Qu’on en finisse ! Comme chaque année est à peu près systématiquement pire que la précédente, qu’on nous dit que la sobriété énergétique is the new y’a plus de Sans Plomb is the new année la plus chaude depuis J.-C., laissons-nous quelques moments hors contexte anxiogène pour écouter quelques-uns des meilleurs morceaux (selon nous bien entendu, en toute subjectivité et mauvaise foi) de cette année de l’enfer… en attendant la prochaine. Happy New Year, lectrices et lecteurs, et préparez-vous pour les 5 ans de section26 !
Catégories Chronique en léger différé
Young Gun Silver Fox, Ticket To Shangri-La / Mamas Gun, Cure The Jones (Légère Recordings)
En cette fin d’année, nous sommes ravis de retrouver Young Gun Silver Fox, le duo formé par le multi-instrumentiste étasunien Shawn Lee et le chanteur britannique Andy Platts. Nous les avions quittés, en très bon terme, en 2020 avec Canyons, ils ont publié, en octobre dernier, Ticket To Shangri-Las , leur quatrième album depuis 2015, toujours chez Légère Recordings. Ces derniers ont aussi accueilli, un peu plus tôt, toujours en 2022, Cure The Jones, septième album des Mamas Gun, un groupe dans lequel officie également Andy Platts. Un label, un chanteur, les deux albums partagent, en outre, un amour pour la musique organique soulful. Continuer la lecture de « Young Gun Silver Fox, Ticket To Shangri-La / Mamas Gun, Cure The Jones (Légère Recordings) »
Catégories mardi oldie
Des démos et des maux
Depuis peu, des démos du regretté Mark Lanegan, complice de Kurt Cobain ou Johnny Cash, ont refait surface.

En février dernier, Mark Lanegan, le taulier des Screaming Trees est parti rejoindre Layne Staley et Kurt Cobain en laissant derrière lui une discographie aussi dense que protéiforme. Il ne s’est jamais rien interdit dans tous les domaines et notamment celui de la musique. On peut donc braconner sur les terres des Queens Of The Stone Age tout en se reposant avec les chansons écrites avec Isobel Campbell. Depuis quelques jours, cette collection de disques s’enrichit d’une poignée de démos mise en ligne par un illustre inconnu. Et quelles démos… Car il s’agit de celles de ses débuts solo, de celles qui permettent à Lanegan de devenir Mark Lanegan. Continuer la lecture de « Des démos et des maux »
Catégories livres
Simon Reynolds, Hardcore (Éditions Audimat)
L’underground dance électronique UK a toujours été marqué par un certain nombre de caractéristiques saillantes : science du breakbeat, usage des basses et infrabasses, importance du MC, influences dub et dancehall, pratique du rewind, etc. Le tout croisé avec le canon techno/house en provenance des USA, conférant à cette une scène une véritable insularité générique : des premiers productions bleeps aux formes les plus contemporaines de bass music, en passant bien évidemment par le hardcore UK, la jungle, le UK Garage, le grime ou le dubstep, une certaine logique de continuité peut en effet être repérée, par-delà les mutations inhérentes à la succession de ces différents courants ou sous-courants. C’est tout l’objet d’une série d’articles[1] rédigés en quasi- temps réel par Simon Reynolds pour Wire tout au long des années 1990, avec une conclusion en 2005 à propos des scènes grime et dubstep. L’occasion pour lui d’y forger une hypothèse théorique forte, celle d’un continuum hardcore qui lui permet précisément de saisir l’unité esthétique, matérielle, sociologique et géographique de tout un pan de la rave et post-rave UK. « (…) une généalogie musicale apparue à la fin des années 1980 qui, dans les années 1990 et 2000, a subi de rapides mutations et donné lieu à une
succession de genres de dance music (…) c’est aussi une subculture, une sorte de macroscène qui tire sa cohésion d’une infrastructure durable composée de radios pirates, de clubs, de promoteurs de raves et de disquaires spécialisés, mais aussi de rituels et de procédures (…) pour la plupart hérités de la culture des sound systems jamaïcains (…). » Continuer la lecture de « Simon Reynolds, Hardcore (Éditions Audimat) »
Catégories portfolio
Martin Duffy & Felt par Joe Dilworth (Birmingham, 1988)

