C’est peu à peu que se construit un corpus autour de l’histoire des musiques francophones. Nation de critiques plus ou moins prestigieuses, les communautés journalistiques se sont souvent concentrées à passer aux cribles les musiques du monde, et plus particulièrement anglo-saxonnes. On pourrait dire que s’est amorcé un petit retour de manivelle vers les histoires intérieures – même si on verra qu’elles réinterrogent constamment quelque part les notions de frontières, et on en est pour le moins heureux, il n’est pas question ici de cocoricoter, que ce soit dit une bonne fois pour toutes – qui racontent notre quotidien musical, notre environnement sonore – depuis disons les années 60 et l’avènement du rock’n’roll. Continuer la lecture de « Sensibles, une histoire du R&B français, de Rhoda Tchokokam (Audimat) »
Ce n’est plus de la musique, mais la matière même des émotions, un écho permanent de ce qui se passe en nous – et en lui, et la façon dont tout cela se répond, avec les années de distance, le disque qui tourne dans la pièce et la manière sans concession de créer en musique, voix et violoncelle et échos à bande, une entité qui relève de l’abysse totale, comme si un tourbillon entraînait au plus profond des sentiments un mélange fragile de mélodies et d’harmonies, de réverbérations nocturnes, de paroles qui disent un amour, une relation, relatent des scènes de vie où le banal côtoie la jalousie côtoie la timidité côtoie l’impossible côtoie la gêne côtoie l’émerveillement côtoie la joie côtoie l’allégresse élégiaque d’un instant vite tu vite disparu. Continuer la lecture de « Arthur Russell, Picture of Bunny Rabbit (Audika) »
Alors que doit sortir en septembre prochain un album inédit de Sparklehorse, Bird Machine – supervisé par Matt Linkous, frère de…, et sa femme Melissa –, souvenirs d’une première rencotre avec ce génie cabossé. C’était au siècle dernier… C’était même au mois de mai 1998. Une chaleur folle, et la photographe Mélanie Elbaz, enceinte et presque sur le point d’accoucher, m’accompagnait pour ce qui était peut-être son premier voyage de presse RPM. Londres respirait au ralenti, la France n’était pas encore championne du monde et je ne pouvais certainement pas deviner que je vivrais un jour en Auvergne où j’exercerais les activités d’enseignant – et aussi de barman aux Vinzelles. Je pensais d’autant moins à l’avenir que le présent était bien plus que suffisant : j’étais payé pour rencontrer des personnes qui me transportaient – héros d’adolescence ou nouveaux maitres d’une scène en perpétuelle (r)évolution. Parmi ces derniers, Mark Linkous était l’un des plus mystérieux – et l’un des plus admirés, par Radiohead en tête. Un charisme bohême désarmant, un parcours déjà accidenté – au propre comme au figuré – et des chansons enregsitrés sous le nom de Sparklehorse dont la beauté noire laissait planer quelques doutes quant à la notion d’espoir… Pourtant, en ce jour de printemps étouffant, je n’aurais jamais imaginé la destinée que se réservait cet homme au sourire bancal et aux rêves de normalité. Malgré son overdose qui l’avait condamné à la chaise roulante durant six mois, je ne pensais pas qu’un jour de fin d’hiver 2010, il se tirerait une balle en pleine poitrine. Il a visé le cœur. À l’image de ses chansons… Continuer la lecture de « Sparklehorse, cet homme nommé cheval »
La musique, c’est aussi des rencontres. Rencontrer la musique de Romy Vager, la patronne de RVG (Romy Vager Group), c’est peut-être une des plus belles rencontres de ces dernières années. En 2017, cette Australienne avait publié de manière assez confidentielle le premier album de son groupe, A Quality Of Mercy. Avec le recul, on comprend que tout est déjà en place. Il y a cette voix magnétique qui déraille si besoin et cette mise en avant prodigieuse des guitares. Disciple de l’école australienne (The Go-Betweens, The Apartments), Romy Vager a séduit tous les fans des Throwing Muses et Fat Possum qui décide de publier ce premier album. Continuer la lecture de « RVG, TGV émotionnel »
Coups de chaud et basses noctambules, le mois de juin est sans doute le plus propice à aller écouter de la musique dehors. Pour vous guider dans vos choix, petite sélection saisonnière de nouveautés qui comme chaque mois sauront satisfaire vos curiosités. Notez que nous sommes en train de travailler à trouver une alternative à Mixcloud pour héberger notre playlist, qui fonctionne désormais par abonnement, loin de nos préoccupations bénévoles. On vous en reparle vite.
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify.
NDLR : Les playlists ci-dessus ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
On se sent bien peu de choses lorsqu’il s’agit d’écrire un texte d’introduction, aussi court soit-il, au sujet d’un garçon comme Philippe Azoury. Croisé autant très tard la nuit dans des lieux très bruyants que dans les colonnes de moult publications (peu importe le flacon) où il ébroue son amour du cinéma, entre relation complexe et possession viscérale, il publie aujourd’hui un livre sur Jean Eustache, réalisateur de l’intime qui réalisa un jour un film ultime, La Maman et la Putain. Ces trois cent pages essentielles publiées par Capricci nous ont évidemment donné envie de lui proposer de tracer le parcours musical qui l’a accompagné lors de son travail.