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Jean Felzine, Chord Memory (Close Harmonie)

Quatre albums de Mustang, deux avec Jo Wedin : Jean Felzine a pris son temps pour publier un premier album en solitaire. Chord Memory ne s’embarrasse pourtant pas de digressions. L’ex-Auvergnat, désormais à Montreuil, ne balance que neuf chansons, dont deux reprises. L’œuvre, dissimulée derrière une pochette assez moche, n’a pourtant rien d’un EP dont il aurait délayé la sauce. Au contraire, Chord Memory est un disque dense dans lequel les emprunts se fondent parfaitement. Continuer la lecture de « Jean Felzine, Chord Memory (Close Harmonie) »

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Shannon Lay, Covers Vol. 1 (Sub Pop)

Covers Vol. 1 Shannon LayGémir n’est pas de mise aux Marquises.

Découvrir ces mots de Brel à l’orée de l’adolescence donnait le vertige, déjà, alors même que la gangue de jugement que l’on pouvait avoir pour un temps fermée autour de ses disques, de sa figure, parce qu’il s’agissait toujours de trier afin de s’y retrouver, et de se trouver si possible, n’était plus de mise. Si Scott Walker et David Bowie reprenaient Brel, ça pouvait signifier ceci : Brel était, et est, important, et les totems vivent.

Il y avait leçon, qui servira pour la suite : sous notre nez ne s’agite pas autre chose que de bonnes chansons. Dont, donc, Les Marquises et cet énoncé vertigineux, coupant une brume de pizzicati, de ce qui échappe pourtant aux mots mais que l’on peut dessiner ainsi : enlevez tout, rien ne manque. Le jour s’écoule au cœur de l’océan, et les vagues suffisent, arbres, rochers, amitiés, amours, un peu de souffle. Gémir n’est pas de mise aux Marquises. Continuer la lecture de « Shannon Lay, Covers Vol. 1 (Sub Pop) »

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Jana Horn, The Window Is The Dream (No Quarter)

Commencez par casser tous les miroirs de la maison, laissez pendre vos bras, regardez vaguement le mur, oubliez-vous. Chantez une seule note, écoutez à l’intérieur. Si vous entendez (mais cela ne se produira que plus tard) quelque chose comme un paysage plongé dans la peur, avec des feux entre les pierres, avec des silhouettes à demi nues et accroupies, je crois que vous serez sur la bonne voie, de même si vous entendez un fleuve où descendent des barques peintes de jaune et de noir, si vous entendez une saveur de pain, un toucher de doigt, une ombre de cheval.

Après quoi, achetez des partitions, un habit et, de grâce, ne chantez pas du nez et laissez Schumann en paix.

“Instructions pour chanter”, Cronopes et Fameux, Julio Cortazar

Jana Horn ne se prive pas de citer dès qu’elle parle ou écrit, et elle écrit très sérieusement – avec tout l’humour requis ; alors ne nous privons pas de lire, et de l’écouter. Continuer la lecture de « Jana Horn, The Window Is The Dream (No Quarter) »

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Sinaïve, Répétition (Antimatière)

Il n’y a pas si longtemps, j’ai réalisé avec tristesse et désespoir que je ne verrai plus jamais Sonic Youth sur scène. Cette pensée ne m’était jamais apparue aussi claire qu’avant ce jour fatidique ; était-elle due à mon âge avançant au même rythme que les regrets et les souvenirs ? Aux embellies printanières aux airs plus nostalgiques que jamais ? Ou à l’extrême acuité de conscience qui arrive avec les jours en ligne de mire diminuants ? Quoiqu’il en fût, il fallait se résoudre à ne plus jamais retrouver une telle intensité émotionnelle et énergétique, à ne plus jamais atteindre un tel climax d’évènement sonore. Puis, un matin, le son de Sinaïve est arrivé dans mes tympans usés et mon cœur de fan s’est mis à battre avec un retour de flamme inespéré. Continuer la lecture de « Sinaïve, Répétition (Antimatière) »

