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Pete Astor, Tall Stories & New Religions (Tapete Records)

Quarante ans d’activité musicale, voilà qui n’est pas rien. Le flux des années s’accélère inexorablement et il est sans doute logique, peut-être inévitable, que les dernières œuvres de Pete Astor en portent la marque. Qu’il s’agisse d’évoquer avec une pointe de résignation sereine ce qui reste encore à créer à l’approche de l’échéance – Time On Earth (2022) – ou bien encore, comme ici, de se retourner quelques instants, le temps de contempler avec un regard différent quelques-uns des fragments impérissables de ce qui demeurera après la fin. Une œuvre, des chansons – douze en l’occurrence – souvent extraites des jalons les moins balisés de son répertoire et qui, rassemblées, semblent former un autre récit. Avec un sens intact de l’élégance et de la précision juste, Astor laisse ainsi le présent recolorer le passé. Continuer la lecture de « Pete Astor, Tall Stories & New Religions (Tapete Records) »

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Marie Klock, Damien Est Vivant (Pingipung)

« Qui est cette femme à l’étrange aura
qui n’achète rien d’autre
qu’une boule de mozzarella ? »

De son propre aveu (un temps d’échange avec l’artiste était organisé via une célèbre plateforme le 26 mars au soir), ces enregistrements étaient pour Marie Klock une façon de composer avec le deuil, la perte et le chagrin. Après la mort au printemps 2022 de Damien Schultz, poète, musicien et proche ami avec qui elle avait prévu d’enregistrer un disque, la jeune femme s’est isolée pour composer ce court album – 30 minutes – avec ce qu’elle avait sous la main : ses souvenirs, des textes, poèmes, textes de chansons de Damien, qu’elle avait collectionnés – celui-ci semant avec largesse sur les réseaux – et les instruments qu’elle avait sous la main. Habituée à la forme classique des chansons (on a bien dit la forme, parce que Marie Klock bousculait déjà le fond disons très libre de ces chansons, cf. son précédent et fondateur album éponyme paru chez les Disques de la Face Cachée), elle a dû forcément s’adapter à la forme des textes de son ami, délaissant le couplet-refrain pour des boucles, permettant aux mots  de se déployer dans leur grande crudité, leur pornographie, leur intensité, leur humour aussi. Continuer la lecture de « Marie Klock, Damien Est Vivant (Pingipung) »

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41 is 30

Le label bordelais Talitres réédite un des grands albums des américains Swell.

Swell
Swell / Photo : DR

« La France a toujours été accueillante pour Swell », écrivit laconiquement David Freel sur son clavier d’ordinateur en 2019 quand il répondit (par miracle) à un mail que je lui avais écrit. Swell était en pause plus ou moins définitive mais nous étions nombreux à espérer la fin de la retraite monacale de Freel. Le 12 avril 2022, cette retraite est devenue éternelle. Il y a quelques jours, le label bordelais Talitres a annoncé la réédition en vinyle de 41. Publié par American Recordings en 1994, ce disque eut fort à faire pour s’imposer dans les charts. Coincé entre Vauxhall and I de Morrissey et The Downward Spiral de NIN, 41 affronta également le dernier concert de Nirvana et l’arrivée d’Oasis. Les délicats clairs-obscurs de Swell échappèrent donc à la grande majorité. Éternel outsider, Freel noua une relation singulière avec la France. À tel point que ce fut Talitres qui s’occupa de la sortie de South Of The Rain And Snow (2007) et de Be My Weapon, le side-project d’un Freel en perdition. A l’occasion de cette réédition, retour sur les origines et le contexte de production du disque à l’époque avec Monte Vallier et David Freel.
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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE MARS 2024

Visuel : Pauline Nunez

Une playlist de printemps qui commence comme un bourgeon qui éclot, entre la délicatesse d’un premier morceau signé A Ghost Column, la poésie de Broadcast, la beauté spectrale de ce titre de Jessica Pratt et la folk à l’os de Myriam Gendron. Oisin Leech, Adrianne Lenker et d’autres merveilles suivent. Plus besoin de vous forcer à appuyer sur la touche play, non? Les premiers rayons de soleil sont entre vos oreilles.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify.
NDLR : Les playlists réalisées sur les plateformes ci-dessus ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

