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Pat Fish (1957-2021)

Pat Fish
Pat Fish (via Fire records)

J’ai toujours gardé à distance le Jazzbutcher, je ne sais pas trop pourquoi. Il était pourtant l’auteur d’un de mes premiers achats du label Creation, son LP appelé Fishcotheque (1988). En le réécoutant ce matin, j’ai bien aimé ce premier morceau, Next Move Sideways, sur lequel il joue avec cette section rythmique de rêve MorganGoulding, celle qui faisait le bonheur de Peter Astor dans les Weather Prophets. J’ai réécouté aussi Looking For Lot 49 qui faisait écho au livre de Pynchon, Vente à la criée du lot 49 qui trainait dans la bibliothèque de mon père et que du coup, j’avais dévoré (le livre, pas mon père), sans rien y comprendre, fin des années 80. J’avais suivi de loin la carrière de Pat Fish en fait, parce que Lawrence, Peter Astor, Dan Treacy ou Stephen Duffy me dessinaient sans doute une plus flamboyante famille anglaise. Je m’étais arrêté après Bicycle Kid, le dernier morceau qui m’avait accroché l’oreille sur le bien nommé Big Planet, Scarey Planet (1989), on ne peut donc pas dire que je suis un spécialiste ou un fan absolu, vous l’êtes tous, lecteurs, sans doute plus que moi. Continuer la lecture de « Pat Fish (1957-2021) »

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Boost 3000, Quel album (Pop Supérette / Another Record)

« Est-ce que tu veux bien enlever l’amertume ? »

Voilà ce que c’est, une trop grande proximité avec un label et son gérant, un disque qu’on a écouté à l’avance et qui nous a comblé, les formules qui jaillissent (« Michel Legrand, mono d’une colonie de vacances à Paisley Park », assez imprécise mais spontanée) et qui ne disent pas grand-chose finalement, les kits de presse que personne ne lit (l’histoire d’un garçon et d’une fille qui filent sur une départementale sur une mobylette kitée, les cheveux dans le vent, ce genre, oui c’était un peu de moi, pas de secret entre nous), et on se retrouve fort dépourvus au moment d’écrire LA chronique qu’on aimerait à la hauteur de ce qu’on entend. Peine perdue, pas grave. Les gens bienveillants de Section26 savent que notre écriture est ancrée dans le fanzinat, pas dans la presse quotidienne nationale, ni la revue universitaire. L’excuse parfaite. Continuer la lecture de « Boost 3000, Quel album (Pop Supérette / Another Record) »

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Supermalprodelica, Tremolo / Pinku (autoproduction)

supermalprodelica

Il y aurait deux périodes à discerner dans l’œuvre de Supermalprodelica. La première remonte à l’aube des temps, entre 1997 et 2002 : le jeune Mazamétain installé à Paris met en boite un album qui porte ce nom à rallonge entre sort de Mary Poppins et jeu sur le vocable « super mal produit », si je crois me rappeler. Il paraît en vinyle sur le label d’un certain Martin Dupré, Paperplane. Cet album qui devait, en pleine folie électronique, l’amener quelque part vers un eden mérité (un contrat avec la major Sony) l’aspire finalement dans un trou noir, la maison de disque calant à résoudre le désenchevêtrement des samples employés à gogo par Michel Wisniewski (pour un histoire complète et détaillée, suivre la page de Section 26 consacrée à l’affaire et rédigée par Philippe Dumez il y a quelques temps). A la suite de cette déception, Supermalprodelica erre dans une sorte d’oubli prudent (ne plus utiliser son nom pour des raisons légales), même si de bien belles pièces continuent de sortir en catimini, notamment deux titres magnifiques pour le label Antimatière (que je connais bien, puisque je m’en occupais) en 2002. Il y aurait à écrire le roman de cette période tant ce 33t originel (et ces maxis ou remix liés) continue de briller comme un diamant noir au fond de la nuit de la techno house française, on va s’y attacher bientôt, si Michel est d’ac.
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Yves Bernard, 15 août EP (autoproduction)

« J’ai repris ma bagnole et j’me suis cassé je remettrai plus les pieds dans cet endroit bondé, dans cet enfer bleuté. »

1. Je l’évoquais pas plus tard que récemment ici à propos de Prince de Perse de Vaillant, l’idée de tube de l’été a toujours taraudé le monde de la musique : idéal pour faire danser dans la chaleur de la saison, il est un enjeu pour le commerce, bien sûr, mais surtout d’image : il s’agit de captiver un public ouvert à la farniente, de lui vendre des tonnes de disques et de devenir la bande-son d’un amour éphémère, d’une rencontre fortuite, ancrée à jamais dans les souvenirs pour finalement s’inscrire dans la culture populaire comme un tatouage estival décidé la cervelle cramée par le soleil. Continuer la lecture de « Yves Bernard, 15 août EP (autoproduction) »

