La Movida madrilène a animé frénétiquement l’entrée en démocratie de l’Espagne après la dictature franquiste. Cinéma, arts plastiques et musique : pendant quelques années, Madrid fut un peu le centre du monde. Ces saisons marquèrent profondément la création ibérique. Au milieu du maëlstrom, une place de choix doit être accordée à la lignée Kaka de Luxe – Alaska y los Pegamoides – Parálisis Permanete – Alaska y Dinarama. En quelques années, la bande espagnole vibre du punk jusqu’à la new wave la plus moderne. l’histoire démarre en 1977 avec la formation Kaka de Luxe. Si celle-ci ne publie qu’un seul EP de son vivant (auquel il faut ajouter un album posthume), le groupe suscite des vocations. Fragilisé par des départs au service militaire, Kaka de Luxe disparait en 1979, non sans donner naissance à une nouvelle formation : Alaska y los Pegamoides. Continuer la lecture de « Alaska y los Pegamoides, Grandes Éxitos (Hispavox, 1982) »
Étiquette : année : 2025
Catégories chronique nouveauté
Artificial Go, Musical Chairs (Feel It Records)
Avec son tout nouvel album Musical Chairs, le trio à géométrie variable de Cincinnati/Ohio vient de donner une suite convaincante à son LP inaugural Hopscoth Fever. En 2024, ce premier disque – très court mais qui contenait déjà d’excellentes choses – nous avait mis en appétit et donné envie d’entendre la suite au plus vite. On avait aimé le mélange de guitares en son clair, tantôt jangly, tantôt dissonantes, avec certains éléments stylistiques de l’univers egg-punk – allusion aux rythmiques souvent rapides et saccadées -, mais avec un côté moins rock et presque pop, comme si les regrettés Lithics avaient décidé de calmer le jeu et de sortir de l’orthodoxie du genre. Continuer la lecture de « Artificial Go, Musical Chairs (Feel It Records) »
Catégories livres
Les héros du peuple sont immortels, Stéphane Oiry (Dargaud)
La BD française commence – enfin – à s’intéresser un peu au punk. À son histoire. À sa légende. À son héritage. Nous avons déjà eu droit, l’an dernier, à Vivre libre ou mourir, roman graphique en guise de testament consacré au legs des années Bérurier Noir. Stéphane Oiry ausculte la bête avec un regard plus précis. À l’instar de la prosopographie – ces historiens qui se sont mis, par exemple dans Le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, à raconter des vies plutôt que des époques ou des mouvements –, Stéphane Oiry, au crayon et au dialogue, nous raconte un destin singulier, tragique, unique, ignoré de notre rock tricolore : Gilles Bertin, chanteur de Camera Silens, mythique groupe bordelais, aussi vénéré que sa discographie se révèle restreinte. La nostalgie n’interdit certes pas la lucidité. Continuer la lecture de « Les héros du peuple sont immortels, Stéphane Oiry (Dargaud) »
Catégories cover
Painter Boy reprend « When Diana Paints the Picture » de Robbi Curtice (1968)

