Dans le panthéon du rock britannique, The Jam aura toujours une place de choix, quelque part entre les Kinks, les Who, Madness, XTC et Blur. Peut-on trouver plus Anglais que ceux-là ? Bien avant la Cool Britannia, The Jam ont défendu un héritage, sans non plus se faire une entorse cervicale, à force de regarder dans le rétroviseur. Ces trois-là avaient déjà tout dès leur premier album, le fantastique In The City en 1977, le début d’une carrière aussi exemplaire qu’éphémère. En six ans, The Jam publie six albums. Les 80s démarrent à peine (1982) que le groupe tire déjà sa révérence, laissant des armées d’apprentis faces inconsolables. The Jam est presque un art de vivre à lui tout seul. Continuer la lecture de « The Jam, In The City (Polydor, 1977) »
Étiquette : Paul Weller
Catégories sunday archive
Dolly Mixture, Everything & More
Groupe culte (mais influent – ce ne sont pas les Wendy Darlings qui prétendront le contraire) des années charnières 1970 et 1980, le trio féminin Dolly Mixture compile aujourd’hui ses sessions pour la BBC sur vinyle, disponible sur le site officiel du groupe. L’occasion est donc trop belle pour ne pas revenir sur la parution du coffret CD paru en 2010, Everything & More…
De nos jours, c’est entré dans les mœurs : voir des jeunes femmes s’époumoner sur des mélodies à la fragilité assumée, tenir le bon tempo, plaquer l’accord parfait fait partie du lot quotidien – et on ne s’en plaindra pas. Elles sont même une ribambelle, ces filles qui voient la vie en rock, dans des formations intégralement féminines ou têtes pensantes de groupes mixtes. Elles composent, toisent, chantent, jouent leur répertoire de pop songs vitaminées, où se bousculent l’ingénuité de la scène C86, la sensualité de la soul et l’assurance de songwriters convaincus de leurs talents. Alors, quand les Dum Dum Girls et les Vivian Girls, Best Coast ou Air Waves tiennent le haut du pavé, déchargent leur électricité sur les ondes et les scènes du monde entier, il n’y a pratiquement plus personne pour ouvrir grands les yeux et rester estomaqués. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Continuer la lecture de « Dolly Mixture, Everything & More »
Catégories mardi oldie
Paul Weller, Wild Wood (GO ! Discs, 1993)
C’était il y a 30 ans, quelques mois avant mon 20e anniversaire. Amoureux des Jam et du Style Council depuis quelques années, j’avais fini par me faire une raison : la carrière de Paul Weller, héros de mes jeunes années, appartenait aux archives de la grande histoire du rock britannique. Et puis, l’homme est revenu de loin, sans crier gare, par la seule volonté d’une passion inébranlable. En ce sens, son premier album sans titre représente l’un des come-backs les plus passionnants de la pop moderne. Et ce n’était qu’un début. Porté par une ferveur contagieuse, Weller a enchaîné avec ce bouillonnant Wild Wood. Outre le morceau-titre, on y trouve quelques grandes chansons qui l’accompagnent régulièrement depuis. On y trouve en réalité, l’essence d’un style en forme de synthèse, celui même qui permettra de retrouver la première place des charts quelques mois plus tard. Mais ce sera alors une autre histoire… Continuer la lecture de « Paul Weller, Wild Wood (GO ! Discs, 1993) »
Catégories mardi oldie
Paul Weller, Will Of The People (UMC)
Dans les derniers jours de l’été 2018, on s’apprêtait à rédiger les ultimes chapitres de Life From A Window-Paul Weller & l’Angleterre Pop, petit bouquin consacré à l’imposante carrière du songwriter de Woking. Ce travail se faisait avec une passion inébranlable mais également avec la boule au ventre. Car il s’agissait de s’en tirer au mieux pour faire de ce premier livre en langue française un document à la hauteur du sujet. Après avoir couvert l’épopée The Jam et la singulière aventure du Style Council, on avait bifurqué sans efforts démesurés vers les premières années solo. Tout s’enclenchait avec une certaine logique, malgré les changements de cap, qu’ils soient brillants ou pas. Il fallait à présent s’attaquer à une période clé : celle qui correspond à changement d’effectif presque total dans un petit monde qui menaçait de ronronner. Ce remaniement de fond des collaborateurs historiques du songwriter, allait finalement prendre la forme d’un saut dans le vide, aussi inattendu que jubilatoire. Continuer la lecture de « Paul Weller, Will Of The People (UMC) »
Catégories stranger teens
Stranger Teens #14 : « Long Hot Summer » par The Style Council
Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.
