
Il est parfois compliqué de poser des mots adéquats sur l’évidence. La beauté radieuse du troisième album de Queen Of The Meadow se révèle plus facilement qu’elle ne se décrit. Les compositions d’Helen Ferguson nourrissent, au fil des écoutes, trop d’impressions contrastées pour que l’on parvienne à en fixer la substance dans une synthèse fixe et bien formulée, un peu à l’image de cette pochette où les postures différentes se superposent. Survival Of The Unfittest apparaît donc comme un album en mouvement, insaisissable. Bien loin, en tous cas, de cette étiquette pop-folk réductrice qui tend pourtant à coller aux basques du duo depuis ses débuts en 2016. Des chansons à la fois limpides et complexes, très intimes et parfaitement pudiques, au diapason de ces arrangements, riches et discrets à la fois, confectionnés par Julien Pras, et qui rehaussent les chansons d’Helen sans les envahir. L’enthousiasme mêlé de perplexité appelait donc un échange avec les principaux intéressés, seuls en mesure d’apporter leurs éclaircissements. Continuer la lecture de « Queen Of The Meadow – Couple princier »
Ce n’est pas tous les jours qu’on se reconnecte à soi au détour d’un disque. Même si l’on a pris l’habitude de vivre avec les versions successives de soi-même, la superposition reste, la plupart du temps, un peu cloisonnée. Comme pour tout le monde, l’adolescence a façonné nos goûts de façon déterminante mais trop de choses ont changé pour que la continuité demeure autrement que sous la forme résiduelle de la nostalgie attendrie. Réécouter les albums qui ont nourri ces premières passions, procure généralement la même impression que la contemplation des photos d’enfance : les traits sont les mêmes, bien sûr, mais le temps a laissé des traces et de l’usure, y compris dans ces chansons favorites que l’on aurait aimé préserver pour toujours. On peut les retrouver, les apprécier parfois, mais combien de fois avec une fraction significative de l’enthousiasme initiale, sincèrement ? Le souvenir des premières découvertes est quasiment devenu plus précieux que le support musical lui-même, dont la fréquentation s’avère même cruelle, de temps en temps. Et quand quelques jalons se révèlent, en apparence, inaltérables, c’est qu’ils sont devenus, au fils des ans, les compagnons et les support d’interprétations nouvelles et différentes : ce sont les mêmes œuvres, évidemment, mais dont le temps a transformé l’écoute et le sens que l’on en retire, rendant la continuité largement illusoire. 



C’est toujours un ensemble de sentiments complexes que celui qui a trait à l’intimité. Davantage encore lorsqu’il s’agit d’en restituer les nuances en chansons. Comment, en effet, exposer publiquement ce qui relève du plus profondément privé sans en détruire – dans l’instant – la substance ? Le premier album de 