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Aimee Mann, How Am I Different

Aimee Mann
Illustration de Seth dans le livret de « Lost In Space »

À cette époque comme à d’autres, le cinéma se lit, autant qu’il se voit. Après chaque projection, tel un rite, vient l’inévitable débat nourri de lectures, les Cahiers, Les Inrockuptibles, Telerama, etc., qui fourmillent de théories dites et non dites, sues et insues, depuis lesquelles nous prenons langue. Chacun a sa publication de référence et sur ce substrat, nous pouvons nous élancer plus loin, énoncer enjeux et vocabulaire, jouer les apories, voir le monde – philosopher, des heures. Ce que la musique ne permet pas – encore.

C’est cette époque de nos vies.

Sort Magnolia, troisième film de Paul Thomas Anderson. Continuer la lecture de « Aimee Mann, How Am I Different »

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I Like 2 Stay Home #12 : En Attendant La Reprise, Volume 2

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Il y a quelques semaines déjà, nous commencions cette série de mixtapes quotidiennes avec, entre autres, le premier volume de l’étonnante collection de reprises de Xavier Mazure. Voici le second, avec pour rappel, ce qu’il nous disait alors : « Et si on publiait des compilations pour égayer les journées de nos lecteurs pendant qu’il sont confinés ? » « Ça tombe bien, j’ai une compilation de reprises que j’ai faite pour la naissance de mon fils. La reprise, c’est un joli thème pour cette période un peu angoissante. » Voici donc En Attendant La Reprise, une compilation qui n’était pas du tout prévue pour ces circonstances. Cinquante-deux (soit deux fois vingt-six, vous avez bien compté) citations et réinterprétations, qui entre deux mystères, suggèrent aussi que les choses belles n’ont jamais de fin. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #12 : En Attendant La Reprise, Volume 2 »

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#12 : Les Charlots, Paulette la reine des paupiettes (Vogue, 1967)

Les Charlots
Les Charlots aux petits oignons.

Dès les premières heures du confinement, Stéphane avait vu juste. Avec cette grandiloquence un brin bonhomme qui séduirait les pierres, il nous avait gratifié d’une de ses prédictions qui généralement s’avèrent exactes (il n’y a que sur le retour d’affection et les scores du PSG qu’il se plante allègrement). Ce confinement allait provoquer sur notre ligne déjà fortement écornée des dégâts autrement plus importants que ceux imputables à une double couvade. D’autant que pour corroborer ses dires, il s’était empressé de nous délivrer par Skype la recette de son Confiné de canard aux cèpes et pommes de terre. Et chacun de surenchérir, à coups de welsh rarebit par-ci (une spécialité de Jean-François Pauvros), de carbonnade flamande par-là, ou de reblochette aux lardons exagérément roborative partout ailleurs. La semaine n’était pas encore achevée que déjà on gisait sur le côté. Je n’osais m’aventurer trop près d’une balance, sentant bien que la malédiction du quintal avançait à grands pas (quand comme moi on plafonne à 1,73m, ça n’est pas du meilleur effet) et à la maison (where else ?!) la tension était montée d’un cran de ceinture. D’où, en forme de baroud d’honneur, cette Paulette, reine des paupiettes, dernière station en sauce avant la lente déliquescence que me réserve la diète méditerranéenne. Continuer la lecture de « #12 : Les Charlots, Paulette la reine des paupiettes (Vogue, 1967) »

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Taulard, Dans La Plaine (Broderie Records)

« J’trouve pas mes mots »

C’est peu dire que la musique de Taulard aura permis ma renaissance à la musique à un moment où j’étais bien perdu. C’était il y a quelques années, dans un caveau du centre de Nantes, où j’avais atterri au détour d’un séjour de vacances. Le hasard avait voulu que je lise quelques lignes enthousiastes au sujet du groupe, celles de Rod Glacial chez Vice pour être précis. Bingo, ils jouaient tout près de notre maison échangée. Le tranchant de leur musique m’avait alors ébloui, une illumination en bonne et due forme. Je n’en pouvais plus des guitares, il n’y en avait pas une seule, ils utilisaient cet orgue tournoyant et accueillant. Je bloquais sur l’anglais, ils déployaient une poésie nouvelle à mes yeux, des choses très simples, très belles, sans fausse pudeur, droit dans les yeux. Je ressentais chez moi une sorte de réaction, un retour ennuyeux à la virtuosité, un immobilisme de poses sonores, une vacuité du propos, Taulard remettait au centre des débats l’expression, l’énergie, la simplicité. Fermer les yeux, trouver du sens, de l’émotion et danser : cette musique est physique. Ils étaient jeunes, ça jouait fort, il faisait bon dans cette petite foule agglutinée, quelque chose se passait, enfin. Continuer la lecture de « Taulard, Dans La Plaine (Broderie Records) »

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SECTION26 NEWS#3 : 03.2020

Troisième récolte de nouveautés au programme de cette playlist mensuelle menée par la rédaction de section26. Des amours de toujours à quelques artistes émergeants, nous avons essayé, malgré les nombreuses annulations de sorties, de vous proposer quelque chose qui soit à l’image de notre collectif. Comme toujours, deux modes d’écoute : la playlist en continu sur Soundsgood où vous pouvez sélectionner votre plateforme préférée (Spotify, Deezer ou YouTube, pour les non abonnés) et la sélection commentée par nos plumes ci-dessous. Let’s play, like we were brothers comme disait Gabi Delgado.

