Ce printemps, les nouveautés se font dans nos oreilles un peu plus rares. Les sorties d’albums sont souvent repoussées et le chamboulement de nos quotidiens rend parfois moins évident un suivi attentif de l’actualité. Nos rédacteurs se sont tout de même unis pour lister une vingtaine de coups de cœur. Autre changement, et pas des moindres : le site qui hébergeait nos playlists arrête ses services. Nous vous proposons de les écouter, comme d’habitude, sous une forme classique et commentée par nos journalistes ci-dessous, mais aussi désormais avec des liens d’écoute pour chaque plateforme. Let’s play.
Celle-là, je l’aurai longtemps tenue en laisse, laisse sur laquelle elle n’a cessé de tirer. D’entrée j’ai pensé la renvoyer ad patres, au mieux au chenil. Il fallait m’en débarrasser, l’oublier au plus vite, elle puait trop l’évidence. Sur n’importe quel blog, dès les premières heures de la pandémie, des types – ou des filles, des femmes, je ne m’y retrouve plus, désolé Caroline, et tou.te.s mes respects inclusif.ve.s – se seraient empressés de la mettre en avant, pour mieux l’exécuter en quelques lignes. On a dû la croiser partout, engluée dans la toile, dans chaque impasse Tweeter, ou pire, sur des sites d’actu en continu – racontez-moi, je n’y étais pas. Et puis les semaines et les posts se sont succédés, beaucoup de disques nous ont épuisés, les munitions sont venues à manquer. Alors, quand redoublant d’insistance elle s’est à nouveau présentée, j’ai fait preuve de mansuétude, même si elle est loin d’être ma chanson de R.E.M. préférée, ou la plus représentative du génie (ooops, un gros mot !) des quatre d’Athens, Stipe, Buck, Mills, Berry, carré magique, même sans ballon.
Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.
Saint Etienne / photo : Paul Kelly
J’ai beau retourner ma mémoire de moins en moins neuve dans tous les sens, je n’arrive plus à me souvenir de la première fois où j’ai écouté Saint Etienne. Ni quand, ni où. Encore moins avec qui. Même si je me dis que pas très loin, il devait y avoir Alex, Michelle, Daniel ou Jean Baptiste. Mais je sais que très vite, je me suis entiché de ce groupe qui au départ n’en était pas vraiment un. Plutôt la lubie de deux copains d’adolescence, Bob Stanley et Pete Wiggs, grandis dans la même banlieue que Kate Moss, des passionnés qui dans la deuxième moitié des années 1980, avaient déjà tout fait pour assouvir ladite passion : créer un fanzine, fonder un label (l’ultra-mythique Caff Corporation, dont la discographie relève à peu près du fantasme), écrire dans la « vraie presse » (pour le seul Bob, entre autres thuriféraire de la compilation Bubblegum Perfume)… En gros, il ne leur restait plus qu’à réaliser un disque, chose faite dès 1990 avec la comptine electrolascive Only Love Can Break Your Heart, relecture assez incroyable d’une des plus belles chansons de Neil Young publiée sous un nom qui annonçait déjà leur francophilie, Saint Etienne – en référence à la fameuse équipe de foot des années 1976 et 1977… Succès dans les milieux autorisés, remix génial d’Andrew Weatherall à la clé et les deux garçons se sont pris au jeu. Alors, à défaut de technique, ils ont suivi le postulat punk, ont mis leur érudition au service de leurs chansons et ont trouvé dès leur troisième single – le bien titré Nothing Can Stop Us, porté par un sample taille XXL d’une chanson de Dusty S. – la voix féminine dont ils rêvaient en la personne de Sarah Cracknell – qui, comme le monde et la Grande-Bretagne sont assez petits, avait été immortalisée dans une chanson de Felt. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #38 : Toutes les routes mènent à Saint Etienne »
Loin de moi l’idée de venir piétiner les plates-bandes de mes petits camarades mais quand je tombe en pâmoison devant certaines mixtapes labelisées I Like 2 Stay Home, je ne résiste pas toujours à venir m’ancrer, telle une vilaine tique, sur la bande sonore. D’autant que ça me dédouane totalement de trouver un quelconque lien entre confinement et 45 tours sélectionné. Ce fut le cas avec les Zarjaz (cf #14), et après m’être délecté de cet indispensable The Godlike Genius of Mayo Thompson, je réitère en ajoutant un tout petit caillou à l’édifice. Continuer la lecture de « #38 : The Red Crayola, Born In Flames (Rough Trade, 1980) »
Fairlight CMI / Photo : Claude Germain pour la Philharmonie de Paris
Après les effets vocaux dans le précédent hors-série, nous nous attaquons à certains presets et sons dérivés. Les presets apparaissent sur les synthétiseurs avec le développement de la mémoire à la fin des années 1970. Sur les premières machines, il était en effet tout simplement impossible de sauvegarder ses sons autrement qu’en les notant sur une feuille de papier. Un preset enregistre les différents paramètres, il constitue une sorte de photo des commandes (qui doivent donc être numériques) qu’il est possible de rappeler à loisir. Avec l’apparition d’instruments comme le Prophet 5 de Sequential Circuits en 1978, les compagnies livrent avec leurs machines des presets déjà programmés pour montrer les capacités des instruments. Ils vont être utilisés par énormément de musiciens. Avec le recul, certains presets deviennent des véritables marqueurs de leur époque. Ils évoluent avec les modes, tombent en désuétude avant d’être réutilisés pour ce qu’ils évoquent. Ils sont ainsi omniprésents dans la musique que nous écoutons depuis une quarantaine d’années. S’ils peuvent venir de machines cultes (méritant un article ici même), ce n’est pas toujours le cas. Parfois, il n’y a tout simplement pas grand-chose à dire de plus qu’évoquer le preset. Au-delà des presets, avec l’apparition des sampleurs (dont le Fairlight CMI évoqué fut l’un des pionniers), ce sont également des sons qui vont naviguer d’un disque à l’autre et retranscrire la psyché d’une époque… Le récent versus entre Teddy Riley et Babyface rappelle à quel point certains de ces sons (lately bass et orchestra hit) sont intimement liés à des chansons que nous adorons. Voici une petite sélection hautement subjective de presets et de sons célèbres. Continuer la lecture de « Machines Hors Série #2 : Quelques fameux presets et sons dérivés »
Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.
Mayo Thompson
Si le nom de Mayo Thompson ou encore Red Krayola vous sont inconnus, vous avez sûrement un disque produit par ses soins dans votre discothèque. Voici une sélection non exhaustive de titres de Red Crayola (devenu très vite Krayola pour cause de procès avec des célèbres pastels), des morceaux issus de sa période britannique, Geoff Travis l’avait invité à produire les premières sorties de son label Rough Trade (The Fall, Cabaret Voltaire, Kleenex, The Raincoats…), ses albums avec le collectif d’artistes Art & Language et ses multiples collaborations… De retour aux États-Unis, il entame une longue collaboration avec le label Drag City depuis les années 90 et travaille avec (entre autres) David Grubbs, John McEntire ou encore Jim O’Rourke. Cinquante ans après la sortie de son premier album, Mayo Thompson est toujours très actif, son dernier disque date de 2016 et il se produit régulièrement sur scène. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #37 : The Godlike Genius of Mayo Thompson »