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Décima Víctima, le crime était parfait

Décima Víctima
Décima Víctima

2019, c’est pour moi une année à placer sous le signe de l’Espagne. Parce que Madrid dans la chaleur étouffante du mois de juillet (“neuf mois d’hiver, trois mois d’enfer”, insiste le dicton), ses musées, son Retiro, le quartier de Malasaña, les verres de Rioja, The Cure à presque minuit ; parce que les retrouvailles avec Joan qui, depuis la dernière fois que l’on s’est vu en chair et en os (plus d’une décennie, je crois), est devenu un personnage clé de la scène indé de là-bas et d’ailleurs aussi ; parce que quelques jours plus tard, l’exposition sur La Movida aux Rencontres photographiques d’Arles, ce mouvement qui pour moi est sans doute mon mouvement punk, celui que j’ai en tout cas vécu au plus près – même en habitant un peu loin. Continuer la lecture de « Décima Víctima, le crime était parfait »

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Tribute à Vaughan Oliver

Vaughan Oliver
Vaughan Oliver / Photo : Luca Giorietto via le site 4AD

Il ne l’a jamais su, il ne le saura jamais mais cet homme-là a changé ma vie. Car cet homme-là était l’une des raisons pour laquelle une dizaine de jeunes gens se sont retrouvés un samedi du mois d’avril 1991 dans un appartement de la rue Boyer-Barret, Paris XIVe, avec pour objectif de pérenniser un fanzine qui avait sorti son numéro 0 quelques semaines plus tôt. Bien évidemment, pour faire le malin et parce que j’étais un peu con, j’avais vite signifié que je préférais la sobriété de Factory à l’exubérance de 4AD – bon, ce n’était pas tout à fait faux mais quand même un peu risible de la part d’un garçon qui chérissait la pochette d’After The Snow de Modern English. Par chance, ni Serge, ni Éric, ni Philippe, ni Jean-Fabien ne m’en ont tenu rigueur… Surtout ce dernier d’ailleurs, qui était l’un des principaux artisans d’une exposition dédiée aux œuvres de 23 Envelope (ou V23), l’agence graphique de Vaughan Oliver, à Nantes, en février 1990. Continuer la lecture de « Tribute à Vaughan Oliver »

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Slint, Spiderland (Touch And Go)

SlintIl est des chefs-d’œuvre immuables dont on sait qu’ils resteront à jamais dans notre panthéon personnel. La plupart ont en commun une bien étrange particularité : on ne les a pas compris à la première écoute ; le flash, le satori, l’illumination ne se sont pas faits en un jour, ni du premier coup. Or si certains disques entrent et sortent de notre quotidien au gré des envies, des humeurs, des (re)découvertes et parfois même des surprises, on peut sans peine affirmer que Spiderland de Slint a toujours tenu une place indétrônable dans notre Top 5 depuis sa sortie en mars 1991, soit vingt-trois ans d’intimité. Et nous ne sommes apparemment pas les seuls. Qui aurait cru qu’un album enregistré en quatre jours et quatre nuits, ne comprenant que six morceaux, édité sans battage médiatique par quatre Américains à peine sortis de l’adolescence et dont le groupe se séparera avant même sa sortie, allait devenir un tel emplâtre générationnel ? Continuer la lecture de « Slint, Spiderland (Touch And Go) »

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Josephine Foster : Heure d’Hiver

Josephine Foster
Josephine Foster

A quelques jours de Noël, le label Fire réédite All the Leaves Are Gone, le premier album de Josephine Foster & The Supposed. Daté de 2004, cet album souvent génial et ravagé par une fièvre psychédélique sans équivalent dans la discographie de la chanteuse, apparaît toujours, quinze ans après sa sortie, comme l’un des plus grands disques d’acid folk des années deux mille.
Depuis une quinzaine d’années, Josephine Foster construit patiemment l’une des œuvres les plus singulières de la musique américaine contemporaine. Oscillant le plus souvent entre country atemporelle et songwriting classique fleurant bon l’esprit des standards de Tin Pan Alley, cette musicienne hors norme ne cesse de serpenter d’un registre à l’autre, alternant sans la moindre difficulté acid folk et lieder romantique allemand (1), chansons traditionnelles espagnoles (2) et adaptions chantées de poèmes d’Emily Dickinson (3). Continuer la lecture de « Josephine Foster : Heure d’Hiver »

