POP (IN) ! goes my heart

Section26 ouvre ses pages aux nombreux témoignages d’amour pour le petit bar indie qui a changé nos vies

Marc, Denis et Florence devant le POP IN, 105 rue Amelot à Paris.

Le lieu le plus important dans le cœur des indie kids de la capitale (et bien plus loin) a définitivement fermé ses portes samedi soir, le 25 mars, quelques mois après la disparition de l’un de ses cofondateurs, notre ami Denis Quélard. Marc Elias et Florence Piana ont servi leurs dernières pintes, devant un rassemblement d’amis de toujours, hurlant les paroles des pop songs de leur vie jusqu’au dernier souffle. Chez section26, nous sommes évidemment liés à ce lieu qui a tant compté pour nous, et nous avons eu envie d’ouvrir nos pages à celles et ceux qui ont eu envie de partager leurs souvenirs. Photos, vidéos, textes, dessins… Nous rajouterons les contributions au fil de leur arrivée, et certainement dans les prochains jours aussi. Parce qu’on n’oublie pas qu’en dehors d’être un lieu désormais mythique, maintenant, le POP IN, c’est nous tous.

Thomas Schwoerer

NDLR : Commençons par press play, avec cette playlist composée par Arnaud Lefeuvre, en mémoire des soirées Dirtyclubber organisées par Valery-Xavier Lentz.


Robert, Vincent, Christophe, Pauline et les autres.

Pendant plusieurs années, ça a été notre Danceteria, notre Haçienda, notre Heavenly Sunday Social… Ça a été l’endroit où les weekends n’avaient même plus temps d’exister tellement ils passaient vite. Ça a été l’endroit des rencontres, des amitiés naissantes, des ruptures, des premiers baisers, des expérimentations (“Une pinte de whisky orange, vraiment ?!”). Des décisions d’une nuit qui allaient parfois changer toute une vie.

C’est Robert et Nicolas (peut-être Robert ou Nicolas, mais qu’importe) qui ont découvert le lieu, sans doute à l’été 1997 et ont invité Florence, Marc et Denis à l’émission de radio que la RPM avait sur Générations – un samedi matin, alors parfois c’était assez proche du chaos. Ce sont eux qui ont eu l’idée de “Et si on y faisait des soirées ?” Au Pop In, on a dû passer des disques à peu près partout. À côté du bar, juste à gauche de l’escalier dans la mezzanine (je me souviens d’un set intitulé The Look Of Love, où je n’avais passé que des versions du Look Of Love de Burt Bacharach et Hal David) et bien sûr dans la cave, sous ce plafond si bas et sur fond de cris de joie, de poings levés, de sourires qui ne quittaient jamais les lèvres, de mégots écrasés et bières renversées. On se permettait tout et parfois n’importe quoi (je me souviens à nouveau que je commençais souvent mes sets par Inspiration de… Section 25), enfin surtout moi, parce que je n’ai jamais eu aucune technique derrière les platines (ni devant d’ailleurs, il y a des témoins) – et Robert avait toujours un peu peur de me confier les manettes et ce, à juste titre. On passait toutes les chansons qui nous accompagnaient à un rythme effréné depuis des années ou depuis une journée, on mélangeait marottes et nouveautés et comme on était un peu des privilégiés, on passait même parfois des titres qui n’étaient pas encore sortis – et à une époque pré-deuxpointszéro, la cave du Pop In devenait alors pendant plusieurs semaines, plusieurs mois le seul endroit au monde où l’on pouvait les entendre… Il existait comme des hits de cette cave-là, un genre de hit-parade interlope dont le classement s’effectuait dans les têtes et dans les cœurs entre le vendredi 19h00 et la nuit du dimanche au lundi vers 1h30…

Ça a été l’endroit où on a invité Bob Stanley et les Gentle People, où l’on a bu, mangé, fumé, dormi (oui, mais chut) mais pas (ça, non), discuté avec Etienne D, Jarvis C ou Sarah C, invité la BBC pour filmer Spring, refait mille fois le monde, dit du mal des autres (magazines), poursuivi les soirées concert, cherché des afters. Pendant plusieurs années, ça a été le lieu où la légende a très souvent épousé la réalité… Pendant plusieurs années, ça a été le point de chute qui nous a toujours permis de nous relever.

Christophe Basterra

Hello !
Voici ma petite contribution au Pop, quelques dessins, quelques souvenirs…
Bonne soirée et à ce soir pour la dernière ?
Laurent Blot

Bon, alors tu en fais ce que tu veux, j’ai beaucoup pleuré en l’écrivant, mais dans l’urgence je n’ai pas eu trop le temps de me relire, et je n’aurai pas le temps demain because le gouter d’anniversaire.
Mille bisous,

Pauline Richard

Hier soir, j’ai dit au revoir au Pop In. Si vous lisez ces lignes, vous partagez probablement la vague de nostalgie qui a submergé les habitués du lieu ces dernière semaines, et même si nous étions nombreux à savoir que ce jour allait arriver tôt ou tard, il n’en est pas moins bien triste. Le Pop In a été notre « deuxième maison » pendant 25 années, et a bouleversé nos vies pour le meilleur. En rentrant au Pop, on était toujours sûrs de tomber sur quelqu’un avec discuter, ne serait ce que parce que derrière le bar se trouvaient Denis, Florence, Marc ou les trois. Aller là-bas, c’était faire partie d’une communauté d’outsiders fans de musique et de culture, mais aussi de chenilles et de contrepèteries. En descendant les escaliers qui menaient à la cave, on se sentait comme des héros, juste pour une nuit. Voici dix morceaux qui resteront à jamais chers à nos cœurs (un peu brisés). Countdown.

Pulp, Do You Remember the First Time ?

Inévitable, on se souvient tous de la première fois où on y a mis les pieds. Pour ma part c’était en août 97, j’avais 18 ans et pas encore eu de first time. Je rêvais que la vie ressemble au clip de Pulp, dont l’univers mélangeant références pointues, culture pop, humour désabusé s’accordait si bien à celui du Pop In, et dont Jarvis restera pour beaucoup le prophète. J’aurais pu aussi choisir Ciao! de Lush featuring Jarvis, en souvenir d’un duo chanté dans la cave avec Florence, parce que le Pop In, ça aura été la chance inouïe de ne pas avoir peur du ridicule, et d’espérer que le talent des uns rejaillisse sur les autres.

