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Thomas E. Florin, Autodafé, comment les livres ont gâché ma vie (Le Gospel)

Thomas E. Florin, Autodafé« Je me suis rendu compte que j’en avais trop » était une phrase de prophète.

Même s’il y avait certainement un contresens caché, ou une dérive intime, dans mon attachement immédiat au livre de Thomas E. Florin, il n’en est pas moins que je l’ai lu jusqu’au bout, espérant dénouer ce nœud qui me serre le ventre depuis quelques années, et cet héritage empoisonné de la bibliothèque paternelle. Nager dans les livres est une expérience que je connais, des livres accumulés depuis les années 1950, pas des livres exceptionnels, mais les livres d’une vie, et pas la mienne. Je crois qu’une des seules questions intéressantes que j’ai posée à mon père pendant mon adolescence concernait aussi le sujet d’Autodafé : « Tu n’as jamais eu envie d’écrire un roman ? ». On sentait poindre cette confusion entre la passion des autres et la culture de soi-même, qui me poussa à enregistrer des disques sans intérêt – sinon de documenter des instants précieux de vie – parce que j’aimais écouter de la musique. Mais bref. Je ne me rappelle plus de la réponse de mon père, sans doute avait-il compris qu’il n’y avait pas trop de liens, ou trop de liens justement. Continuer la lecture de « Thomas E. Florin, Autodafé, comment les livres ont gâché ma vie (Le Gospel) »

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Section 16 S2E1 : Basile, 13 ans

Qu’écoutent réellement nos kids ?

Basile / Photo : Pauline Richard
Basile / Photo : Pauline Richard
Logo de Gabrielle B.

Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écrivent quelques lignes ou des tartines pour Section26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? Pas forcément, la preuve par 16, comme en témoigne la première mixtape de cette deuxième saison, concoctée par Basile, 13 ans.

AVIS A LA POP.ULATION : Vos enfants aiment la musique (TOUS types de pop moderne) ? Envoyez-nous un mail à section26.popmoderne@gmail.com !

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Leopardo on the road, de la Suisse aux States

Leopardo / Photo : DR
Leopardo / Photo : DR

Nos Helvètes préférés reviennent avec un quatrième album, sobrement nommé Side A / Side B.  La bande dispersée dans les quatre coins de la Suisse a réussi son pari en s’exportant chez l’oncle Sam. Après une belle première tournée en 2022 pour l’album Malcantone, le groupe à pu tracer la route de l’est Américain. Comme souvent, il est question de rencontre, après un de leur concerts à Brooklyn, quartier de Tom Hyland et de son label Dot Dash, artisan de sorties obscures dont nous avions parlé, avec The Sheaves en tête. Ils décident de travailler ensemble sur la sortie du nouvel album. Léopardo à la facilité déconcertante de sonner pop en gardant du grain et en explorant l’héritage de groupes tels les Country Teasers, Slapp Happy ou le Performing Ferret Band. Pour preuve, en première écoute, Ile D’Ogoz, un coin de terre sur le lac de la Gruyère ou Romain allait fumer ses dernières clopes et divaguer dans ses pensées. Une belle balade inspirée, tantôt country, tantôt acide, dans un clip perché réalisé par Elias Gamma. Continuer la lecture de « Leopardo on the road, de la Suisse aux States »

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Nina Garcia, Bye Bye Bird (Ideologic Organ)

Nina Garcia, Bye Bye Bird (Ideologic Organ)Il existe une lignée de guitariste improvisteur.ice dont la confrontation avec l’ instrument renvoie à quelque chose de l’ordre de la corporéité : Fred Frith, Glenn Branca, ou encore David Grubbs. Assurément, Nina Garcia appartient à cette filiation. Depuis une dizaine d’années avec Mariachi, son projet le plus emblématique, mais aussi avec Maria Bertel ou Arnaud Rivière (Autoreverse), elle explore les limites de l’instrument iconique des esthétiques électriques : la guitare, appréhendée avec un radicalisme qui la rattache au minimalisme noise − pour aboutir à une sorte de post-no wave fondamentalement mutante. Continuer la lecture de « Nina Garcia, Bye Bye Bird (Ideologic Organ) »

