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Playlist : Tous les chemins mènent à Saint Etienne

Saint Etienne / Photo : Paul Kelly
Saint Etienne / Photo : Paul Kelly

Je l’ai déjà maintes fois dit / écrit / crié : Saint Etienne reste pour moi l’incarnation même de l’une des plus grandes injustices de l’histoire de la pop – moderne ou pas –, en particulier dans nos contrées, où leurs disques ont le plus souvent été accueillis dans une indifférence polie (oui, même le fameux Saint Etienne Daho de 1995) alors que sincèrement, ces gens-là ont écrit plus de singles que tous leurs contemporains réunis. Surtout, ils ont aussi mené leur barque comme ils auraient voulu que leurs groupes ou artistes favoris mènent la leur. Alors, ils ont laissé certaines de leurs compositions entre les mains d’artistes dont ils étaient fans, renoué avec les traditions de singles de Noël et des compilations offertes aux membres du club de fans ; ils ont continué d’imaginer des structures épatantes pour produire des groupes chers à leur cœur (Icerink, Royal Mint, Emidisc), composé pour (ou remixé) d’autres, offert des chansons à des petits labels  le temps de 45 tours vinyle précieux – à une époque où le mot même de « vinyle » était banni. Alors voilà, plutôt que de résumer tout cela en décalquant l’une des compilations consacrées à ce trajet exceptionnel (mention spéciale pour London Conversations), j’ai préféré piocher parmi ces titres qui font d’ordinaire le bonheur des collectionneurs. Pour mieux illustrer, non sans une pointe de prétention, le talent de Bob Stanley, Pete Wiggs et Sarah Cracknell, responsables de la bande originale rêvée de tous ceux qui pensent qu’une seule chanson peut changer le cours d’une vie.

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Saint Etienne, le dernier disque du reste de leur vie

Saint Etienne, back in the days / Photo : Joe Dilworth
Saint Etienne, back in the days / Photo : Joe Dilworth

C’est toujours la même histoire depuis quelque temps déjà… Se souvenir de la première fois. De la première fois où l’on a découvert tel groupe, tel disque, telle chanson. Parfois, ledit souvenir est clair, limpide et ramène à un lieu, un jour tellement précis qu’on a l’impression de pouvoir revivre l’instant. Parfois, il a été comme effacé de la mémoire, sans raison particulièrement valable. Et sans doute encore moins valable lorsqu’il s’agit de Saint Etienne, tant c’est l’un des groupes qui a beaucoup compté dans ma vie professionnelle (les années Mushroom, les premières piges pour Rock & Folk, la naissance de la RPM) et la vie privée (nous y reviendrons – enfin, peut-être), tant il a accompagné la dernière décennie du XXe siècle presque au quotidien et les premières années du XXIe siècle sur un rythme presque identique. Continuer la lecture de « Saint Etienne, le dernier disque du reste de leur vie »

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Saint Etienne, International (Heavenly Recordings)

Saint Etienne, comme j’aime le dire, c’est un arc-en-ciel musical, souvent mélancolique, parfois triomphant, par moments euphorique mais toujours optimiste. Ou alors, un cristal dont la couleur varierait en fonction de la lumière.
Écouter Saint Etienne c’est s’ouvrir à un récit qui est le leur – Sarah Cracknell, Bob Stanley, Pete Wiggs -, une récit qui est aussi devenu le nôtre – nous, les enfants de la pop moderne -, un récit qui toujours nous hypnotise, un récit qui nous intrigue par sa délicatesse, par son élégance. Saint Etienne revient avec un nouveau et dernier album – ils l’ont annoncé ainsi, ndlr -, International. J’ai réfléchi pendant des jours à ce que je pouvais en dire, j’ai d’abord écrit des choses sans grand intérêt et puis, j’ai fini par réaliser qu’il me fallait d’abord, parler des deux disques précédents, I’ve Been Trying to Tell You et The NightContinuer la lecture de « Saint Etienne, International (Heavenly Recordings) »

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H. Hawkline walk the line

H. Hawkline
H. Hawkline

Annoncé pour le 10 mars 2023, Milk For Flowers, le nouveau disque de H. Hawkline, s’annonce fameux. Et nous ne sommes pas très étonnés : H. Hawkline est ce genre de musicien qui coche toutes les (bonnes) cases. Il fait partie, depuis 2015, sur le label Heavenly Recordings (Doves, Ed Harcourt, Saint Etienne…). Jeff Barrett, à qui on ne la fait pas, a sûrement compris le potentiel d’Hawkline en écoutant The Strange Uses of Ox Gall, son deuxième disque publié en 2011 chez Shape Records. Quatre ans plus tard, In The Pink Of Condition propulsait ce Gallois sur le devant de la scène anglo-saxonne. Continuer la lecture de « H. Hawkline walk the line »

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Selectorama : Confidence Man

