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Anne Laplantine, Partons pour tu (Frissons)

« Ça marche ? »

Anne Laplantine est une figure légendaire quoique toujours discrète qui a hanté le début du XXIe siècle : musicienne de l’ombre, elle a produit un certains nombres d’artefacts (cassette, vinyle, CD) sur plusieurs maisons de disques plus ou moins visibles. Avec cette façon de ne jamais être là où on supposait qu’elle soit : entre une synthpop en français bizarre, des piècettes lo-fi cubisto-brutes, et les instrumentaux électro 80s enregistrés – on imagine – sur ordi ou sur 4-pistes, elle a convaincu des marques qui avaient plutôt le vent en poupe : que ce soit à l’étranger chez les Allemands de Tomlab, ou que ce soit chez les Parisiens de Gooom Disques. Elle a aussi croisé ses compositions avec le top du pointillisme pointu, le trouvère folktronic Momus pour une pièce magnifique, Summerisle et joué avec quelques masques, comme une protection supplémentaire (alias Michiko Kusaki par exemple), l’amenant à être écouté plus en dehors du pays qu’ici même (de l’Allemagne au Japon en passant par les États-Unis). Le truc, c’est que si on l’avait un peu perdue de vue, elle n’a jamais arrêté, continuant d’œuvrer sur des cellules avant-gardistes cassettophiles Tanzprocess ou Midi Fish. Continuer la lecture de « Anne Laplantine, Partons pour tu (Frissons) »

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« Pauline Black : A 2 Tone story » de Jane Mingay

Pauline Black / Photo : DR
Pauline Black / Photo : DR

Musical écran #11 Bordeaux Rock 2025Programmé lors du festival de documentaires musicaux de Bordeaux, Musical Écran, le film consacré à Pauline Black, chanteuse de The Selecter, révèle une figure atypique et offre un visage original de l’explosion du ska two-tone en Angleterre. Il retrace surtout le destin d’une femme noire au sein de la pop culture — une dimension souvent occultée. Le ska two-tone connaît un regain d’intérêt. En tout cas, il se patrimonialise avec succès. Série télé, documentaire sur Madness sur Arte, livre sur Terry Hall… Ce courant dit revival, né à la fin des années 70 dans la traînée de poudre du punk, ne se résume plus à un simple sous-genre, une hybridation entre l’héritage jamaïcain et la culture british. Il a acquis ses lettres de noblesse dans la discographie idéale du streaming triomphant. Continuer la lecture de « « Pauline Black : A 2 Tone story » de Jane Mingay »

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« S/He Is Still Her/e » de David Charles Rodrigues

Genesis P-Orridge / Photo : DR
Genesis P-Orridge / Photo : DR

Musical écran #11 Bordeaux Rock 2025Le film sur la musique est un genre singulier, tant il est délicat de discerner ce qui constitue ses spécificités. Déterminer un langage formel qui lui serait propre est souvent une tâche complexe. Par exemple, les travaux d’Anton Corbijn ou de Marie Losier réinvestissent à leur manière les codes du documentaire, en réinterrogeant ce qui constitue son matériau – le réel, en l’occurrence ici la musique, est saisi par une logique de mise à distance et via un détour par la fiction notamment. Autrement dit : une pratique qui s’assume comme un art de l’image, avec ses codes et son esthétique spécifiques. Mais les limites de ce type de film apparaissent aussi très souvent, cantonnant nombre de propositions dans le domaine du traitement journalistique, dans celui du reportage. Continuer la lecture de « « S/He Is Still Her/e » de David Charles Rodrigues »

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« Paul Di Anno, Iron Maiden’s Lost Singer » de Wes Orshoski

Paul di Anno / Photo : DR
Paul di Anno / Photo : DR

Musical écran #11 Bordeaux Rock 2025En de nombreuses occasions, un peu pour le plaisir de faire chier mais surtout parce que je le pense vraiment et sincèrement, il m’arrive d’inclure une ou deux saillies d’Iron Maiden première période dans ma liste des meilleurs morceaux post punk de tout l’étang. Prowler, Running Free, Women In Uniform, Iron Maiden, Drifter, Wratchild (une ligne de basse introductive à faire caguer JJ Burnel et Peter Hook de concert), Killers (chédeuvrabsolu, dans le genre les Allemands ont essayé de tuer nos parents pendant quatre longues années, seul le Section 25 de The Beast – Matrixmix —, sorti 6 mois plus tard, est à niveau), Purgatory, n’en jetez plus. Continuer la lecture de « « Paul Di Anno, Iron Maiden’s Lost Singer » de Wes Orshoski »