Voici presque quinze ans que le Toulousain Nicolas « Jimmy » Mazel cultive avec soin son jardin pop, où fleurissent de bien belles fleurs psychédéliques nourries au riche terreau des Beatles, Television Personalities et autres Beat Happening. Après ses débuts avec The Existentialists et depuis la mise en pause de Marie Mathématique – dont les deux albums Tous vos lendemains dès aujourd’hui (2000 Records) et Le Grand Bal du Château de Londres (Lunadelia) sont très recommandés -, Jimmy poursuit ses aventures soniques en solo sous l’étendard de Painter Boy. Aujourd’hui, il reprend When Diana Paints the Picture, obscur mais néanmoins admirable morceau de pop psychédélique composé par l’Anglais Robbi Curtice en 1968. Notre Dan Treacy toulousain a presque ici réinventé la chanson pour la transformer en une savoureuse expérimentation DIY au-dessus de laquelle semble planer l’esprit vaporeux de Syd Barrett. Continuer la lecture de « Painter Boy reprend « When Diana Paints the Picture » de Robbi Curtice (1968) »
Catégories chronique nouveauté
Puce Moment, Sans Soleil (Parenthèses Records)
Des musicien-nes et artistes comme John Hassel, David Toop ou Pauline Oliveiros ont théorisé, au tournant des années 1970-1980, un certain type de modernisme alternatif, via les catégories de Fourth World ou de Deep Listening. Une logique de réinvestissement et de réappropriation qui aura guidé tout un pan des musiques de recherche, plus ou moins inscrites au sein d’une démarche d’avant-garde – décentrer le grand récit des musiques expérimentales de son axe traditionnel en instaurant un dialogue avec certaines musiques et pratiques envisagées comme de véritables territoires utopiques. Continuer la lecture de « Puce Moment, Sans Soleil (Parenthèses Records) »
Catégories chronique nouveauté
Roberta Lips, En Plein Cœur (Le Cèpe Records)
Depuis quelques années, une authentique scène power pop a vu le jour dans l’Hexagone. A Rennes avec Food Fight, à Marseille avec Kael et les Remords ou Pogy et les Kéfars, ou encore à Toulouse avec Asphalt, ce genre de pop à tendance punk né à la fin des seventies a su s’implanter durablement. Mais une vague de groupes de power pop entièrement féminins a aussi émergé, comme les belgo-marseillaises Cœur à l’Index et bien sûr les indispensables parisiennes d’Alvilda, qui ont signé chez les anglais Static Shock Records – le label d’Uranium Club from Minnesota, excusez du peu. Continuer la lecture de « Roberta Lips, En Plein Cœur (Le Cèpe Records) »
Catégories festivals
Trois festivals indés DIY

Il y a quelques semaines, nous vous avions signalé la fermeture de trois lieux parisiens, le Motel, le Tony et l’International. Pour contrebalancer ces mauvaises nouvelles et en attendant des nouvelles plus heureuses de la part des équipes de ces bars / concerts, nous avons choisi de vous présenter trois initiatives singulières, réalisées à grands coups d’huile de coude et de bonnes volontés, sans aucune aide publique. François Salvador (Indie Or Die), programmateur de concerts indés en région parisienne nous a prêté main forte en allant interroger les organisateurs de ces trois festivals indépendants. (TS)
En découvrant les différentes réponses à la question “Et pour toi, c’est quoi l’indé ?” compilées par Rémi Laffitte du fanzine Futur Parlé, on se retrouve face à des visions militantes dans lesquelles on se reconnaît. Pour apporter un peu plus de concret à ces réflexions, j’ai demandé à trois organisations de concert DIY d’expliquer pourquoi et comment un festival est créé. The club is open.
Catégories interview
Paul Collins (The Nerves, The Beat) : « Les gens nous prenaient pour des extra-terrestres »

Le roi de la power-pop. C’est à la fois le titre d’un album – King Of Power Pop! (2010) donc – et, surtout, un statut chèrement conquis et désormais difficilement contestable. En quelques années décisives – moins de dix en réalité – Paul Collins a contribué, davantage encore que la plupart de ses potentiels concurrents au trône, à façonner les contours parfaitement dessinés d’une musique vive, mélodique et indémodable. A rebours à peu près complet de toutes les tendances d’une époque où dominaient encore les digressions musicales complaisantes. D’abord avec The Nerves : en compagnie de Jack Lee – disparu il y a tout juste deux ans – et Peter Case, il a enregistré et publié en toute indépendance quatre des titres les plus importants de l’histoire. Ensuite avec The Beat, dont le premier – et, en grande partie, le deuxième – album demeure un des jalons les plus parfaits d’un rock classique et épuré, à la fois moderne et profondément ancré dans l’histoire des décennies qui l’ont précédé. A l’occasion d’une série de concerts entièrement consacrés à cet héritage majeur, il a consenti à partager quelques souvenirs des batailles passées. Continuer la lecture de « Paul Collins (The Nerves, The Beat) : « Les gens nous prenaient pour des extra-terrestres » »