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The Songwriting Preservation Society : Tim Keegan et Stéphane Auzenet

Deux dates ensemble fin mai pour ces orfèvres de la composition pop.

Tim Keegan et Stéphane Auzenet
Tim Keegan et Stéphane Auzenet (The Reed Conservation Society) / Photo : Philippe Dufour

Comme toutes les idées brillantes, celle-ci s’impose comme une évidence une fois qu’elle a été énoncée. En l’occurrence, réunir au cours d’un week-end printanier pour deux soirées consécutives – les 21 et 22 mai – deux des tenants les plus remarquables d’une conception classique de l’écriture, d’un artisanat du songwriting, traditionnel mais pas désuet. De ceux qui persistent à prêter aux mélodies et aux textes une attention précieuse et modeste à la fois. D’un côté de la Manche, Tim Keegan qui, après trop d’années d’éclipse, a récemment ressuscité Departure Lounge ; De l’autre Stéphane Auzenet qui est déjà parvenu, en un brillant triptyque de trois Ep’s avec The Reed Conservation Society, à s’affirmer comme l’une des plus fines plumes musicales de nos environs hexagonaux. Autant dire qu’on pressentait que ces deux-là pouvaient bien avoir deux ou trois choses en commun à échanger. D’où cette discussion du dimanche midi, à l’heure du digestif dont nous avons eu la chance d’être le témoin. Continuer la lecture de « The Songwriting Preservation Society : Tim Keegan et Stéphane Auzenet »

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Sharon Van Etten : « J’aime les extrêmes guidés par les mélodies »

Sharon van Etten
Sharon van Etten / Photo : Alain Bibal

Sharon Van Etten s’est imposée en douceur comme une figure incontournable dont la reconnaissance a explosé les barrières de l’entre-soi de la scène alternative US. Adulée aussi bien par ses pairs que par les indie kids ou les amateurs de musique plus adulte, elle a réussi à forcer le respect avec des albums qui ne respirent pas forcément la joie. A ce stade de sa carrière, Sharon joue gros avec la sortie de We’ve Been Going About This All Wrong. C’est pile à ce moment qu’elle refuse tout compromis. Aucun single ne sera proposé en teaser avant la sortie de l’album dont le seul titre accrocheur se trouve en fin d’album. Plus synthétique et épique que ses précédents, c’est un disque qui demande une attention particulière si l’on veut se laisser apprivoiser. Derrière sa froideur apparente, on sent pourtant une volonté de s’ouvrir, de communier. Comme Sharon le dit dans cet entretien, sa musique vient de ses blessures, elle ne sait pas comment procéder autrement. C’est cette franchise, cette authenticité et cette absence totale de calcul qui font mouche une fois de plus. Derrière un côté très pro, ces failles et cette générosité se sont ressenties pendant la demie heure d’entretien accordée par l’américaine qui aborde des sujets aussi divers que sa passion pour Fad Gadget ou OMD, que son envie d’écrire plus pour Hollywood. Continuer la lecture de « Sharon Van Etten : « J’aime les extrêmes guidés par les mélodies » »

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Fontaines D.C. : « La pandémie est la meilleure chose qui pouvait nous arriver »

Fontaines D.C.
Fontaines D.C. / Photo : Filmawi

D.C., c’est Dublin City, le berceau de ces cinq garçons débarqués en 2019 sur nos scènes et devenus, en un album, phénomène. Menés par le charismatique Grian Chatten, ils convainquent par la puissance de leurs textes (l’amour de la poésie les lie), leurs guitares acérées et leur vigueur, comparable à celle de leurs voisins et amis anglais, Shame. Après avoir enchaîné les salles et les festivals jusqu’à l’épuisement, les lads migrés à Londres ont profité du repos imposé par la pandémie pour se retrouver et se rappeler d’où ils venaient. Skinty Fia, paru ce jour sur Partisan Records, est un hommage à l’Irlande, car comme l’explique le batteur Tom Coll dans cet entretien récemment accordé à Section 26, le sentiment d’appartenance à son pays n’est jamais si fort qu’une fois qu’on l’a quitté. Continuer la lecture de « Fontaines D.C. : « La pandémie est la meilleure chose qui pouvait nous arriver » »

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Spiritualized : « Je veux terminer ma carrière en fanfare. »

Spiritualized
Jason Spaceman – Spiritualized / Photo : Sarah Piantadosi

Cela arrive rarement, mais il y a des personnes que j’ai peur d’interviewer. Jason Spaceman est l’une d’entre elles. Soyons transparent, il réunit sur papier tous les critères. Non seulement il affiche clairement sa répulsion pour toute obligation promotionnelle, mais sa musique, depuis ses débuts avec Spacemen 3, ne peut venir que d’un cerveau profondément dérangé. Passé d’un minimalisme glaçant à un mur du son Spectorien teinté de psychédélisme (les deux avec option « ++ » en musique de drogué), son œuvre est l’une des plus exigeantes et captivantes de ces dernières décennies. Et puis soyons honnête, Jason Spaceman, ce n’est pas Sœur Sourire. C’est donc avec une légère appréhension que je suis arrivé à l’hôtel où se déroulait une journée d’interview pour Everything Was Beautiful, le nouvel album de Spiritualized. On m’annonce aussitôt que Jason n’a toujours pas quitté sa chambre, le planning a déjà pris du retard. Continuer la lecture de « Spiritualized : « Je veux terminer ma carrière en fanfare. » »

