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Collectif, Beatriz MMXXI (Le Paradoxe du singe savant)

A chantar m’er de so qu’eu no volria
Je chante ce que je préfèrerais taire

Tout commence par une statue.

Aucune statue n’est anodine, on le sait depuis longtemps, on le sait aussi depuis Bronze de Bertrand Belin, une chanson pas anodine sur la vanité de qui érige.

Sur la place de l’Évêché de Die, plus souvent appelée par les habitants “place de la Comtesse”, se trouve un buste à l’origine de ce nom d’usage, érigé par des occitanistes du XIXe siècle. Il représente Beatriz, comtesse de Die.

Il est facile, comme partout, de passer à côté, et c’est ce que longtemps peut-être Kate Fletcher, résidente du pays diois qui a notamment publié le formidable Theories of Entanglement l’an passé, a fait : passer à côté, jusqu’à ce que Sofia Neves attire son œil et/ou son oreille sur la comtesse. C’était en 2015. Continuer la lecture de « Collectif, Beatriz MMXXI (Le Paradoxe du singe savant) »

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Fred Frith et moi

Le guitariste anglais avant-gardiste vu par ceux qui l’aiment, juste avant sa venue au BBMix ce week-end.

Fred Frith, guitariste anglais aux multiples casquettes peut se targuer d’être le fondateur du RIO (Rock in Opposition), créant le lien artistique entre John Cage et Frank Zappa. Résumer sa carrière en quelques lignes est tout bonnement impossible tant Fred Frith a passé les quarante-cinq dernières années à sans cesse ouvrir des portes à de nouveaux sons et à de nouvelles pratiques. Pour sa venue le dimanche 27 novembre au carré Bellefeuille, les équipes du festival BBMix ont demandé à une série d’artistes de dresser un court portrait de Fred Frith via leur morceau préféré. (Texte : BBMix) Continuer la lecture de « Fred Frith et moi »

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EggS, A Glitter Year (Howlin’ Banana / Safe In The Rain / Prefect Records)

Comment apprécier avec l’illusion de posséder une ouïe toute neuve une musique qui transporte –intentionnellement ou pas, ce n’est pas vraiment le problème – plusieurs décennies de références ? Un premier album d’indie-rock enregistré en anglais par un groupe français : il y avait tout à craindre des obstacles pour qui ne bénéficie plus depuis bien trop longtemps des privilèges de la virginité musicale. Les associations charriées par la mémoire surgissent en premier : on n’y peut rien. Autant les laisser affluer avant d’apprécier ce qui leur survit. L’homonymie d’abord : Eggs était demeuré pendant près de trois décennies cette éphémère formation américaine emmenée par Andrew Beaujon, co-fondateur avec Mark Robinson du label Teenbeat qui n’avait laissé comme seul testament méconnu que deux albums. Dont Exploder, 1994, un fourre-tout génial, un mini-monument à la gloire de la spontanéité bricoleuse et de la prise de risque semi-improvisée pas toujours contrôlée. On y croisait toute une série d’éléments hétéroclites : des harmonies vocales en dérapages contrôlés, des solos de synthétiseurs et des mélodies merveilleuses assemblées à la va-vite. On retrouve, par hasard, un peu de cette bizarrerie splendide sur A Glitter Year. Mais aussi beaucoup d’autres choses et c’est bien mieux. Continuer la lecture de « EggS, A Glitter Year (Howlin’ Banana / Safe In The Rain / Prefect Records) »

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Selectorama : Romain de Ferron

Romain / Photo : Lucien Rousset
Romain / Photo : Lucien Rousset
J’avais posé des questions à Romain il y a pas mal de temps à propos de son fanzine Fond de caisse pour Section 26. Je ne me doutais pas qu’il était un musicien prolifique et qu’en plus de ses habitudes d’édition souterraine, il multipliait les identités et les aventures stylistiques sous des noms plus étranges les uns des autres, seul ou en groupe (Omerta, Balladur). Avec Ravi, sorti récemment sur le label belge Kraak, il explore en huit instrumentaux des paysages rêveurs qu’on dirait sortis d’un gros ordi synthé type Fairlight. Pour un cinquantenaire comme ouam, c’est du pain béni parce que ces sonorités sont pleines de charges mélancoliques – elles me renvoient aux sons qu’on entendait à la télé dans des programmes documentaires ou des reportages sportifs. Je me retrouve catapulté en robe de chambre dans le salon familial, baigné de lumière bleue cathodique, blotti un samedi soir d’hiver. Alors bien sûr, chacun aura sa vision des choses, selon son âge, mais les sons sont très beaux, amples et ces mélodies peuvent simplement accompagner vos vagues à l’âme du dimanche matin quand vous rentrez d’une fête ou du dimanche soir, avant de retrouver le boulot. Du blues du XXe siècle, quoi. Romain nous envoie huit musiques qu’il écoute en ce moment, autant de clés à sa cassette magique (comme on dirait d’une Dictée Texas Instrument).