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« Vivre et laisser vivre : la voix de Jackie Shane » de Michael Mabbott et Lucah Rosenberg-Lee

Jackie Shane / Photo : DR
Jackie Shane / Photo : DR

Musical écran #11 Bordeaux Rock 2025Le téléphone retentit, une femme réagit incrédule : « …but who is Jackie Shane ? »cut — dans l’effervescence obscure d’un cabaret de Toronto des années 1960, une voix chante, s’éraille et harangue au milieu des clameurs du public… le décor est planté, la question est désormais brûlante : qui est donc la belle inconnue ? C’est Jackie Shane, chanteuse noire transgenre dont l’existence constitue une intrigue fascinante pour certain·es et un véritable culte d’adoration pour d’autres — « I opened for Etta James, The Drifters, Marvin Gaye, The Temptations… » — qui crève l’écran dans Vivre et laisser vivre : la voix de Jackie Shane, signé Michael Mabbott et Lucah Rosenberg-Lee, un documentaire-biopic qui tente de la ressusciter par fragments, par invention nécessaire, transformant une absence en une présence qui demeure, spectrale. Continuer la lecture de « « Vivre et laisser vivre : la voix de Jackie Shane » de Michael Mabbott et Lucah Rosenberg-Lee »

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« Butthole Surfers, The Hole Truth and Nothing Butt » de Tom Stern

Butthole Surfers, 1985 / Photo : DR
Butthole Surfers, 1985 / Photo : DR

Musical écran #11 Bordeaux Rock 2025Bien avant Primal Scream et un peu au même moment que New Order, le groupe Texan ZZ Top a su lui aussi faire un salutaire rapprochement entre la musique rock et la techno. J’espère que tu as bien de l’urticaire à lire ceci. Sauf que c’est rigoureusement vrai. Eliminator est sorti le 23 mars 1983, soit à peine 4 mois après Thriller de Jacko et précisément 16 jours après Blue Monday. Mais tu dois foncièrement te dire que le Texas c’est sympa comme tout et que ces sympathiques chantres du heavy blues aux systèmes pileux revendiqués ne sont finalement que la partie un peu fun d’un état rétrograde et miné par un conservatisme rural arriéré. Je pense, mon petit bonhomme que tu n’es pas au bout de tes peines. Continuer la lecture de « « Butthole Surfers, The Hole Truth and Nothing Butt » de Tom Stern »

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Sous Surveillance : Hey! Music

Margosha, Hey! Music / Photo : DR
Margosha, Hey! Music / Photo : DR

Qui ?

Eux, c’est Hey! Music (d’après une marque de jouets musicaux, salut Pianosaurus, Alex Garvin, si tu nous lis) : l’année dernière, Margosha a rencontré Oliver grâce à une collaboration avec Gabin d’Eeyora (interviewé dans l’arrière-magasin en 2024). Plus tard, Nico les a rejoint et le groupe s’est concrétisé. Tous les membres s’investissent vocalement sur les morceaux, c’est un peu l’essence du groupe.

Margosha : guitares, voix, theremin, synthé
Oliver : batterie, voix
Nico : bouzouki, basse, voix
Paule : synthé, voix
Wannès : violon, basse, voix
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Slow Leaves, In Solitude, For Company (Birthday Cake Records)

Je n’écris pas de chansons tristes, j’écris des chansons sur la solitude. Je crois que c’est à partir de ce moment là, quand j’ai lu ces mots, ces mots qui m’ont parlé, que j’ai définitivement chaviré et que j’ai plongé tout entier dans les 14 titres de In Solitude, For Company de Slow Leaves, le projet de Grant Davidson, un musicien canadien qui vit à Winnipeg. Après trois albums réalisés avec un budget très limité sous son propre nom, a fait ses débuts sous le nom de Slow Leaves en 2014 avec Beauty Is So Common, suivi de Enough About Me (2017), Shelf Life (2020), Holiday (2021), Meantime (2023) et enfin, In Solitude, For Company (2025). La vie est semée de ces miracles que peuvent toujours espérer les personnes qui aiment et pour qui aime la musique, pour qui aime les voix douces, pour qui aime ces guitares d’un autre temps, pour qui aime, tout simplement, ce disque est un miracle. Il y a quelque chose qui bouleverse et qui bouleversera ceux qui accepteront de se laisser emporter par ces chansons dépouillées – une voix, une guitare – mais tellement riches – de mélodies discrètes, de mots justes -. Continuer la lecture de « Slow Leaves, In Solitude, For Company (Birthday Cake Records) »