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GFOTY – GFOTV (autoproduit)

GFOTY - GFOTVAlors que la clôture imminente de la décennie appelle au regard appuyé dans le rétroviseur pour essayer de dresser une sorte de palmarès de ce qui est sans doute la plus large unité de mesure temporelle que nous pouvons réellement appréhender de notre vivant (enfin, RDV en 2025 pour un top du quart de siècle si vous voulez, hein), mon cœur me ramène inlassablement vers GFOTY quand il s’agit d’évoquer ce qui fût, à mes yeux, l’essence de ces années 10. Sa plus jubilatoire incarnation en tout cas, celle qui, de toutes les chimères qui ont pu éclairer ces années passées, a su le mieux offrir du neuf et de l’inouï. Continuer la lecture de « GFOTY – GFOTV (autoproduit) »

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Playlist : « Le pire Noël » de Sufjan Stevens

Sufjan Stevens

Avec cent-un titres de Noël à notre disposition dans la très grande discographie hivernale de Sufjan Stevens, nous avions des dizaines de possibilités pour créer un disque idéal, une variation au sein même du projet.

On aurait aussi pu proposer un classement ou une note sur tous les EP qui composent les deux coffrets de 50 chansons chacun que sont Songs for Christmas et Silver and Gold. Nous aurions aussi pu écrire combien chacun de ces EP — un par an pendant dix ans — témoignait de l’évolution stylistique de l’auteur-compositeur. Il aurait aussi fallu raconter la petite histoire derrière le cent-unième titre, Lonely Man of Winter, que l’on a découvert que récemment après qu’il fut cédé à un fan qui en avait l’exclusivité durant des années. Continuer la lecture de « Playlist : « Le pire Noël » de Sufjan Stevens »

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À Bethléem, le 24 décembre

… avec Sufjan Stevens dans les oreilles.

Bethléem
Bethléem

Ça commence par quelques notes de banjo et cela se confond avec toutes les images que l’on peut avoir des chansons de Sufjan période Seven Swans (2004). Composée probablement à cette même époque, rien ne diffère jusqu’à l’intrusion d’une légère inversion dans les thèmes chrétiens : « Silent night, nothing feels right ».

That Was the Worst Christmas Ever ! tourne en boucle dans mes petits écouteurs alors que j’attends, glacé de solitude et de colère, à la frontière israélienne dans un bus un peu boiteux où cohabite plus ou moins bien quelques rares touristes et des arabes israéliens qui rentrent à Jérusalem-Est. Nous sommes le 24 décembre et je suis seul comme un con à Bethléem. Continuer la lecture de « À Bethléem, le 24 décembre »

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Matt Maltese, Krystal (7476 Records)

Matt MaltesePremière référence d’un label encore non-identifié (7476 Records), Krystal, paru le 8 novembre dernier, est passé sous tous les radars. Pourtant, le londonien Matt Maltese, du haut de ses 23 ans, a commencé à souffler ses promesses il y a quelques années déjà. Au printemps 2016, il dévoile un premier EP puis, un an plus tard, un single engageant. As The World Caves In, piano-voix langoureux, attire l’attention d’une figure de l’indie pop au flair infaillible : Jonathan Rado. Le leader de Foxygen, devenu l’un des producteurs les plus courus de la décennie – il se cache aux manettes des premiers albums de The Lemon Twigs ou Whitney, et des derniers de Weyes Blood ou Adam Green, déjà louangés dans ces pages – prend le jeune homme sous son aile et l’embarque à Los Angeles pour enregistrer Bad Contetestant, un premier LP emprunt de l’extravagance baroque, Todd Rundgren-esque, emblématique du californien. Continuer la lecture de « Matt Maltese, Krystal (7476 Records) »