En excellente compagnie – Elise Humbert au violoncelle, Yves Béraud à l’accordéon, Aurel Troesch aux guitares, Jérôme Spieldenner à la batterie, Foes Von Ameisedorf à la basse et Jacques Speyser aux chœurs – Stephan Nieser alias Solaris Great Confusion s’apprête à publier un deuxième album de folk élégant et plein de nuances acoustiques subtiles, Untried Ways. Comme en témoigne ce deuxième extrait, où les contrepoints du violoncelle, les arpèges des guitares et les bruissements des balais s’accordent parfaitement à la trame rêveuse de la mélodie, c’est encore une fois à l’Est – le grand, of course – que le soleil finit par se relever.
Auteur : Matthieu Grunfeld
Catégories interview
Martin Phillipps : « J’ai été un des derniers à pouvoir vivre mon rêve »
Réédition de deux chefs d’oeuvre de The Chills. Le seul membre original a avoir survécu aux 15 line-ups du groupe en parle.
L’ascension, bientôt suivie de la chute. Le succès, dont on s’approche au plus près et qui corrompt. Le mythe d’Icare recyclé dans l’univers impitoyable de l’industrie culturelle. La structure de ce récit est bien connue. Elle imprègne très largement la construction dramatique de The Chills : The Triumph And Tragedy Of Martin Phillips (2019) ce documentaire souvent bouleversant, réalisé par Julia Parnell et Rob Curry et qui retrace pas à pas l’anti-carrière et les drames plus intimes de Martin Phillipps, songwriter néo-zélandais fragile et génial, qui conduit tant bien que mal depuis près de trois décennies le destin fluctuant d’un groupe au sein duquel se sont succedés plus d’une vingtaine de membres. Les narrateurs s’attachent notamment à situer le point de bascule le plus décisif au tout début des années 1990. Tout pile entre deux albums presque jumeaux, et simultanément réédités en vinyle par Fire Records sans aucun inédit pour fausser les impressions d’origine. Submarine Bells (1990) et Soft Bomb (1992). Continuer la lecture de « Martin Phillipps : « J’ai été un des derniers à pouvoir vivre mon rêve » »
Catégories interview
Oddfellow’s Casino – Potion magique
Vingt ans. Pas moins. Répétons-le une fois, au moins, pour en prendre toute la mesure : vingt ans que David Bramwell, seul maître à bord d’un vaisseau taillé par ses propres soins à la dimension de ses compositions étincelantes et méconnues, navigue dans les eaux les plus secrètes de la pop britannique. Depuis les rivages de Brighton, ce dandy touche-à-tout, écrivain, druide de fraîche date, et laborantin pour la BBC à ses heures pas si perdues, n’a eu de cesse de contempler les paysages embrumés d’une Angleterre mi-réelle, mi-fantasmée et dont il excelle à restituer en chansons les mystères poétiques. Sans rompre le fil continu d’une œuvre désormais considérable, Burning ! Burning !, septième album publié en plein cœur du mois d’août, prouve une fois de plus à qui aura le bonheur de l’entendre que Bramwell excelle dans l’art délicat de la rêverie musicale mélancolique et raffinée où, comme chez ses maîtres Mark Hollis et Robert Wyatt, les arrangements savamment dosés et les respirations silencieuses confèrent tout leur relief à des mélodies d’une délicatesse admirable. Mieux encore : afin de célébrer dignement ses deux décennies de passion musicale, il précise dans la foulée que cette nouvelle collection constitue, en réalité, le premier volet d’un triptyque déjà enregistré et dont la suite et la fin s’enchaîneront dès l’automne. Autant de prétextes bienvenus pour profiter de l’occasion festive et engager avec lui la discussion, tout aussi captivante et riche de surprises que ses chansons. Continuer la lecture de « Oddfellow’s Casino – Potion magique »
Catégories Le stream était presque parfait
Cry Babies, Running In The Outer Space (In Fact !)
Tout l’été, les albums qui ont échappé aux radars des plateformes de streaming.