Une partie de ces magnifiques clichés que le photographe, batteur et libraire Joe Dilworth*, Anglais exilé à Berlin, nous a si gentiment envoyé suite à la disparition de Martin Duffy, a été publiée dans le très beau livre consacré à Felt, publié chez en 2012 (tirage limité à 1 000 exemplaire et donc, devenu depuis objet culte) chez First Third Books. Elles ont été prises à Birmingham, quelque temps avant donc que Lawrence ne déménage pour Brighton, où habitaient déjà Alan McGee, tête pensante de Creation Records, et les Primal Scream.
Continuer la lecture de « Martin Duffy & Felt par Joe Dilworth (Birmingham, 1988) »
Catégories classement
Le classement de la rédaction 2022
Je n’aurais jamais pensé, en le chroniquant de manière assez spontanée, que l’album de Bill Callahan finirait au firmament des disques de 2022 des contributeurs de Section26. Disque exigeant mais par certains côtés facile à appréhender, Reality (ou plutôt Ytilear) correspond assez bien à nos exigences de curiosité, de qualité et d’entresoi. Si le bonhomme n’est plus depuis longtemps un inconnu, et nous avons, je pense, tous au moins un Smog chéri dans nos petites affaires. Ce retour en grâce après de longues saisons d’ennui relatif, comme je le soulignais ici, trône avec justesse en tête et ce n’est que justice. Laissez-moi en profiter pour dévoiler le pot aux roses, je n’avais nullement l’intention de chroniquer ce disque, préférant laisser ce privilège d’abord à Sing Sing (Arlt, présents dans les plus hautes marches du classement), qui avait déjà rudement bien évoqué son rapport à l’œuvre, icelui déclinant d’emblée pour cause de tournée des stades, puis à Pascal Bouaziz (Mendelson, Bruit Noir), dont j’aime autant les disques que les écrits, déclinant de même pour cause de promotion effrénée de son merveilleux ouvrage sur Leonard Cohen. Tant pis pour moi, au pied du mur j’écrivais donc, citant ledit Leonard et bien évidemment Lou Reed, dont Callahan est surement le plus noble héritier, et j’oubliais, parce que c’était surement trop évident sur le coup, de faire la jonction et visuelle (une pochette moche mais marquante avec une faune impensable) et stylistique avec l’œuvre de Mark Hollis sur la fin (avec Talk Talk ou en solo). Voilà une donnée confuse qui méritait d’être rétablie. La confusion qui marqua également 2022 et des contributeurs qui au final en ont tiré le meilleur parti, s’éloignant des consignes officielles pour repêcher à raison, qui un album de la fin 2021 (celui de Myriam Gendron, qui le mérite infiniment), ne fournissant en guise de top 10 qu’une compilation australienne (même remarque), qui un kebabier, qui plutôt des films, des livres ou des séries. La confusion ça peut être aussi une forme de liberté non ?
2022 en 50 albums
01. BILL CALLAHAN, Ytilaer (Drag City / Modulor)
02. DANIEL ROSSEN, You Belong There (Warp Records)
03. EGGS, A Glitter Year (Howlin’ Banana Records / Safe In The Rain / Prefect)
04. Various, GHOST RIDERS (Efficient Space)
05. MYRIAM GENDRON, Ma Délire. Songs Of Love, Lost And Found (Feeding Tube Records)
06. ARLT, Turnetable (Objet Disque)
07. CATE LE BON, Pompeïi (Mexican Summer)
08. BIG THIEF, Dragon New Warm Mountain I Believe In You (4AD)
09. ROSE MERCIE, Kieres Agua? (Jelodandi Records/Celluloid Lunch Records)
10. SPIRITUALIZED, Everything Was Beautiful (Bella Union/Fat Possum Records)
Continuer la lecture de « Le classement de la rédaction 2022 »
Catégories hommage
Pull Together : Iain Templeton

eeeIain Templeton est décédé le 20 décembre 2022. Iain Templeton sera resté dans l’ombre jusqu’au bout en partant le même jour que Terry Hall et Martin Duffy.
On connait Terry Hall, on connait Martin Duffy mais au final, on connaissait très mal ce batteur discret qui fit partie des La’s et de Shack. Continuer la lecture de « Pull Together : Iain Templeton »
Catégories livres
« Tenement Kid » de Bobby Gillespie (White Rabbit)
La légende veut que dans un bar new-yorkais, au milieu des années 90, Martin Duffy était tellement fait qu’il n’avait même pas remarqué s’être pris un coup de surin. A l’heure triste où nous pleurons ce génie, cette anecdote à la fois sordide et du plus haut comique ne figure malheureusement pas au sommaire de l’autobiographie de Bobby Gillespie, puisqu’il a choisi de clore ce premier livre (on attendra sagement le second) le jour de la sortie de Screamadelica, le 23 Septembre 1991, le même jour que Nevermind de Nirvana. « Et pour pas mal de gens, les nineties ont commencé ce jour-là… ». Ce sont donc ses années de formation, d’enfance, d’adolescence qu’il livre avec son brio habituel. Au-delà des figures tutélaires qu’ont pu être
Malcolm McLaren ou Tony Wilson pour une génération forgée par le punk et sa suite, Gillespie a surtout hérité de l’esprit combatif de ses parents et notamment de son père, figure syndicale importante du monde de l’imprimerie britannique.
Continuer la lecture de « « Tenement Kid » de Bobby Gillespie (White Rabbit) »