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Panda Bear, Sinister Grift (Domino)

Animal Collective a très brièvement été considéré comme un sommet musical inégalable (entre 2006 et 2009) avant de devenir complètement has been, emporté par le naufrage de l’indie rock, des voix haut perchées et des pseudonymes se référant à la faune. Bien à tort. Ce qu’a fait Panda Bear / Noah Lennox est d’intérêt et, parfois, sublime. Bien avant 2006, sa discographie avec Avey Tare / David Porter est un recueil de psychédélisme foisonnant et lyrique. Lyrique : ce mot est important. Ils n’ont pas (ou rarement) fait de la musique pour de la musique, pour s’émerveiller de leur propre inventivité (ils auraient pu). Ils ont cherché l’émotion. Continuer la lecture de « Panda Bear, Sinister Grift (Domino) »

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My Raining Stars, Momentum (Too Good To Be True / Shelflife)

S’il avait fallu attendre 13 ans entre le deuxième et le troisième album de My Raining Stars, seulement trois années ont suffi à Thierry Haliniak pour sortir Momentum. Ces treize années d’absence avaient forcément marqué un gap en termes d’ambiance sonore et de composition. Une écoute discrète pourrait faire penser que Momentum est le successeur logique de 89 Memories et pourtant, il n’en est rien. Cela semble dû à deux facteurs. Le premier étant les compositions d’Haliniak. Momentum donne l’impression d’écouter un best of imaginaire de la musique qui obsède son auteur. De l’indie pop old school (Better Life et sa basse qui fait penser aux premiers titres de Ride), au shoegaze (Stop The Time), en passant par quelques emprunts à Oasis (For Good, bien fait pour ta pomme Noel Gallagher !), chaque titre vous happe par son immédiateté et sa sincérité. Continuer la lecture de « My Raining Stars, Momentum (Too Good To Be True / Shelflife) »

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Lifeguard, Ripped and Torn (Matador)

Cinq après leurs débuts, deux ans après leur signature chez Matador (Interpol, Guided By Voices, Pavement, Yo La Tengo, Car Seat Headrest…), le trio de Chicago Lifeguard sort Ripped and Torn, son premier album. Affilié à un prestigieux label indépendant étatsunien, Lifeguard affiche pourtant à peine vingt ans de moyenne d’âge en moyenne. Composé d’Asher Case, Isaac Lowenstein et Kai Slater, ces jeunes musiciens sont solidement implantés dans la scène underground locale. Les deux premiers ont ainsi joué dans le backing band de Horsegirl (avec la sœur d’Isaac, Penelope Lowenstein) à ses débuts, tandis que le dernier a son propre projet, l’excellent groupe powerpop The Sharp Pins. Accompagné par Randy Randall (No Age) à la production, Lifeguard n’a pas renâclé à la tâche. Ripped and Torn est un coup de poing dans le plexus, un disque intense et sans concession. Bruyant, agressif, Lifeguard ne cherche pas à plaire à tout le monde. Continuer la lecture de « Lifeguard, Ripped and Torn (Matador) »

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Sous Surveillance : White Sun

White Sun / Photo : Marilyn F
White Sun / Photo : Marilyn F
Qui ?
White Sun, c’est Alex Cyprine que l’on a vu en France officier dans Quetzal Snakes, puis depuis bientôt dix ans à Montréal dans un certain nombre de formations plus ou moins underground telles que Deaf, Talleen, Broken Columns, Orchids ou encore Lovers Suicide évoqué dans ces pages. Alex joue en solo depuis 2020, mais a eu envie de prendre une autre direction : « J’ai écouté pas mal de trucs psyché-gaze et ça m’a donné envie de créer un projet dans ce style, à ma manière. »
Où ?
Montréal

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Pavements d’Alex Ross Perry

Pavements d'Alex Ross Perry (Mubi)
Pavements d’Alex Ross Perry (Mubi)

On en parlait depuis des mois, des années. Maintenant, il était question d’un biopic et ça provoquait un peu l’hilarité chez ceux qui connaissaient le groupe, le doudou américain des années grunge, surtout de ceux qui avaient envie de chemins bizarres pour traverser ces années où le punk rock avait broké. Un biopic de Pavement, pourquoi pas un pour les Pastels (avec Jesse Eisenberg en Stephen) même si on l’avait eu par la bande avec le film de Stuart Murdoch (God Help The Girl, curiosité de 2014 et ode à Glasgow), mais très romancé alors. Mais je m’égare, revenons à la bande à Stephen Malkmus. Continuer la lecture de « Pavements d’Alex Ross Perry »

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Jeffrey Foskett et Nelson Bragg, garçons de plage

Deux rétrospectives de musiciens dans la lignée des Beach Boys sortent en cette période de deuil de Brian Wilson.

