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Vers la violence

Le texte de Blandine Rinkel mis en scène avec La Féline et le danseur Clément Gyselinck

On oublie souvent que le langage est aussi un son, qu’avant la parole, il y a le chant. Une lecture est toujours le moment de la mise en volume de ce qui s’agite dans la tête, de ce qui se jette sur le papier. Blandine Rinkel a choisi la formation d’Agnès Gayraud, La Féline, pour l’accompagner sur scène en compagnie du danseur Clément Gyselinck afin de redonner du corps à son texte, Vers la violence, paru en septembre 2022 aux éditions Fayard. Continuer la lecture de « Vers la violence »

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Sister Iodine, Hollozone (Nashazphone)

On se souvient d’un concert de Sister Iodine aux Instants Chavirés vers la fin des années 2000, qui nous avait totalement chamboulé : la puissance cathartique de la prestation du power trio avant-noise, sa radicalité et l’extrême sophistication de sa déconstruction de l’héritage no-wave, nous avait définitivement convaincu de son importance au sein du paysage des musiques expérimentales. Véritable chainon manquant entre un rock bruitiste — axe Glenn Branca/Sonic Youth (période Bad Moon Rising) — et l’abstract noise électronique — axe Mego/Pan Sonic/Wolf Eyes — , Sister Iodine fait figure de point d’ancrage pour toute une scène française et internationale. Actifs depuis 1992, Lionel Fernandez, Erik Minkkinen et Nicolas Mazet ont en effet élaboré une œuvre à la radicale insularité : formes et formats dont il s’agit de dissoudre les cadres trop établis et contraints, en hybridant d’une manière totalement libre noise, post-rock, power electronic, hardcore ou encore électro-acoustique. Continuer la lecture de « Sister Iodine, Hollozone (Nashazphone) »

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Et puis, on a eu 5 ans.

Visuel : Pauline Nunez
Visuel : Pauline Nunez

En cercle restreint, nous nous sommes demandés il y a quelques temps déjà comment passer ce cap. Il fallait marquer le coup, d’une façon ou d’une autre. Comment témoigner de ces milliers d’enthousiasmes échevelés, de bonne ou mauvaise foi, partagés avec vous ? Quelques idées émergèrent, graphiques, éditoriales, fantaisistes. Puis quelques mois ont passé. Et à l’image de notre leitmotiv des débuts – « on fonce, et on verra après »- , on a décidé en toute dernière seconde de demander à quatre collaborateurs d’aller s’ébrouer sur ce petit exercice d’autocongratulation à notre place. Bien plus intéressant que ressasser les dossiers poussiéreux nous-mêmes. Quatre collaborateurs arrivés en cours de parcours, deux filles et deux garçons qu’on a rencontrés au fil du temps, qui sont devenus partie entière d’une histoire dont ils n’ont pas connu le début. Mieux encore, en dehors de papiers qu’ils ont signé et qu’on est fiers d’avoir publié, ils sont devenus des amis, des personnes chères sur lesquelles on peut compter. Autant que les autres, les historiques, toujours fidèles. Et nous voilà, 5 ans plus tard, plus du tout 26 mais bien plus, prêts à continuer tant qu’on le pourra en toute indépendance bénévole. Vous n’y avez pas cru au départ ? Nous non plus, mais on s’en reparle dans cinq ans.

Thomas Schwoerer

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Selectorama : Attention Le Tapis Prend Feu

Attention le tapis prend feu
Attention le tapis prend feu

Bien sûr qu’il est tentant de filer (électrique) la métaphore vidéoludique proposée par le duo pour enrober leur nouvel album Bogueware (Entre-soi). Tout est à portée de nos mains pour peu qu’on ait un jour tenu une manette ou un nunchuk. Les couleurs sont criardes, les silhouettes photoshopées comme il se doit sur la jaquette, les logos drôlement détournés et le génie va surtout se réfugier dans les sons bien sûr et les paroles chargées de références. Mais à dire vrai, on s’en fout un peu, parce qu’à l’écoute, on se rend bien compte qu’il se passe autre chose chez Attention le tapis prend feu : il y a bien ce truc générationnel (déroulé en bas dans ce selectorama de jeunes gens au parfum), les technologies sur maîtrisés et théoriquement comprises, les bande sons des nuages, tout ça, mais en perçant le mur de pixels, on accède quand même à un drôle de talent dans l’écriture des chansons, leurs arrangements et leur construction : instrumentaux hantés, mélodies au-dessus du lot, diversités des styles – de la chanson faussement ingénue pour petiots à la comédie musicale en passant des trucs pop catchy, novelty (appeler ça comme vous voulez), de la musique de film à la tenue d’un album concept de bout en bout, chapeau les méta-artistes. Continuer la lecture de « Selectorama : Attention Le Tapis Prend Feu »

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Les rennais Tally Ho! font un clin d’oeil bienvenu à The Clean

Tally Ho!
Tally Ho!

