Emilie Vabre, Conneries (Le Pli)

« Je vous prie de bien vouloir excuser
mon retard… mental »

Phare flamboyant du petit monde que je me suis recréé autour de la chanson d’ici, Francisco Lopez a entrepris il y a quelques mois une nouvelle mission, Le Pli, du nom de son studio-maison. Le Pli, c’est un réseau qu’il alimente – plutôt par l’ancestrale mais toujours efficace newsletter – en enregistrements, albums, 4-titres, démos, de lui bien sûr, mais aussi de collaborations. Il s’essaie ainsi à un nouveau mode de diffusion, adapté à sa créativité débordante. Pour ceux qui le connaissaient d’avant Le Pli, rien de nouveau sous le soleil tant Flop a construit son œuvre de façon régulière en faisant feu de tout bois, construisant un style à nul autre pareil tout en y insufflant une énergie à chaque fois renouvelée. Il en avait parlé si bien dans le n°3 de Groupie, passant en revue un choix subjectif (le mien) de ses chansons. Pour ce nouveau numéro du Pli, il remet le couvert avec Emilie Vabre, déjà co-auteure d’un LP remarquable (EP pour les non-abonnés), En mode avion,  il y a peu dans cette même collection. On imagine des chansons échappées de ces précédentes sessions et qui ont pris leur autonomie sur ce 4-titres sorti début juillet.

On connaît – presque – tous les ingrédients : ce son mat de studio étroit, cette proximité à tout prix, cette simplicité apparente et ses compositions qui se déroulent au fil des bons mots de l’auteur. Ce folk très doux véhicule un sentiment doux amer pas très loin des larmes mais aussi tout près du rire grâce à la voix d’Emilie qui navigue dans des registres très flous, ni innocente, ni distante, ni chaude, ni froide, ou plutôt tout ça à la fois : ainsi Conneries explore avec délicatesse le thème puissant du, au hasard, Revivre de Gérard Manset par exemple. Avec la ritournelle Retard et le bluesy Devoir, les auteurs-interprètes montrent leur facilité à écrire à l’économie, tournant autour de peu de mots  et trouvant toujours l’expression juste qui va se fixer en nous et tourner ad libitum. Enfin, Je Crois Que Je Vais Y Aller capture un instant de vie fragile, comme le vieux pola pris lors d’une fête et qui jaunit dans son coin et qu’on aime mater juste quelques secondes de temps en temps. Le temps, tiens, tout cela en 4 x 2 minutes, petits bijoux discrets qui pourraient passer inaperçus si ce n’est la brillance (dans tous les sens du terme, n’est-ce pas) de leur conception.


Pour s’abonner au PLI, c’est ici : f.lop@free.fr

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