Étiquette : Année : 2020
Catégories chronique réédition
Ich Bin, Obéis ! (Replica)
Il y a plusieurs mois, j’ai partagé un très bon repas, relativement bien arrosé, avec deux anciens membres de Ich Bin, Laurent B. et Julien V. Lors de cette soirée tranquille, dans un appartement mansardé et chaleureux du Faubourg National à Strasbourg, je leur ai fait part de mon rêve de rééditer leur classique, Obéis ! en cassette, pour mon fanzine naissant Langue Pendue. Bien sûr, je les interrogeai sur ce qu’ils avaient gardé comme souvenirs de leur aventure au sein de cette étrange formation aux exploits sporadiques, que j’avais suivis à l’époque, de très près (cf. Papivole #5). J’ai évidemment, dès le lendemain, regretté de ne pas avoir enregistré la conversation, les anecdotes toutes plus hilarantes les unes que les autres se succédant à une allure échevelée : concerts précipités ou à moitié foirés dans des lieux improbables, fans extrêmes, vidéos perdues, tensions internes, idées farfelues, agitations, rixes, tout un concentré de la vie d’un groupe, surpris par l’ampleur des retours, sur un projet qui n’était à la base que parallèle, une passade imprévue. Continuer la lecture de « Ich Bin, Obéis ! (Replica) »
Catégories billet d’humeur
Le Culte de Curtis
Le suicide de Ian Curtis le 18 mai 1980 ressemble à un jeu de miroirs. Le culte morbide autour du chanteur de Joy Division, au-delà de l’évolution musicale de New Order, est longtemps resté sinon minoritaire, tout au moins sous-jacent. En 1985, le journaliste Michka Assayas assiste à Manchester au tournage du vidéoclip de The Perfect Kiss par le réalisateur américain Jonathan Demme avec à ses côtés, le grand Henri Alekan en tant que chef opérateur. The Perfect Kiss (“My friend, he took his final breath/Now I know the perfect kiss is the kiss of death”) sort le même jour, le 13 mai 1985, que la centième référence du label Factory, Low Life, troisième album de New Order, qu’il contient : une première pour le quatuor. Continuer la lecture de « Le Culte de Curtis »
Catégories 45 tours de (dé)confinement
#45+3 : Joy Division, Love Will Tear Us Apart vs. Girlschool, Nothing To Lose (Factory vs. Bronze, 1980)
« Le hard rock, c’est comme la Ligue Communiste Révolutionnaire. Ce qui est grave, ce n’est pas d’y passer, mais d’y rester. »
(Anonyme, Congrès de l’Hay-les-Roses, novembre 1979)
« She wears denim wherever she goes /
Says she’s gonna get some records by the Status Quo /
Oh yeah oh yeah »
(Teenage Fanclub, The Concept, novembre 1991)
Qui prétend qu’en mai 1980 je portais une veste à patchs ? Une Rica Lewis sans manches, délavée comme il faut, et constellée d’« écussons » – c’est ma mère qui coud, c’est ma mère qui cause. AC/DC, Judas Priest, Thin Lizzy, Rainbow et Trust – « L’élite est entrée sans préveniiiir !!», faudra ensuite s’échiner à la faire sortir fissa.
Eric frime, il est le seul à arborer un Motörhead grand format au dos de la sienne, ce qui lui permet à coups d’Umlaut de faire le malin en cours d’allemand. Parfois la Singer peine et cale. Faut finir le boulot à la main, on saisit l’intérêt du dé à coudre. Continuer la lecture de « #45+3 : Joy Division, Love Will Tear Us Apart vs. Girlschool, Nothing To Lose (Factory vs. Bronze, 1980) »
Catégories billet d’humeur
Deuxième Division
Ian Curtis est mort il y a 40 ans jour pour jour. Et si ce n’était jamais arrivé?
Ils ne s’étaient jamais reformés et s’il a accepté, c’est uniquement pour permettre aux autres de mettre un peu de beurre dans leurs épinards : le groupe qu’ils ont formé après son départ n’a jamais connu de succès et a fini par se séparer, faute de combattants. Un parcours totalement inverse au sien, puisqu’il bénéficie aujourd’hui aussi bien d’une immense crédibilité que d’un compte en banque enviable. Pourtant, qui aurait misé, à l’aube des années 80, sur ce chanteur épileptique qui semblait porter sur ses frêles épaules toute la misère du monde ? Ian Curtis envisage aujourd’hui la chose avec philosophie. Dit qu’il a eu la chance, après des débuts laborieux, « d’être au bon endroit au bon moment », et qu’il ne regrette aucun choix qu’il a pu faire. Y compris celui de reformer Joy Division quarante ans après avoir quitté le navire.