La power-pop – puisque c’est une fois encore d’elle et de ses évangiles dont il s’agit ici – n’a jamais eu très grosse cote, encore moins dans sa version originale, au beau pays du Yéyé. Prenez My Sharona de The Knack, par exemple : la France demeure à ce jour le seul pays où il aura fallu attendre 2004 et une adaptation façon grosse poilade de Michaël Youn – Comme Des Connards – pour que le tube le plus universel du genre s’impose au sommet des charts. A défaut de pouvoir ici décrypter les fondements cachés de cet atavisme paillard, force est de constater qu’il n’y a que dans l’Hexagone où les très rares exemples de diffusion massive de cette forme musicale pourtant profondément accessible ont systématiquement dû emprunter les chemins dévoyés de la gauloiserie en VF. Continuer la lecture de « Cry Babies, Running In The Outer Space (In Fact !) »
Catégories chronique nouveauté
Rose City Band, Summerlong (Thrill Jockey)
Un aveu s’impose d’emblée : à tort, sans doute, on n’avait jamais fait grand cas des déclinaisons multiples de l’œuvre musicale de Ripley Johnson avant qu’il en inaugure l’an dernier cette version un peu décalée et nettement épurée. Un premier album autoproduit, confidentiellement diffusé à compte d’auteur en mai 2019 puis réédité aux premiers mois de l’année du Pangolin par Thrill Jockey – Rose City Band (2019) – puis, dans la foulée, ce Summerlong estival et discret qui confirme et prolonge une première impression saisissante : loin des stridences néo-psychédéliques de Wooden Shijps et de la pop synthétique de Moon Duo, c’est dans cette configuration pastorale et presque nonchalante que Johnson parvient à se rapprocher de l’essentiel. Continuer la lecture de « Rose City Band, Summerlong (Thrill Jockey) »
Catégories sunday archive
Lloyd Cole – Hors Catégorie
Discographie commentée pour la sortie de « Collected Recordings 1983-1989 » chez Tapete Records.
Une silhouette à l’allure à la fois distinguée et nonchalante, une voix empreinte d’ironie et de sensualité, une manière si particulière et nuancée de dépeindre les élans romantiques et les tourments amoureux : la présence de Lloyd Cole dans le cercle étroitement délimité de notre intimité musicale n’a jamais cessé de demeurer, au fil des décennies, si évidente et si familière qu’elle finit parfois par passer presque inaperçue. Cet été, il a suffi que Tapete Records réédite une luxueuse version vinylique de l’intégrale augmentée de l’œuvre des Commotions pour que, gros craquage oblige, resurgissent les souvenirs d’une rencontre en 2013, à l’occasion de la sortie de l’album Standards, cure de jouvence en compagnie de quelques vieux complices – Blair Cowan, Fred Maher – qui nous avait permis de renouer en sa compagnie les fils épars d’une œuvre bien plus audacieuse et considérable que ce que sa réputation réductrice de chanteur cérébral laisse parfois penser. Continuer la lecture de « Lloyd Cole – Hors Catégorie »
Catégories Le stream était presque parfait
Whiteout, Bite It (Silvertone)
Tout l’été, les albums qui ont échappé aux radars des plateformes de streaming.
Quand l’idée a surgi de cette recension estivale et collective de quelques-uns des albums précieux, disparus entre les mailles trop lâches des filets du streaming, mes premières pensées se sont d’abord tournées vers les catégories où se piochent généralement les habituels rescapés de ces opérations de sauvetage rétrospectif : pressages privés ou confidentiels, antiques oubliés des catalogues des années 1960 ou 1970 jamais recyclés en CD – a fortiori en numérique – et autres songwriters maudits voués, dans le meilleur des cas, à des cultes posthumes. Tout cela est bel et bon, mais pas pour aujourd’hui. Englouti corps et biens dans le néant virtuel, Whiteout ne semblait pourtant posséder aucun des attributs le destinant à une disparition aussi rapide et complète. Continuer la lecture de « Whiteout, Bite It (Silvertone) »
Catégories chronique nouveauté
The Explorers Club, The Explorers Club/To Sing And Be Born Again (Goldstar Recordings)
Que reste-t-il à explorer quand tout est déjà découvert ou presque, qu’il faut, d’une manière ou d’une autre, renoncer au frisson de l’inconnu ? Depuis douze ans déjà, Jason Brewer – seul membre permanent de ce Club fondé par ses propres soins – n’a eu de cesse de défricher pied à pied les recoins les plus inaccessibles d’un territoire musical pourtant archi-fréquenté, consacrant comme bon nombre de ses confrères son attention passionnée au patrimoine rebattu de la pop de la deuxième partie des années 1960 en général et des Beach Boys en particulier. Ces quatrième et cinquième albums publiés simultanément présentent sans doute la version la plus accomplie de son obsession jusqu’au-boutiste pour une qualité esthétique d’un autre âge, de cette fascination communicative pour les mélodies radieuses et les arrangements ultra-solaires. Continuer la lecture de « The Explorers Club, The Explorers Club/To Sing And Be Born Again (Goldstar Recordings) »