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David Christian :  » Je ne voulais pas sortir un album punk rock »

David Christian
David Christian

Nous avons déjà clamé haut et fort notre amour pour For Those We Met On The Way, premier album solo de David Christian & The Pinecone Orchestra. La cinquantaine passée et échappé de Comet Gain, Christian a décidé d’assumer pleinement son ambition de singer-songwriter sur ce bijou de pop acoustique et harmonique. Ayant quitté Londres pour s’installer dans la campagne française, toutes les conditions étaient réunies pour enregistrer un album plus personnel que jamais à la mélancolie contagieuse. Nous vous mettons au défi de ne pas considérer Goodbye Teenage Blue ou When I Called Their Names They’d Faded Away comme des classiques instantanés sur lesquels le temps n’aura aucune prise. Après une date annulée à Paris il y a quelques mois, David Christian sera de passage ce soir, le jeudi 22 septembre dans le cadre du Paris Popfest. Profitez-en, il se fait rare en concert. C’est dans le cadre de sa prochaine venue que nous avons échangé sur ce premier album solo, sa nouvelle vie, ses futurs projets, sa collection de disques et ses premiers amours musicaux. Continuer la lecture de « David Christian :  » Je ne voulais pas sortir un album punk rock » »

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Stranger Teens #13 : « When Doves Cry » par Prince

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

1984, j’ai douze ans. Plutôt solitaire, je passe ma vie à écouter Radio Contact et Radio Source, les meilleures stations locales de Saint Brieuc et des alentours. Pourquoi ces deux radios ? Parce que mon tonton Philippe y était dj et qu’il m’emmenait parfois en studio lorsqu’il était en direct à l’antenne. Mais aussi parce qu’on y entendait pas mal de funk et de musique synthétique, styles que j’appréciais tout particulièrement à l’époque. A l’affût devant la sono de mon père, l’index et le majeur posé sur les touches play et record, je guettais, pendant des heures, mes chansons préférées pour les enregistrer sur cassette. Je customisais ensuite les jaquettes en y ajoutant les noms de Kool & The Gang, Cheri, Chaka Khan, Righeira, Kajagoogoo, ou de Moon Ray. Continuer la lecture de « Stranger Teens #13 : « When Doves Cry » par Prince »

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Label Histoire #1 : Fire Records

James Nicholls / Fire Recordings
James Nicholls / Fire Recordings

Quel est le point commun entre Pulp, Pere Ubu, The Chills, Teenage Fanclub, Vanishing Twin, Jane Weaver, The Pastels, The Lemonheads et Marina Allen ? Au-delà de leurs discographies impeccables, tous ont été signés par Fire Records. Voué à disparaître au début des 00’s, le label a connu un second souffle avec l’arrivée de son nouveau directeur, James Nicholls. Ces deux dernières décennies, il a prouvé que l’on pouvait être ambitieux, farouchement indépendant et financièrement viable en maintenant une grande exigence artistique. Les disques de pop indé se sont faits plus rares, laissant leur place au psychédélisme de Bardo Pond ou aux expérimentations de Josephine Foster. Nicholls, en bon passionné, a créé en parallèle un label de rééditions, un label post punk, et une division films. Curieux de connaître ce qui l’anime et de percer les mystères de la gestion impeccable du label, nous l’avons rencontré à Londres dans le quartier de Dalston. Continuer la lecture de « Label Histoire #1 : Fire Records »

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Selectorama : Olivier Rocabois

Olivier Rocabois / Photo : Alain Bibal
Olivier Rocabois / Photo : Alain Bibal


Après des années injustement passées dans l’ombre malgré un talent d’écriture indéniable, Olivier Rocabois avait deux options : capitaliser sur le succès de son récent album
Goes Too Far, ou bien l’absence totale de calcul. N’étant pas du genre à se reposer sur ses lauriers, il sort aujourd’hui The Pleasure Is Goldmine, son nouvel EP. Si la structure des chansons est toujours aussi aventureuse et ambitieuse, l’ensemble est plus direct et épuré. Ce relatif dépouillement lui va aussi bien que ses costumes italiens et a le mérite de mettre en avant l’aspect le plus expérimental de sa musique. Sous une apparente fluidité, on devine à quel point chaque titre a été travaillé, des pistes écartées pour trouver celle qui mènera à l’extase. On sent que Rocabois vit “musique” du matin au soir, et que le mot approximatif a été rayé de son vocabulaire. La principale force du disque est de laisser le temps aux compositions de s’épanouir et de respirer sur la longueur, parfois sur plus de cinq minutes. On a déjà beaucoup parlé de la jeunesse bretonne de Rocabois marquée au fer rouge par les Beatles, les Beach Boys, Bowie ou la britpop naissante. Pour avoir écouté chez lui un bout de playlist qui doit durer plus d’une semaine, je peux vous assurer qu’il serait réducteur de résumer sa culture musicale à ces quelques piliers. Ce Selectorama en est la preuve, et il nous l’explique en détail. Ne le remerciez pas, tout le plaisir est pour lui.
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Selectorama : Tess Parks