Saint Etienne Daho He’s On the Phone

Il n’y a quasiment rien à ajouter, tellement ce morceau est une évidence. Saint-Etienne, Daho (qui contribuera à Pop In Records), le téléphone orange sur le bar. Sauter le poing en l’air, quitte à renverser la moitié de sa pinte, pour chanter « Yes, Ooo-hoo, he never meant to call, but he did anyway ». Souvenirs également des tournois de foot parce que non contents de passer presque toutes nos soirées ensemble, on avait aussi envie de se retrouver pour rigoler l’après-midi.

Baccara, Yes Sir, I Can Boogie

Le Pop In, ça a été aussi un havre de liberté hors des clichés, des mecs hétéros qui se déchaînent sur Baccara et des filles qui chantent sur Oasis ou les Stone Roses une pinte à la main, comme n’importe quel hooligan anglais de base. Un lieu où, comme hier soir encore, les gens peuvent chanter sans faute les paroles des Smiths avant de faire une chenille. Aucun second degré dans la passion collective pour Baccara, c’est juste probablement l’un des meilleurs morceaux disco de tous les temps. Pour toutes les fois où on a « Boogie-Woogie all night long », même après la fermeture.

Jimmy Somerville feat. June Miles Kingston, Comment te dire adieu ?

À l’heure où je tape ces lignes, le Pop In est encore ouvert et il est probable que ce sera le dernier morceau ce soir, après le « On ferme ! » de Florence. Mon cœur sera avec vous, car rien que d’y penser, les larmes montent. Combien sont arrivés au Pop In comme des Smalltown Boys (and girls), possiblement fans de Françoise Hardy, un peu impressionnés, avant de découvrir avec émerveillement qu’ici tout le monde avait sa place ? Le Pop In, c’était aussi le char PopInGays le jour de la gay-pride et son cortège aussi hétéroclite qu’improbable. Merci Denis, Florence et Marc pour votre accueil et votre amour universel.

La Casa Azul, Cerca de Shibuya

Le Pop In, ce fut aussi la casa verde des amateurs de pop espagnole, et le « tube » de la Casa Azul n’en a jamais été vraiment un ailleurs qu’entre les murs moites de la cave, grâce à une poignée de passionnés. Je ne suis pas sûre non plus qu’il y ait beaucoup de lieux en France où Alaska y Dinarama soit considéré comme un « floor filler ». C’était aussi les vacances en bande à Benicassim, les concerts parisiens d’Astrud, de Nosoträsh, de Nacho Vegas et bien sûr de La Terremoto de Alcorcon, si chère à Denis.

Blondie, Denis

We were so in love with you. On a beau penser quotidiennement à toi, et savoir que ton énergie et ta magie ne nous quitteront pas, tu nous manques toujours autant.

Herman Düne, I Wish I Could See You Soon

Bien qu’aujourd’hui, je me sente plutôt « Not on Top », c’est celui-ci qui restera pour moi, parce que même en étant loin du Pop In, on savait qu’on allait toujours y revenir et retrouver les copains, les pintes et le téléphone orange. Premier groupe à avoir joué dans la cave en octobre 1997 (dixit Marc), ils allaient ouvrir la porte à de trop nombreux artistes pour les citer ici, notamment grâce aux open mics du dimanche soir. Pop In Records n’aura publié que 7 disques, mais combien de musiciens ont débuté là-bas ? Je resterai à jamais émerveillée et reconnaissante d’avoir pu cotoyer tant de gens talentueux.

Lloyd Cole, Forest Fire

« Allo Paulette, c’est Denis, raboule ce soir, il y a Lloyd Cole qui débarque pour un concert surprise ». Je ne pouvais pas et cela reste probablement l’un de mes plus grands regrets. Cette version, les copains réunis qui chantent, c’est « juste une simple métaphore » de ce feu de forêt qu’aura été le Pop, sans lequel il n’y aurait peut être pas eu de de Truskel, de Motel, de Popfest, de festival Yeah..


New Order, Bizarre Love Triangle vs The Smiths, There Is A Light That Never Goes Out

Choisissez votre équipe, plutôt dans la cave le bras levé ou au bar, à discuter. En souvenir des soirées endiablées et de celles où le Pop In, Denis, Florence et Marc auront été la réponse à l’urgence d’un « Take me out tonight, where there’s music and there’s people who are young and alive ». Pour les indécis, il y avait toujours la possibilité d’en débattre à la grande table, en faisant preuve d’une indispensable mauvaise foi.

The Ronettes, Be my Baby

Celui-ci parce que c’est la meilleure chanson du monde, par laquelle nous finissions immanquablement nos DJ sets avec GTM. Parce que ce sont les amitiés éternelles, les amours, les cœurs brisés, les mariages, les divorces, les naissances, les réussites, les échecs, les retrouvailles et les disparitions.
Alors voilà, dans quelques heures, ce sera terminé. Merci pour cette chance extraordinaire d’avoir passé la porte, cette fameuse première fois. Si Jarvis avait été à Paris, Bar Italia se serait appelée « Pop In » et il aurait chanté « There’s only one place we can go, it’s around the corner rue Amelot, where all the broken people go ». Let’s go.


Soyez Pop In chez vous.

Emmanuel Salbayre & Nathalie Wagner

Coucou,

On a fait ça avec quelques pilier.e.s du Pop, si ça vous dit de le partager avec les autres hommages :

https://www.change.org/p/plaque-commémorative-pour-denis-quélard

Sébastien Pruvost

Bonjour

Mon souvenir le plus récent avec le Pop In date d’il y a quelques jours. Je croise Marc dans la rue. Il m’explique que le Pop In va être vendu. Nous sommes sur un passage clouté et j’ai la gorge nouée. Pour autant je comprends. Les dernières années ont été difficiles, avec comme bouquet final le décès de Denis Quélard, notre ami à tous.