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Lonely Kid Quentin, Quatorze stations (Potagers natures, Fougère Musique…)

« Fais attention quand même,
tu mises tout sur ton air blême »

Sous l’apparence de joyeux drilles, ils tentent de faire passer en loucedé de sacrés paquets d’idées noires, des fêlures, des brisures qui feraient passer les armées de jeunes gens en noir pour de sympathiques fanfares de clowns multicolores. Ils, ce sont nos amuseurs musicaux nationaux : David Lafore, Trotski Nautique, Walter & Lavergne, leur cousin décédé Jean-Luc Le Ténia, j’en passe et des meilleurs ; ont appris de leurs oncles d’Amérique ou d’Angleterre, Jonathan Richman ou Dan Treacy. Les publics s’en iront de leurs concerts la banane au bec, un peu plus musclés des abdos, tandis qu’ils rentreront dans leurs loges les brumes de la dépression se levant dans leurs petites têtes mal faites. Tant pis, incompris, c’est déjà pas mal. Continuer la lecture de « Lonely Kid Quentin, Quatorze stations (Potagers natures, Fougère Musique…) »

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« Trash mental », un morceau inédit signé Sinaïve

Sinaïve n’attendait que ça, le moment de revenir à la vie sur scène et donner chair à leurs musiques. Elles ont besoin d’espace, de temps, de volume. Les concerts du groupe démarrent toujours de façon étrange, on se demande comment les choses vont tourner, comment les éléments vont se mettre en place, toujours à la recherche d’un point de bascule à partir duquel le groupe va entrer en phase et tout emporter sur son passage. Parfois, il suffit d’un détail, un chant qui pointe dans le bruit et dont on comprend une bribe de texte, parfois une basse qui va capter la pulsation juste et entraîner le mouvement, parfois un synthé… Armés de leur nouvelles plages incroyables dont ce Trash Mental qui joue avec les souvenirs d’une autre vie (Sit on it mother !), ils vont tenter de faire chavirer le cœur de nouveaux convertis.


Sinaïve joueront pour la première fois à Paris le mercredi 1er septembre au Pop-Up du Label en première partie de Pam Risourié et vendredi 3 septembre à l’International pour la soirée Buddy Records de rentrée aux côtés de Foune Curry et La Houle. Event ici.

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Alvilda, Négatif (Alien Snatch) / Telly*, Amour Hi-fi (1988 Records)

« Il y a tout ce monde autour de moi, je me demande ce que j’fais là »

Nina, Eva, Sandra et Mélanie reprennent le flambeau d’une pop à guitares primitive et mélodique laissées plus ou moins en jachère depuis les années 80 disons (et disons repris en pointillé notamment par les rockers parisiens des 2000) . Bien sûr, on abusera de la comparaison avec les Calamités, parce que c’est des FILLES (et on jouera le jeu de l’Histoire officielle en admettant que le girl group est un style, pourquoi pas, je ne suis pas trop armé pour la déconstruction), et sans doute aussi grâce à ce son de cave si spécifique d’A bride abattue (la fameuse anti-production de monsieur Lionel Herrmani, ami des Dogs et des Olivensteins). Mais l’énergie véritablement punk d’Alvilda laisse peu de place aux harmonies Beatles si chères aux demoiselles de Dijon, et les chansons apparaissent plus comme des cailloux aiguisés projetés par une fronde que comme les pépites scintillantes (lien Nuggets) d’un temps plus ancien. Continuer la lecture de « Alvilda, Négatif (Alien Snatch) / Telly*, Amour Hi-fi (1988 Records) »

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Le Bâtiment, Réponses rythmiques et mélodiques à vos questions sur la mort (autoproduction)

« Je me noie de lumière et dans l’ombre, bercé, je n’ai plus en dedans de larmes à verser »

Pour son ixième long format – je renonce à compter sur Bandcamp, d’autant plus que j’imagine que d’autres disques de cet énorme corpus se cachent ailleurs – Le Bâtiment continue de s’avancer démasqué. Sans que l’on ne sache trop s’il est question d’économie des moyens, de lâcher prise ou d’adéquation sur-consciente avec le sujet du disque (compris dans le titre) – en gros une urgence à s’exprimer en dehors de tout cadre pour une question de vie et de mort, donc – il se présente avec sa guitare, seul devant son micro, avec de très légers re-re (des chœurs très jolis, une seconde guitare, quelques percussions) pour interpréter, à vif, une dizaine de chansons nues. Continuer la lecture de « Le Bâtiment, Réponses rythmiques et mélodiques à vos questions sur la mort (autoproduction) »