C’était une certitude. Cela ne pouvait pas se terminer autrement. Et peu importe la relation nouée avec le groupe. Parce que la foule compacte du Théâtre antique de Fourvière qui affiche complet depuis des semaines est le parfait reflet de ce qu’est en 2019 le public de New Order. On jette un coup d’œil sur les gradins, dans la fosse et c’est cela qui saute aux yeux : la diversité générationnelle. Ils sont tous là, les différents fans du quatuor de Manchester – devenu quintette (avec cette drôle d’équation « – 1 + 2 ») : les quinqua qui ne jurent que par Power Corruption & Lies, voire Movement ; les trentenaires et quarantenaires qui ont pris en pleine poire le single du retour discographique – Crystal, en 2001 ; les plus jeunes qui cherchent à chaque fois dans les morceaux les traces de l’ADN de Joy Division ; ceux qui rêvent de se retrouver sur un dancefloor à ciel ouvert avec les étoiles en guise de boules à facette. Et donc ? C’est bien un fait : se rendre à un concert de New Order aujourd’hui, c’est la quasi-assurance d’être déçu. De rester sur faim. De sortir en se demandant « pourquoi elle et pas une autre ? » Continuer la lecture de « New Order, Théâtre antique de Fourvière, vendredi 28 juin 2019. »
Auteur : Christophe Basterra
Catégories dossier
Elefant 30 : Family
Pour mieux fêter cette année les 30 ans d’Elefant Records (petit label madrilène devenu grand, dirigé par l’infatigable Luis Calvo, soutenu depuis toujours par Montse Santalla), Section 26 multiplie les articles racontant les destinées improbables de certains artistes, disques et autres petites choses liées à la passion musicale. Après Spring et Le Mans, il était a priori impensable de ne pas évoquer l’unique album de Family, Un Soplo En El Corazón, la bande-son idéale pour tous ceux qui tombent amoureux. Continuer la lecture de « Elefant 30 : Family »
Catégories billet d’humeur, chronique anniversaire
#unknownpleasures40 (2)
Ce n’est pas un jour à récrire l’histoire. À faire croire que… alors que non, bien sûr, je n’ai pas acheté Unknown Pleasures le jour, ni même l’année de sa sortie. En 1979, j’écoutais le top d’Europe 1 – Making Plans For Nigel était bien classé – et j’avais les deux premiers albums de The Police en cassette, qui tournait en boucle dans mon petit magnétophone portable. C’est même un jour à redire à quel point je préfère le groupe d’après. Mais peu importe. Continuer la lecture de « #unknownpleasures40 (2) »
Catégories festivals, interview
Steve Albini – Ici l’ombre
Metteur en son et musicien à l’intransigeance légendaire, sur la brèche depuis le début des années 80, Steve Albini a su rester bruyamment pertinent quand nombre de ses paires ont perdu pied – ou plus. À l’aune d’une tournée européenne aussi rare que précieuse de son groupe Shellac qui passera jeudi 30 mai par le festival TINALS à Nîmes, l’occasion était trop belle pour ne pas se replonger dans l’interview que cet artisan taiseux à l’humour cinglant avait daigné accorder, à une époque charnière de sa vie artistique, au printemps 1993, pour le septième numéro du fanzine magic mushroom. Continuer la lecture de « Steve Albini – Ici l’ombre »
Catégories chronique anniversaire
The Cure, Disintegration (Polydor/Universal)
Les 30 ans du dernier grand album de The Cure
Mais comment en est-on arrivé là ? En à peine plus de dix ans, les choses ont incroyablement changé pour The Cure. Né de l’urgence du punk, devenu emblème post-existentialiste (la faute d’Albert Camus), le groupe a vite évolué au gré des humeurs et aspirations d’un leader qui commence par se chercher (un album rose, une compilation américaine) avant de trouver. Trouver une voie (et voix) sonique qu’il s’empresse d’explorer de fond en comble dès les premiers soubresauts de la décennie quatre-vingt. Continuer la lecture de « The Cure, Disintegration (Polydor/Universal) »
Catégories billet d’humeur
Piroshka, jeudi 25 avril à Paris
« Oh la la, je ne t’aurais jamais reconnu ! », me lance la compagne d’un ami perdu de vue depuis vingt et quelques années, alors qu’à ses côtés, leur fille arbore du haut de ses dix ans le tee-shirt rouge d’un groupe que j’ai côtoyé plus que de raison (mais c’était pour de bonnes raisons). Entre nous, je ne sais pas très bien comment j’aurais dû prendre la remarque – mal, sans doute. Mais entre nous, toujours, nous n’étions pas là pour ça – prendre mal les choses. Quelques minutes auparavant, mes amis et moi étions accoudés au bar du pub le Backstage, lieu voisin du Moulin Rouge et de La Machine (l’ancienne Locomotive où deux membres du groupe que nous allions voir ce soir avaient joué à la fin du siècle dernier), et qui tout au fond, dissimule une salle de concert vraiment bien fichue, pouvant sans doute accueillir pas loin de 300 personnes. Elle n’est pas bondée ce soir-là, et c’est sans doute un peu décevant. Car ce n’est pas un soir tout à fait comme les autres. Continuer la lecture de « Piroshka, jeudi 25 avril à Paris »
Catégories documentaire, festivals
Musical Ecran 2019 : Daniel Darc, Pieces Of My Life de Marc Dufaud et Thierry Villeneuve
Le tweet m’a été adressé le 28 février 2013 – ou peut-être le 1er Mars. Le compte venait d’être créé et l’utilisateur n’avait pas pris la peine de mettre une photo de profil. “Lorsque j’ai appris la mort de Daniel Darc, j’ai tout de suite pensé au concert où nous étions allés”.
Nous, c’est elle et moi. Une aventure de courte durée — dont je me souviens très bien car, une fois n’est pas coutume, c’est moi qui y avais mis terme (au retour de mon périple australien, pour ceux qui suivent). Nous ne nous sommes jamais revus – mais j’ai appris après cette (re)prise de contact éphémère qu’elle était sociologue et chercheuse au CNRS.
Catégories selectorama
Selectorama : Joseph Fisher
Des claques, j’en ai prises. Des virtuelles, des réelles. Des claques données par des chansons, des disques, des filles. Non, jamais par des garçons. Enfin, pas directement. Parce que, bien sûr, vous avez raison : derrière les chansons, derrière les disques, il y a souvent eu des garçons. La dernière claque en date – assez violente sur l’échelle des émotions – remonte à l’automne dernier. Un jeune homme que je connais – mais pas si bien que ça –, que j’ai croisé – mais pas si souvent que ça – envoyait les fichiers audio de son premier album à tous ses souscripteurs – via l’excellente structure Microcultures. Ce jeune homme, donc, venait de terminer un disque dont on devinait une gestation longue et parfois douloureuse – mais quand un disque raconte les morceaux d’une vie, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Un disque qui parle de lui, mais qui, ai-je compris dès les (presque) premiers mots (“Moi qui fais tout pour t’épater / qui cherche ton admiration / Je passe mon temps à t’assommer / Quand je ne passe pas pour un vrai con…”), allait aussi parler un peu de moi. Et puis, tant qu’on y est, de vous également. Un disque qui ne fait pas tout à fait les choses comme les autres. Un disque ancré dans la musique d’ici – ces textes encore, comme autant de nouvelles qui pourraient exister par elles-mêmes –, mais aussi tourné de l’autre côté de l’Atlantique.