Depuis Glueams, Kleenex puis Liliput et bien sûr Grauzone, la Suisse s’est souvent distinguée dans la catégorie punk. Plus récemment, The Staches avait remis le pays à l’honneur et l’une de ses membres, Charlotte Mermoud, s’est échappée en solitaire, basse à la main, en fondant Purpur Spytt. Quelques productions communes avec ses potes de Maraudeur sous forme de split, un EP Nitpick et une compilation cassette chez les américains de Vacant Stare Records plus tard. Charlotte sortira le 22 Janvier son premier album Scavenges, Time-travels and Scrapbooks sur le label Mini Distro Label Records, fondé par Isumi de Sun Cousto. Continuer la lecture de « Purpur Spytt : un punk bricolo suisse frais comme la bise »
Étiquette : Année : 2024
Catégories selectorama
Selectorama : Arnaud Le Gouëfflec
Heureux ceux qui comme moi ont eu la joie de trouver le livre Underground, Grandes prêtresses du son et rockers maudits au pied de leur sapin le 25 décembre dernier ! Voici typiquement le genre d’ouvrage qu’on ouvre pour ne plus le lâcher, porté par le plaisir compulsif d’aller de chapitre en chapitre. De quoi s’agit-il ? D’une remarquable petite histoire illustrée du rock de l’ombre, indispensable à tout obsédé musical, dont on se demande par quel mystère personne n’avait eu l’idée de l’écrire plus tôt. C’est en quelque sorte un excellent complément au Dictionnaire du rock de Michka Assayas – qui a d’ailleurs préfacé Underground -, mais consacré plus spécifiquement aux oustiders du rock, aux marginaux et déglingués en tous genres dont le succès n’aura jamais vraiment atteint le grand public. On peut aussi voir dans cet ouvrage, un lointain cousin du Dictionnaire snob du rock de Steven Daly et David Kemp, mais avec une place plus importante accordée aux dessins, brillamment exécutés par Nicolas Moog, dont le style rappelle celui des maîtres américains du comic book que sont Daniel Clowes et Charles Burns. Continuer la lecture de « Selectorama : Arnaud Le Gouëfflec »
Catégories borne d'écoute
Minuit à midi, le clair obscur d’Astrel K
Après une année de tournées tous azymuts en 2023 pour célébrer la sortie de leur magnifique et complexe LP Compact Trauma (Tough Love), les cinq londoniens Ulrika Spacek ne s’accordent presque pas de pause, puisque leur leader Rhys Edwards revient avec son projet solo Astrel K. Avec Darkness At Noon, premier single annonciateur de l’album The Foreign Department, attendu le 8 mars toujours chez Tough Love Records, tout porterait à croire que le soleil ne se lêverait pas de sitôt. N’allons pas chercher quelque métaphore saisonnière, ou même de sens caché dans le roman éponyme d’Arthur Koestler où un individu dénonce le totalitarisme, laissons-nous plutôt emporter par ce morceau idéal au tempo alangui et à la trompette détente, où la voix d’Astrel K nous dit « Je sais que je veux être vu, mais je déteste la plupart de ce qui sort de moi« . On a évidemment envie de lui dire qu’il a tort. Continuer la lecture de « Minuit à midi, le clair obscur d’Astrel K »
Catégories mardi oldie
Les Boots, Vingt Ans (1966, réédition Pop Supérette)
« On doit me prendre pour Pompidou,
je ne lui ressemble pas du tout »
Il y a quelques années dans les commentaires d’un blog, j’avais croisé le fer avec quelqu’un, lui affirmant que le disque chroniqué sur ce site me semblait difficilement crédible : tout était trop parfait, il s’agissait d’une compilation d’un groupe de Lyon des années 1980, inconnu dont l’esthétique était tellement parfaite et la musique tellement dans son jus que ça m’avait rendu parano au point que j’imaginais une entourloupe : des gens de maintenant avaient tout recréé, avec bon goût, et une connaissance fine et pointue des codes de l’époque (musique synthétique parfaite, polaroids délavés…). Tout sonnait tellement de façon incroyable que j’avais été troublé au point de faire part de mon effarement en public. J’avais été remis en place fermement, comme tout bon troll relou : tout cela existait vraiment, le pays n’avait pas déterré tous ses trésors. Et on n’était pas encore envahi de ce nuage radioactif au pouvoir divin (Satan !) qu’est le fameux IA et son corolaire des fameux fakes, vous imaginez mon état actuel de méfiance. Non, rassurez-vous, je me un peu suis assoup(l)i) : la preuve, à aucun moment, je n’ai douté de l’existence des Boots. Continuer la lecture de « Les Boots, Vingt Ans (1966, réédition Pop Supérette) »
Catégories chronique nouveauté
Les Playboys, Garagisme (Dangerhouse Skylab)
