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And Also the Trees : Nouvel horizon

Un live en vidéo pour les 40 ans de carrière du groupe anglais

And Also The Trees
And Also The Trees / Photo : Sébastien FD

C’est le 15 mai 1984. C’est le parvis du Zénith à Paris, un mardi soir avec beaucoup de gens en noir. C’est The Cure qui revient deux ans après l’Olympia, l’implosion presque en direct, le renvoi de Simon Gallup, la guérison par des singles pop, la sortie récente d’un nouvel album marqué par la drogue et le psychédélisme. C’est l’excitation palpable du public présent avant que les lumières ne s’éteignent, mais c’est aussi le public qui se pose une vraie question : « Qui en première partie ? » Pour beaucoup, ce doit être And Also The Trees, un groupe anglais dont le nom est parvenu jusqu’aux plus érudits car depuis quatre ans, il est parfois associé à celui de The Cure. Scènes partagées, une cassette confidentielle publiée en 1982 produite par Robert Smith et Mike Hedges, un premier single, paru un an plus tard, et un premier album, sorti en 1984, produit par Lol Tolhurst : ça laisse quand même beaucoup de probabilités. Mais finalement, à 20h30 presque tapantes, c’est la silhouette de Smith qui se dessine dans la pénombre et les lumières blanches de la salle parisienne… Continuer la lecture de « And Also the Trees : Nouvel horizon »

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Playlist : Comateens

Comateens

Alors que le label Tricatel réédite de fort belle manière les trois albums du plus français des groupes américains, petit tour d’horizon du répertoire (et de quelques curiosités) de ce trio américain passé maitre dans l’art d’une pop noire toujours prête à briller sous les boules à facettes.

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Comateens : Manhattan Transfert

Comateens
Comateens

C’est l’histoire de la France, terre d’asile. C’est l’histoire d’artistes dont l’Hexagone s’entiche, dans la foulée de journalistes et de chanteurs frenchy but chic. C’est une histoire qui commence à New York, à la toute fin des années 1970. C’est le New York de tous les possibles, le New York des quartiers où on ne fout pas les pieds, le New York des Guerriers de la Nuit, le New York où l’on croise des (plus ou moins) jeunes gens inspirés par Rimbaud, Warhol, Genet, Verlaine, Godard, Kerouac, le Velvet, Ginsberg, Roxy, Truffaut, Bowie… C’est le New York de Patti, Debbie, Basquiat, de la no-wave, de la disco qui fait battre les corps, des jeunes femmes qui se rêvent stars, d’artistes qui s’exposent dans les rues… C’est 1978. L’automne. Nicholas, né Dembling, se surnomme North et s’acoquine avec Ramona Jan pour explorer un rock ascétique, une pop minimaliste. Ils enregistrent quelques originaux, une reprise d’un morceau de Bowie, font appel à un batteur mais lui préfèrent les services d’une boite à rythmes – oui, comme Suicide. C’est alors que Lyn Byrd (née Billman) entre en jeu, une jeune femme qui cultive le mystère derrière ses Wayfarer : elle gère ladite boite sur scène puis se glisse derrière un synthétiseur. Il y a un single autoproduit, une apparition sur une compilation qui eut son quart d’heure de gloire, Marty Thau Presents 2 x 5 (cinq groupes chantent deux chansons chacun, simple à comprendre) et dont le sous-titre était sans équivoque : New York – New Wave. Et puis, Ramona décide de partir alors que le couple – à la scène mais aussi à la ville – accueille en avril 1980 le petit frère de Nic à la guitare, le prénommé Oliver. Continuer la lecture de « Comateens : Manhattan Transfert »

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Blindtest : Ezra Furman

Ezra Furman
Ezra Furman

Avec huit albums en douze ans — si l’on compte aussi ses trois albums réalisés sous le nom d’Ezra Furman & the Harpoons, entre 2007 et 2011 –, Ezra Furman est assurément l’un des songwriters rock les plus prolifiques de ces dernières années. Auteur d’une pléiade de chansons aussi mémorables que I Wanna Be Your Grilfriend, Driving Down to L.A. ou I Killed Myself But I Didn’t Die, de brillants mélodrames pop aux accents subtilement fassbindériens, Furman est aussi, avec Ty Segall, l’un des rares songwriters contemporains à avoir su faire souffler un vent de fraîcheur sur un rock classique et soigneusement référencé qui, chez lui, ressemble à un étrange compromis entre le Bowie de Diamond Dogs (1974) et le Springsteen de Darkness on the Edge of Town (1978).
Il y a quelques semaines, en marge de son excellent concert à La Maroquinerie, où il était venu présenter Twelve Nudes, son sixième album solo qui lorgne ostensiblement du côté de ses héros punks, Ezra Furman acceptait de se plier à l’exercice du Blind Test et d’évoquer, à la fois, certaines de ses influences, son œuvre passée et la nature particulière de ses engagements politiques. Continuer la lecture de « Blindtest : Ezra Furman »

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Adam Green, Engine of Paradise (30th Century Records)

Adam GreenLe monde de l’art est injuste. Quand tant de musiciens besogneux peinent à accoucher d’une seule chanson valable dans toute leur carrière, d’autres, insolemment doués, publient régulièrement des disques entiers de classiques instantanés, sans même avoir l’air de se forcer. C’est le cas d’Adam Green. Avec Engine of Paradise, son dernier album tout de grâce et de légèreté, le New-Yorkais confirme une fois de plus son appartenance au club très fermé des authentiques songwriters.

