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Le Bâtiment, Réponses rythmiques et mélodiques à vos questions sur la mort (autoproduction)

« Je me noie de lumière et dans l’ombre, bercé, je n’ai plus en dedans de larmes à verser »

Pour son ixième long format – je renonce à compter sur Bandcamp, d’autant plus que j’imagine que d’autres disques de cet énorme corpus se cachent ailleurs – Le Bâtiment continue de s’avancer démasqué. Sans que l’on ne sache trop s’il est question d’économie des moyens, de lâcher prise ou d’adéquation sur-consciente avec le sujet du disque (compris dans le titre) – en gros une urgence à s’exprimer en dehors de tout cadre pour une question de vie et de mort, donc – il se présente avec sa guitare, seul devant son micro, avec de très légers re-re (des chœurs très jolis, une seconde guitare, quelques percussions) pour interpréter, à vif, une dizaine de chansons nues. Continuer la lecture de « Le Bâtiment, Réponses rythmiques et mélodiques à vos questions sur la mort (autoproduction) »

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Vaillant, Prince de Perse (Herzfeld)

« Comme tu en pinces,
comme tu en pinces,
pour le Prince »

Que restera-t-il d’une seule chanson jetée sur YouTube en été ? Le fantasme d’un tube à l’essai, d’un nombre de vues millionnaire, ou d’un geste pour la beauté, de l’art pour l’art. Le label Herzfeld de Strasbourg s’entête depuis une dizaine d’années, via son site, à proposer un format quasi-gratuit (3 euros) et c’est tant mieux : dernier en date, ce Prince de Perse, par Vaillant, sorti de la tête d’Olivier Stula (ex-Second Of June) qui nous émerveille. On pourrait régler l’affaire d’une paresseuse et comique analogie : un New Order 87 bien cramé (ces basses profondes et mourantes) mené par un Plastic Bertrand sous anxiolytique (cette voix étrange aussi fragile qu’elle semble sûre de son fait) fait tourner une ritournelle sans fin, une boucle, parfaite, pourquoi pas, en bande-son d’un jeu vidéo du même nom. Continuer la lecture de « Vaillant, Prince de Perse (Herzfeld) »

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Kings Of Convenience, Peace Or Love (EMI)

Kings Of ConvenienceTout pourrait commencer par un souvenir, un souvenir de vingt ans. Une péniche à Amsterdam, une trentaine de personnes et puis, nous. Et puis, eux. Eux qui sont deux. L’un plutôt calme, poli, distant – introverti pour faire (trop) vite ; l’autre plutôt facétieux, bavard, rigolard – extraverti pour faire (trop) vite. Il est un peu tard – ou pas tant que ça en fait, l’automne a pris ses quartiers et c’est déjà l’heure d’hiver. La nuit est tombée, la salle est plongée dans la pénombre et ils annoncent un dernier morceau, un rappel comme improvisé parce que c’est ce que veut ce public clairsemé. Même en version dénudée – une guitare, une voix –, la chanson résonne comme un hit. Et ça n’en sera bien sûr jamais vraiment un, mais la RPM avait fait en quelque sorte une spécialité de cela : s’enticher de chansons qui auraient dû être des hits mais qui n’en sont jamais devenus… Continuer la lecture de « Kings Of Convenience, Peace Or Love (EMI) »

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Bertrand Burgalat, Rêve Capital (Tricatel)

BurgalatL’enfance reviendra,
comme on saigne du nez
et les noms oubliés sur la photo de classe
sortiront d’un seul coup,
jailliront du passé.