C’est étrange mais le travail du deuil a ceci de commun avec celui de la découverte qu’il s’opère souvent par à-coups successifs. Depuis le 11 juin, les souvenirs resurgissent ainsi, de temps à autre, par grappes agglomérées, au gré des ramifications de la mémoire, semblables en cela à la manière dont s’entrebaillaient, il y a longtemps, les portes des premiers émerveillements. En effet, si les Beach Boys ont été si importants dans notre éducation musicale, c’est notamment parce qu’ils ont été le premier groupe, dont la grandeur s’est révélée comme on perce progressivement une succession de mystères et de secrets concentriques. Celui pour lequel – plus que pour tous ses concurrents contemporains – la passion musicale grandissante s’est apparentée à une expédition spéléologique au cœur d’un réseau galeries dont il s’agissait d’identifier, étape par étape, les connections enfouies. Derrière la face émergée et saillante – ces tubes charmants mais un peu désuets qui baignaient déjà l’enfance – on commençait ainsi par apercevoir Pet Sounds (1966) puis, au moment de la publication de ce fameux coffret rétrospectif de 1992 (Good Vibrations –Thirty Years Of The Beach Boys, le premier objet discographique de cette importance acquis avec le tout premier salaire d’adulte), les bribes du naufrage admirable et tragique de Smile (1967). De là, il devenait possible de cheminer plus loin, vers les lueurs de Sunflower (1970) ou de Surf’s Up (1971) et d’y deviner, au-delà des obscurités intermittentes du génie à éclipse de Brian Wilson, l’éclat parfois tout aussi éblouissant du talent de ses frères.

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Selectorama : Pascal Bertin

Les liens complexes entre David Berman et son père dans une Amérique en perdition dans ce livre paru chez Le Gospel

Pascal Bertin (à gauche) et Adrien Durand / Photo : DR
Pascal Bertin (à gauche) et Adrien Durand (Le Gospel) aux Balades Sonores, Paris 18e / Photo : Aude Boyer

À l’occasion de la sortie de Au nom du pire : David Berman et Silver Jews face aux démons de l’Amérique (Le Gospel) nous avons demandé à notre Pascal Bertin National de se livrer à l’exercice du Selectorama, mais plutôt qu’une énième  playlist commentée, nous lui avons laissé carte blanche pour parler des grands livres de l’Amérique, les siens, les nôtres, et ceux qui peuvent faire le lien avec celui que j’appelais, à l’occasion de la sortie de son dernier album de son vivant, notre Lou Reed personnel. Et au-delà de son unique recueil de poésie (Actual Air, Open City, 1999 réédité par Drag City en 2019) s’il est bien au moins un lien entre Berman et Lou c’est bien cet amour supérieur de la chose littéraire. D’ailleurs, s’il se lit souvent comme une enquête, Au nom du pire n’élude jamais cet attachement. On y retrace brillamment le parcours accidenté d’un artiste unique et supérieur. Le biais choisi, mettre en opposition deux carrières, celle du père et celle du fils, antagonistes en tout, et surtout sur leur vision du continent ; l’un ordure capitaliste, l’autre, lesté du plomb de cet héritage tachant tout de même d’y mettre de la beauté. Continuer la lecture de « Selectorama : Pascal Bertin »

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Nothing, c’est pas rien

Petite démo d’un groupe qui devient grand, Special Friend. En amorce d’un nouvel album, à écouter sur la compil estivale gratuite Howlin Banana.

Special Friend / Photo : DR
Special Friend / Photo : Coralie Gardet

On se souvient encore du tout premier concert organisé par Section26, il y a un certain temps déjà. C’était en octobre 2019 à feu l’Espace B, en première partie de notre chère Lispector. J’avais eu envie de suivre l’opinion enthousiaste de Coralie Gardet, et mon propre instinct après les avoir aperçus en live. Ce premier EP à l’époque, déjà soutenu par Howlin Banana Records, constituait les prémices d’un univers cotonneux, emprunt d’un shoegaze doux comme un rêve d’ado. On n’imaginait pas alors qu’Erica Ashleson et Guillaume Siracusa aka Special Friend iraient si loin, jusqu’à un troisième album que le duo part enregistrer ces tous prochains jours au Studio Claudio, chez Alexis Fugain. Nothing est un titre dont on ne sait pas encore s’il finira sur cet album, mais qui nous donne de belles nouvelles d’un groupe qu’on aime toujours voir et revoir sur scène. Continuer la lecture de « Nothing, c’est pas rien »