Catégories sunday archive
Badly Drawn Boy, année 00
Il est des chansons qui, dès l’intro, vous font réaliser une impressionante culbute spatio-temporelle. Disillusion, l’un des singles extraits du pléthorique premier album de Badly Drawn Boy, The Hour Of Bewilderbeast, paru en l’an 2000, est de celles-là. Alors, dès que retentit le premier roulement de batterie, c’est un vendredi ou un samedi soir dans la cave du Pop In (11 rue Amelot, à Paris), à une époque où je fumais cigarette sur cigarette – au grand dam de Robert qui voyait la cendre tombée sur les vinyles, les platines et la console – en sirotant du vin blanc – certaines légendes parlent aussi de pintes de whiskey orange ou de vodka pamplemousse mais je crois que ce ne sont que des légendes. Continuer la lecture de « Badly Drawn Boy, année 00 »
Catégories mixtape
Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club
Parce que j’ai toujours voulu être Margot Tenenbaum, son carré blond parfait retenu par une simple barrette, sa micro-robe sous son manteau de fourrure, écrivaine qui pleure dans sa baignoire avec une classe folle. Parce qu’il s’agit d’histoires de familles compliquées et que pour moi aussi, la famille, c’est compliqué. Parce que j’aime retrouver à chaque film cette troupe d’acteurs, ces visages que je connais bien, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait ceux des autres. Parce que cette fidélité aux comédiens, le réalisateur la voue aussi à ses compositeurs, Mark Mothersbaugh et Alexandre Desplat, qu’il convoque de film en film. Parce que toutes les chansons figurant au générique démontrent le goût sûr d’un gars sûr, d’ailleurs l’élégance du mec, excusez-moi du peu. Parce que c’est un cinéma dans lequel tous les adultes sont des enfants à qui les enfants montrent le chemin à suivre. Parce que j’ai beaucoup lu Roald Dahl et que je ne m’en lasserai jamais. Parce que c’est un cinéma très écrit et dans lequel l’écrit tient une place essentielle, partout des livres, des notes manuscrites, des lettres, des messages codés, des chapitres et une histoire romanesque. Parce que la voix de Georges Clooney quand il dit autre chose que What else ? Parce que j’ai eu un labrador pendant 14 ans et que j’adore les chiens. Parce que j’ai toujours rêvé de déambuler dans les couloirs d’un palace, où des grooms en tenue à boutons dorés m’accompagneraient dans l’ascenseur et où il y aurait des coffre-forts cachés avec des trésors dedans. Parce que j’ai toujours été un peu amoureuse de Jason Schwartzman. Parce que mes enfants rient aux éclats quand Tilda Swinton déclare : Action Sociale, j’écoute. Parce que ces deux gamins sur la plage, lui avec sa toque en raton-laveur et elle qui transporte son mange-disque dans une valise, s’embrassent pour la première fois avant de se déhancher sur Le Temps de L’Amour. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club »
Catégories selectorama
Selectorama : Jonathan Bree
A quelques mois de la sortie d’After The Curtains Close, quatrième album s’annonçant kitsch et expérimental, Jonathan Bree nous offre un Selectorama dévoilant quelques pistes sur ses influences du moment. Le Néo-Zélandais masqué semble particulièrement obsédé par la musique religieuse puisque l’on retrouve pas moins de trois titres obscurs interprétés par des nonnes australiennes. Il reste toutefois fidèle aux influences et à l’imagerie 60’s qui a fait sa renommée tardive avec le titre You’re So Cool en 2018. A l’écoute de l’étincelant single Kiss My Lips avec Princess Chelsea en invitée, nous ne doutons pas que 2020 sera l’année de la consécration pour Jonathan Bree, que les franciliens avaient découvert sur scène juste avant Stereolab l’année dernière. Continuer la lecture de « Selectorama : Jonathan Bree »