Écouter sur Deezer ou sur Spotify

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#11 : The Flying Lizards, Money (Virgin, 1979)

 The Flying Lizards
The Flying Lizards sur lit de pièces jaunes.

« The best things in life are free / But you can give them to the birds and bees ». Même quand il ne circule plus, il continue de faire tourner les têtes et le monde. Le flouze, le grisbi, la maille, le bif. Les bourses chutent, la récession pointe, le virus décime, mais prenons garde à ce qu’il n’ait pas la peau de l’économie. La BCE peut bien injecter 750 milliards d’argent frais pour que le manège continue de tourner, à mon micro niveau l’équation est simple, la loi du marché devient un jeu d’enfant. Confiné, je ne gagne plus grand chose, mais confiné je dépense guère davantage (et je pourrai facilement atteindre l’équilibre si je levais le pied sur le Bourgogne). Au bout du compte, je trouve ça plutôt ça sain. J’envisage même de me remettre au troc. Je connais près de Nemours un type (un soit-disant proche de « Pristine » Christine Lagarde) qui n’a pas d’oursins dans les poches et qui est prêt à me céder deux caisses d’Aloxe-Corton 2015 en échange de ma copie near mint du premier single Sarah des Sea Urchins (et je n’ose pas vous avouer ce qu’il consentirait lâcher pour le Strike Up Matches d’Episode Four). Evidemment, tout ça n’engage que moi et je vous autorise à me chercher des poux ou m’agonir (soyez originaux sur les noms d’oiseaux, je vous rappelle que j’ai un gamin qui veut devenir ornithologue), à condition de laisser ce cher Henri Calet en dehors de tout ça. Continuer la lecture de « #11 : The Flying Lizards, Money (Virgin, 1979) »

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I Like 2 Stay Home #11 : Dogs are everywhere

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

L’histoire de la musique ne manque pas d’anecdotes sur les chiens, meilleurs amis des amoureux de pop moderne. Si certaines sont bien connues, comme Martha, My Dear qui parle du chien de McCartney, d’autres sont plus obscures. Par exemple, le titre Nelson d’Hubert Mounier parle du chien de Vanessa Paradis… Cette sélection de 26 titres est inspirée par ma chienne, Sonia, qui malgré de longues heures de télétravail depuis le début du confinement, rythme ma vie au gré de ses envies de se promener, de jouer ou de manger. Comme disait Macca : Take a good look around you, Take a good look you’re bound to see, That you and me were meant to be, With each other, Silly girl. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #11 : Dogs are everywhere »

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#10 : Missing Scientists, Big City Bright Lights (Rough Trade, 1980)

Missing Scientists en milieu (presque) stérile.

A force depuis plus de dix jours de vivre ainsi les uns sur les autres du matin au soir (mais Dieu ou Marx merci, pas du soir au matin !), il fallait bien que les questions qui fâchent ressurgissent, malgré nos perspectives d’avenir émoussées.
« Anton, tu sais ce que tu veux faire plus tard ? – Je sais pas moi, genre ornithologue. – Tu veux dire le truc avec les oiseaux ? T’es sûr ? – Ou alors océanographe. Sinon, paléontologue c’est bien aussi, l’étude des fossiles et tout. – Tu ne veux pas plutôt faire prof de lettres ? Ou bibliothécaire, comme tonton Jeanphi et la Karen des Go-Betweens ? Bibliothécaire, mon grand, peut-être le plus beau des métiers du monde. – Non, ça c’est tout cramé. Une chose qui est certaine c’est que ça sera un métier scientifique, on voit bien qu’on en manque en ce moment, avec le virus et tout ». La conversation tenta de se prolonger en claudiquant, avant de s’embourber dans un fatras inextricable convoquant chloroquine, masques FFP2, vaccins et chercheurs manquants – ou en manque, je ne sais plus. Faute de crédibilité et de bagage (quel ascendant peut-on prendre sur un enfant de 14 ans quand on se targue d’avoir obtenu un Bac littéraire et quasi rien derrière ?), je n’eus bientôt plus voix au chapitre. Avant que tout – le désir, le vin, le temps, la mauvaise foi – ne vienne à manquer, je rapatriais l’unique 45 tours des Missing Scientists, considérant qu’il pouvait faire office d’honnête appendice au post de la veille. Continuer la lecture de « #10 : Missing Scientists, Big City Bright Lights (Rough Trade, 1980) »