Les Playboys traversent les décennies avec une grâce que beaucoup doivent leur envier. Le groupe de Nice est fidèle au poste depuis plus de quarante ans. Mieux, les Playboys gardent le cap et creusent le même sillon, celui des 45 tours de garage-rock des sixties. Plus que les Nuggets ou les Back from the Grave, nos Français rendent hommage aux mythiques Pebbles ! Garagisme propose ainsi treize interprétations, piochées dans le répertoire nord-américain des années soixante, et un de leurs propres titres originaux. L’exercice de la reprise est souvent casse-gueule : l’équilibre est délicat, et peut facilement osciller entre l’hommage pénible et le contre-pied qui tombe à plat. Beaucoup de groupes garage revival s’y sont d’ailleurs cassé les dents ! Heureusement, la proposition des Playboys évoque plus (qualitativement) le premier album culte des Crawdaddys que beaucoup de tentatives plus hasardeuses. Continuer la lecture de « Les Playboys, Garagisme (Dangerhouse Skylab) »
Catégories sunday archive
Chromatics, Night Drive (2007)
Où il sera forcément question de réinvention. Un art qu’ils ne sont pas si nombreux à dominer dans le milieu de la musique moderne. Sans prendre trop le temps de la réflexion, on pense immédiatement à The Beloved, quatuor anglais post-new-wave métamorphosé en duo hédoniste sur un album, le bien nommé Happiness (1990), qui pour avoir tutoyé d’un peu trop près le soleil, n’aura jamais la descendance qu’il aurait été en droit d’espérer. Ou Simian, autre groupe “classique”, adepte d’une pop déstructurée baignée de psychédélisme ouaté auquel peu de gens rendront Justice avant que deux de ses membres, Messieurs James Ford et Shaw, ne se décident à investir dans une Mobile Disco. Aujourd’hui, ces deux-là comptent parmi les producteurs les plus réputés de la planète et leurs noms suffisent à emplir les dancefloors. Et comme le hasard fait parfois bien les choses, dans leurs derniers coups de cœur, ces deux-là citent souvent Chromatics… Continuer la lecture de « Chromatics, Night Drive (2007) »
Catégories interview
Tonn3rr3/Bikaye, partie n°1 : Guillaume Gilles (Tonn3rr3)
Le disque It’s A Bomb paru en fin d’année dernière chez Born Bad Records montre qu’il est toujours possible d’imaginer une musique du présent (pour le futur, on verra) en faisant fi des barrières : celles des générations – il lie le groupe actuel Tonn3rr3 à un des personnages emblématiques de la musique électronique des années 1980, Bony Bikaye (connu pour son alliance avec Hector Zazou, et CY1, on en reparle), celles des styles – un psychédélisme qui naît d’une passerelle tendue entre les musiques africaines qui dansent et les machines qui font la fête. On n’est ni dans la sono mondiale, slogan 1980 qui a sans doute fait son temps, ni dans la World, étiquette plus ou moins publicitaire des années 1990 – notez que ces deux tentatives d’étiquetage maladroit, parfois moqué, parfois décrié, avaient la vertu de l’ouverture au monde (et pas qu’à sa composante anglo-saxonne) – on est dans quelque chose du nouveau siècle de l’information qui tient de la vitesse des échanges et des cultures musicales, quelque chose qui nous lie au-delà des frontières, dans les plans discrets de musiciens punk d’ici qui vont jouer avec les bluesmen du Sahara, de jeunes musiciennes béninoises qui se retrouvent têtes d’affiche sur la BBC, ou d’un poète crooner australien qui échoue en région parisienne sur la banquette de fans du Velvet. Une histoire de rencontres et de voyages (l’agence de voyage Born Bad) qui forment la jeunesse (et tout le monde dans son sillage), tout simplement. Rencontre avec Guillaume Gilles, architecte et penseur du son chez Tonn3rr3/Bikaye. Partie 1. Continuer la lecture de « Tonn3rr3/Bikaye, partie n°1 : Guillaume Gilles (Tonn3rr3) »
Catégories Chronique en léger différé
The American Analog Set, For Forever (Hometown Fantasy)
2024 commence à peine et c’est déjà l’heure du bilan des bilans. A peine achevé l’exercice rituel des palmarès de fin d’année, les doutes et les regrets affluent inéluctablement. On en revient à tous ces albums que l’on n’a mal écoutés ou pas assez, ceux qui ont mis un peu plus de temps que les autres à parvenir jusqu’au cœur parce qu’ils ont débarqué tardivement – fin octobre pour celui-ci – et qu’ils réclament davantage d’attention pour que leur importance cruciale finisse par s’imposer clairement. Un brasier à combustion lente, donc. Mais, après tout, The American Analog Set n’a jamais brillé par son aisance dans les sprints. Même au cours de sa première vie, celle qui s’était achevée en 2005 et dont les souvenirs avaient fini ensevelis sous l’indifférence. Continuer la lecture de « The American Analog Set, For Forever (Hometown Fantasy) »