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Ici et maintenant

Now / Photo : DR
Now / Photo : DR

Après avoir fait le récent éloge du dernier single des Sharp Pins dans une borne d’écoute Section 26 pas plus tard que la semaine dernière, on tire à nouveau notre chapeau à Calvin Johnson, grand gourou de K Records, pour avoir eu le flair d’héberger le groupe Now sur son label-caverne d’Ali-Baba. En l’attente de l’album Now Does the Trip à venir en mai prochain, nous pouvons nous délecter à l’avance du premier single In Pathécolor, à travers lequel le trio semble avoir conjugué la joyeuse naïveté des premiers Pastels avec l’esprit du psychédélisme des rives de la baie de San Francisco qui les a vu naître. Continuer la lecture de « Ici et maintenant »

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je ferme les yeux

À propos d’Hypnogram de Thurston Moore, extrait de Flow Critical Lucidity (Daydream Library)

Porquerolles / Photo : Sébastien Berlendis
Porquerolles / Photo : Sébastien Berlendis

J’avance le départ d’une journée, je quitte à la hâte la maison du Radar à côté du sémaphore dans les hauteurs de l’île de Porquerolles. Depuis le Cap d’Arme, je prends le temps de saluer, comme chaque matin, l’étendue bleue qui s’allonge et scintille —sans doute jusqu’aux côtes africaines. Malgré la lourdeur du sac, je descends en courant les premiers lacets, coupe à travers les champs d’oliviers. Continuer la lecture de « je ferme les yeux »

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Selectorama : Dodi El Sherbini

Dodi El Sherbini / Photo : Ph. Lebruman
Dodi El Sherbini / Photo : Ph. Lebruman


« J’ai niqué le feu arrière »

On est bien avancé quand on dit que Dodi El Sherbini a sorti il y a quelques mois l’un des disques les plus beaux de 2024. La preuve Ave César nous accompagne un peu plus chaque jour, faisant son trou en même temps que le mystère s’épaissit un peu plus autour de sa nature. On tenterait bien de définir cet objet insensé, mais il est bien difficile de le décrypter, notamment à travers des paroles à la poésie folle, mélange de tournures raffinées truffées de mots, comme des résidus de langage urbain publicitaire ultra contemporain, d’argots de réseaux qui citeraient des classiques de la littérature. Une vraie langue pendue personnelle magnifique portée par une sorte de chanson soul qui groove, avec la voix abîmée de gentleman cramé qu’il faut. Continuer la lecture de « Selectorama : Dodi El Sherbini »

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Gary Louris, Dark Country (Thirty Tigers)

Qu’écrire de l’amour qui va et qui dure ?  Il n’est pas toujours aisé d’apporter une réponse satisfaisante – et, surtout, artistiquement convaincante – à cette interrogation aporétique lorsque l’on a choisi de creuser le sillon de son œuvre dans un registre musical qui, depuis ses origines, semble le plus adéquat pour évoquer les élans des premières passions adolescentes, l’intensité inégalable du coup de foudre ou les phases terminales et tempétueuses des déchirements. Bien moins pour célébrer, à tout juste soixante-dix ans, la sérénité apaisée de l’attachement réciproque au long cours. Pour une chanson, le couple tranquille n’est pas nécessairement un bon sujet : pas assez de vagues, de reliefs douloureux pour que l’on trouve un compte quelconque à écouter celui qui raconte calmement ses histoires de trains quotidiens qui ne cessent d’arriver à l’heure. Et pourtant, pour paraphraser ce brave Alfred, les chants d’amour les plus murs sont parfois les plus beaux. Et ceux de Gary Louris provoquent de purs sanglots. Continuer la lecture de « Gary Louris, Dark Country (Thirty Tigers) »