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Yann Debiak (Color Bars Experience / Lost Machine Orchestra) : « L’idée d’adapter les chansons d’Elliott Smith avec une formation classique me trottait dans la tête »

Yann Debiak
Yann Debiak

L’idée semblait intrigante ; la réalisation s’est avérée en tout point remarquable. En 2015, à l’instigation de Yann Debiak, une poignée de musiciens classiques français accompagnés de quelques interprètes américains – Troy Von Balthazar, Ken Stringfellow et Jason Lyttle – revisitaient sous l’étendard de The Color Bars Experience le répertoire d’Elliott Smith. Quelques performances mémorables et un enregistrement à la maison de la radio plus loin – merci Vincent Théval – l’aventure collective s’est prolongée. En 2017 d’abord, pour une série de concerts consacrés au Pink Moon, 1972 de Nick Drake. Ce printemps ensuite pour célébrer dignement – et avec un léger retard dû à la pause COVID – le vingtième anniversaire de The Sophtware Slump de Grandaddy en compagnie de Jason Lyttle. Rebaptisé pour l’occasion, The Lost Machine Orchestra s’apprête donc à redécoller pour une tournée d’avril. Pour apaiser un peu l’impatience – ou l’attiser, c’est selon – on a eu envie d’en discuter un peu avec le principal intéressé. Continuer la lecture de « Yann Debiak (Color Bars Experience / Lost Machine Orchestra) : « L’idée d’adapter les chansons d’Elliott Smith avec une formation classique me trottait dans la tête » »

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David Scott (The Pearlfishers) – Perle rare

David Scott (The Pearlfishers)
David Scott (The Pearlfishers)

On avait pris contact avec David Scott, une première fois, il y a environ deux ans alors que la publication de son dernier album en date – l’excellent Love & Other Hopeless Things, 2019 – coïncidait tristement avec l’annonce semi-officielle de la disparition du label qui l’avait hébergé pendant près de vingt ans. Fausse alerte, on s’en réjouit. Les allemands Marina Records semblent avoir survécu à ce premier faire-part de décès et republient même sur support vinyle, en ce début d’année, des versions augmentées de trois des jalons essentiels de la discographie de The Pearlfishers, cet ensemble aux contours fluctuants et dont Scott est toujours apparu comme le seul véritable maître permanent : The Young Picnickers, 1999, Across The Milky Way, 2001 et Up With The Larks, 2007 ont extraordinairement bien vieilli. L’occasion est trop belle de rattraper les anciens rendez-vous, manqués à plus d’un titre tant on a sans doute sous-estimé, tout au long de la décennie 2000, l’importance et le talent de cette figure majeure de la scène indie-pop écossaise. Continuer la lecture de « David Scott (The Pearlfishers) – Perle rare »

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Modern Studies : « On adore superposer les sons »

Modern Studies
Modern Studies

Six années d’activité, quatre albums : il n’en a pas fallu davantage pour que Modern Studies vienne habiter cet espace intermédiaire et toujours incertain entre les traditions folks et la modernité électronique. Une position délicate où le mélange des genres et des références n’est jamais à l’abri du déséquilibre, de l’excès de contraste ou des mésalliances artificielles et trop tranchées, intellectuellement séduisantes mais condamnées à l’abstraction dans la pratique. Ici, il n’en est rien. Riche d’une culture musicale éclectique et d’une forme charmante d’érudition poétique, ce quartette atypique – géographiquement dispersé mais musicalement cohérent – poursuit avec We Are There l’élaboration d’une œuvre dense et passionnante. L’occasion d’interroger Emily Scott –  chanteuse, multi-instrumentaliste et songwriter – sur quelques-uns des secrets de fabrication partagés avec ses trois camarades. Continuer la lecture de « Modern Studies : « On adore superposer les sons » »

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Cate le Bon : « Je suis une éternelle sauvage »

Cate Le Bon
Cate Le Bon

De l’extérieur, Cate Le Bon a le profil type de l’artiste qu’il est facile de dénigrer. Sa musique est devenue plus cérébrale au fil des albums, son image plus travaillée et ses influences artistiques pointues largement étalées en interviews. On pourrait presque appeler ça “le syndrome PJ Harvey”. Pourtant, comme la prêtresse du Dorset, malgré des apparences souvent trompeuses, sa discographie sent la remise en question, la fragilité liée à l’écoute de son instinct et une forte envie de ne pas suivre la norme. En seulement six albums, Cate Le Bon a réussi à ouvrir de nouvelles pistes pop avec un son et une structure uniques qui ont influencé de nouveaux artistes et lui ont permis de gagner le respect des vieux briscards. Son compatriote Gruff Rhys en tête, qui a cru en elle dès le début et chez qui elle s’est réfugiée pour composer Pompeï, son nouvel album. Suite logique et aventureuse du fabuleux Reward, Pompeï est sans doute son album le plus cohérent soniquement à ce jour. Continuer la lecture de « Cate le Bon : « Je suis une éternelle sauvage » »