Benjamin Dupont avait failli signer chez Captured Tracks avec son projet Bryan’s Magic Tears, mais l’histoire en a décidé autrement, heureusement pour nous. Il fut un temps où le label new-yorkais faisait briller les yeux des amateurs d’indie-pop avec un catalogue proche de la perfection. Les têtes d’affiches s’appelaient Beach Fossils, Wild Nothing, DIIV ou encore Minks. Ce renouveau de la pop à guitare brumeuse fut alors un air frais parcourant l’échine. Depuis, cette dynamique a quelque peu capoté. Captured Tracks s’est diversifié, y perdant beaucoup de sa personnalité et son âme. De son côté, Bryan’s Magic Tears a pris son temps et a construit une discographie impeccable, sur des structures françaises. Continuer la lecture de « Bryan’s Magic Tears, Vaacum Sealed (Born Bad Records) »
Auteur : Alexandre Gimenez-Fauvety
Catégories mardi oldie
Stevie Wonder, Innervisions (Motown, 1973)
Au milieu des années soixante-dix, en une demi-décennie, Stevie Wonder publie cinq classiques. La série constitue l’une des plus remarquables de l’histoire de la musique populaire d’après-guerre. Elle place indéniablement Stevie Wonder parmi les génies de la pop, au coté des Beatles, Beach Boys ou de Kraftwerk. Cette affirmation n’a rien de péremptoire. Tout au long de sa carrière, le musicien afro-américain développe un style de composition unique, au point qu’une oreille (un peu) exercée peut identifier distinctement l’une de ses œuvres, y compris quand il les confie aux autres (The Spinners, Syreeta, Sergio Mendes, Minnie Riperton, Dionne Warwick…). Né prématuré (d’où sa cécité) en 1950, le jeune prodige rejoint la Motown en 1962 à l’âge de 11 ans. Il est déjà un musicien accompli sur de nombreux instruments (piano, batterie, harmonica…) Malgré le relatif échec commercial de ses premiers disques, il s’impose dans les années soixante comme une des valeurs sûres de l’écurie de Detroit. Continuer la lecture de « Stevie Wonder, Innervisions (Motown, 1973) »
Catégories mardi oldie
Leon Ware, Rockin’ You Eternally (Elektra, 1981), Marcos Valle, Vontade de Rever Você (Som Livre, 1981)
Le coup de foudre artistique entre Leon Ware et Marcos Valle est peut-être une des rencontres musicales les plus méconnues de la musique populaire moderne. À la toute fin des seventies, le duo écrit ensemble une quinzaine de chansons. Celles-ci sont enregistrées (pour certaines) sur les albums respectifs des deux musiciens de l’époque, plus particulièrement sur Rockin’ You Eternally et Vontade de Rever Você, tous les deux publiés en 1981. Les deux disques suivants, Leon Ware (1982) et Marcos Valle (1983), accueillent également plusieurs compositions réalisées à quatre mains. Rien ne prédestinait ces deux là à collaborer. Leon Ware, afro-américain, né à Détroit en 1940, démarre sa carrière de compositeur à la Motown en 1967 écrivant pour les Isley Brothers, Jackson Five ou Martha and the Vandellas. Dans les années soixante-dix, il devient un producteur et arrangeur demandé. Continuer la lecture de « Leon Ware, Rockin’ You Eternally (Elektra, 1981), Marcos Valle, Vontade de Rever Você (Som Livre, 1981) »
Catégories mardi oldie
Rain Parade, Emergency Third Rail Power Trip (1983, Enigma)
1983 est une année importante pour la musique pop. La sortie du synthétiseur DX7 contribue à drastiquement changer le son de la pop mainstream. Les synthétiseurs font certes de régulières apparitions dans les charts depuis les années soixante dix, mais ils sont souvent utilisés dans un contexte organique. Au début des années quatre-vingt, le paradigme change. Il est possible d’envisager des productions réalisées à 100% avec des outils électroniques, comme des boîtes à rythmes, des samplers (pour ceux qui en ont les moyens), des séquenceurs. La bascule est radicale. Au zénith de la culture yuppie et de la célébration de la réussite, tout le monde adopte ce nouveau son. Signe de modernité triomphante, il ringardise instantanément le reste. Un village gaulois résiste cependant dans l’ombre. Continuer la lecture de « Rain Parade, Emergency Third Rail Power Trip (1983, Enigma) »