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Climats #34 : Yo La Tengo, Erwin Blumenfeld

Peut-on écouter la voix de Calvin Johnson les jours d’orage ?
Et Josef K sans avoir lu Kafka, c’est toujours aussi bien ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #34 : Yo La Tengo, Erwin Blumenfeld »

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EggS, l’indie next door

Brillant premier album pour le quatuor nord parisien devenu septette

Eggs
Eggs / Photo : Jules Vandale

Il aura pris son temps pour arriver à terme, mais il est enfin là. A Glitter Year, premier et excellent album de EggS est sorti ce vendredi 4 novembre sur Howlin Banana, Safe In The Rain et Prefect Records chez nos amis d’outre-Manche (et en édition limitée chez Rough Trade), on y reviendra d’ailleurs dans peu de temps. En attendant, rencontre avec Charles, Léo, Manolo et Rémi pour discuter fanzinat et héros locaux, musique de copains et références obscures, autour d’une ou deux Super Bock. Continuer la lecture de « EggS, l’indie next door »

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Cinq bougies pour Transversales Disques

Sébastien Rosat et Jonathan Fitoussi, Transversales
Sébastien Rosat et Jonathan Fitoussi, Transversales

Le digging pointu fait aujourd’hui figure de domaine incontournable pour la production pop contemporaine. Superior Viaduct, Numero Group, WRWTFWW, Finders Keepers, Editions Mego/Recollection GRM, autant de noms de labels qui se caractérisent par des pratiques éditoriales remarquables et par leur haut niveau d’exigence : catalogues aux lignes impeccables, érudition historique, perfectionnisme dans la réalisation des objets (livret, pochette, etc.)

Fondé à Paris en 2017 par Jonathan Fitoussi et Sébastien Rosat, Transversales Disques ne déroge pas à cette règle. Croisant des esthétiques ou des figures aussi diverses que celles des pionniers de l’électro-acoustique (Bernard Parmegiani, Luc Ferrari, Pierre Henry), figures singulières de l’expérimentation électronique (les frères Baschet, Igor Wakhévitch, Ariel Kalma, Suzanne Ciani bientôt), maitres de la bande originale de film (François de Roubaix, Ennio Morricone, Philippe Sarde, Alessandro Alessandroni), ou encore représentants importants du Free/Spiritual Jazz (Pharoah Sanders, Archie Shepp), le label s’est très rapidement imposé comme l’un des plus intéressants du moment. Reprenant le flambeau de noms mythiques comme ceux de Shandar Records ou de BYG/Actuel, Transversales Disques fête ce mois d’octobre ses cinq années d’existence. L’occasion de faire retour sur quelques références marquantes du catalogue. Continuer la lecture de « Cinq bougies pour Transversales Disques »

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EggS, héros à domicile

Quelques jours avant l’arrivée de leur premier album des franciliens, un nouveau clip fait maison avec amour.

eggs / Photo : Jules Vandale
eggs / Photo : Jules Vandale

I read about your band, you don’t mention my name
I guess you said the truth Facebook is a grave
I saw you play tonight one more local show
Be sure I’ll be there dancing by the stage

Après lecture du premier couplet de Local Hero, je suis un tantinet partagé sur ce que le deuxième single de EggS tente de nous raconter. Est-ce un tacle visant ces “groupes qui se la jouent grosses rocks stars mais qui peinent à remplir une cave avec une jauge de cinquante personnes”, avec supplément mauvaise foi de l’individu visé par ce “I read about your band, you don’t mention my name” un poil désabusé ? Ou est-ce au contraire un hommage à ces “héros locaux”, ceux qui font battre le cœur des tiers-lieux qu’on affectionne tant malgré un son poussiéreux comme une Rickenbacker trouvée dans un grenier ? A en croire Charles Joujoujag, le principal intéressé : “C’est un peu ces deux choses à la fois, et c’est peut-être aussi un des morceaux les plus autobiographiques du disque. Une forme de catharsis tout en restant super accrocheur. Puis on a tous des local heroes. Nick Wheeldon à Paris, la bande de Moleskine à Nantes…


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