Il n’est même pas question de savoir si on peut être juge et partie. Qu’une personnalité publique à l’aura indiscutable passe aussi habilement des pages de Rock&Folk où il tient une chronique mensuelle hautement pointue, tranchée et personnelle, aux chambres des studios où il empile en stakhanoviste des séances d’enregistrements d’une œuvre à nulle autre pareil, personne ici ne s’en plaint. On aime, dans ce pays, les plénipotentiaires flamboyants, qu’ils soient un peu perdant magnifique, ou qu’ils décrochent le succès, de préférence en fin de carrière, à un âge certain qu’on dira sage. Continuer la lecture de « Bertrand Burgalat, Rêve Capital (Tricatel) »

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Jesuslesfilles, L’heure idéale (Duprince)

Jesuslesfilles

Sur le groupe facebook que Stéphane Lemarchand a créé,  « J’écoute une K7 de la vedette », Daniel Yeang anime le réseau et rythme les journées de ses presque six cents membres abonnés en postant les innombrables écoutes qu’il fait à droite et à gauche. Les nouveautés touchent à tous les styles (du métal au rap en passant par tout l’éventail pop rock) et sont présentées sans chichi, référencées objectivement comme dans un catalogue, et accompagnées d’une note (au dixième près) sur vingt. Pour le reste, à nous d’inventer les discours et les histoires qui vont avec, en animant (ou pas) le débat dans les commentaires. Nouvelle forme de critique musicale collective adaptée au flux incessant des sorties ? Premier tamis avisé et finalement très personnel ? Continuer la lecture de « Jesuslesfilles, L’heure idéale (Duprince) »

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L’Rain, Fatigue (Mexican Summer)

Inouï.

En écoutant Fatigue, second album de Taja Cheek – qui a choisi l’alias L’Rain en hommage à sa mère Lorraine, morte lors de l’enregistrement de son premier disque –, on a l’occasion d’éprouver ce qu’est l’inouï. Rien n’est impossible, les sons sont des sons, les chansons sont des chansons, pourtant on n’a jamais rien entendu de pareil.

C’est normal, c’est un disque.

Ce devrait être normal, c’est un disque.

Ce n’est pas grave, c’est un disque. Continuer la lecture de « L’Rain, Fatigue (Mexican Summer) »

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Michèle Bokanowski, Rhapsodia/Battements solaires (Recollection GRM/Editions Mego)

Depuis maintenant une petite dizaine d’années, l’impeccable série Recollection GRM du label Mego permet de rendre accessible les archives impressionnantes du Groupe de Recherches Musicales. Fondé par Pierre Schaeffer en 1958, ce centre de recherche a contribué de façon majeure au développement des musiques électro-acoustiques (via notamment l’invention/théorisation de la musique concrète, ou de la musique dite acousmatique), et en accueillant en son sein des figures aussi importantes que celles de Pierre Henry, Éliane Radigue, Luc Ferrari, Bernard Parmegiani ou encore François Bayle, par exemple. Avec la parution récente de ces deux pièces de Michèle Bokanowski, Rhapsodia et Battements solaires, c’est ainsi l’occasion de découvrir ou redécouvrir le travail d’une figure plus contemporaine du groupe, aux côtés de celles des « grands » pionniers et « grandes » pionnières évoqués à l’instant.
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Fontaine Wallace, Le Projet (Microcultures)

« Puis j’ai retrouvé Sophie, c’était vraiment bien »

De mon temps, Superflu représentait cette petite chose fragile dont il était aisé de moquer la littérature frontale d’étudiant, disons, pour aller vite, le spleen des jeunes gens français des années 90. Leur musique d’arpèges un peu tristes (le sentiment, pas la qualité) laissaient de glace surtout que l’école Lithium d’à côté – Superflu était signé sur le Village Vert – y allait fort question noirceur et engagement. Il y avait de la retenue alors qu’on se rêvait un peu plus bravache, il y avait du sentiment, alors qu’on se rêvait armé. Pourtant, quand je me suis retrouvé, j’avoue un peu par hasard, au concert du groupe de Nicolas Falez, j’en suis ressorti tout retourné, et même, un peu plus humble. Continuer la lecture de « Fontaine Wallace, Le Projet (Microcultures) »