En fait, je n’ai rien à faire par ici. Car plus qu’une chanson, ce sont des mots qui ont « sauvé l’adolescence » qui était la mienne – une adolescence jusqu’alors d’une normalité confondante, albums Panini, bols de Nesquik au petit déjeuner (sans savoir pour Jacno évidemment), coups de soleil homériques, charts grand public, embonpoint perturbant et Biactol en tête. Des mots de Best, le mensuel ressuscité il y a peu sur fond de polémique, des mots qui m’ont donné envie d’en savoir plus, d’aller fouiner dans la discothèque de mon frère de neuf ans mon ainé, d’acheter un, puis deux, puis trois disques – car ces mots-là parlaient de groupes (The Jam d’abord) et d’une culture (les mods, un monde et des codes complètement inconnus) n’ayant pas le droit de Cité à la radio française, radio qui était surtout celle de ma mère – Europe 1 et son vrai faux hit-parade de fin de journée. Des mots que j’ai lus à l’automne 1980 ou 1981, de retour d’une journée collège ponctuée par un arrêt à la Maison de la Presse de la rue de Montreuil, où j’ai choisi ce magazine-là sans même savoir pourquoi. Continuer la lecture de « Stranger Teens #14 : « Long Hot Summer » par The Style Council »
Catégories chroniques, sunday archive
The Style Council, Our Favourite Shop (Polydor)
Lorsqu’en 1982 Paul Weller décide de saborder The Jam alors au sommet de sa gloire, il laisse une nation orpheline. Car depuis la toute fin des années 1970, il est bien plus qu’une simple pop star. Il est devenu, même s’il aime à s’en défendre, le porte-parole de toute une génération. Lui seul est parvenu à ce point à traduire un quotidien morose pour mieux le transcender. Engagé, exalté, il est un jeune homme modèle et respecté. Pour ses chansons. Ses opinions. Ses prises de position. Il incarne le mythe de celui qui a réussi, un working class hero auquel tout le monde rêve de ressembler. Mais c’est avec suspicion que l’on guette outre-Manche la suite de ses aventures. D’autant que le principal intéressé clame haut et fort qu’il veut donner libre cours à de nouvelles aspirations. Que traduit le nom qu’il a choisi pour tenter de les concrétiser, The Style Council, un nom à des années lumières de ses origines prolétaires… Continuer la lecture de « The Style Council, Our Favourite Shop (Polydor) »
Catégories interview
Paul Weller : « Je ne suis pas suffisamment arrogant pour penser que tout ce que je fais est génial »

Ce n’est que huit ans après une première rencontre en 1992 dans un hôtel de la place de la République que j’ai fini par me retrouver à nouveau face à Paul Weller, dans un studio de photographes londonien cette fois. Entre ces deux dates, deux rendez-vous avortés, l’homme ayant sabordé ses venues promo parisiennes en se laissant emporter par son amour de la bouteille (et par la maréchaussée) ; entre ces deux dates, surtout, un succès retrouvé, en particulier avec la sortie de Stanley Road en 1995. Continuer la lecture de « Paul Weller : « Je ne suis pas suffisamment arrogant pour penser que tout ce que je fais est génial » »
Catégories playlist
À l’origine – Des chansons reprises par Paul Weller
Il serait inconvenant de ne pas reconnaitre Paul Weller comme l’un des songwriters les plus talentueux de sa génération (et même plus que ça, soit dit entre nous). Mais l’homme est aussi et avant tout un mélomane passionné et curieux, toujours à la recherche de découvertes mélodiques. Ses coups de cœur, il a aimé les afficher, en reprenant, sur scène et sur disque (et ce, dès le premier album de The Jam) les morceaux qui ont influencé à un moment ou à un autre sa vision de la composition. Voici quelques originaux que Weller s’est permis de réinterpréter en groupe ou en solo, réunis en une playlist loin d’être exhaustive (était-il besoin d’y mettre un titre des Beatles, que Weller a parfois même repris jusque dans ses propres chansons ?) mais qui montre bien l’éclectisme de ses goûts.