Jazzoux, Quand Le Jus de Rythme… (In Paradisum)

JazzouxLa dernière et toute récente édition du festival Sonic Protest a pu confirmer l’excellente santé d’une scène aux frontières souvent délicates à cerner : entre bruitisme et arythmie, improvisation néo-free et recherche électronique, elle assume avec une souveraineté radicale le multiple héritage des musiques expérimentales. Au sein de cette constellation, Amédée de Murcia (Somaticae, Balladur, OD Bongo) et Claire Gapenne (Terrine, Headwar, Me Donner) en incarnent avec brio le versant free-beat, noise et industriel. Activistes et pivots d’une mouvance toute entière dévouée au culte du feedback, de la distorsion et du bug analogique/numérique, c’est avec un projet commun, Jazzoux, qu’ils nous reviennent ici. Marquant par la même occasion le retour de l’excellent label In Paradisum, ce disque au titre improbable, Quand Le Jus De Rythme…, impose une sorte de No Techno sauvage et abrasive.

Jazzoux
Jazzoux

Les influences et références du duo apparaissent clairement : un axe early indus (Esplendor Geometrico), Pan Sonic / Mika Vainio évidemment, mais aussi acid lo-fi type Bunker records / Unit Moebius. L’orientation dawless y est clairement assumée, comme si il s’agissait de contourner le formalisme parfois trop maniéré d’une certaine laptop music au profit de l’organicité brutaliste d’un set up plus contraint. Une esthétique de la perturbation du signal qui est tout sauf désincarnée, comme en témoignent des titres comme Combat De Kick ou Mouillé P.I. Car c’est précisément la marque de fabrique d’une certaine communauté d’artistes qui, des labels [ tanzprocesz ] et Third Type Tapes, en passant par exemple par des figures comme C_C ou Le Matin, s’attache à redéfinir les contours d’un anti-dancefloor puisant notamment au sein de l’âge d’or de l’experimental hardcore (Praxis, Datacide, Hangars Liquides, Hekate, etc…). De quoi redonner ses lettres de noblesse à tout un pan des musiques électroniques post-rave, en assumant un dialogue avec ce que la culture sound system a eu de plus aventureux. Et c’est ce dont témoigne un disque comme Quand Le Jus de Rythme…, à savoir une radicalité ludique et décomplexée se rattachant au meilleur des traditions techno et expérimentales. Boîtes à rythme déconstruites, basslines et synthés concassés, participent d’une série de variations autour de l’architecture rythmique 4/4, dont il s’agit subtilement de déconstruire le cadre. Un disque qui impressionne et séduit par sa totale liberté.


Quand Le Jus de Rythme… par Jazzoux est disponible sur le label In Paradisum.

En concert samedi 16 avril au Chinois à Montreuil pour la première soirée DOXA ESTA x LE CHINOIS. Event ici.

Une réflexion sur « Jazzoux, Quand Le Jus de Rythme… (In Paradisum) »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *