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Selectorama : Côme Ranjard

Côme Ranjard / Photo : Nicolas Despis

En juin dernier, à l’occasion de la sortie d’Intraterrestre, le second EP de Côme Ranjard, nous nous étendions déjà sur le talent du chansonnier parisien ; l’efficacité pop de ses refrains, la douceur-amère de ses textes, le souci du détail dont recèlent ses arrangements. En milieu de mois, il publiait Pop-Corn, son deuxième album ; pop oui, corny (banal) loin de là. Derrière sa voix grave si caractéristique résonnent des chœurs, mais aussi des sonorités révélatrices de sa curiosité musicale : l’exotisme du lap steel, la chaleur de la flûte, de la clarinette, ou du clavier seventies… Avant de célébrer la sortie de l’album au Hasard Ludique le 12 février prochain, Côme a choisi pour nous dix titres qui l’ont, selon ses mots, « chamboulé à un moment ou à un autre de [sa] vie ». « On part de Hawaï pour aller en France, aux États-Unis, en passant aussi par la Grèce, le Japon et enfin le Brésil. Ce ne sont pas particulièrement des influences spécifiques mais plutôt une sélection de morceaux que je trouve profondément beaux. » ; on le suit !

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Le dad folk de Jonathan Personne

Jonathan Personne / Photo : Antoine Giroux
Jonathan Personne / Photo : Antoine Giroux

Echappé une fois encore de Corridor, le quatuor montréalais auteur d’albums inspirés entre poésie psyché et post punk – en français dans le texte – dont on s’est entichés jusqu’au dernier, Mimi, sorti l’an dernier chez Sub Pop, Jonathan Personne poursuit sa route en solitaire tranquillement. Après Nuage Noir et Nouveau Monde, deux très beaux titres qu’il avait offerts à son public fin 2024, en voici deux autres : Zoé sur la montagne et Deuxième vie. La première trouve ses racines dans un air chanté à sa fille, et déroule sa mélodie folk apaisée avec une forme de naïveté confondante. Deuxième vie, évoque ces rencontres qui peuvent être un tournant dans l’existence, parfois entre deux êtres dont la proximité s’accentue soudain. Une ballade où sa voix douce se confronte à l’électricité des guitares. Des chansons perçues comme une catharsis introspective en réaction à la vie mouvementée d’un groupe, un cocon moelleux où Jonathan Personne se libère de la pression des tournées avec un minimum de tensions autour de lui. Nouveau Monde, son quatrième album, est la somme de ces moments d’entre-deux, avec plusieurs titres composés au fil du temps. Des instants en solitaire qu’on aime retrouver à chaque fois, tout autant que celles collectives de sa famille canadienne de Corridor. Continuer la lecture de « Le dad folk de Jonathan Personne »

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ABC, The Lexicon Of Love (1982, Neutron Records / Vertigo)

Ce doit être l’âge. Cela fait quelque temps déjà que j’essaye de me rappeler de certaines premières fois. Pas de toutes non, juste certaines. De ces premières fois où j’ai entendu une chanson ou un album qui m’ont marqué – marqué à un point tel qu’ils n’ont jamais vraiment disparu de mon quotidien, même sans les avoir écoutés pendant plusieurs jours, plusieurs mois. Plusieurs années. L’autre soir justement, répondant aux questions de Pierre Andrieu au sujet de The Cure – après son grand œuvre sur Jean-Louis Murat, Les Jours Du Jaguar, il a décidé de décortiquer le parcours emprunté par Robert Smith et ses troupes – et de mon rapport à ce groupe irrémédiablement lié à l’adolescence, je cherchais à me rappeler de ma première écoute de l’album Pornography, ou de certaines de ses chansons : un morceau passé par Bernard Lenoir lors de Feedback ? La version live de The Figurehead diffusée à la télévision un samedi de presque printemps 1982 dans Megahertz, l’émission géniale mais trop éphémère d’Alain Maneval – émission où l’on se souvient avoir vu en quelques mois des reportages sur Killing Joke, The Jam, Siouxsie & The Banshees, The Associates et sur le plateau, les débuts d’Indochine, de Polyponic Size ou de Nini Raviolette ? Peut-être sur une cassette enregistrée par un copain  de la Résidence ou un samedi après-midi dans la chambre de Thierry, de deux ans notre ainé et qui était au fait de pas mal de sorties et de concerts ? Je ne retrouverai sans doute jamais la réponse et qu’importe d’ailleurs… Continuer la lecture de « ABC, The Lexicon Of Love (1982, Neutron Records / Vertigo) »

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Magon, World Peace (autoproduit)

MagonCe qu’il y a de délicieux avec la musique, avec l’art en général, c’est que tout se passe comme si, grâce à eux, on pouvait à nouveau tomber amoureux un nombre indéfini de fois sans pour autant que ces attachements soient incompatibles entre eux, comme si on pouvait en quelque sorte vivre à l’infini l’impossible expérience d’un polyamour heureux. Parfois, alors qu’on se complaisait allègrement dans nos habitudes esthétiques, qu’on se contentait avec paresse d’écouter et de réécouter nos disques fétiches, on tombe par hasard sur un un artiste inconnu aux charmes duquel on se laisse prendre sans s’y attendre. On écoute une chanson – il s’agissait pour moi, avec Magon, de l’hypnotique Right Here (Did you Hear the Kids ?), 2023 – et commence alors le premier moment de la fameuse cristallisation décrite par Stendhal.

