Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Market, The Consistent Brutal Bullshit Gong (Western Vinyl)

Il y a de cela quelques jours à peine, nous discutions avec quelques camarades boomers des souvenirs encore vivaces de nos premières rencontres respectives avec l’œuvre de The Smiths. Des multiples impressions saisissantes ressenties à cette époque lointaine, domine encore, pour ce qui me concerne, le choc provoqué par une prise de parole totalement singulière, où la contemplation attentive des émois les plus intimes finit par ouvrir sur l’étendue d’un monde. Et puis cette instabilité constante, cette absence de point d’appui musical évident ou explicitement référencé qui prolonge la sensation étrange d’écouter simultanément plusieurs stations de radio. Les passions adolescentes se sont estompées depuis bien longtemps : Market n’aura évidemment jamais l’importance vitale de Morrissey et de ses compagnons. Mais on retrouve, en tous cas, quelques réminiscences de cet égotisme inspiré, parfois un peu bavard, et de ces incertitudes formelles dans ce disque. Et c’est déjà suffisant. Continuer la lecture de « Market, The Consistent Brutal Bullshit Gong (Western Vinyl) »

Catégories mardi oldieÉtiquettes , , ,

Diane Tell, Chimères (1982, Polydor)

Le Québec a souvent eu des artistes et groupes admirables, mais peu d’entre eux furent en mesure d’aller se glisser dans nos disquaires hexagonaux et se faire un place au soleil, ici en France. Diane Tell est, à ce titre, certainement une exception. S’il fallut trois albums à la chanteuse québécoise pour percer en Europe, elle est depuis devenu une valeur sûre de la variété française, s’installant même dans nos contrées. Chimères (titre original), ou Souvent, Longtemps, Enormément (titre français) est son quatrième album. Il sort dans la foulée du succès massif de son précédent disque : En Flèche, renommé Si J’étais un Homme en France. Paru en 1980, le long-jeu connaît une carrière heureuse grâce au slow Si J’étais un Homme, énorme tube, deux ans après sa sortie. Initialement boudée par les radios à cause de sa longueur et sa structure inhabituelle, NRJ craque dessus et la met en importante rotation sur ses ondes. Le titre est devenu depuis un classique, un morceau que tout le monde connaît sans forcément savoir qui en est l’autrice. Le genre de chansons que vous pouvez entendre dans un film, sur Nostalgie ou dans votre Franprix. La carrière de Diane Tell décolle, en conséquence, en France. Continuer la lecture de « Diane Tell, Chimères (1982, Polydor) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Adam Green, That Fucking Feeling (Average Cabbage Records)

Si Adam Green n’avait pu assurer la promotion d’Engine of Paradise, son très bon disque paru en 2019, en raison de la pandémie, il a enfin pu prendre sa revanche avec une tournée européenne qui vient de se terminer en mai dernier. Lors de son passage à Lyon et à Paris, les fans français du crooner anti-folk new-yorkais n’auront pas boudé leur plaisir de voir leur héros danser sur scène comme un beau diable, faire des checks à tous les spectateurs du premier rang ou raconter des anecdotes désopilantes, heureux d’être là et d’une rare générosité avec le public. Adam Green et son impeccable backing band auront surtout régalé le public de pléthore de tubes inoxydables comme Bluebirds, Jessica, Cigarette Burns Forever, sans oublier bien l’hymne absolu Dance With Me ou NYC’s Like a Graveyard des mythiques Moldy Peaches. Mais, en plus de cette ribambelle de classiques, Adam Green aura parsemé son set de plusieurs excellents nouveaux titres, issus de That Fucking Feeling, un mini-album de vingt minutes, que les fans ont eu la bonne surprise de découvrir au stand de merchandising. Certes, il faut être sacrément gonflé pour qualifier un opus aussi court d’ « album » – d’autant plus que certains titres sont en réalité des versions acoustiques des chansons orchestrées figurant au début du disque -, mais la qualité et l’inspiration sont là, si bien qu’on pardonne à Adam Green sa flemme légendaire. Continuer la lecture de « Adam Green, That Fucking Feeling (Average Cabbage Records) »

Catégories billet d’humeur, portfolio

Everything is everything

Retour sur le concert épique des versaillais il y a deux jours aux Nuits de Fourvière à Lyon.

PPhoenix sur la scène des Nuits de Fourvière, le vendredi 10 juin 2022.
Phoenix sur la scène des Nuits de Fourvière, le vendredi 10 juin 2022. / Photo : Michel Valente

« Je crois que l’on sent la poésie comme la musique,
comme l’amour, ou comme l’amitié, ou toutes les choses du monde.
L’explication vient après
. »

Jorge Luis Borgès, Entretiens, Littérature I.

*

Comment expliquer, comment raconter ce que j’ai senti durant le concert de Phoenix à Fourvière ? Continuer la lecture de « Everything is everything »

Catégories sunday archiveÉtiquettes , , ,

Phoenix, United (Source, 2000)

Les souvenirs de Marc Tessier Du Cros, directeur artistique de leur label d’époque, Source

Ça a toujours été comme ça là-bas. Il suffisait d’une intro, d’un refrain, d’un gimmick, et bim, un peu comme dans la vie ordinaire d’ailleurs –, nous tombions en pâmoison. Le disque élu ne quittait dès lors plus la platine du bureau (ce n’est pas une image, il faut comprendre cette phrase dans son sens littéral), quelle que soit l’heure, quel que soit le jour – et celle ou celui qui avait l’effronterie de glisser un « encore ?!” en entrant prenait la porte sans autre forme de procès – je crois que plusieurs personnes pourraient toujours en témoigner aujourd’hui. Continuer la lecture de « Phoenix, United (Source, 2000) »

Catégories climatsÉtiquettes , , , ,

Climats #21 : Sylvie, Gene Clark

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo. Continuer la lecture de « Climats #21 : Sylvie, Gene Clark »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , ,

Selectorama : Bruno Piszczorowicz, auteur de « Kiss, paroles de fans » (Camion Blanc)

Kiss
Kiss sur la couverture du livre « Kiss, paroles de fans » de Bruno Pisczorowicz (Camion Blanc)

Au surlendemain d’un concert à Bercy, soit disant le dernier, où la présence de pas moins de deux membres de la rédaction de Section26 est encore très loin de faire débat, il m’est paru indispensable de proposer une sélection à Bruno Piszczorowicz, qui vient de publier au Camion Blanc un fort réjouissant recueil de paroles de fans du groupe new-yorkais. Continuer la lecture de « Selectorama : Bruno Piszczorowicz, auteur de « Kiss, paroles de fans » (Camion Blanc) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Wilco, Cruel Country (dBpm Records)

Présenté comme un retour aux sources, Cruel Country, le très beau douzième album de Wilco sonne surtout comme un retour inattendu à la simplicité d’une écriture que le groupe semblait avoir perdue au fil de ses différentes mues.

Ceux qui ont connu Wilco dans les années 90, à l’époque de Being There et des sessions avec Billy Bragg, ne s’attendaient probablement pas à réentendre, un jour, la bande de Jeff Tweedy sur un terrain country, ou revendiqué comme tel. Il faut dire qu’en douze albums et bientôt trois décennies d’existence les auteurs de Summerteeth ont parcouru un long chemin. Continuer la lecture de « Wilco, Cruel Country (dBpm Records) »