Le Pop In c’est l’histoire d’amis qui avaient envie de boire des verres en écoutant de la pop anglaise. C’est d’abord ça. C’est l’histoire de Denis, qui rencontre le couple de Marc et Flo, l’anglophile et l’anglaise. Denis a déjà un pied dans les fanzines et l’organisation de concerts, les deux autres sont fans de musique.

Ce que le Pop In a apporté a la musique est inestimable.
Personnellement, je ne bois aucun alcool, donc je ne peux pas témoigner de ce que l’on servait au Pop In. Je peux donc affirmer que c’est avant tout l’amour de la musique qui a rempli le lieu durant des années. Le rock, la pop, le disco, la communauté homo d’une certaine époque, les cars entiers de sublimes Scandinaves et de folkeux vegan se mélangeaient à la faune brit pop, fan de pop londonienne autant que d’acid Madchester. J’y ai vu des concerts extraordinaires, je repense à Lloyd Cole ou Spain ! Les multiples talents des open mics dominicaux que j’ai eu la chance d’animer durant huit ans avec Guillaume Léglise, sur une reprise d’activité inventée par Yaya Herman Dune jadis. La façon DIY des 90’s de considérer la musique avait sa place au Pop In, autant que le rock à mèches ou la french pop qui y a fait ses débuts balbutiants, ou encore l’antifolk à ukulélé. J’ai des tas de souvenirs.

J’ai écrit la chanson Pop In pour l’anniversaire du lieu et un 45 tours anniversaire lié à cette fête. Je suis tellement fier aujourd’hui d’avoir participé à cette folie, avec une cinquantaine de gens qui dansent et chantent des chœurs chez moi à la gloire de Denis, Flo et Marc, dans 25m2. Il y a eu un moment où les gens pensaient qu’on étaient frères, Denis et moi. Alors on en jouait. Je pouvais toujours compter sur le Pop In en tant que musicien, pour amener chaque nouveau groupe ou répertoire que je fabriquais. Je serai éternellement reconnaissant au Pop In de m’avoir épaulé, peut-être même avant l’ouverture du lieu, quand Denis me programmait au milieu des années 1990. La fidélité a toujours été là, forcément reprise par Nicolas GTM, le grand tout mou qui fut un grand frère pop disponible à chaque projet, et qui lui même lança Pop In Records.

J’ai bien sûr des souvenirs nombreux des années de roulages de pelles intenses car il faut le dire et ne pas oublier, tout le monde choppait à tire-larigot dans ce bar magique où à peine passé les portes, l’atmosphère donnait envie de faire des bisous. Je me souviens du piano avec des gens autour et du nombre incroyable de musiciens et musiciennes talentueux et talentueuses, débutant.e.s ou confirmé.e.s, qui se retrouvaient à chanter à poumons déployés au grand malheur des voisins que Denis recadrait  en permanence. Je me souviens de Pascal Nicotine Toy et ses imitations de chanteuses allemandes de cabaret, de Cédric Leroux et ses Air Thin Lizzy où il imitait le groupe de heavy metal, des blagues hilarantes de Jérôme Laperruque, des concerts sublimes des frères Herman Dune en solo ou non. J’ai du mal à me souvenir de tout car je n’ai pas envie que cela devienne un souvenir.

Le Pop In est encore dans ma pulsation cardiaque quand je repense aux dj sets endiablés où l’on dansait à s’en rompre les os, Denis au milieu de la piste en train de faire la serpillière humaine, ce sont des souvenirs merveilleux.
Le Pop In est dans ma tête, il n’en sort pas. J’aime ce lieu, pour toujours. C’est l’histoire de trois copains qui avaient envie d’écouter de la musique anglaise en buvant des verres.

Kim Giani


Chacun cherche son Pop In

On appelait ça le Grand Chelem avec Christophe-Richard. Les jeudis, vendredis et samedis soirs se succédaient et se ressemblaient tous, plus ou moins, selon le degré d’alcoolémie, selon les coups de cœur et les coups de sang. Selon les rencontres. On voyait toujours les mêmes têtes. Des communautés qui s’ignoraient, puis se liaient au hasard des discussions, des regards et des verres qui se vidaient, puis se remplissaient. Le Grand Chelem, c’était commencer l’apéro sur la Planète Mars, canal historique, le bar de FX et Cédric, puis terminer la nuit au Truskel et entre les deux, le Pop In, qui liait la fin de journée et le petit matin.

« Au Pop » comme on disait, puisque maintenant il faut écrire ou parler au passé, je demandais souvent un Ricard-fraise à Denis, parce que, pourquoi pas.
Un soir, après une peine de cœur, déjà ivre et probablement la larme à l’œil, je lui ai demandé de me servir quatre doses de Ricard avec de la fraise dans un verre à pinte. Il m’a regardé en rigolant et m’a demandé comment j’allais appeler ce sortilège. La mine défaite, je lui ai répondu : « Un cœur brisé ». Quelquefois, il lui arrivait de me dire qu’il espérait qu’il n’allait pas me servir un cœur brisé ce soir. C’est un de mes souvenirs, parmi tant d’autres, au Pop et de Denis.

J’ai aussi le souvenir d’y avoir vécu des choses sans m’en souvenir. Étrange, non ? Comme ce concert avec Top Top en première partie de Shit Brown, la première fois de ma vie que je jouais dans la cave du Pop, et je ne me souviens de rien. L’amnésie totale. Wallou.

Denis est mort l’année dernière. Une nouvelle terrible pour ses proches, pour sa famille et pour celles et ceux qui l’ont côtoyé, un peu, beaucoup, à la folie ou passionnément, devant ou derrière un bar.  Les gens disparaissent un jour ou l’autre, ça fait un vide, et il ne reste que les souvenirs, les photos et les visages qui survivent au temps. Il en va de même pour les lieux qui ont fait ce que nous sommes aujourd’hui, qui nous ont façonnés. Ils disparaissent et il ne reste que les souvenirs, les photos, et les visages, toujours, qui survivent au temps ; ce putain de temps qui bouffe tout et contre lequel il faut se battre sans cesse pour ne pas abdiquer, pour ne pas perdre, pour ne pas mourir, d’une manière ou d’une autre.

