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Valentina Magaletti & Yves Chaudouët, Batterie Fragile (Un Je-Ne-Sais-Quoi)

1. La semaine dernière, je suis allé voir Institutrice en concert. Eric Bentz et Jean-Baptiste Geoffroy, tous les deux pensionnaires de la bruyante Colonie de Vacances, développent un jeu exigeant de percussions sur toutes sortes de bols, casseroles et accessoires en métal étendus devant eux sur un tapis de mousse. A la fois ludique et sportif, leur duel consiste à déclencher leurs motifs dans des décharges extatiques, à l’unisson imparfait (j’imagine) qui malgré leur virtuosité crée ces micro décalages où se loge ce qu’on aime bien : accidents, imperfections, anfractuosités dans lesquels se loge notre imaginaire (bien aidé aussi par leur dispositif de retraitement électronique en direct, mais je laisse ça de côté aujourd’hui). Le bon gros cliché du voyage nous attend en embuscade, certes, mais tant pis : de l’Afrique à l’Indonésie, on est bien obligés de se laisser attraper par ce qui est irréductible à la musique, le rythme qui nous possède le reptilien en deux coups de cuiller à pot (au sens littéral ici). Continuer la lecture de « Valentina Magaletti & Yves Chaudouët, Batterie Fragile (Un Je-Ne-Sais-Quoi) »

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Climats #31 : Jim O’Rourke, Warren Ellis

Écouter Nick Cave and the Bad Seeds sous le soleil d’Ibiza, c’est péché ?
Et Vincent Delerm faisant des reprises de Sebadoh, c’est souhaitable ou pas ?
Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #31 : Jim O’Rourke, Warren Ellis »

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Bill Callahan, YTI⅃AƎЯ (Drag City)

Ce que je retiendrai du scoutisme, au-delà d’un paquet de nerfs, du savon noir, de l’odeur, à la longue écœurante, des feux de bois et de petites humiliations, c’est que le danger n’est jamais loin et qu’il faut rester à l’affût. Et j’avoue volontiers avoir baissé ma garde à propos de ce sacré Bill. Mais, bien au-delà du confort souvent majestueux que ses disques récents m’ont toujours apporté, la lassitude rentrant peu à peu en ligne de compte, vous n’avez pas idée de mon vrai métier, et l’ennui n’est pas forcément étranger à la félicité. Bien au-delà de ça, dans ces disques jolis, et loués unanimement par les professionnels de la profession, ô combien je m’ennuyais. Parfois, pas toujours (Apocalypse quand même), mais souvent. Mais je restais à l’affût, en vain mais pas toujours. Et aujourd’hui, me voilà bien récompensé.

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Selectorama : Roméo Poirier

Romeo Poirier / Photo : Anna De Smet
Romeo Poirier / Photo : Anna De Smet

Rentrer dans le Living Room de Roméo Poirier qui sort là son troisième LP (après Hotel Nota, chroniqué ici), c’est se poser dans un monde imaginaire où l’on croit entendre des oiseaux exotiques, des craquements d’arbres, une jungle équatoriale recréée de façon électronique.  Allongé au bord de cette rivière de sons, on retrouve le goût d’écouter, de tendre l’oreille au moindre détail savamment mis en scène par le musicien. A la métaphore guerrière qui voudrait qu’on suive un compagnon coûte que coûte, on préfèrera celle de la métaphore du voyage : on aura toujours envie d’être dans les pas de Roméo Poirier, partout où il va, depuis qu’on le connaît, dans toutes les contrées qu’il explore, de l’avant-pop de Roméo & Sarah à son travail solo dont les géographies électroniques s’étendent sans se presser, sans trop se dévoiler non plus. La preuve dans un Selectorama où chaque mot semble soupesé, non sans humour d’ailleurs. Continuer la lecture de « Selectorama : Roméo Poirier »

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Small Sur, Attic Room (Worried Songs)

Il suffit de jeter un bref coup d’œil rétrospectif à sa discographie pour s’en convaincre : Bob Keal entretient un rapport à la musique et au temps dont toute trace d’urgence a été chassée depuis bien longtemps. Quelques débris confidentiels enfouis dans les limbes, quatre albums de Small Sur publiés trop discrètement entre 2005 et 2012 et puis le silence complet. Dix années se sont écoulées ensuite, que le natif du Dakota désormais installé du côté de Baltimore a consacré à son « vrai » métier d’enseignant, à sa famille – et notamment à sa fille née en 2014 – bref, à la vie. Ce n’est que grâce à l’insistance et au soutien de quelques amis proches – et notamment des frères O’Connell, Matthew (Chorusing) et Joseph (Elephant Micah) – qu’il s’est décidé à briser un peu de ce silence à la fois choisi et résigné pour retravailler et assembler, fragment par fragment, quelques-unes des esquisses dérobées aux heures besogneuses de la décennie passée. Continuer la lecture de « Small Sur, Attic Room (Worried Songs) »

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L’avis de Brian

L’illustrateur irlandais Brian McHenry donne une seconde vie à « Life Goes On » des BMX Bandits

En 1993, Duglas Stewart et ses BMX Bandits signent (enfin) chez Creation Records et publient Life Goes On. Portée aux nues par Kurt Cobain qui portait à cette époque un t-shirt des BMX Bandits les jours pairs et un t-shirt des Captain America les jours impairs, la musique de Stewart aurait dû envahir les ondes radio. D’autant plus que les chansons de ce disque, produites par le très fidèle Duncan Cameron, sont impeccables. Mais le résultat commercial ne fut pas au rendez-vous. Les BMX Bandits firent le boulot en partant en tournée la même année, embarquant avec eux les tous jeunes Oasis pour assurer leur première partie… Continuer la lecture de « L’avis de Brian »

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TH da Freak, Coyote (Howlin’ Banana)

Je découvrais TH da Freak en février 2018, à l’occasion de la sortie de son album The Hood. J’étais vite devenue accro à ces onze titres, à ces guitares dans lesquelles je retrouvais à la fois la désinvolture slacker de Pavement et l’énergie skate punk de Mazes. Mon coup de cœur s’était confirmé en concert, où la bande de Bordelais menée par Thoineau Palis prenait pour moi tout son sens. Je décidais d’en parler dans ces pages à l’occasion d’un Sous Surveillance dans lequel Thoineau confiait : « Sur la pochette, c’est la Statue de la Liberté à dix mètres de chez moi à Bordeaux, pour dire que j’aime les States et que le disque sonne ricain ». Effectivement, tout dans le son et l’image convoquait le Seattle des nineties, et il ne m’en fallait pas plus pour être conquise. C’est aussi malheureusement là, in the hood, que j’ai laissé le garçon aux cheveux bleus : parce qu’il est si prolifique et que je le découvrais principalement sur scène, j’ai perdu le fil pendant la pandémie et retenu seulement quelques tubes de ses albums suivants, comme Peeling the Onion et Hospital (Freakenstein, 2019). J’ai donc abordé Coyote, son cinquième LP tout juste paru, comme des retrouvailles, c’est à dire avec un peu d’appréhension et de curiosité : allais-je y retrouver ce qui m’avait plu dans The Hood en 2018 ? Dans quelle direction Thoineau avait-il pu évoluer au cours des quatre dernières années ?

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Climats #30 : Wilco, Werner Herzog

Katia Krafft

Peut-on écouter les deux premiers albums des Tindersticks au printemps ?
Et le premier album du Velvet Underground joué au ukulélé, c’est un blasphème ?
Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #30 : Wilco, Werner Herzog »