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Les combats de Warietta

Warietta / Photo : Alan Muller
Warietta / Photo : Alan Muller

Il y a à peine deux ans, on avait vivement salué le travail de co-réalisation de Guillaume Marietta (avec Nicolas Drolc pour Les Films Furax) du documentaire sur La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est, où l’agitation et la créativité du collectif messin explose de tous les pores du film. Un film qui lui a permis de « me reconnecter à mes racines. Avec Nafi (Noir Boy George, Scorpion Violente) et Thierry (Dustbreeders) nous avons reformé le groupe FUNK POLICE. Le nouveau set sonne comme PiL et The Fall en pleine apoplexie. » Entre temps, il a continué son chemin en solo, après quelques démos pour Arvo Disques et la BO du docu chez Les Disques de la Face Cachée. Activité démarrée en 2015 avec le LP Basement Dreams, en parallèle à des projets comme A.H. Kraken, Plastobéton ou The Feeling Of Love. Handkuss Jesus, son nouvel album prévu pour  le 17 mai, sortira sur Cutter Amer, un label qu’il a lui-même monté pour l’occasion.« La plupart des labels ne s’en sortent plus financièrement et ont perdu la joie nécessaire à ce type d’entreprise. Quand j’ai vu qu’Exek sortait leur dernier album sur leur propre label, j’ai senti que c’était la seule solution à suivre pour le moment. ». Continuer la lecture de « Les combats de Warietta »

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Julia Holter : « La pop obéit à une logique qui est au-delà de moi »

Julia Holter / Photo : Camille Blake
Julia Holter / Photo : Camille Blake

C’est toujours un plaisir de s’entretenir avec Julia Holter, même quand le jetlag amplifie sa tendance à hésiter et chercher ses idées en triturant ses longs cheveux, parsemant ses réponses de silences. La Californienne, qui fêtera ses quarante ans en décembre prochain, était de passage à Paris il y a quelques semaines pour présenter son nouvel album Something in the Room She Moves (clin d’œil plus ou moins fortuit aux Beatles). Plus de cinq ans après le profus et labyrinthique Aviary, magistralement porté sur scène avec une formation élargie, ces dix compositions marquent le retour à une forme plus compacte, mais pas exempte d’expérimentations (Meyou, Ocean…) parfaitement maîtrisées. Continuer la lecture de « Julia Holter : « La pop obéit à une logique qui est au-delà de moi » »

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The Jesus And Mary Chain, Glasgow Eyes (Fuzz Club)

Il était grand temps de s’en rendre compte, malgré leur classicisme avoué, les frères Reid n’ont jamais trop été à la traine d’une certaine modernité. Si les saillies de soudards de Psychocandy définissent aujourd’hui un continent entier avec ses réussites (le seul plot MBV fera à lui seul une assez belle guerre coloniale) et ses aberrations, soit tout ce qui en découle depuis le nouveau siècle, peu ou prou, les plus rétrogrades étant paradoxalement les moins couillons. En 1986, alors que le monde faisait mine ou semblent de découvrir que le hip hop et le binaire n’étaient pas forcement antinomiques (Walk This Way), les deux têtes de mort prenaient des notes, utilisant déjà, quand nécessité faisait loi, la beat box sur Darklands et allaient recracher la leçon façon foutre et ciment sur l’excellent Sidewalking (1988) puis tenter, en pure perte (vraiment ?) de faire un clin d’œil glorieux mais tardif à Public Enemy avec Reverence (1992). Continuer la lecture de « The Jesus And Mary Chain, Glasgow Eyes (Fuzz Club) »

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Adrianne Lenker, Bright Future (4AD)

Is this what you wanted ?
To live in a house that is haunted
By the ghost of you and me

Un grain de sel, jamais sur les plaies.

Qui publie donc entre deux tours de Terre en 2024 un disque enregistré en 2022, si vraisemblablement brut que l’on pourrait oublier de se cogner dedans, glisser entre des ondes, pleurer des fantômes. Lenker en est à plus d’une demi-douzaine de merveilles de disques, seule ou avec Big Thief, et l’on craint pour elle, chaque nouvelle fois, pour nous : sera-t-on déçu·e ? Continuer la lecture de « Adrianne Lenker, Bright Future (4AD) »