Catégories mardi oldie
V/A, Back From The Grave Vol. 1 (Crypt Records, 1983)
En 2014, dix-huit ans après le précédent volume, sortaient les compilations Back From The Grave 9 et 10 : un événement tant cette série a marqué profondément la scène garage. L’histoire démarre au début des années quatre-vingt. À cette époque, la compilation Nuggets fait de nombreux émules. Parmi eux, la série Back From The Grave s’impose comme une des références absolues pour le garage-rock cru et brut. Le premier volume paraît en 1983. Il fait suite à des disques tels que les Pebbles de Greg Shaw (1978), Off The Wall (1982) ou la série Mindrocker (1981). Si l’objectif de l’anthologie créée par Lenny Kaye et Jac Holzman était de mettre ensemble des bons morceaux à moitié oubliés, souvent des petits tubes, celui de Tim Warren est un peu différent. L’Américain est en mission. Il cherche dans les tréfonds de la production états-unienne, des morceaux pas du tout professionnels, portés par un esprit sauvage et débraillé. Continuer la lecture de « V/A, Back From The Grave Vol. 1 (Crypt Records, 1983) »
Catégories mardi oldie
Big Star, #1 Record (Ardent, 1972)
Big Star est le groupe préféré de vos groupes préférés (The Posies, Teenage Fanclub, REM, The Replacements, Wilco, Primal Scream, The Bangles, Elliott Smith, etc). Comme Nick Drake ou le Velvet Underground à d’autres époques, la formation de Memphis est culte, avec ce que cela comporte de gloire et de tristesse. Pourtant, il est très facile de passer à coté de la beauté de Big Star tant leur approche a quelque chose de modeste et d’épurée. L’épiphanie ne viendra peut être pas à la première écoute, mais si vous aimez une certaine idée de la musique pop, elle finira fatalement par arriver. Nous vous gardons bien au chaud une carte de membre du fan club zélé. Continuer la lecture de « Big Star, #1 Record (Ardent, 1972) »
Catégories chronique nouveauté
N0V3L, Non-Fiction (Meat Machine)
Après NOVEL, EP de 8 morceaux, paru en 2019 chez Flemish Eye/Meat Machine, Le groupe/collectif canadien N0V3L publie enfin son véritable premier album, Non-Fiction (Meat Machine). Le groupe, issu de la riche scène de la Colombie Britannique / Vancouver partage plusieurs membres (Bryce Cloghesy, Jon Varley et Noah Varley) avec Crack Cloud. Si les deux formations embrassaient, à leurs débuts, cette même appétence pour un post-punk désarticulé, leurs destins semblent s’être éloignés avec la sortie de leurs albums respectifs. Pain Olympics était une tentative, pas toujours réussie, de s’écarter de cette matière première, tandis que Non-Fiction en revendique la filiation à travers tout son être. Continuer la lecture de « N0V3L, Non-Fiction (Meat Machine) »
Catégories billet d’humeur
Vinyle, l’amour vache
La musique, telle que nous l’aimons, vit une drôle d’époque. Deux nouvelles, guère réjouissantes, annoncent des mois compliqués pour les disques vinyles et ceux qui les défendent (disquaires, labels, distributeurs, etc). Tout d’abord, cette augmentation de prix vertigineuse de certaines références, notamment en major. La hausse actuelle générale a une origine légitime : avec le COVID, les sources d’approvisionnement en matière première n’ont pas produit à la hauteur de la demande actuelle, entraînant de fait une légère revalorisation des prix. Vous vous doutez cependant que l’impact de la matière plastique sur le prix final est un peu anecdotique, vraisemblablement de l’ordre de un ou deux euros sur le prix final chez votre crèmerie favorite, si les labels jouent le jeu. Le communiqué du GREDIN (le syndicat des disquaires indépendants) du 22 juin dernier alerte cependant sur une stratégie mise en place par certaines maisons de disques, utilisant le prétexte de la hausse des matières premières (vrai phénomène) pour revoir complètement les grilles de tarifs. Continuer la lecture de « Vinyle, l’amour vache »