Confidence Man
Confidence Man / Photo : Jamie Heath

Ok, il a fallu un petit temps de réflexion pour décider si Confidence Man avait sa place ici, tant le quatuor de Melbourne s’illustre dans une dance pop totalement exaltée à la limite de la poule sans tête. Quelques signaux sont toutefois passés au vert : en premier lieu, ils sont signés sur Heavenly Recordings, que l’on suit depuis trois décades, de East Village à Saint Etienne, en passant par Beth Orton, The Magic Numbers ou Doves, jusqu’à plus récemment Working Men’s Club, Baxter Dury et tant d’autres. Puis, dans les playlists de A Certain Radio, on les retrouve autant chez le vétéran éclairé Daniel Dauxerre que chez Pipi de Frèche, notre onde sensible. Soit. Mais qu’en est-il de cet album si justement nommé Tilt ? Sorti il y a quinze jours à peine, ils ont apparemment balancé dans pèle-mêle dans la marmite breaks mancuniens, pianos house, basses stéroïdées, lyrics aussi joyeusement crétins que back in the days dans les 90s (Push It Up, KIss N’Tell, ce genre), allant radicalement à contre-courant d’une ère totalement anxiogène. Alors, soit on l’admet et on considère que Holiday est le meilleur hymne après moi le déluge, soit on retourne chouiner en écoutant des choses tristes. Vous êtes prévenus, et pour mieux comprendre leur confidence, voici les neuf titres qu’ils ont choisis pour ce selectorama absolument pas sérieux. Continuer la lecture de « Selectorama : Confidence Man »

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Baxter dure vraiment plus longtemps

Un Best Of, une autobiographie : Baxter Dury n’a pas chômé pendant le confinement.

Baxter Dury / Photo : Hannah Molin Delafosse
Baxter Dury / Photo : Hannah Molin Delafosse

Avec le temps, le dandy britannique Baxter Dury a appris à se méfier des journalistes, même des plus bienveillants à son égard. Si de ce côté-ci de la Manche, personne ne fait vraiment attention à la figure du père Ian Dury, dans son pays Baxter Dury reste le “fils de”. Son parcours au long cours, fort de six albums depuis 2002 et d’un livre au titre français mais uniquement disponible en langue anglaise, Chaise Longue, présenté par son éditeur comme autobiographique, en impose désormais sérieusement face à celui du caricaturiste du mode de vie Sex & Drugs & Rock & Roll finalement incapable de surmonter le succès. Continuer la lecture de « Baxter dure vraiment plus longtemps »

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The Parrots, Dos (Heavenly Recordings / PIAS)

Dos by The ParrotsLa dernière fois que j’ai vraiment prêté attention à leurs chansons, c’était en 2019, dans la moiteur d’un été madrilène, pendant un festival où je m’étais rendu avec une femme pour voir The Cure. Je ne connaissais pas grand-chose de ces gars-là : une reprise très addictive d’un hit reggaeton (!) – Soy Peor, le temps d’une version à faire passer les Happy Mondays pour les Petits Chanteurs à la Croix de Bois –, des accointances avec les filles de Hinds – voir et revoir le clip de Davey Crockett (une reprise de Thee Headcoats, je le précise car sinon Etienne et Bertrand, parmi les meilleurs d’entre nous, pourraient avoir envie à très juste titre de me casser le figure alors que je suis plutôt un pacifiste) – et le fait qu’un ami pour la vie était tellement persuadé de leurs talents qu’il s’est entiché de leur destinée – et cet ami-là s’est rarement trompé pour ces choses-là (et pour d’autres aussi). Continuer la lecture de « The Parrots, Dos (Heavenly Recordings / PIAS) »

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Saint Etienne : « On aurait adoré qu’Andy Weatherall écoute notre album »

Photo : Alasdair McLellan
Photo : Alasdair McLellan

Freud a écrit que l’interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient. Si certains partagent cet avis qui commence à dater, de mon côté, je proposerai plutôt une écoute de I’ve Been Trying To Tell You, le nouvel album de Saint Etienne. Ce disque déroute, séduit, provoque l’incompréhension et fait certainement débat. Mais au fond, on s’en moque car vous seul pouvez en écrire la chronique. I’ve Been Trying To Tell You ne se partage pas. Il s’écoute en solitaire, au calme, sans aucune distraction. C’est un rêve éveillé qui vous racontera une histoire différente à chaque écoute. Une écoute peu attentive fera penser à de la chillwave, mais cela semble réducteur au regard des intentions de départ du groupe. Ce disque est en effet une œuvre sur la mémoire. Il s’accompagne d’un film réalisé par Alasdair McLellan. Composé quasi exclusivement de samples de titres pop commerciaux sortis entre 1997 et 2001, I’ve Been Trying To Tell You se veut le reflet de la période pleine d’espoir allant de l’élection de Tony Blair jusqu’aux tragiques événements du 11 septembre. L’optimisme se mélange à la noirceur avec subtilité sur ces huit pistes où l’on entend très peu la voix de Sarah Cracknell qui a préféré s’effacer pour rendre les morceaux plus suggestifs. Pete Wiggs nous explique dans cet entretien comment cet album et son concept a pris le dessus sur le groupe plutôt que l’inverse. Il se plonge également dans quelques souvenirs pour parler des trente ans de la sortie de Foxbase Alpha, nous parle de sa passion naissante pour le prog rock et de son fils, grand fan du groupe Suede. Avec la sortie de cet album ovni, Saint Etienne confirme ce qu’ils affirmaient en 1991 : Nothing Can’t Stop Us. Continuer la lecture de « Saint Etienne : « On aurait adoré qu’Andy Weatherall écoute notre album » »