J’ai travaillé au Motel pendant presque dix ans, on disait que l’on était des enfants du Pop In et donc de Denis, bien évidemment. Une partie de nous est née au Pop In, que ce soit sur le comptoir, dans la cave, sur la piste de danse ou sur la scène, dans les fauteuils du premier étage ou sur le trottoir d’en face, une bière à la main, une partie importante. Une partie qui n’est pas morte. Une partie qui danse encore.

C’était un lieu avec une âme, qui vivait, transpirait, nous apprenait des choses.  C’était un endroit pour nous et par nous, parce qu’il nous donnait la possibilité de jouer de la musique, de passer des disques, de danser, de rire, d’emballer, d’aimer, de partager, de découvrir… Et parfois, de vomir, aussi. C’était un lieu qui nous rendait incandescents et nous portait, et nous portions sa parole, nous étions ses apôtres à travers les départements, les régions, les frontières, les mers et les océans. Chacune et chacun de nous écrivait son évangile.

Le Pop In, c’était nos nuits. La nuit nous appartenait. La partie de nous qui y est née doit danser, encore et encore, pour faire vivre son histoire et sa légende. Le Pop In est mort sur la croix, mais il est ressuscité dans nos cœurs, il y vivait déjà, on le sait tous et toutes. On ne peut pas oublier ces nuits si facilement, et de toute façon, personne ne le souhaite… N’est-ce pas ?

Je n’y suis pas retourné depuis sept ans environ, pour diverses raisons, je ne voulais pas y croiser certaines personnes et j’avais besoin de faire une trêve avec la nuit qui m’avait usé et cassé derrière le bar du Motel. Parce que la nuit abîme, fatigue, énerve, rend sourd et aveugle au compromis, du moins pour les gens comme moi, à fleur de peau, souvent sur la brèche et arc-boutés sur des principes avec lesquels ils ne veulent pas transiger.

Je me suis toujours dit qu’il fallait que j’y retourne, et puis non, parfois je passais devant, mais je n’y rentrais pas. Maintenant, le Pop In est mort, et je ne pourrai plus jamais y retourner. Il me reste des souvenirs vivaces, des photos et des visages qui vont survivre à ce putain de temps qui ne peut pas s’empêcher de tout dévorer sur son passage.

Nous avançons avec Le Pop In dans nos cœurs et sa flamme nous guide. In Denis We Trust. Longue vie à nos souvenirs. La nuit nous appartient encore, nique sa mère le temps, et son père aussi, don’t give up the fight !

Malik-Djamel Amazigh Houha

NDLR : Des millions de mercis à Minishort Wagner d’avoir posté ces portraits réalisés par Alex Marillat et Eglantine Aubry


Nous nous étions déjà vus. De loin. Nous allions dans les mêmes concerts, au festival des Inrocks, nous écoutions Lenoir le soir, et surtout, loin de n’être que des esthètes amateurs de musiques alternatives, nous étions des jeunes aimant boire et danser. Parfois plus. Et c’est ainsi que différents groupes de copains se retrouvaient sur le dancefloor du Rex Club, un temps, puis du Shéhérazade, du High Tech Café, de la Locomotive, et partout où un Grebo ou un Robert pouvaient poser leurs platines, y compris les endroits les plus improbables, pour une nuit d’indie disco. Mais nous ne nous connaissions pas. Nous nous regardions de loin. Et nous avions des surnoms pour ces groupes de potes que nous ne connaissions pas. Les Pulp people par exemple. Ce groupe de copains qui envahissaient le centre du dancefloor dès que les premières notes d’un tioube de ce groupe retentissait. Il y avait aussi cette fille fascinante qui sautillant au son de Friends of P, cette gamine aux cheveux rouges clairement trop jeune pour être là et sa copine, et des journalistes musicaux. Les Magic! d’un côté de la salle, les Jellyfish de l’autre.

Puis est arrivé le Pop In. Et tout a changé. Progressivement. À notre grande surprise. Un soir d’été, c’était le 2 août 1997, mes amis me proposent d’aller dans un bar où on entend de la pop. Au 105 rue Amelot. À la table de rez de chaussée, nous parlons à des filles super loquaces qui avaient un fanzine je crois. Nous nous sommes probablement un peu moqués. Nous sommes revenus quelques jours plus tard aider à vider les fûts pour une première soirée destockage avant la fermeture estivale.

Les années suivantes furent un peu folles. Nous avons fait connaissance avec les autres groupes. Nous avons formé une tribu. Les Pulp people et d’autres sont devenus des copains. Certains proches, d’autres moins. Mais une amitié superficielle de 25 ans, c’est aussi une amitié qui compte. J’ai failli prendre une colocation avec certains. Avant de découvrir au moment de remplir le dossier que je ne connaissais que le prénom de Vincent. J’ignorais le métier ou les études de ces personnes. Je ne connaissais pas leur ville d’origine. Je connaissais leurs groupe favoris, ce qu’ils aimaient commander au bar, le morceau qui les faisaient bondir. Je savais l’essentiel : j’aimais passer mes soirées avec eux, bavarder dans la foule pour commander une pinte au bar avec eux. Deux pintes car la première était terminée le temps de se frayer un chemin dans la foule. Jusqu’à la cave.

Cette cave est une legende. Ce n’est pas une cave. Elle est au même niveau que le bar du rez de chaussée. Mais il fallait pour y accéder descendre un escalier étroit et obscur.  Et le Indie Disco a désormais commencé plus tôt. Le High Tech Café ou le Shé mais plusieurs soirs par semaine. Et chacun a pu y  « mixer » et partager ses découvertes et ses passions. Et désormais nous designions les groupes de copains par le nom de leurs soirées.

Et à deux heures du matin, sur le trottoir du boulevard, avant Uber, avant le smartphone, nous étions en quête d’un  lieu où poursuivre la soirée. Parfois dans un club, parfois chez les uns ou les autres au grand dam des voisins, parfois dans des endroits surprenants. Puis un des habitués a lancé un autre bar ouvert toute la nuit. Une autre histoire pour un autre jour.

Le lendemain, nous aimions raconter notre soirée et recouper nos souvenirs. Certains, sur la mailing-list des fans de Lenoir racontaient le concert de début de soirée ; d’autres sur une autre mailing list les exploits du DJ, des danseurs, des buveurs. Heureusement, l’Internet de l’époque était périssable et les preuves de nos agissements ont disparu. Et il y a prescription.

Le Pop In a accompagné la moitié de nos vies. Il y restera. Je peux facilement imaginer mes derniers instants semblables à ceux de Rose Dawson à la fin de Titanic avec l’escalier du Pop In à la place. Avec les copains. Et Denis, Florence et Marc qui nous accueillent. Au son de Pulp. Par exemple.

Valery-Xavier Lentz

Bonus : Pop In : man manfully tries to get the party started.


Coucou Thomas !

depuis hier…! 🥹 pas eu le temps de trouver les photos avec la prépa du concert ce soir mais demain maybe last minute je trouverai !
Je suis allée pour la première fois au popin en 1997 avec la team magic…
Tant de souvenirs depuis…
En 1999, j’étais journaliste du quotidien japonais Sennen Shinbun, journal pour les professionnels de la mode, je m’occupais de la rubrique culture, totale carte blanche. Du coup, j’avais écrit sur le Pop In ! Cet article a été d’ailleurs longtemps affiché sur la porte de l’autre côté du Pop In… Au moins 10 ans, jusqu’à ce que la papier devienne très jaune 😂 Je me souviens que Denis m’a dit “tu sais, il y a des maintenant des groupes de japonais ‘très fashion’ qui viennent au Pop In pendant la fashion week et c’est drôle car ils ont l’air très sérieux et un peu intrigué mais ils prennent la photo de l’article de temps à autre…” 😂 Un truc comme ça ! J’imaginais très bien ça !!

Je trouve ça très rigolo comme j’écrivais souvent les dernières news de Paris ou Londres (ou une autre ville européenne) parce que pour moi, le Pop In, c’était vraiment quelque chose de nouveau, l’endroit que “les visiteurs” de paris devaient absolument voir ❤️ Et je sais que je me suis pas trompée 🥹🥹💔❤️😭

🙏 Merci beaucoup pour toutes ces années et notre premier concert de Tristesse Contemporaine aussi, c’était évidemment au Pop In (malgré le fait que Maik avait la grippe A), ça reste un très bon souvenir et une des rares fois qu’on avait vraiment le trac avant de jouer! Éternelle reconnaissance pour l’existence de ce bar et ses créateurs . Love you ❤️
Sent from iHerisson

Narumi Herisson Omori

Joseph Vandendriessche / Photo : Thibault Cabanas

Difficile de pas être ému face à la fermeture ce soir du Pop In, lieu culte du rock indépendant du 11e arrondissement depuis 1997.

J’y suis venu pour la première fois voir un concert en octobre 2009, grâce à Cabanaucanada que je venais de rencontrer quelques semaines plus tôt à des concerts d’Oasis et je n’ai jamais cessé d’y mettre les pieds plus ou moins régulièrement jusqu’à hier soir.

Au delà d’un bar, d’une salle de concerts, j’y ai rencontré des dizaines de passionnés de musique, connus ou simples anonymes, dont beaucoup sont devenus des amis proches, que certains nommeraient la famille que l’on se choisit. Et le Pop In, c’est surtout ça, comme une famille. Pouvoir venir danser le samedi soir après avoir vu les concerts ou vider son sac de cafard un lundi soir, et trouver un accueil des plus chaleureux à tout moment.

Comme beaucoup, j’y ai fait ma première scène, c’était en décembre 2017, quelques semaines avant la fin de l’ouverture de la désormais célèbre cave.
Sans le Pop In, je n’aurais certainement pas changé de métier, fondé des groupes ou même devenu passionné de musique.

Merci pour tout Denis ❤️ Florence, Marc et tous ceux qui ont contribué à faire vivre cet endroit magique. À très vite !

Joseph Vandendriessche

J’étais parti sur la pointe des pieds. Après y avoir bu bien des coups, y avoir joué et assisté à des concerts, après y avoir, en compagnie d’Etienne, fêté dignement, mais sur les rotules, la naissance de mon fils quelques jours plus tôt, car il est des endroits où l’on se dit qu’on serait finalement aussi bien que chez soi pour vider le trop plein d’émotions, je me suis éclipsé du Pop In, du quartier et un peu de la vie. Mes responsabilités de nouveau père de famille ne me laissaient d’autant moins le loisir d’y venir que j’avais migré dans le sud de Paris, dans un quartier où les bars ferment à 20h00 et l’on ne croise plus grand monde. Loin de moi l’envie ou l’intention de cracher dans cette soupe que j’ai trouvé si bonne pendant bien des années. J’étais bien, j’étais loin, et j’y venais d’autant plus rarement que mes amis n’ayant pas encore d’enfants, ils ne se figuraient pas, sans doute, qu’il est difficile de se rendre disponible pour un apéro à 18h30 et à l’autre bout de Paris quand on est prévenu à 17h00. J’y allais encore, de temps en temps, parfois, au raccroc ; Marc, Florence, Nico ou Denis me faisaient alors l’honneur de me reconnaître et de me demander des nouvelles, mais je ne mesurais pas vraiment ma chance. C’est alors que ma vie du loin est un peu partie en vrille. Je vivais chez moi, dans un périmètre un peu restreint, et ma vie s’écoulait au rythme des enfants que j’élevais avec joie et difficulté (ceux qui vous disent qu’élever des enfants n’est qu’une partie de plaisir sont des menteurs ou des inconscients) et je tentais désespérément d’être un autre, ce qui est toujours illusoire, comme l’a si bien dit Oscar Wilde : on ne peut être que soi, puisque tous les autres sont déjà pris. Je m’étais remis à écrire, sur un blog, et j’avais acquis par ce biais de nouveaux amis qui me convenaient fort bien.
C’est quand tout commença sérieusement à s’écrouler que je décidai qu’il était temps pour moi de renouer avec une vie sociale que j’avais fui des années durant. Et c’est naturellement au Pop in que je proposais à mes amis virtuels, Rom, Tita et David Scrima, de nous retrouver pour aller boire un coup. Je me retrouvais aussitôt dans un endroit que je connaissais par cœur, n’ayant pas oublié que les toilettes du bas ne ferment pas, que la cave sentait fort la cigarette (une donnée disparue depuis et qui ne me manque pas), et où les visages et les murs m’étaient familiers. Il ne s’agissait pas de ces retours en arrière. Ce n’était pas du tout la version IRL de copains d’avant, mais plutôt de la reprise en main, délicate, d’une partie de moi-même que j’avais dû, par mégarde, laisser pendue à un crochet du zinc. J’étais parti et j’étais revenu et l’accueil, fort simple, avec ce qu’il faut de distance amicale, qui me fut fait ce soir là, par Marc, qui était seul au bar, me réchauffa encore une fois.
On part pour des raisons connues de soi seul, parfois sans vraiment savoir pourquoi. Mais moi, oui moi, et ma grande gueule et tous ceux et celles qui me connaissent, nous le savons bien, tant ça me colle à la peau et qu’il est inutile de se fuir : j’étais parti pour la ramener.
Antoine Bourguilleau, 2006


