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« Good Pop, Bad Pop » de Jarvis Cocker (Penguin Books)

« Choses, choses, choses, qui en disent long quand elles disent autre chose. » Cette citation d’Henri Michaux résume avec poésie Good Pop, Bad Pop, le très joli livre de Jarvis Cocker, récit autobiographique qui s’appuie sur les objets conservés depuis l’enfance, d’un vieux paquet de chewing-gum à sa lettre d’acceptation à la Saint Martin’s School of Design lorsqu’il a 25 ans, bien avant le succès. Jarvis trie ses « cochoncetés » en compagnie du lecteur, à qui il s’adresse pour savoir s’il doit jeter ou garder ce vieil emballage de savon Imperial Leather ou une réplique en carton du sac à main de Margaret Thatcher, acheté dans un HMV en 1979.Les « petits riens », comme un patch du Casino de Wigan, servent donc à raconter l’Angleterre des années 70, celle d’un garçon maigrichon de Sheffield élevé avec amour et humour par sa mère, ses grands-parents et ses tantes après le départ du père, celle des pulls en synthétique, du Marmite, du football et de Top of the Pops. Continuer la lecture de « « Good Pop, Bad Pop » de Jarvis Cocker (Penguin Books) »

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Christine, pour la vie.

Christine McVie

Moins connue que sa camarade Stevie Nicks, Christine McVie n’en fut pas moins un membre essentiel, un véritable pilier même, de l’histoire de Fleetwood Mac. Elle vient de nous quitter, le 30 novembre 2022 à l’âge de soixante-dix neuf ans. Née à Bouth dans une famille de musiciens (un grand père organiste, un père professeur de violon), la Britannique Christine Perfect s’initie au piano dans l’enfance. Dans les années soixante, elle rejoint la bouillonnante scène british blues (Yardbirds, Spencer Davis Group, Alexis Korner’s Blues Incorporated, John Mayall and the Bluesbreakers…). Continuer la lecture de « Christine, pour la vie. »

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Duke Garwood, Rogues Gospel (God Unknown Records)

En 2018, l’anglais Duke Garwood publia en avec son complice Mark Lanegan l’album With Animals via Heavenly Recordings. Aussi sombre que la poix, ce disque eut le mérite d’illuminer nos soirées d’hiver et surtout d’éclairer la carrière de Garwood, musicien londonien proche des Archie Bronson Outfit. Un type bien donc. Depuis la sortie de ce disque, Mark Lanegan a cassé sa pipe, non pas à cause de ses errements passés, mais à cause de la pandémie de Covid 19. Du fléau, il en est question dans ce disque car il fut enregistré par Garwood lors du confinement de 2020 avec le batteur Paul May (déjà présent sur les disques de la période Heavenly Recordings). Rogues Gospel quitte les atmosphères sombres dessinées par la route commune tracée avec feu Mark Lanegan. Garwood repart à l’assaut de ses obsessions sonores, à savoir ces mélopées shamaniques qui avaient séduit un certain James Nicholls alors tout jeune patron du label Fire Records. Continuer la lecture de « Duke Garwood, Rogues Gospel (God Unknown Records) »

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Fred Frith et moi

Le guitariste anglais avant-gardiste vu par ceux qui l’aiment, juste avant sa venue au BBMix ce week-end.

Fred Frith, guitariste anglais aux multiples casquettes peut se targuer d’être le fondateur du RIO (Rock in Opposition), créant le lien artistique entre John Cage et Frank Zappa. Résumer sa carrière en quelques lignes est tout bonnement impossible tant Fred Frith a passé les quarante-cinq dernières années à sans cesse ouvrir des portes à de nouveaux sons et à de nouvelles pratiques. Pour sa venue le dimanche 27 novembre au carré Bellefeuille, les équipes du festival BBMix ont demandé à une série d’artistes de dresser un court portrait de Fred Frith via leur morceau préféré. (Texte : BBMix) Continuer la lecture de « Fred Frith et moi »

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Paul Weller, Will Of The People (UMC)