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Cavalier Montanari, Sea Songs (My Little Cab Records)

Elles sont sept et viennent d’un entremonde aux nuances bleutées. Ce sont des chansons de mirage aux contours flous. Elles s’apparentent à une rêverie d’où surgiraient des notes de musique posées par petites touches et ondulant dans des nappes de brumes. À chaque écoute, elles me laissent comme figé, enveloppé d’un silence mélancolique. Elles sont empreintes d’une saudade aux nuances délicates et profondes, nuances qui leur donnent un arrière-fond énigmatique où l’on pressent que derrière ces chansons, il y a des passages secrets qui pourrait, si on le voulait, nous amener vers nos vies passées, présentes, futures. Derrière l’apparente immobilité qui se dégage de ces sept chansons, il y a comme l’amorce d’une grande respiration, d’une vie qui renaît et ne demande qu’à remplir nos âmes. Comment s’appellent-elles ? Ou plutôt, comment s’appelle ce disque ? Continuer la lecture de « Cavalier Montanari, Sea Songs (My Little Cab Records) »

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Cochon Double, En attendant de mourir (Hummus Records)

Comme souvent, ça commence par une invitation par mail de la salle semi-clandestine du coin, la meilleure, brillante et précieuse, par un lien vers un soundcloud ou un bandcamp, et puis l’illumination vient (ou pas) – d’ailleurs à ce propos, NB : c’est marrant comme le son d’un groupe peut convaincre quasiment dans la seconde, qu’il n’y ait pas besoin d’une écoute torturée pendant des heures, mais que l’envie d’aller plus loin se pose comme une évidence : traîner ses guêtres de vieux fonctionnaire (« en grève jusqu’à la retraite » est écrit sur un mur près de chez moi) parmi les étudiants des arts déco et les jeunes gens punks au RSA pour vérifier si le groupe tient la route en concert, tient les promesses de son enregistrement, et pas que. En général, j’avoue, comme je suis plutôt bon public, je suis vite émerveillé. Continuer la lecture de « Cochon Double, En attendant de mourir (Hummus Records) »

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Those Pretty Wrongs, Holiday Camp (Curation Records)

L’essentiel semble d’emblée condensé dans la grâce d’un titre. New September Song en l’occurrence, comme un clin d’œil presque trop évident adressé au poids de l’Histoire passée – September Gurls –  et une promesse de renouveau d’arrière-saison. Quelques mois après son soixante-dixième anniversaire, Jody Stephens aurait pu songer à savourer la tranquillité d’une retraite musicale bien méritée en se reposant paisiblement sur les lauriers du culte : personne n’aurait songé à l’en blâmer, encore moins à l’en extraire. Que le dernier membre survivant de Big Star consacre même une partie de son temps à entretenir le legs auquel il a lui-même apporté une contribution importante en assurant la codirection des studios. Continuer la lecture de « Those Pretty Wrongs, Holiday Camp (Curation Records) »

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Froid Dub, Deep Blue Bass (Delodio)

C’est comme une montre calculatrice que ta grande tante te ramène de l’empire du milieu au mitan des 80’s. Sauf qu’elle est possédée et enrichie par tout ce qui est arrivé depuis. Et que tu es prêt à défoncer des cartons de déménagement pour en retrouver immédiatement la trace. Où comme le jour de la mort d’Andrew Weatherall et que tu t’es évertué à réécouter tout 2 Lone Swordsmen* et que tu en as peut-être déduit que c’était le meilleur truc qu’il avait jamais fait. Où quand tu avais pensé que Trevor Jackson était Dieu et que Bosco étaient des mariolles, tu te prends la vérité en face, tu n’avais pas raison car tout est question de maturité, de dosage même dans l’excès inversé. Continuer la lecture de « Froid Dub, Deep Blue Bass (Delodio) »