Appeler son groupe avec le titre d’une chanson des Clean, c’est classe. Sortir un morceau sous le manteau pour annoncer une soirée entre ami.es l’est doublement. La bande Rennaise Tally Ho!, après un album éponyme sorti chez Beast Records en 2018 – qu’il est toujours nécessaire d’écouter -, remet le couvert avec Standing Tall. Un morceau qui annonce leur concert du 18 Mars organisé par Des Pies Chicaillent, une asso rennaise fort recommandable qui se démène pour avoir des groupes de qualité et organise le festival d’été Pies Pala Pop. Mais revenons à nos moutons. Dès l’intro surgit une basse- batterie entêtante façon Eddy Current Suppression Ring , avec une guitare tantôt en retenue, tantôt revêche, mais toujours pleine de mélodie. La voix robuste appuie parfaitement l’ambiance mi festive, mi mélancolique. Beaucoup d’influences Australes pour un groupe qui devrait vite songer à diffuser leur musique bien au-delà des terres bretonnes. Continuer la lecture de « Les rennais Tally Ho! font un clin d’oeil bienvenu à The Clean »

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Climats #44 : Fontaines D.C., Giovanni Bellini

Aurore boréale en forme de dragon en Islande.

Peut-on écouter Richard Hawley sous la chaleur du port de Bandol ?
Et Nick Drake en version zouk, c’est souhaitable ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #44 : Fontaines D.C., Giovanni Bellini »

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Selectorama : Les Fils De Joie

Les Fils de Joie
Les Fils de Joie, Toulouse, 1983.

Il y a des concerts auxquels on a assisté et qui ont chamboulé un peu notre vie ; il y a aussi des concerts auxquels on n’a pas pu se rendre et qui pourtant nous ont tout autant marqués.

Le 30 avril 1985 est un mardi. Ce soir-là, des élèves d’une Grande École ont invité à Châtenay-Malabry deux groupes d’ici, Les Calamités et Les Fils De Joie, qui sont assez bien placés dans le Panthéon musical d’une des classes de Terminale A1 du lycée Hoche de Versailles. On n’a pas forcément les disques mais des uns, on connaît tous par cœur les paroles d’Adieu Paris – dont on préfère la version originelle, enregistrée sur une cassette vierge lors d’une diffusion sur Radio 7 (sans doute) à celle surproduite par Frank Darcel – et on aime bien Tonton Macoute et leur reprise des Ramones aussi, Havana Affair en version chaloupée ; des autres, on adore Toutes Les Nuits, sa rythmique débridée et ses paroles un peu légères, on est moins convaincu par la reprise de The Kids Are Alright – mais quand même, reprendre The Who, c’est chouette -, et puis, Pas La Peine d’essayer de résister à la pop vintage de ce groupe mixte dont le nom nous fait fondre. Continuer la lecture de « Selectorama : Les Fils De Joie »

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Sinaïve jette en pâture un single étourdissant

Sinaïve
Calvin Keller / Sinaïve dans le clip de « La Citadelle / Bis Repetita » de Fred Poulet

Depuis Strasbourg où la scène souterraine connaît un renouveau enthousiasmant, le quatuor (re)passé trio devient, force aux changements de line-up ou pas, de plus en plus percutant et centré sur l’essentiel. Ce n’est pas notre cher collaborateur Renaud Sachet (Groupie / Langue Pendue) qui nous dira le contraire, lui qui vient de réactiver son label Antimatière pour sortir ce nouvel EP de Sinaïve, groupe dont il nous avait judicieusement soufflé le mot dès le début de leur aventure discographique, vers 2019. Ici, un disque dont nous vous reparlerons bientôt, introduit par ce premier extrait La Citadelle / Bis Repetita, un single étourdissant entre fin de règne sixties et hypno(i)se dérivant dans une outro aux confins du doom. Cloitrés dans le studio de Sainte-Marie-aux-Mines chez Rodolphe Burger le temps d’une résidence, ils ont produit dans l’urgence et la tension émotionnelle un 6 titres sombre, brutal et minimal, à l’os. Comme ces silhouettes longilignes brûlées par la lumière crue de la caméra 16 mm de Fred Poulet. Continuer la lecture de « Sinaïve jette en pâture un single étourdissant »