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Depeche Mode, Ghosts Again

Depeche Mode
Depeche Mode, cru 2023

C’est l’automne 1993. La Nouvelle Orléans est enveloppée par une chaleur bien éloignée des premiers frimas européens. Il y a un mois que Depeche Mode a commencé sa tournée nord-américaine, une contrée qui a mis plus d’un genou à terre face au quatuor de Basildon depuis la fin des années 1980, le succès sur le tard de Music For The Masses, le documentaire de Pennebaker, 101, et le coup de grâce donné par un album au dessus de tout soupçon, Violator. Le photographe néerlandais Anton Corbijn a aussi métamorphosé le quatuor, avec ses vidéos et ses photos en noir et blanc, gros grains à l’appui et nouvelle sobriété vestimentaire – ce qui n’a pas toujours été le cas, en particulier lors de la période berlinoise et son cuir bon marché. La Nouvelle Orléans, donc. Un stade couvert, sorte de Palais Omnisport de Bercy local (on dit Accor Arena maintenant, je crois), plein à ras bord de jeunes gens, filles et garçons qui pourraient pour la plupart tout droit sortir d’un roman de Brett Easton Ellis et qui commencent par se précipiter sur le merchandising – programme de la tournée, tee-shirts, sweat-shirts, mugs, à l’effigie de Songs Of Faith And Devotion. Continuer la lecture de « Depeche Mode, Ghosts Again »

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Pole – Le temps distordu

Figure tutélaire du genre dubtronica, Pole vient présenter son LP « Tempus » au Festival BBMix ce week-end.

Stefan Betke / Pole
Stefan Betke / Pole

Tempus (Mute records), nouvel album de l’allemand Stefan Betke et de son projet principal Pole, creuse un sillon inauguré il y a plus d’une vingtaine d’années avec sa fameuse trilogie Pole 1, 2 et 3. Une dubtronica abstraite et froide, conceptuelle et expérimentale, qui est assurément l’une des aventures esthétiques les plus passionnantes de la scène électronique allemande contemporaine. Nous avons pu rencontrer Stefan Betke à l’occasion de son passage au festival BBMix le 26 novembre, et évoquer avec lui une œuvre aussi fascinante qu’indispensable. Continuer la lecture de « Pole – Le temps distordu »

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Depeche Mode, nec plus ultra

Depeche Mode
Depeche Mode

Des trois, c’était sans doute celui qu’on ne s’attendait pas à voir partir en premier… Il était celui qui paraissait le plus mesuré, celui que la débauche n’excitait guère, le seul capable de ramener à la raison ses compagnons, le véritable ciment entre le performeur Dave Gahan et le compositeur Martin Gore. Mais voilà. Andrew Fletcher a tiré sa révérence jeudi dernier, le 26 mai 2022, alors que rien ne l’y prédestinait. Avec sa disparition, c’est bien sûr l’avenir de l’un des groupes les plus influents / importants de la génération post-punk qui prend l’allure d’un point d’interrogation, d’autant plus à la réplique donnée par celui que tout le monde surnommait Fletch à la dernière question d’une interview réalisée à la toute fin de l’année 1996 pour la RPM… Continuer la lecture de « Depeche Mode, nec plus ultra »

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This is Telex

Telex
Telex : Dan Lacksman, Marc Moulin et Michel Moers (de gauche à droite)


Telex
tient une place particulière dans le cœur des amoureux de pop synthétique. Trio formé en 1978 à Bruxelles par Dan Lacksman, Michel Moers et Marc Moulin, la formation fait le trait d’union entre l’Allemagne de Kraftwerk, l’Angleterre d’Human League et toute la musique électronique à venir : Italo Disco, House, New Beat. À l’occasion de la campagne de rééditions orchestrée par Mute, nous avons eu l’honneur de nous entretenir au téléphone avec Michel (chant) et Dan (machines).  Continuer la lecture de « This is Telex »

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Pole 1, 2 et 3 (Mute Records)

Redécouvrir aujourd’hui le travail de Stefan Betke, et plus précisément sa trilogie fondatrice Pole 1 (1998), Pole 2 (1999) et Pole 3 (2000), c’est en quelque sorte faire retour sur un moment de l’histoire des musiques électroniques allemandes dont l’une des principales caractéristiques pourrait être celle d’un travail autour de l’abstraction et du minimalisme. Que l’on évoque les propositions electronica ou IDM des labels Mille Plateaux et Raster Noton, ou encore le conceptualisme dancefloor de Kompakt, la micro-house des labels Perlon ou Playhouse, l’austérité formelle était en effet de mise.

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I Like 2 Stay Home #20 : Mute early years (1978-1988)

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Daniel Miller n’avait qu’une seule ambition en créant Mute Records en 1978 : sortir un single de son projet solo The Normal. S’il a par la suite signé Depeche Mode, Nick Cave & The Bad Seeds ou plus récemment New Order, cette partie immergée de l’iceberg a souvent fait de l’ombre à des sorties plus expérimentales. La passion de Miller pour la scène allemande des années 70 (Kraftwerk, Can, Neu! et consorts), a marqué au fer rouge les premières années du label. C’est cette facette que nous avons décidé d’explorer avec playlist qui montre également à quel point Mute était une histoire de famille. Les membre de Depeche Mode, Wire, Fad Gadget ont par exemple créé d’autres groupes, collaboré avec des artistes Mute ou bien sorti des projets solos. Les grosses pointures de l’époque ont depuis quitté le navire, mais quarante-deux années après sa création, Mute Records est encore un formidable laboratoire de recherche. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #20 : Mute early years (1978-1988) »

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Mark Stewart, Learning to Cope With Cowardice (On-U Sound, réed. Mute)

Dans une série d’articles écrits pour le magazine Wire au tournant des années 1990-2000, Simon Reynolds a pu évoquer l’hypothèse d’un « continuum hardcore » qui caractériserait la scène électronique anglaise, depuis l’explosion rave jusqu’aux UK Garage, Grime et Dubstep, en passant bien évidemment par l’axe Jungle / Drum and bass / Breakcore. Une lignée subculturelle ayant pour épicentre Londres évidemment, mais aussi certaines villes comme Bristol, et qui constitue une véritable version « mutante », typiquement britannique, de la house et de la techno.
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Josh T. Pearson, The Straight Hits! (Mute/PIAS)

Quand une remise en cause existentielle tourne à la guerre civile, cela donne Straight To The Top!, le premier morceau du deuxième album solo de l’ami texan Josh T. Pearson. Comme si Jonathan Richman s’était réveillé un matin, poursuivi par le fantôme menaçant de Nick Cave, celui de Grinderman singeant les barbelés de sa jeunesse bruyante lors d’une fête d’anniversaire.

Alors que Last Of The Country Gentlemen (2011) évoquait avec une profondeur de champ parfaitement dépressive les hautes plaines de solitude desquelles notre bon dude avait du s’extirper suite à un mariage désastreux, The Straight Hits! tient de l’exercice de style, marquant un retour au pays des vivants.

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