C’est bien connu, les révolutions présentent entre autres avantages d’offrir parfois une seconde virginité aux ringards les plus anonymes et de faire table rase du passé pour mieux effacer les casiers musicaux les plus chargés. À l’instar de bon nombre de leurs compatriotes britanniques – Elvis Costello, The Stranglers, The Only Ones ou même Joe Strummer –, les membres de The Keys ne présentent que bien peu de traits communs avec les jeunes perdreaux de l’année 1977. Qu’à cela ne tienne ! Une bonne coupe de cheveu – en témoigne la banane de compétition arborée sur la pochette par le chanteur et bassiste Drew Barfield – suivie d’un bref lifting musical et les hippies, les ex-fans de rock progressif ou les pub rockers d’hier retrouvent en un clin d’œil une seconde jeunesse. Continuer la lecture de « The Keys, Unlocked (Flash Bang Records) »
Auteur : Matthieu Grunfeld
Catégories billet d’humeur
À propos de Cathal Coughlan
Notre mémoire nous joue souvent de sacrés tours. Ce que nous retenons est lié à notre situation, je veux dire à l’endroit où nous sommes, à la position que nous occupons et ce qui nous a marqué ne marque pas forcément les autres de la même manière. Il est donc probable que ce que je vais évoquer n’ait pas été mémorisé à l’identique par Eva Schwabe, ma partenaire artistique, et encore moins par Cathal Coughlan.
par François Ribac, compositeur de théâtre musical et sociologue
Catégories interview
Cathal Coughlan : « C’est ma conclusion provisoire. »
A l’échelle de notre petit monde, c’est un événement qu’il convient donc de célébrer avec la considération qu’il mérite. Demeuré presque entièrement silencieux depuis dix ans, Cathal Coughlan renoue enfin le fil d’un discours musical original et cohérent, trop longtemps interrompu. Song Of Co-Aklan (Dimple Discs) confirme brillamment les dons uniques de l’ancien leader de Microdisney et The Fatima Mansions. On y retrouve cette pop à deux visages, entre rage lyrique à peine contenue et compositions mélancoliques immédiatement mémorables. Ce talent singulier, c’est l’un de ses collaborateurs et amis – François Ribac – qui a accepté d’en retracer quelques-uns des contours. Avant que le principal intéressé ne consente lui-même à un petit moment d’introspection partagée pour une interview plus classique. Continuer la lecture de « Cathal Coughlan : « C’est ma conclusion provisoire. » »
Catégories interview
Dix-neuf ans après – Tim Keegan et Departure Lounge
Retour des anglais avec « Transmeridian », un nouvel album chez Violette Records
Quatre années d’activité et autant de traces discographiques – si on ajoute aux trois albums signés par le groupe Long Distance Information (1998), attribué à Tim Keegan & The Homer Lounge – et puis plus rien. Une trajectoire fulgurante et éphémère suivi d’une longue éclipse. Trop longue en tous cas pour tous ceux qui, au tournant des deux siècles, avaient découvert avec Departure Lounge une tentative, bien plus aboutie que chez la plupart de ses concurrents d’alors, pour célébrer la fusion entre le songwriting classique de l’indie-pop et les sonorités modernes des musiques électroniques. De temps en temps, on pouvait encore se consoler en entrevoyant les lueurs, intermittentes mais toujours étincelantes, du talent de Tim Keegan – deux albums solo, un par décennie, en 2007 et 2015. Juste de quoi entretenir la flamme du souvenir. Pour l’espoir, franchement, on n’y croyait plus vraiment. Continuer la lecture de « Dix-neuf ans après – Tim Keegan et Departure Lounge »
Catégories chronique nouveauté
Steve Robinson, Swallowing The Sun (Sunshine Drenchy Records)
Il y a environ trente ans de cela, Steve Robinson faisait partie d’un groupe de folk-rock du côté de Tampa en Floride. En marge de la scène locale dominée par les formations de Metal de tous poils – même les plus long, The Headlights s’échinait à convertir un public rétif aux vertus mélodiques et aux arpèges en grains de cristal de The Byrds. Douloureusement confronté à l’indifférence ostensible d’un public qui ne partageait que rarement l’enthousiasme prosélyte de ces missionnaires de la qualité pop égarés en terres païennes, le groupe n’a laissé que de rares traces discographiques témoignant de sa brève existence – un EP en 1989, un album en 1993. Continuer la lecture de « Steve Robinson, Swallowing The Sun (Sunshine Drenchy Records) »