Au Pop in – j’ai fait une rencontre en 2008 qui a changé toute ma vie. Merci pour ça. Des soirées légendaires avec ma meilleure copine. Merci pour ça. Les open mics – trop d’émotions. Merci pour ça. Pop in – que des bons souvenirs. Merci pour tout. L’odeur et les sentiments vont rester dans mon cœur pour toujours.

Corinna Ngnambi-Vollmer d’Allemagne

Quelques flyers en souvenirs, quelques vidéos.
Je me souviens de la gentillesse de Denis Quélard…
J’ai connu Le Pop In sur le tard, à partir de 2005…
Eric (PERIO)
College Days
No Western Land Fits Your Passion
Leap Frog

Regretter un lieu qu’on n’a pas (ou si peu) connu. Feu le Pop In, donc. Alors même que je n’en aurai poussé la porte qu’une poignée de fois – la première une dizaine d’années après l’ouverture, pour y voir jouer des copains, et les dernières il y a quelques mois à peine, pour un anniversaire et deux ou trois DJ sets -, je pressens déjà que ce bar (mais c’était de toute évidence bien plus qu’un bar) va étrangement me manquer. En creux. Car je le connais en réalité largement plus par ce que j’en ai entendu dire que par ce que j’ai pu y vivre. Contrairement à tous ceux qui ont témoigné, je n’y aurai fait aucune rencontre décisive, je n’y aurai rien vécu de transcendant et il n’aura pas changé ma vie. Et cependant je m’en veux un peu (beaucoup ?), égoïstement peut-être, d’avoir raté tout ce qu’on m’en raconte aujourd’hui. Parce qu’il y a une chose dont je suis sûr, c’est ce que j’ai ressenti en y remettant les pieds l’an dernier, sans y connaître pourtant personne. Un truc impalpable mais immédiatement tangible, et pas si courant que ça : la sensation d’un accueil, l’impression de bienveillance qu’un endroit peut dégager.
Mais coupons là. Comme beaucoup (trop) de choses dans ma vie, le Pop In, je serai donc passé à côté. Tout près sans doute, mais à côté. Et ça, au bout du compte, ça fait quand même un peu chier.
Sébastien Marty

Salut,
J’ai débarqué pour la première fois au Pop-in en 2006 ou 2007, pour venir voir un groupe tourangeau, The Paper Plane. On avait l’habitude de suivre les groupes qu’on aimait, cette bulle rock parisienne des années 2000 comme j’aime a l’appeler, le carré magique, l’International, l’OPA devenu ensuite le Supersonic, le Truskel et le Pop In.

La magie te saisit tout de suite dans ce lieu, Denis, Florence, Marc sont tellement extraordinaires. Les open mics du dimanche étaient incontournables : les blagues de Kim Giani, Guillaume Léglise à la technique, mine de rien, on a en vu éclore du talent là-bas. Je me rappelle des débuts de Cléa Vincent, Baptiste W Hamon, Baptiste Dodat (“Batisttt avec 3T” à l’époque !), Sofia Bolt et son premier groupe, les Water Babies. Putain, que de bons souvenirs… Un soir de décembre, je débarque par hasard et tous les potes de Denis lui préparent une surprise pour son anniversaire – je m’en souviens, on a nos anniversaires à quelques jours d’écart : tout le monde se planque à l’étage, vidant le rez-de chaussée, juste avant qu’il arrive pour “prendre son service”. J’ai quitté Paris en 2017, aujourd’hui je suis papa d’une petite Solène, j’adore la chanson de Kim qui porte son nom. Mais les souvenirs vécus au Pop In resteront gravés à jamais dans ma mémoire, la qualité des groupes invités, les rencontres, serrées au coin du bar, les discussions de bourrés, putain que c’était bon.
Allez tchao les amis,

Mathieu Schmitt

Salut tout le monde
J’avais fait cette page en souvenir des Open Mic du Pop In où j’ai pas mal traîné dans les années 2000… C’est aussi là qu’on eu lieu les premiers concerts de Prosperi Buri… J’ai pas pu venir samedi soir (j’étais justement en concert) mais j’étais de tout cœur avec vous !
Je vous mets la planche en pj, si vous voulez la publier.
Bisous
Renaud de Chateaubourg/Prosperi Buri

Hello,

Écrit en gueule de bois dans le train, j’ai pas vraiment eu le temps de relire et pas non plus vu si quelqu’un l’avait déjà racontée, celle-la. En tout cas, mémorable !

C’était un soir d’open mic vers 2007 je pense. Yaya Herman Dune était derrière les platines. La cave était bondée, tous les musiciens étaient là à attendre chacun leur tour pour chanter avec leurs belles voix et leurs guitares accordées. J’étais plutôt terrorisé. Je jouais en open tuning sur une vielle guitare Ibanez pourrie, qui aurait pu appartenir à Francis Cabrel, elle avait été récupérée par mon père dans l’appart d’un mec retrouvé mort après une semaine et dont les dettes l’auraient envoyé direct chez les huissiers. Une rescapée en quelque sorte.