Tess Parks
Tess Parks / Photo : Baron Wolman

Il est facile de douter de la sincérité de certains artistes. Prenons le cas de Tess Parks par exemple. De l’extérieur, on ne la sent pas vraiment à sa place, un peu paumée et détachée. Devenue la muse d’Anton Newcombe le temps de deux sympathiques albums sortis en duo et de nombreux featurings, on doutait de voir arriver la suite de son premier LP solo sorti en 2013. Nos impressions n’étaient pas totalement fausses puisque Tess a elle-même choisi d’arrêter la musique pendant plus d’un an pour se consacrer à la peinture. Jusqu’au déclic qui nous amène à la sortie de l’épatant And Those Who Were Seen Dancing, nouvel album au psychédélisme microdosé et aux mélodies subtiles. Le travail sur le son est particulièrement réussi, vous enveloppant sans permettre de lâcher prise, jusqu’à ce que la voix de Tess vous pénètre pour vous asséner le coup final. En ce sens, c’est un disque de communion avec l’auditeur, celui qui permettra certainement de comprendre qui est Tess Parks. Le Selectorama qu’elle nous propose est le compagnon parfait de l’album. Entre perles pop, psychédélisme moderne et morceaux dépouillés jusqu’à l’os, il offre une bonne vision de sa palette artistique. Promis juré Tess, on ne doutera plus jamais de ta sincérité. Continuer la lecture de « Selectorama : Tess Parks »

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Sharon Van Etten : « J’aime les extrêmes guidés par les mélodies »

Sharon van Etten
Sharon van Etten / Photo : Alain Bibal

Sharon Van Etten s’est imposée en douceur comme une figure incontournable dont la reconnaissance a explosé les barrières de l’entre-soi de la scène alternative US. Adulée aussi bien par ses pairs que par les indie kids ou les amateurs de musique plus adulte, elle a réussi à forcer le respect avec des albums qui ne respirent pas forcément la joie. A ce stade de sa carrière, Sharon joue gros avec la sortie de We’ve Been Going About This All Wrong. C’est pile à ce moment qu’elle refuse tout compromis. Aucun single ne sera proposé en teaser avant la sortie de l’album dont le seul titre accrocheur se trouve en fin d’album. Plus synthétique et épique que ses précédents, c’est un disque qui demande une attention particulière si l’on veut se laisser apprivoiser. Derrière sa froideur apparente, on sent pourtant une volonté de s’ouvrir, de communier. Comme Sharon le dit dans cet entretien, sa musique vient de ses blessures, elle ne sait pas comment procéder autrement. C’est cette franchise, cette authenticité et cette absence totale de calcul qui font mouche une fois de plus. Derrière un côté très pro, ces failles et cette générosité se sont ressenties pendant la demie heure d’entretien accordée par l’américaine qui aborde des sujets aussi divers que sa passion pour Fad Gadget ou OMD, que son envie d’écrire plus pour Hollywood. Continuer la lecture de « Sharon Van Etten : « J’aime les extrêmes guidés par les mélodies » »

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Spiritualized : « Je veux terminer ma carrière en fanfare. »

Spiritualized
Jason Spaceman – Spiritualized / Photo : Sarah Piantadosi

Cela arrive rarement, mais il y a des personnes que j’ai peur d’interviewer. Jason Spaceman est l’une d’entre elles. Soyons transparent, il réunit sur papier tous les critères. Non seulement il affiche clairement sa répulsion pour toute obligation promotionnelle, mais sa musique, depuis ses débuts avec Spacemen 3, ne peut venir que d’un cerveau profondément dérangé. Passé d’un minimalisme glaçant à un mur du son Spectorien teinté de psychédélisme (les deux avec option « ++ » en musique de drogué), son œuvre est l’une des plus exigeantes et captivantes de ces dernières décennies. Et puis soyons honnête, Jason Spaceman, ce n’est pas Sœur Sourire. C’est donc avec une légère appréhension que je suis arrivé à l’hôtel où se déroulait une journée d’interview pour Everything Was Beautiful, le nouvel album de Spiritualized. On m’annonce aussitôt que Jason n’a toujours pas quitté sa chambre, le planning a déjà pris du retard. Continuer la lecture de « Spiritualized : « Je veux terminer ma carrière en fanfare. » »

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Selectorama : Destroyer

Destroyer
Destroyer

Survivre à un disque qui a marqué au fer blanc une génération de fans de musique indépendantes n’est pas une tâche facile. Kaputt, sorti seize ans après les débuts de Destroyer, était alors considéré comme un étalon du cool et l’est resté depuis. Car Dan Bejar était déjà en dehors de tout calcul et des courants musicaux éphémères. S’ensuivit un changement de cap moins lyrique, musicalement toujours passionnant, mais en pente douce. D’où la surprise créée par Labyrinthitis, quinzième album de Destroyer, une œuvre de haute volée. New Order faisant partie de l’ADN du groupe, les influences ont beau rester les mêmes, Bejar n’hésite pas à les triturer, à les emmener sur le dancefloor avec une ambition que l’on ne soupçonnait pas jusqu’à aujourd’hui. Labyrinthisis est son disque le plus aventureux car il allie avec classe une évidence pop à une expérimentation sonore un peu crasse. Soit un condensé du meilleur de Destroyer depuis Poison Season, mais qui laisse entrer suffisamment de lumière pour vous donner envie de bouger plutôt que de déprimer au bout du troisième morceau. A l’occasion de ce nouvel album, Dan Bejar nous présente dix titres qui l’obsèdent. De Bill Evans, Fiver à Loscil, tous sont à l’opposé de la densité de ses propres morceaux, mais ils donnent une bonne idée de la quête émotionnelle qu’il cherche à retranscrire. Continuer la lecture de « Selectorama : Destroyer »