Catégories mardi oldie
Vieilles gens mödernes – Hervé Paul et Floo Flash
Un quart de siècle, presque. Cela ne rajeunit personne mais je me souviens quand même. J’ai rencontré Hervé Paul un peu après avoir entendu ses chansons et, d’abord, son nom. Je me souviens de la plaisanterie qui trainait à l’automne 1997, dans les bureaux de cette maison de disques, quand il était question de son œuvre. Un autre Monsieur Paul – Henri, de son prénom – venait tout juste d’accéder à son quart d’heure de notoriété posthume en fracassant une berline et ses célèbres passagers sur le pilier du tunnel de l’Alma. Autour de la machine à café, il était même évoqué l’idée d’enregistrer un version hommage au chauffeur – Ricard In The Wind, tel en serait le titre, pour parodier le succès mondial du single larmoyant consacré par Elton John à la princesse défunte. Ça faisait sourire : il n’en fallait pas beaucoup. Mais ne nous égarons pas davantage et revenons-en à Hervé Paul. Continuer la lecture de « Vieilles gens mödernes – Hervé Paul et Floo Flash »
Catégories documentaire, festivals
« Crock Of Gold, A Few Rounds With Shane MacGowan » de Julien Temple
Dans la sélection en ligne du festival, un bouleversant récit chronologique de la vie fracassée du leader des Pogues.
L’homme est un sujet idéal. Le mythe est un piège. Pour Julian Temple, il n’a donc sans doute pas été totalement aisé de concevoir ce récit filmé des boires et des déboires de l’ex-leader des Pogues. Shane MacGowan a lui-même tout fait, ou tout laissé faire plutôt, à certaines périodes clefs de son existence pour finir par être réduit à la dimension schématique et limitée d’un cartoon. Comme pour Polnareff, les déclinaisons d’un logo – stylisé sous forme de quelques accessoires pourrait amplement suffire à entretenir l’illusion visuelle d’une présence et les souvenirs lointains d’une grandeur passée : une paire de Wayfarer bien accrochée sur des oreilles surdimensionnées, une dentition poreuse dont s’échappe un ricanement aussi célèbre qu’inarticulé, cette onomatopée impossible à retranscrire, quelque part entre les soubresauts d’une boite d’écrou mal secouée et le chuintement bien imbibé d’un dernier souffle. Continuer la lecture de « « Crock Of Gold, A Few Rounds With Shane MacGowan » de Julien Temple »
Catégories interview, sunday archive
The Notwist : « Accentuer les ruptures de style, les collisions entre les références » (2014)
Sept ans après Close To The Glass évoqué dans cette interview que nous avons choisi de vous proposer, The Notwist vient tout juste d’opérer un retour inespéré et particulièrement réussi avec son nouvel album, Vertigo Days. Un disque riche et intense, émaillé de nombreux guests (Juana Molina, Saya Ueno des Tenniscoats, Ben LaMar Gay et Angel Bat Dawid). Entre psyché, kraut et expérimental, Markus Acher évoquait déjà auprès de Matthieu Grunfeld les chemins inattendus empruntés par le groupe.
Il faudra bien s’y faire. En dépit de toutes les impatiences, attisées au passage par la luxueuse réédition du chef d’œuvre Neon Golden (2002), le quatuor allemand ne consent à sortir de son silence et de son antre bavaroise de Weilheim qu’au seul rythme imposé par les méandres de son inspiration. 6 ans déjà après la publication de The Devil, You + Me (2008), imprégné par d’ambitieux arrangements orchestraux venus se mêler aux scansions électroniques et aux structures organiques de morceaux, les frères Acher et Martin Gretschmann consentent enfin à nous faire partager le résultat de cette nouvelle séquence prolongée de délibérations expérimentales et de composition collective. Continuer la lecture de « The Notwist : « Accentuer les ruptures de style, les collisions entre les références » (2014) »