Je m’inscris sur la liste, je suis tout en bas d’une page qui doit avoir dans les trente noms. Je m’installe sur mes pieds, je patiente. Je picole pour essayer de faire baisser la pression. Les artistes défilent, je peux pas m’empêcher de me comparer à eux, l’enfer. Soudain on annonce « con et couille », ok. Nom à la con, gueules d’artistes performers un peu ravagés, ça sentait l’école d’art a plein nez. Ayant passé quelques années en école d’art, je les reniflais a 100 mètres.
Le mec s’agenouille par terre et commence à taper sur la chaise présente sur la scène avec son poing, la meuf se défroque et commence à brailler dans le micro, un mix d’onomatopée et d’insultes, je crois. Pour l’instant plutôt classique.
J’avais vu Jean-Louis Costes dans un squat à Lyon, il en fallait plus pour me surprendre. Le truc dure deux interminables minutes. Soudain ils s’arrêtent, le mec baisse son froc à son tour et s’accroupit au milieu de la scène, il pousse de toute ces forces et se chie dans la main. Il se lève et crie dans le micro tout en menaçant de jeter l’étron fraichement sorti dans la foule : « This is real shit, like your music ». Soudain, tout le monde se couche dans la cave, sous la menace du jet. Je suis moi même planqué derrière la cabine du dj.
Mais contre toute attente, le mec remonte avec sa merde dans la main à l’étage, je me suis toujours demandé ce qu’il en a fait…

Arnaud Raquin

Alban Rautenstrauch

Une soirée au Pop In noyée dans les brumes et vapeurs… Fin du siècle dernier…C’était une veille de jour férié, on était gonflés à bloc, tous habillés comme les stars de pacotille que nous étions… On est arrivés, la bande des cinq, prêts à mettre le bordel et bordel on l’a mis. Ça a commencé en bas, au bar, sur la banquette de gauche, celle où tellement de légendes ont vu le jour. Quelqu’un laisse tomber une veste, plein de pièces en tombent, ma copine s’en met plein les poches, ça promet. Elle décide ensuite de faire les poches des vestes tout autour (y compris les nôtres mais elle nous a payé plein de coups après alors on n’a rien dit, il y a prescription, non ?).

La soirée décolle, deux des nôtres échangent des noms d’oiseau avec un blond cendré aux mèches repassées au scalpel. Je ne sais pas qui a bousculé qui, les petits minets restent fièrement campés sur leurs ergots. Blondie s’en prend une mais personne n’a l’air de s’en faire, c’est la bagarre la plus hilare à laquelle j’ai pu assister. Les DJ commencent, c’était Pulp ou les gars de Saint Etienne ce soir-là ? Je ne me souviens plus… La bière commence à faire déborder les esprits, l’escalier qui mène vers le bas commence à glisser, un pote fait sa première chute, tourbillon et toboggan jusqu’en bas. Un ami et moi, nous parlons avec le videur, il nous assure que les problèmes de son pays, le Congo, sont le fait du complot judéo-communiste. Je l’assure que ma famille ne lui veut aucun mal ! La bière continue à transformer des escaliers en patinoire, le même ami titube en descendant les premières marches mais tient la verticale, Florence s’excuse, disant que l’escalier est raide, Ma réponse ? Mon pote aussi…Oui, il se croit toujours à Aquaboulevard et il valdingue aussi sec. Ceux qui se bagarraient, le blondinet et les deux autres, ce sont désormais les meilleurs potes du monde, ils partent bras dessus bras dessous, se font des câlins, puis les miens vont aider l’autre endimanché à vomir, lui faisant des papouilles, l’assurant que tout ira bien, décidément, je ne comprends plus rien. On quitte le Pop In, direction l’Espace Couleurs (1) , qui est aussi de la partie. Jusque-là, j’avais préservé mon équilibre, mais hélas, je suis aussi victime du syndrome de la piste et de son terrible acolyte, l’escalier raide. C’est à mon tour de faire un vol plané dans la porte de la cuisine qui donne dans un coude de l’escalier, je me retrouve couchée sur cette porte (en plastique) avec le boss des lieux qui me regarde, hilare. Je repars en courant… Je me cache en dansant sur de la pop africaine, j’essaie, sans succès, de sympathiser avec la copine du DJ, dépassée par les événements et le nombre de bières renversées, le boss me retrouve, toujours aussi hilare, se paie bien ma tête, la copine du DJ lève les yeux au ciel…
Retour au Pop In, le même pote se tape une troisième glissade dans l’escalier toujours aussi huilé, décidément… Au petit matin, on prend enfin congé, retour en marchant sur le toit de chaque voiture tout le long du côté gauche la rue Saint Sébastien… Et pour un bref instant, les sales gosses que nous étions sommes devenus les maitres du monde !
(merci à tous)

(1) bar congolais juste à côté, qui a fait quelques soirées jumelées avec le Pop’in dont celle-ci.

Claire Taitai

Le Pop In, c’est d’abord François 80’s (beau nom de DJ) qui m’en a parlé en 98. J’habitais à l’époque à Vancouver, et il m’envoyait des compiles sur cassettes de morceaux que Robert Alves et d’autres passaient au Pop In. A peine rentré, la valise chargée de vinyle, il m’amène visiter le lieu. Le soir même, il est décidé que j’y ferais des soirées S’EXPRESSO (Easy Listening/Lounge/Exotica) une fois par mois. Ça durera un peu plus d’un an. J’ai inventé mon pseudo avec à ces soirées, et depuis, beaucoup ne me connaissent que sous le nom Jimmy Virani, que j’ai gardé en tant que musicien. J’étais fier de prendre le bus avec mon chariot et mes disques, à me péter le dos à descendre et remonter mes cinq étages avec deux gros bacs de disques pour les passer au Pop In. C’était le dimanche soir, alors, il n’y avait pas souvent grand monde, mais on s’éclatait quand même. Parfois, on faisait d’autres soirées, et mon affiche S’EXPRESSO est restée plusieurs années dans le bar jusqu’à se faire voler par un anonyme… J’ai même participé à un calendrier nu du pop in pour 2000 je pense. Il est quelque part chez moi, oserais -je le (res)sortir ?

