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Selectorama : Olivier Perez (Garciaphone)

Olivier Perez (Garciaphone)
Olivier Perez (Garciaphone) / Photo : Julie Lopez

Membre éminent de la scène clermontoise, Olivier Perez donne libre cours, depuis un peu plus d’une décennie, à son imagination musicale souvent teintée de mélancolie, entre folk ouvragé et pop orchestrale pleine de nuances. Les deux albums – et le premier Ep – de Garciaphone ont ainsi démontré l’originalité de son talent ainsi que son affection nullement déférente pour quelques-uns des grands maîtres de l’écriture intime à l’américaine (Elliott Smith, Mark Linkous, Jason Lytle). Alors qu’il prépare pour la fin de l’année un troisième album attendu, il se produira ce week-end pour deux concerts franciliens en format plus intime. Et revient pour l’occasion sur quelques-unes de ses passions anciennes ou récentes. Continuer la lecture de « Selectorama : Olivier Perez (Garciaphone) »

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Jean Felzine, Chord Memory (Close Harmonie)

Quatre albums de Mustang, deux avec Jo Wedin : Jean Felzine a pris son temps pour publier un premier album en solitaire. Chord Memory ne s’embarrasse pourtant pas de digressions. L’ex-Auvergnat, désormais à Montreuil, ne balance que neuf chansons, dont deux reprises. L’œuvre, dissimulée derrière une pochette assez moche, n’a pourtant rien d’un EP dont il aurait délayé la sauce. Au contraire, Chord Memory est un disque dense dans lequel les emprunts se fondent parfaitement. Continuer la lecture de « Jean Felzine, Chord Memory (Close Harmonie) »

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Sinaïve, Répétition (Antimatière)

Il n’y a pas si longtemps, j’ai réalisé avec tristesse et désespoir que je ne verrai plus jamais Sonic Youth sur scène. Cette pensée ne m’était jamais apparue aussi claire qu’avant ce jour fatidique ; était-elle due à mon âge avançant au même rythme que les regrets et les souvenirs ? Aux embellies printanières aux airs plus nostalgiques que jamais ? Ou à l’extrême acuité de conscience qui arrive avec les jours en ligne de mire diminuants ? Quoiqu’il en fût, il fallait se résoudre à ne plus jamais retrouver une telle intensité émotionnelle et énergétique, à ne plus jamais atteindre un tel climax d’évènement sonore. Puis, un matin, le son de Sinaïve est arrivé dans mes tympans usés et mon cœur de fan s’est mis à battre avec un retour de flamme inespéré. Continuer la lecture de « Sinaïve, Répétition (Antimatière) »

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Cavalier Montanari, Sea Songs (My Little Cab Records)

Elles sont sept et viennent d’un entremonde aux nuances bleutées. Ce sont des chansons de mirage aux contours flous. Elles s’apparentent à une rêverie d’où surgiraient des notes de musique posées par petites touches et ondulant dans des nappes de brumes. À chaque écoute, elles me laissent comme figé, enveloppé d’un silence mélancolique. Elles sont empreintes d’une saudade aux nuances délicates et profondes, nuances qui leur donnent un arrière-fond énigmatique où l’on pressent que derrière ces chansons, il y a des passages secrets qui pourrait, si on le voulait, nous amener vers nos vies passées, présentes, futures. Derrière l’apparente immobilité qui se dégage de ces sept chansons, il y a comme l’amorce d’une grande respiration, d’une vie qui renaît et ne demande qu’à remplir nos âmes. Comment s’appellent-elles ? Ou plutôt, comment s’appelle ce disque ? Continuer la lecture de « Cavalier Montanari, Sea Songs (My Little Cab Records) »

