout autre chose – le monde n’est pas dans un état, tel ou tel, il est, il semble être, c’est bien suffisant. On a le droit d’y être triste, mais ce serait dommage de s’en tenir là.
Commençons par la fin. Continuer la lecture de « Lhasa de Sela, Lhasa (Tôt ou Tard / Audiogram, 2009) »

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Selectorama : Louis Forster, The Goon Sax

The Goon Sax
The Goon Sax

Il n’y a pas de loup sous le tapis, ni dans la bergerie. Ce genre de choses n’existe pas.
Si les formidables Goon Sax ont su nous étourdir dès leur premier album par les qualités de ce qu’on appelle faute de mieux “la pop” – paroles et musique –, le deuxième posait une question : y avait-il formule ? Les chansons étaient toujours formidables, mais des pointes d’arrangements délicieux de cordes soulignaient en creux la persistance de l’axe rustique-et-claudication. De quoi se demander avant l’écoute circonspecte de ce troisième album tout nouveau – nouveau label, nouveau producteur (John Parish), nouvelles vies et side-projects – si ça partirait enfin et dans la joie dans tous les sens, ou si on assisterait au nouvel épisode de la carrière d’un groupe toujours formidable, donc, mais un rien confortable.
Bonne nouvelle : ça part encore plus loin que dans tous les sens, les textes sont encore plus incroyables (quand ils ne sont pas en allemand), les mélodies s’étalonnent selon deux axes Kate Bush/Syd Barrett, entre le champêtre et l’urbain, le synthétique et le rustique, il y en a partout et pourtant tout est épuré : The Goon Sax a simplement beaucoup d’idées.
Et, à l’image de Mirror II, dont la pochette n’est pas sans évoquer une idée de Roxy Music, Louis Forster révèle dans son Selectorama à découvrir ci-après un éclectisme salvateur, capable de débusquer ce qui est chanson dans chaque recoin de musique. Continuer la lecture de « Selectorama : Louis Forster, The Goon Sax »

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Selectorama : Cyril Moya

Cyril Moya
Cyril Moya, à gauche. Photo : Artistide Saint-Jean

L’activisme vit d’enthousiasme, et Cyril Moya est un activiste discret mais certain, qui consacre l’essentiel de son temps à rendre possibles des disques – sur son label What a Mess! Records – et des concerts – par son travail de tourneur archi-indépendant.
La tendance des artistes avec lesquels il travaille est majoritairement folk mais pas que, favorable au bizarre, un peu hors-sol, complètement hors-modes. Comme on lira plus bas, un étendard parfait du peuple sans drapeau ni frontières dont fait partie Cyril (entre Montréal, Toulouse et Sauve) est la regrettée Lhasa de Sela. C’est dire le niveau d’exigence calme et voyageuse du bonhomme que, depuis un premier concert dans un jardin de Sauve au bord de la rivière, prix libre, buffet dément, cubis de toutes les couleurs, public de 7 à 77 ans, j’ai toujours plaisir à croiser : on avait parlé un peu des professionnels de la profession, et de tous leurs moments bizarres, et on avait beaucoup ri.
Lui a oublié les champs sémantiques de la plainte et du regret. Il aime trop la musique pour avoir le temps de ça. Continuer la lecture de « Selectorama : Cyril Moya »

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Dragon Rapide reprend « Lost In Space » de Aimee Mann (inédit)

Dragon Rapide
Dragon Rapide / Photo : Jean-Frédéric « Blondin » Normandin

De façon étonnante, le triangle Creuse-Allier-Puy-de-Dôme n’est pas un autre Bermudes : un aussi bel aéronef que le De Havilland DH.89, Dragon Rapide y décolle à l’aise, chargé de kérosène psychédélique ou baggy – c’est pareil – depuis sa conception – baggy tendance Happy Mondays retrouvés à Athens, Géorgie, période I.R.S., avec les murs d’arpèges, de riffs et de contrechants de guitare.

