À la charnière des XXe et XXIe siècles, il y eut une ribambelle de disques — ou de chansons et/ou remixes – qui ont définitivement démocratisé les influences de la house sur la musique pop (et vice versa). Entre l’inusable Missing d’Everything But The Girl, les productions de The Chemical Brothers ou les tics eighties de Jacques Lu-Cont (pour faire bref), il y eut aussi les deux hymnes lascifs et hédonistes signés Moloko. Derrière le nom emprunté à la boisson fétiche des très mauvais garçons d’Orange Mécanique, se cachaient depuis Sheffield, l’Irlandaise Róisín Murphy et l’Anglais Mark Brydon, bricoleurs de sons qui se sont retrouvés presque malgré eux sous le feu des projecteurs et des boules à facettes et paillettes. Alors que la chanteuse sort ces jours-ci un nouvel album épatant – le bien nommé Hit Parade – et que son ancien alter-ego a lui disparu des radars, retour en deux temps (une interview réalisée en l’an 2000 et la chronique par Estelle Chardac de la compilation Catalogue, parue en 2006) sur le parcours en dents de scie du tandem. Continuer la lecture de « Moloko : Le temps, c’était maintenant »
Étiquette : Année : 2000
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Stranger Teens #23 : « Californication » par les Red Hot Chili Peppers
Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.
On est le 21 avril 2006, aux alentours de 8h30 dans la cour de mon collège de Haute-Savoie. J’ai 14 ans et ce matin-là, je suis surexcitée au moment de faire la bise à mes copines. Je leur raconte que la veille au soir, j’ai regardé en direct sur Canal+ un concert des Red Hot Chili Peppers à la Cigale. Attirée par la musique et les exclamations de mon père (toujours très expressif devant la télé), je m’étais timidement levée de mon lit pour le rejoindre au salon. Je n’avais vu que très peu de concerts, que ce soit en vrai ou à l’écran, et c’est avec une fascination immédiate et toute nouvelle pour moi que j’ai observé Anthony Kiedis, son look insensé, sa manière de bouger sur scène, puis John Frusciante, reprenant How Deep Is Your Love avec cette voix de fausset insoupçonnable. Continuer la lecture de « Stranger Teens #23 : « Californication » par les Red Hot Chili Peppers »
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Phoenix, United (Source, 2000)
Les souvenirs de Marc Tessier Du Cros, directeur artistique de leur label d’époque, Source
Ça a toujours été comme ça là-bas. Il suffisait d’une intro, d’un refrain, d’un gimmick, et bim, un peu comme dans la vie ordinaire d’ailleurs –, nous tombions en pâmoison. Le disque élu ne quittait dès lors plus la platine du bureau (ce n’est pas une image, il faut comprendre cette phrase dans son sens littéral), quelle que soit l’heure, quel que soit le jour – et celle ou celui qui avait l’effronterie de glisser un « encore ?!” en entrant prenait la porte sans autre forme de procès – je crois que plusieurs personnes pourraient toujours en témoigner aujourd’hui. Continuer la lecture de « Phoenix, United (Source, 2000) »
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Wookie, Wookie (S2S Recordings, 2000)
La dance music se prête historiquement mal au format album. Elle semble s’épanouir en maxi ou sur les mixes CD, désormais quasi-disparus. Logique si nous tenons compte de sa qualité première : elle est là pour faire battre le cœur des écumeurs de clubs et les garder le plus longtemps sur la piste. Cette fonctionnalité première du genre s’accommode ainsi difficilement d’un format porté par le jazz puis le rock, à partir du milieu des sixties. La narration n’est tout simplement pas la même. Wookie (2000), l’unique album de Wookie, est une des exceptions à cette règle. Continuer la lecture de « Wookie, Wookie (S2S Recordings, 2000) »
Catégories mardi oldie
The Nips, The Tits Of Soho (2000, Bovver Boot Company)
Crock of Glod, A Few Rounds With Shane McGowan, le documentaire consacré à l’inénarrable et génial leader des Pogues nous avait particulièrement tapé dans l’œil lors de la dernière édition du festival FAME en févier dernier. Dans ce récit de la vie chaotique de McGowan, réalisé d’une main de maître par Julien Temple, on avait pu apprécier l’évocation des débuts musicaux trop souvent ignorés du trublion irlandais. Car avant les Pogues, il y a eu The Nipple Erectors (littéralement les « dresseurs de tétons »), rapidement rebaptisés The Nips face aux réticences des salles de concert à programmer un groupe affublé d’un tel nom. Oscillant entre punk, big beat, power pop, garage rock et rockabilly, les Nips ont pondu quelques titres parfaitement percutants qui nous donnent un bel aperçu de l’ambiance musicale de la scène londonienne de la fin des années 70. Et c’est un réel plaisir de retrouver MacGowan dans un contexte différent de celui des Pogues et de constater que son énergie, sa coolitude et son authenticité étaient déjà entièrement présentes dès le début. Continuer la lecture de « The Nips, The Tits Of Soho (2000, Bovver Boot Company) »
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Jason Lytle – Retour vers le Phutur
Entretien avec le frontman de Grandaddy pour les vingt ans de « The Sophtware Slump »
C’est toujours un peu pareil avec les anniversaires et les commémorations. Il y a les gâteaux qu’on digère moins bien, les bougies que l’on finit par ne plus souffler et puis les coups de vieux. Il y a ceux que l’on prend, inévitablement : pas trop graves encore, et on commence à avoir acquis l’habitude d’y faire face. Les plus douloureux sont encore ceux qui touchent à l’intégrité du souvenir. Alors, il y a toujours comme un doute, une pointe d’appréhension, pour The Sophtware Slump (2000) de Grandaddy peut-être un peu plus que pour les autres. Alors qu’il s’apprête à rentrer dans son mausolée de vinyle et de carton – un coffret, quatre albums, beaucoup de b-sides et une version complète de l’album réenregistrée au printemps par Jason Lytle au piano – on se demande, un peu inquiet, ce qu’il va bien pouvoir rester d’un album aussi étroitement associé à une période peut-être révolue. Continuer la lecture de « Jason Lytle – Retour vers le Phutur »
Catégories sunday archive
Badly Drawn Boy, année 00
Il est des chansons qui, dès l’intro, vous font réaliser une impressionante culbute spatio-temporelle. Disillusion, l’un des singles extraits du pléthorique premier album de Badly Drawn Boy, The Hour Of Bewilderbeast, paru en l’an 2000, est de celles-là. Alors, dès que retentit le premier roulement de batterie, c’est un vendredi ou un samedi soir dans la cave du Pop In (11 rue Amelot, à Paris), à une époque où je fumais cigarette sur cigarette – au grand dam de Robert qui voyait la cendre tombée sur les vinyles, les platines et la console – en sirotant du vin blanc – certaines légendes parlent aussi de pintes de whiskey orange ou de vodka pamplemousse mais je crois que ce ne sont que des légendes. Continuer la lecture de « Badly Drawn Boy, année 00 »