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE JANVIER 2025

En ce début d’année cauchemardesque, nous avons choisi comme beaucoup d’autres de rebattre un peu les cartes du jeu géopolitique nauséabond des réseaux sociaux. Pour éclaircir un peu notre position, on ne quittera pas tout de suite ceux où nous avons patiemment construit une communauté fidèle, à savoir, vous. Trop précipité, car il faut du temps pour la rebâtir ailleurs, sous des auspices plus cléments. On continuera donc de vous informer sur Facebook et X le temps qu’il faudra, et nous sommes désormais accessibles également sur Bluesky et Mastodon, pour ceux qui ont à raison pris leurs cliques et leurs claques en claquant la porte. Bonne nouvelle : à l’avenir, tous nos œufs ne seront plus dans le même panier (les réseaux, vous suivez?), puisque dès que possible, on vous informera de nos actualités via une newsletter, à laquelle vous pouvez d’ores et déjà vous abonner dans la colonne de droite sur le site. Dernier point : puisque certaines plateformes (Spotify et Apple Music, faut-il les nommer) ont choisi de financer la cérémonie d’investiture du plus pathétique pantin de toute l’histoire de la politique américaine, on vous propose le retour de nos playlists du mois mixées, à écouter sur la page Soundcloud de acertainradio.fr. Voilà, en espérant que cette année ne soit pas encore pire que les autres, restons groupés et forts. (TS)

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify (malgré l’engagement déplorable de ce  dernier). Et aussi, le retour de la playlist mixée sur Soundcloud juste là ci-dessous.

NDLR : les playlists créées sur certaines plateformes ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.

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Steven McDonald (Redd Kross) : « J’évite de trop m’en foutre »

Redd Kross
Redd Kross, avec Steven McDonald à droite / Photo : DR

Ce fut l’une des meilleures surprises de 2024. Alors qu’on n’osait plus vraiment l’espérer, les immenses mérites méconnus de Redd Kross se sont trouvés célébrés comme quasiment jamais dans l’histoire, pourtant longue de près d’un demi-siècle, de ce groupe fondamental. Un concert parisien trop longtemps reporté mais magnifique dans sa démesure, la diffusion annoncée dans plusieurs festivals d’un documentaire – Born Innocent, The Red Kross Story d’Andrew Reich, la publication d’une biographie nourrie des témoignages, parfois contradictoires, des principaux intéressés – Now You’re One Of Us de Dan Epstein. Enfin la sortie estivale d’un nouvel album, double et copieusement garni de ces tubes à la fois pop et saturés dont les frères McDonald semblent avoir précieusement conservé le secret. C’est depuis un hôtel bruxellois où se poursuit la tournée européenne du groupe que le cadet – Steven – a consenti à se repencher avec nous sur quelques-uns des jalons de ce périple fraternel et atypique. Continuer la lecture de « Steven McDonald (Redd Kross) : « J’évite de trop m’en foutre » »

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Plus Bell la vie

Andy Bell / Photo : Cal McIntyre
Andy Bell / Photo : Cal McIntyre

Entre une future tournée européenne de Ride et une hypothétique tournée mondiale d’Oasis, Andy Bell (oui, on vous l’a déjà faite, mais non, pas son homonyme chez Erasure) surprend son monde et annonce un nouvel album. Quand il ne bricole pas avec Glok, Andy Bell enregistre des disques psychédéliques avec un certain talent. The View from Halfway Down, publié en 2020 chez Sonic Cathedral, rappelait aux plus étourdis d’entre nous que Bell en a toujours sous le pied. La bonne nouvelle avec ce nouveau disque, c’est le premier extrait chanté par Dot Allison. On n’avait plus entendu l’Écossaise depuis quelques mois. Ou quelques années. Écouter I’m in love… est un merveilleux prétexte pour se replonger dans les disques solo d’Allison et surtout ses piges pour Death in Vegas ou le trop méconnu et oublié album de One Dove. Notons aussi la participation de l’allemand Michael Rother (Neu!). Surtout, I’m in love… nous replonge dans l’œuvre des Passions. I’m in love… étant plus qu’un simple clin d’œil au hit du groupe post punk anglais fondé par Barbara Gogan et Claire Bidwell. Continuer la lecture de « Plus Bell la vie »

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Clément Vercelletto, L’engoulevent (unjenesaisquoi)

Depuis quelques temps déjà, le label tourangeau unjenesaisquoi fait plus que susciter notre curiosité. Des disques aussi singuliers que In C pour 11 oscillateurs et 53 formes de Soia, Julien Sénélas, Jérôme Vassereau ou Curiositi de Nicolas Cueille ont conquis une place de choix au sein de notre imaginaire esthétique, en croisant la sophistication de la pop la plus aventureuse avec l’abstraction des musiques d’avant-garde. Des propositions uniques, difficilement situables dans le Kampfplatz contemporain, et qui possèdent une puissante force d’attraction et de fascination. Un label qui constitue un catalogue au sens le plus noble du terme donc, et dont la dernière sortie ne peut que confirmer la haute tenue. Le nouvel album de Clément Vercelletto en l’occurrence, qui frappe en effet par son « évidente » étrangeté. Continuer la lecture de « Clément Vercelletto, L’engoulevent (unjenesaisquoi) »