Si les cultissimes Moldy Peaches, son premier groupe, ont été les porte-étendards de l’antifolk, genre emblématique d’une certaine époque, Adam Green est plus difficilement classable dans une catégorie définie. Il suit sa propre voie, en dehors des modes et des tendances. Il fait partie de ces artistes « inactuels » dont la personnalité et l’univers s’avèrent assez singuliers pour ne pas avoir besoin de se fondre dans un moule préexistant. Continuer la lecture de « Adam Green, Engine of Paradise (30th Century Records) »

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Jeremy Jay, Dangerous Boys (Switchblade / Domino Publishing)

Jeremy Jay, Dangerous BoysJe me rappelle la première fois où j’ai rencontré la musique de Jeremy Jay. J’avais pris l’habitude de guetter la programmation des concerts de The Smell à Los Angeles qui constituait le meilleur vivier de cette époque et où se croisaient la plupart des musiciens que j’aimais. C’était en 2006 ou 2007, et un nouveau nom était au menu. Aussitôt, je me suis rendu sur la page MySpace de Jeremy Jay, où le curieux était accueilli par Secret Sounds dans sa version primitive (la plus belle), celle avec sa guitare désaccordée et son énergie juvénile. Surprise de découvrir une chanson aussi immédiate et élégante à la fois : le coup de foudre. Puis vinrent  l’écoute du fameux single Airwalker, avec en face B la reprise d’Angels On The Balcony et les deux excellents premiers albums parus sous le protectorat de Calvin Johnson (A Place Where We Could Go en 2008 et Slow Dance, l’année suivante). Continuer la lecture de « Jeremy Jay, Dangerous Boys (Switchblade / Domino Publishing) »

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Jérôme Minière, Une clairière (Objet Disque)

Jérôme Minière, Une clairièreUn objet, le disque, un label qui porte ce nom et dont chaque piste de chaque sortie comporte une chanson : gageure impensable, affrontée, relevée. Écrivons-le, Rémy Poncet est indispensable comme musicien avec Chevalrex, il est crucial comme patron de label avec Objet Disque. Chaque sortie, chaque réédition (Perio !) : les yeux fermés. Ça prendra peut-être – toujours – du temps, on aimera ou non, on ne sera jamais indifférent, mais chacun des disques qu’il donne à écouter est important.

Cela dit, notre objet Jérôme Minière cavale, depuis des débuts sur un autre de ces labels historiques – c’était Lithium, il y a vingt ans, c’était presque une scène, c’était presque ce qui est presque en train d’advenir de nouveau –, un peu loin de nous mais près de nombreux autres, outre-Atlantique, outre-théâtre, outre-livre. Continuer la lecture de « Jérôme Minière, Une clairière (Objet Disque) »

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Sinaïve, Tabula Rasa EP (autoproduit)

Sinaïve, Tabula RasaDifficile de garder son calme et de ne pas s’enflammer pour un groupe si jeune : deux petits EP au compteur, Poptones  en 2018 et Tabula Rasa en novembre, auto-publiés via Bandcamp, qui rassemblent en huit plages plusieurs de nos obsessions. Les chansons du trio strasbourgeois se situent dans une certaine orthodoxie psychédélique (plutôt le flash blanc que les fleurs multicolores, d’ailleurs) de Bo Diddley au Spacemen 3 en passant par le Velvet Underground, en y intégrant une belle part du blues des jeunes urbains des années 90, de MBV (Sciences de la rêverie  et ses nappes de guitares grasses et apaisées ou Vilain, Vilain propulsée par une rythmique souterraine mais absolument efficace) à Slowdive ou le Ride des débuts, et toutes les nouvelles générations nées à l’écoute des films de Gregg Araki dans les années 2000. Elles s’inscrivent aussi, et c’est dans cet aboutissement précoce que mon enthousiasme devient débordant, dans une lignée de groupes français notamment des années 80 (Les Calamités, Gamine, Dominic Sonic…) qui alliaient la préciosité d’un savoir encyclopédique (sur les Byrds, les Stooges) avec une volonté empirique d’y frotter des mots d’ici, qui racontent le présent, en version originale, de cette jeunesse-là. Continuer la lecture de « Sinaïve, Tabula Rasa EP (autoproduit) »