Jimmy Virani

Bonsoir à tous,
Difficile de se remémorer tous les souvenirs du Pop In tant il y en a.
J’ai connu le bar il y a un près de 25 ans.
Et y ai passé un nombre incalculable de soirées.
Mes meilleurs souvenirs de danse sont à mettre au crédit de Rob Alves.
J’aimais bien la nonchalance de Petrit, oiseau de nuit incontournable.
Et j’ai eu le plaisir de croiser Luz.
D’autres soirées m’ont marqué : celles des Magic, d’Alex Cognard.
Une soirée avec Daho jusqu’à côté.
Des drôles de soirées sixties appelées Juxtaposition avec un dénommé Fabrice.
Des Suédoises, appelées Anna et Jenny je crois.
Bref, j’ai dû y passer 15 ans de ma vie.
Bises aux anciens et pensée éternelle pour Denis.
Et évidemment à ceux qui restent, Flo, Marc, et GTM que je n’oublie pas.

Marc Fabre-Garrus

Hello !
Merci beaucoup pour cette initiative ! Voici un texte que j’ai écrit sur le Pop In.
Bonne journée
Nicolas Vidal / Faces Zine

Il y a des lieux et des gens imprégnés de notre jeunesse. Le bus de ramassage scolaire en 1989 avec le walkman qui crache sa cassette et son enchaînement entre Lullaby de The Cure et Mosquito de Vanessa Paradis. La patinoire de Bordeaux Meriadeck et les cris quand Martin Gore de Depeche Mode chantait Somebody. L’arrivée à Paris et le premier concert parisien au Trabendo avec Françoiz Breut sur scène et Katerine et Helena Noguerra dans la salle. La première bière au Pop In avec Jean qui habitait à côté. Les roulages de pelle dans la cave lors des soirées PopInGays au son de New Order, Dominique A et parfois Kylie Minogue. Les premiers sets d’Anne et Guillaume de Radioedit le jeudi soir avec les yeux qui piquaient le vendredi matin car la bière avait coulé un peu trop dans nos veines. Et puis les concerts des ami.e.s, des gens qu’on croisait, les premiers rencards pour lesquels on flippait et qu’on donnait là-bas car on pouvait faire croire qu’on était populaire en claquant la bise à la moitié du bar. La mèche blonde de Denis et son sourire. Et puis ce lieu qu’on a déserté parce que la vie bouge tout en sachant qu’une part de nous y est toujours. Les échanges sur facebook avec Denis et les recommandations d’artistes quand on a décidé de créer un webzine pop. Sans être des amis ni des proches, mais faisant partie d’un même microcosme. Et puis ce dernier concert de Dani au Bataclan où on a rigolé et discuté ensemble avec Denis, Clea Vincent et Niki Demiller. Les projets, la pop, la musique, le Covid, la vie. Et puis Denis qui s’en va. La pop parisienne qui perd l’un de ses représentants. Et maintenant son lieu emblématique la même semaine que le Walrus, endroit sur lequel il faudrait écrire aussi. Mes 25 ans enfermés dans la cave du Pop In dansent toujours sur la musique qu’on aime. Avec les vôtres. Pop un jour…

Nicolas Vidal

Le bois sur lequel j’ai commencé à lire Les Détectives Sauvages   

C’était en 2008  

 

Des fins d’après-midi pour s’attabler un peu, seul, avant le début, avant la nuit   

Des pintes de Guinness  

 

Oser même parfois parler à des inconnu·e·s tant l’endroit étant garant des affinités   

Une cave  

 

La certitude d’être pour quelques heures, sinon dans l’œil du cyclone,  du moins à frôler  

la plus haute intensité  

 

Des accords dans la cave  

 

Ces choses importantes qui se disent dans l’instant, durent une éternité  et s’effacent avec le jour  

 

L’escalier  

 

Bien plus qu’une étape dans l’enfilade des adresses éclusées les soirs d’errance,  les nuits d’en quête  

 

La musique, la musique, la musique  

 

Entrer dans un récit qui nous dépasse, encore un mais qui nous enveloppe   

En 2008 en 2009 en 2010  

 

L’infinie rencontre – fugace, tatouée par le son, indélébile  

 

L’amertume de la bière  

 

Aujourd’hui je recommence à lire Les Détectives Sauvages

Rémi Boiteux

(La dernière nuit du) Pop In (Paris, France, 25/03/2023)
Danilo Samà

oh wow
belle brochette d’artistes et activistes venus acclamer cet obscur groupe nantais (avec un batteur bordelais) au pop in, fin 1997
un très chaleureux souvenir pour ma part…
il y aussi un concert de lispector, il y a juste une dizaine d’années, mais impossible de trouver une photo…
un excellent weekend
cheers

martial

Martial Jesus / Total Heaven (Bordeaux)

Une réflexion sur « POP (IN) ! goes my heart »

  1. J’ai commencé à y traîner vers 2007-08, peu de temps après mon arrivée à Paris. Il y avait une forme d’évidence dans cette rencontre, entre les playlists qui tournent, les influences qu’on devine, les liens avec ce qui avait accompagné mon cheminement mélomane à l’adolescence (magic rpm en tête). J’ai vite repéré les open mic du dimanche, où des paquets d’amis sont venus voir mes deux morceaux quand j’y allais. Ça a été mon tremplin pour que j’aie le cran de me lancer ensuite en solo dans des rades bizarres, et presque plus jamais au Pop In, sauf invité en première partie par des amis. J’y venais souvent boire des coups, mais j’avais beaucoup trop de respect pour le lieu pour imaginer un jour pouvoir m’y produire seul (et en effet ça n’aurait jamais eu aucune chance d’arriver). Mes seules prestations furent alors sur le piano qui trainait au premier étage, assez tard le week-end, où de toute façon personne ne faisait trop attention à ce qui se jouait. Et c’est là que j’étais lors d’une rencontre qui a pour moi changé le cours des choses. Que de beaux souvenirs resteront pour moi de cette décennie. Et quel énorme pincement au cœur de suivre, de loin, la fin de cette aventure.

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