Dans les derniers jours de l’été 2018, on s’apprêtait à rédiger les ultimes chapitres de Life From A Window-Paul Weller & l’Angleterre Pop, petit bouquin consacré à l’imposante carrière du songwriter de Woking. Ce travail se faisait avec une passion inébranlable mais également avec la boule au ventre. Car il s’agissait de s’en tirer au mieux pour faire de ce premier livre en langue française un document à la hauteur du sujet. Après avoir couvert l’épopée The Jam et la singulière aventure du Style Council, on avait bifurqué sans efforts démesurés vers les premières années solo. Tout s’enclenchait avec une certaine logique, malgré les changements de cap, qu’ils soient brillants ou pas. Il fallait à présent s’attaquer à une période clé : celle qui correspond à changement d’effectif presque total dans un petit monde qui menaçait de ronronner. Ce remaniement de fond des collaborateurs historiques du songwriter, allait finalement prendre la forme d’un saut dans le vide, aussi inattendu que jubilatoire. Continuer la lecture de « Paul Weller, Will Of The People (UMC) »

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That Petrol Emotion – Plein de super

That Petrol Emotion (photo : Andy Catlin)
That Petrol Emotion  / Photo : Andy Catlin

En général, on hésite. On vacille un moment entre les impulsions du cœur et les réticences de la raison. À quoi bon investir dans ces copieuses rétrospectives, dans tous ces coffrets dont l’acquisition, à chaque fois ou presque, s’accompagne, au mieux, du sentiment coupable d’encombrer les étagères de supports musicaux que l’on possède déjà et dont on connaît les moindres détails et, au pire, de la sensation cruelle que la réalité de la réécoute n’est pas forcément à la hauteur des souvenirs plus ou moins précis de la découverte. Il y a heureusement des exceptions. Every Beginning Has A Future, l’intégrale des cinq albums de That Petrol Emotion accompagnée de son lot pas si dispensable de faces B, d’inédits et de versions live sort donc au mois de novembre et, inflation ou pas, on devine déjà que le craquage consumériste sera gratifiant. Continuer la lecture de « That Petrol Emotion – Plein de super »

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Elvis Costello & The Attractions, Imperial Bedroom (F-Beat / Columbia, 1982)

« Masterpiece ? », c’est la question que pose la campagne publicitaire fomentée aux Etats-Unis par le label Columbia à l’été 1982 quand sort le septième album de leur représentant britannique favori : Elvis Costello. On a fait plus discret.

Coup de bol, néanmoins : Imperial Bedroom n’est pas une daube. Loin de là. Donc, le marketeux a quand même écouté la pièce montée. Au pire, il a lu en amont la chronique du alors tout puissant magazine Rolling Stone signée Parke Puterbaugh : « Après des années à avoir furieusement affronté ses obsessions à travers des psychodrames punk trempés dans l’arsenic ou bien des mélos de bars country & western, Elvis Costello a enfin accompli son chef-d’œuvre ». Même pas besoin d’un virement, à l’époque Costello est la poupée gonflante de tous les rock-critics (vous voulez la citation apocryphe de David Lee Roth qui dit, de mémoire, que « Les rock-critics aiment tous Costello, parce qu’il leur ressemble » ? Eh ben voilà). Continuer la lecture de « Elvis Costello & The Attractions, Imperial Bedroom (F-Beat / Columbia, 1982) »

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Musical Écran 2022 : « In The Court Of The Crimson King » de Toby Amies

Il suffit d’un simple moment, d’égarement ou de grande concentration, pour tomber dans King Crimson. Pour beaucoup, ce ne sera jamais le cas et tant mieux pour vous. Parce que sinon, vous êtes ou assez riches, ou totalement foutus. Vraiment, ces coffrets rétrospectifs de plus d’une vingtaine de compact discs répartis par albums ou époques et validés par le maître sont autant jouissifs que dispendieux. Aucun groupe n’a pareil souci de patrimoine, c’est dire l’importance du lien et la qualité de la liaison*. En revanche pour rester un musicien actif dans ce groupe, et c’est je crois le sujet principal de ce film, c’est une autre paire de manches. Et de manches, il ne sera que peu question ici, tant caserner dans la secte de Robert Fripp semble être une affaire éminemment sérieuse, souvent temporaire donc, entre le sacerdoce, le partage du sublime, et la nécessité de l’intensité. Continuer la lecture de « Musical Écran 2022 : « In The Court Of The Crimson King » de Toby Amies »