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CousteauX, Stray Gods (Silent X)

La rentrée, déjà, qui marque le moment des transitions entre deux formes contrastées de temporalité. Une fois encore, les instants dérobés à l’écoulement implacable de toutes les routines se condensent dans des souvenirs. Très partiels, mais précieux. On perd sans doute beaucoup en réduisant quelques semaines de vie étirée aux quelques fragments que la mémoire est en mesure d’en conserver. Et pourtant, ce processus inévitable de condensation apporte aussi son lot de révélations et de rapprochements inattendus. Ainsi cette collision entre deux émotions marquantes provoquées presque simultanément par la contemplation – au cours d’une séance d’astronomie amateure – d’un lever de pleine lune, aussi radieux que les plus beaux couchers de soleil, et l’écoute du nouvel album de CouteauX. Coïncidence à part, il subsiste quelque chose de cette lueur à la fois incandescente et crépusculaire dans ces douze chansons : l’impression durable que le plus beau peut advenir après-coup, alors que ce qui paraissait jusqu’alors essentiel s’est déjà achevé. Continuer la lecture de « CousteauX, Stray Gods (Silent X) »

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Lonely Kid Quentin, Quatorze stations (Potagers natures, Fougère Musique…)

« Fais attention quand même,
tu mises tout sur ton air blême »

Sous l’apparence de joyeux drilles, ils tentent de faire passer en loucedé de sacrés paquets d’idées noires, des fêlures, des brisures qui feraient passer les armées de jeunes gens en noir pour de sympathiques fanfares de clowns multicolores. Ils, ce sont nos amuseurs musicaux nationaux : David Lafore, Trotski Nautique, Walter & Lavergne, leur cousin décédé Jean-Luc Le Ténia, j’en passe et des meilleurs ; ont appris de leurs oncles d’Amérique ou d’Angleterre, Jonathan Richman ou Dan Treacy. Les publics s’en iront de leurs concerts la banane au bec, un peu plus musclés des abdos, tandis qu’ils rentreront dans leurs loges les brumes de la dépression se levant dans leurs petites têtes mal faites. Tant pis, incompris, c’est déjà pas mal. Continuer la lecture de « Lonely Kid Quentin, Quatorze stations (Potagers natures, Fougère Musique…) »

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Alvilda, Négatif (Alien Snatch) / Telly*, Amour Hi-fi (1988 Records)

« Il y a tout ce monde autour de moi, je me demande ce que j’fais là »

Nina, Eva, Sandra et Mélanie reprennent le flambeau d’une pop à guitares primitive et mélodique laissées plus ou moins en jachère depuis les années 80 disons (et disons repris en pointillé notamment par les rockers parisiens des 2000) . Bien sûr, on abusera de la comparaison avec les Calamités, parce que c’est des FILLES (et on jouera le jeu de l’Histoire officielle en admettant que le girl group est un style, pourquoi pas, je ne suis pas trop armé pour la déconstruction), et sans doute aussi grâce à ce son de cave si spécifique d’A bride abattue (la fameuse anti-production de monsieur Lionel Herrmani, ami des Dogs et des Olivensteins). Mais l’énergie véritablement punk d’Alvilda laisse peu de place aux harmonies Beatles si chères aux demoiselles de Dijon, et les chansons apparaissent plus comme des cailloux aiguisés projetés par une fronde que comme les pépites scintillantes (lien Nuggets) d’un temps plus ancien. Continuer la lecture de « Alvilda, Négatif (Alien Snatch) / Telly*, Amour Hi-fi (1988 Records) »

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Le Bâtiment, Réponses rythmiques et mélodiques à vos questions sur la mort (autoproduction)

« Je me noie de lumière et dans l’ombre, bercé, je n’ai plus en dedans de larmes à verser »

Pour son ixième long format – je renonce à compter sur Bandcamp, d’autant plus que j’imagine que d’autres disques de cet énorme corpus se cachent ailleurs – Le Bâtiment continue de s’avancer démasqué. Sans que l’on ne sache trop s’il est question d’économie des moyens, de lâcher prise ou d’adéquation sur-consciente avec le sujet du disque (compris dans le titre) – en gros une urgence à s’exprimer en dehors de tout cadre pour une question de vie et de mort, donc – il se présente avec sa guitare, seul devant son micro, avec de très légers re-re (des chœurs très jolis, une seconde guitare, quelques percussions) pour interpréter, à vif, une dizaine de chansons nues. Continuer la lecture de « Le Bâtiment, Réponses rythmiques et mélodiques à vos questions sur la mort (autoproduction) »

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Vaillant, Prince de Perse (Herzfeld)

« Comme tu en pinces,
comme tu en pinces,
pour le Prince »

Que restera-t-il d’une seule chanson jetée sur YouTube en été ? Le fantasme d’un tube à l’essai, d’un nombre de vues millionnaire, ou d’un geste pour la beauté, de l’art pour l’art. Le label Herzfeld de Strasbourg s’entête depuis une dizaine d’années, via son site, à proposer un format quasi-gratuit (3 euros) et c’est tant mieux : dernier en date, ce Prince de Perse, par Vaillant, sorti de la tête d’Olivier Stula (ex-Second Of June) qui nous émerveille. On pourrait régler l’affaire d’une paresseuse et comique analogie : un New Order 87 bien cramé (ces basses profondes et mourantes) mené par un Plastic Bertrand sous anxiolytique (cette voix étrange aussi fragile qu’elle semble sûre de son fait) fait tourner une ritournelle sans fin, une boucle, parfaite, pourquoi pas, en bande-son d’un jeu vidéo du même nom. Continuer la lecture de « Vaillant, Prince de Perse (Herzfeld) »

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Kings Of Convenience, Peace Or Love (EMI)

Kings Of ConvenienceTout pourrait commencer par un souvenir, un souvenir de vingt ans. Une péniche à Amsterdam, une trentaine de personnes et puis, nous. Et puis, eux. Eux qui sont deux. L’un plutôt calme, poli, distant – introverti pour faire (trop) vite ; l’autre plutôt facétieux, bavard, rigolard – extraverti pour faire (trop) vite. Il est un peu tard – ou pas tant que ça en fait, l’automne a pris ses quartiers et c’est déjà l’heure d’hiver. La nuit est tombée, la salle est plongée dans la pénombre et ils annoncent un dernier morceau, un rappel comme improvisé parce que c’est ce que veut ce public clairsemé. Même en version dénudée – une guitare, une voix –, la chanson résonne comme un hit. Et ça n’en sera bien sûr jamais vraiment un, mais la RPM avait fait en quelque sorte une spécialité de cela : s’enticher de chansons qui auraient dû être des hits mais qui n’en sont jamais devenus… Continuer la lecture de « Kings Of Convenience, Peace Or Love (EMI) »

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Bertrand Burgalat, Rêve Capital (Tricatel)

BurgalatL’enfance reviendra,
comme on saigne du nez
et les noms oubliés sur la photo de classe
sortiront d’un seul coup,
jailliront du passé.

Il n’est même pas question de savoir si on peut être juge et partie. Qu’une personnalité publique à l’aura indiscutable passe aussi habilement des pages de Rock&Folk où il tient une chronique mensuelle hautement pointue, tranchée et personnelle, aux chambres des studios où il empile en stakhanoviste des séances d’enregistrements d’une œuvre à nulle autre pareil, personne ici ne s’en plaint. On aime, dans ce pays, les plénipotentiaires flamboyants, qu’ils soient un peu perdant magnifique, ou qu’ils décrochent le succès, de préférence en fin de carrière, à un âge certain qu’on dira sage. Continuer la lecture de « Bertrand Burgalat, Rêve Capital (Tricatel) »

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Jesuslesfilles, L’heure idéale (Duprince)

Jesuslesfilles

Sur le groupe facebook que Stéphane Lemarchand a créé,  « J’écoute une K7 de la vedette », Daniel Yeang anime le réseau et rythme les journées de ses presque six cents membres abonnés en postant les innombrables écoutes qu’il fait à droite et à gauche. Les nouveautés touchent à tous les styles (du métal au rap en passant par tout l’éventail pop rock) et sont présentées sans chichi, référencées objectivement comme dans un catalogue, et accompagnées d’une note (au dixième près) sur vingt. Pour le reste, à nous d’inventer les discours et les histoires qui vont avec, en animant (ou pas) le débat dans les commentaires. Nouvelle forme de critique musicale collective adaptée au flux incessant des sorties ? Premier tamis avisé et finalement très personnel ? Continuer la lecture de « Jesuslesfilles, L’heure idéale (Duprince) »