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Matt Low – La Ruée vers l’or

Matt Low
Matt Low / Photo : Louise Courtial

S’il y a trois ou cinq personnes dont je suis proche dans la musique, Matt en fait partie.
Avant de le rencontrer, j’enregistrais des bizarreries sur un huit-pistes et je faisais des relevés de toutes les parties de toutes les chansons que j’aimais. Après échange de riffs de Think Tank contre riffs de Neil Young autour d’une bouteille de vodka sifflée à deux, on a filé dans la nuit de 2003 pour conquérir le monde les années suivantes, approximativement. Continuer la lecture de « Matt Low – La Ruée vers l’or »

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Kate Fletcher’s Orlando, Theories of Entanglement (Le Paradoxe du singe savant / What a Mess !)

Kate Fletcher’s Orlando, Theories of Entanglement (Le Paradoxe du singe savant Records / What a Mess! Records)Une autre métaphore, par Jupiter !

Virginia Woolf, Orlando

Les vies, et ce qu’on en fait, ou pas.

Pour parapréciser : elles nous font, et nous défont.

Et ainsi, depuis que l’une de mes vies a croisé la route de l’une des nombreuses, formidables et inspirantes vies de Kate Fletcher au hasard d’une journée brestoise, au hasard d’un des plus beaux concerts auquel j’ai pu assister, certaines de ses vies me font et me défont — les deux sont formidables — se faire et se défaire, même mouvement — chaque fois que je les croise — en quelques mots, en quelques notes déraisonnablement étirées, répétées, suspendues, en quelques chansons, en quelques bières et cafés aussi. Continuer la lecture de « Kate Fletcher’s Orlando, Theories of Entanglement (Le Paradoxe du singe savant / What a Mess !) »

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GY!BE dans le train Saint-Flour-Chaudes-Aigues / Béziers

Un disque, un train.

Photo : Clément Chervrier
[Aumont-Aubrac]

La première fois, ce fut pour eux.
La première fois que j’écrivis plus loin qu’une chambre, ce fut pour eux.
Il y avait longtemps déjà qu’on n’espérait plus les voir. On appelait ça le hiatus. On avait pas mal besoin d’eux, on ressentait ce besoin.
Je les avais vus un soir d’avant, tournée Yanqui U.X.O., à l’affiche avec (smog), c’était à Clermont-Ferrand et ça n’arrive plus. Une soirée dédiant la poésie à l’intelligence, ou l’inverse, je ne sais plus trop. J’étais allé seul à ce concert. On est un peu seul dans cette musique, seul et pas seul, seul et complètement là, complètement dans le tout de la masse sonore, dans la durée, comme dans une chanson qui est le monde.
Je n’en parlai pas. Continuer la lecture de « GY!BE dans le train Saint-Flour-Chaudes-Aigues / Béziers »

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Eliane Radigue, Trilogie de la mort 1988-1993 (Experimental Intermedia)

Eliane Radigue
Eliane Radigue

Invisible habitant l’invisible
Philippe Jaccottet

Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre
Paul Verlaine

C’est Éliane Radigue elle-même qui le dit (*) : « L’écoute est une chose merveilleuse. »
Toute la littérature qui s’accumule sur et autour de l’œuvre d’Éliane Radigue ne peut exonérer de l’expérience fondatrice, originelle, improbable de l’écoute de son œuvre. Il est préférable de commencer par là, même si on sait que la curiosité sera motivée par tel ou tel passeur, tel ou tel passage, qu’elle sera donc nourrie de biais, d’idées, d’une certaine idée de soi aussi – si légère soit-elle, cette idée de soi, croisée avec un certain désœuvrement, sera ce qui permettra de lancer la première écoute de Kyema, le premier des trois morceaux qui forment la Trilogie de la mort. Continuer la lecture de « Eliane Radigue, Trilogie de la mort 1988-1993 (Experimental Intermedia) »