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Selectorama : I:Cube

I : Cube
I : Cube

Au siècle dernier, il avait terrassé les pistes de danse à l’orée de cette fameuse touche française avec un premier maxi renfermant le précieux remix de Daft Punk de son titre Disco Cubizm. Vingt-sept ans plus tard, revoilà Nicolas Chaix avec un nouvel album – le quatrième, si l’on ne considère pas comme tel son Live at the Planetarium (2006) et sa mixtape M Megamix (2012), sans oublier ceux signés avec son comparse de toujours Gilb’r sous le nom de Château Flight, immanquablement sortis sur leur vibrant label Versatile. Toujours aussi discret et excessivement passionné, il livre ici un album aux antipodes de la fête, où l’électronique s’épanouit non loin de ses racines ambient ou krautrock. Entièrement créé en improvisant sur ses machines (synthés, séquenceurs, boîtes à rythmes et divers effets), naviguant entre rêve éveillé et cauchemar contemporain, Eye Cube est peut-être son album le plus introspectif. Nous avions évidemment envie de découvrir quelques pierres blanches ramassées sur le chemin de ce cador de la musique électronique.

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Blind Test : Bertrand Bonello

Bertand Bonello
Bertand Bonello / Photo : Philippe Quaisse – Unifrance

En 2014, Bertrand Bonello risquait gros : un biopic consacré à Yves Saint Laurent, où le regretté Gaspard Ulliel brillait par sa noirceur, présenté en grandes pompes au Festival de Cannes ; la même année ou sortait un second film sur le même sujet réalisé par Jalil Lespert. Quelques films plus tard (le controversé Nocturama en 2016, où la dérive d’une bande de jeunes se confronte au terrorisme ; Zombi Child (2019), où il réinvestissait le film de genre et Coma l’an dernier, une fiction sur une crise sanitaire confrontée au prisme d’images d’internet), il n’a cessé d’explorer les dérives collectives, les effets de masse, les fascinations équivoques. Au moment de la sortie de Sound Of Bonello où le cinéaste révèle des compositions la plupart inédites créées par lui-même pour ses films, nous avions envie de vous partager ce blind test de 2014, où on découvrait alors ses obsessions musicales. Continuer la lecture de « Blind Test : Bertrand Bonello »

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Froid Dub, Deep Blue Bass (Delodio)

C’est comme une montre calculatrice que ta grande tante te ramène de l’empire du milieu au mitan des 80’s. Sauf qu’elle est possédée et enrichie par tout ce qui est arrivé depuis. Et que tu es prêt à défoncer des cartons de déménagement pour en retrouver immédiatement la trace. Où comme le jour de la mort d’Andrew Weatherall et que tu t’es évertué à réécouter tout 2 Lone Swordsmen* et que tu en as peut-être déduit que c’était le meilleur truc qu’il avait jamais fait. Où quand tu avais pensé que Trevor Jackson était Dieu et que Bosco étaient des mariolles, tu te prends la vérité en face, tu n’avais pas raison car tout est question de maturité, de dosage même dans l’excès inversé. Continuer la lecture de « Froid Dub, Deep Blue Bass (Delodio) »

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Avant-première : Flash Romance de Saintes clippée

Saintes / Photo : Claire Jugulaire
Saintes / Photo : Claire Jugulaire

« Resservez-moi de la romance lyophilisée »

Avec sa ligne obsédante de synthé qui revient en boucle, Flash Romance s’amuse à nous faire basculer dans une faille temporelle. Ou plus subtilement, donne cette impression de manquer une marche, une secousse hypnique, voilà, merci Wikipedia : alors qu’on s’endormirait volontiers dans la nostalgie (d’une époque qu’on a vécu pour le coup, OK Génération X), Anne-Sophie Le Creurer dit Saintes nous fait sursauter avec ses mots trop longs (« lyophilisée », « Terminator », « Kaléidoscope ») et ce chant bancal un peu en retrait qui empêchent la fluidité de la mélodie et rend l’exercice à son étrangeté anachronique, émulée par un des spécialistes du genre, Alexis Lumière, en renfort à la production). On avait eu la même sensation avec les compositions décharnées de ses collègues de bureau d’À trois sur la plage (Liza Liza du duo est aussi la co-fondatrice du label Cartelle qui sort ce disque de Saintes), cette synthpop désarmée de ses atours sexy comiques et renforcée par une précision minimale et glaciale, porteuse de nouveaux messages (féministes). Continuer la lecture de « Avant-première : Flash Romance de Saintes clippée »