Charlotte Leclerc, Bingo (Delodio)

Suite des aventures intimistes du label Delodio qui, dans une démarche résolument non spectaculaire, semble avoir pris goût à éditer des disques qu’on peut qualifier de non intentionnels : en effet, ils proposent à l’auditeur des contenus destinés à n’être écoutés au départ que par leur auteur. On ne sait quel trésor de persuasion ont dû déployer les propriétaires de la discrète maison de disque parisienne pour convaincre les musiciens d’ouvrir leurs archives musicales, mais ça fonctionne. Après l’étrange et captivante compilation rétrospective de proto électro réalisées sur son PC dans les années 90 par Patrick Michaud, un ancien copain de classe de Fa Fane et F.M. (les gérants), le label s’attache à révéler une fois encore les travaux d’une très proche, Charlotte Leclerc,

Charlotte Leclerc
Charlotte Leclerc

En tant que membre de ce cercle privé, elle compose des musiques domestiques, le soir, quand elle rentre chez elle, après le boulot, après la fête, comme un exutoire, un exercice spontané d’écriture quasi automatique. La musicienne, qu’on a adoré en parallèle dans les Night Riders (recommandés par le toujours très avisé Thousand dans un entretien pour le webzine 10 point 15), groupe au travail abouti et carré à redécouvrir d’urgence, compose des pistes en toute liberté, entre ambiant sautillante (Seule Cléopâtre), musiques d’expériences (Premières gelées), electro pop anglophile et entêtante (Check Mate), boucles de guitares sommaires (Sortie Sud), miniatures motoriques (Quand vient le jour) et peut-être même une étincelle de maloya (Salon soleil et promenade), réminiscences réunionnaises, qui sait ? L’atmosphère, légère, presque joyeuse, sans pression, parfaite pour les noctambules en chambre et les insomniaques enfermés, permet à ces mini bandes-originales d’accompagner les petits films que l’on se fait dans la tête, nos projections mentales, direct de nos cerveaux jusqu’au mur de nos plafonds, avec les yeux comme projecteur 3D.

On espère la famille Delodio aussi vaste et large que possible, le label pouvant continuer de développer ce travail original d’archéologie contemporaine, d’exploration de la sphère privée à travers des disquettes retrouvées ou des disques durs révélés, donnant l’impression excitante de feuilleter des journaux intimes musicaux, à la troublante proximité. Une belle collection en devenir, celles de disques de poche, intimes et colorés.

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