Ever Fallen In Love? des Buzzcocks est le genre de chanson si mémorable que l’on en oublierait presque que le groupe n’était pas seulement l’aventure d’une nuit. Pendant des années, il était mal vu de la passer aux platines dans les bars, tant elle était jouée. Aujourd’hui, cette affirmation serait, somme toute, plus difficile à défendre. Le rock (et ses tubes) n’est plus cette forteresse imprenable qu’il faut contester. Au contraire, affirmons ses évidences et son souffle à travers l’actualité et ses classiques. Singles Going Steady (1979) fait incontestablement partie de cette seconde catégorie. Certains en seraient peinés pour les Buzzcocks. Pas tant à cause du caractère culte de la chose, mais de la nature scolaire derrière l’idée de classique. La lecture du passé selon un schéma établi se prête bien mal à la nature contestataire du punk. Continuer la lecture de « Buzzcocks, Singles Going Steady (IRS/UA, 1979) »
Étiquette : Année : 1979
Catégories billet d’humeur, documentaire
« La Brune et moi » : Les désirs font désordre
Petit film mais parfum de soufre et légende tenace pour ce témoignage du Paris punk de 1979.
Sans s’engager sur un terrain glissant du genre “le confinement avait du bon”, la Cinémathèque française a proposé dès début avril sur sa plateforme baptisée Henri (en référence à son fondateur Henri Langlois) un certain nombre de films de patrimoine ou de documentaires – courts ou longs, à raison d’un par jour – plutôt que, au hasard, Joker, pour d’évidentes raisons juridiques. Entre témoignage documentaire et fiction musicale, le moyen-métrage La Brune et moi de Philippe Puicouyoul (1980), son unique réalisation d’une durée de 50 minutes, sorti dans une seule salle à Paris le 24 avril 1981 et retiré de l’affiche après une semaine d’exploitation avec 570 spectateurs, a beau se vouloir une œuvre de fiction ; mais c’est plutôt pour son aperçu de la scène musicale française de 1979, l’année de ses trois semaines de tournage, que ce « petit film » continue à fasciner.
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Catégories 45 tours de confinement
#26 : Nicky & The Dots, Never Been So Stuck (Small Wonder Records, 1979)
Never Been So Stuck, coincé comme jamais. Un condensé de frustration, et cette morgue punk qui s’autorise à se moucher sans précautions dans la catastrophe qui vient.
En ce weekend pascal où je m’étais fait sonner les matines pour non respect des règles élémentaires de l’harmonie domestique, où j’avais haussé la voix plus qu’il n’en faut, attisant les braises de la discorde là où il eût mieux fallu la queue basse éteindre l’incendie, j’en revenais aux préceptes fondamentaux du less is more. Faire court ferait du bien à tout le monde, et à vous en premier lieu. Continuer la lecture de « #26 : Nicky & The Dots, Never Been So Stuck (Small Wonder Records, 1979) »
Catégories 45 tours de confinement
#11 : The Flying Lizards, Money (Virgin, 1979)
« The best things in life are free / But you can give them to the birds and bees ». Même quand il ne circule plus, il continue de faire tourner les têtes et le monde. Le flouze, le grisbi, la maille, le bif. Les bourses chutent, la récession pointe, le virus décime, mais prenons garde à ce qu’il n’ait pas la peau de l’économie. La BCE peut bien injecter 750 milliards d’argent frais pour que le manège continue de tourner, à mon micro niveau l’équation est simple, la loi du marché devient un jeu d’enfant. Confiné, je ne gagne plus grand chose, mais confiné je dépense guère davantage (et je pourrai facilement atteindre l’équilibre si je levais le pied sur le Bourgogne). Au bout du compte, je trouve ça plutôt ça sain. J’envisage même de me remettre au troc. Je connais près de Nemours un type (un soit-disant proche de « Pristine » Christine Lagarde) qui n’a pas d’oursins dans les poches et qui est prêt à me céder deux caisses d’Aloxe-Corton 2015 en échange de ma copie near mint du premier single Sarah des Sea Urchins (et je n’ose pas vous avouer ce qu’il consentirait lâcher pour le Strike Up Matches d’Episode Four). Evidemment, tout ça n’engage que moi et je vous autorise à me chercher des poux ou m’agonir (soyez originaux sur les noms d’oiseaux, je vous rappelle que j’ai un gamin qui veut devenir ornithologue), à condition de laisser ce cher Henri Calet en dehors de tout ça. Continuer la lecture de « #11 : The Flying Lizards, Money (Virgin, 1979) »
Catégories 45 tours de confinement
#4 : Gang of Four, At Home He’s a Tourist (EMI, 1979)
Cette histoire de gouttière toujours pas réparée (cf. #2) va finir par m’en coûter, je le crains. Ma femme télétravaille, les enfants ont des télécours et des télédevoirs, et moi, histoire de recoller au peloton, je clame que je suis au téléchômage. Dès lors m’incombe une large part des tâches ménagères, les courses, le bricolage, le jardinage, et que sais-je encore. Sauf qu’évidemment, fidèle à ma mauvaise réputation, j’en fiche pas une rame. Cumul des manquements plutôt que des mandats, et lourds cumulus nimbus qui s’agrègent au-dessus de ma tête. « Là, papa, ça commence à devenir tendu », ironisent les kids. Alors hier, quand ma femme m’a lancé, l’œil noir et des éclairs dans la voix, que je me comportais comme un touriste dans ma propre maison, ma réaction ne s’est pas fait attendre : je n’ai pu m’empêcher de lui sourire en retour et de la gratifier d’un tendre baiser. Pour mieux me précipiter ensuite dans ma grotte (car on est d’accord, Leroy Merlin et Bricomarché, c’est bien fermé ?), déterminé à retrouver ce single (leur deuxième, si je ne m’abuse) de Gang of Four qui se rappelait ainsi à mon bon souvenir. Continuer la lecture de « #4 : Gang of Four, At Home He’s a Tourist (EMI, 1979) »
Catégories billet d’humeur
I Love You (Miss Robot) – The Buggles
17 secondes qui ont changé ma vie
Il avait hésité. C’est ce qu’était encore la vie de mon père, à 40 ans : une hésitation. C’était avant le chômage, et la certitude d’avoir définitivement perdu. Il avait hésité puis laissé sa main choisir : ce ne serait pas le disque de Madness qu’il ramènerait à la maison, également sur les rayonnages du supermarché où il avait fait halte en quittant le bureau, mais The Age of Plastic, le premier album d’un duo britannique, The Buggles, dont le premier single Video Killed The Radio Star allait bientôt faire pivoter l’axe de rotation de la Terre, et dont la pochette graphique semblait tendre des passerelles de fils colorés vers ses Rotring et sa planche à dessin, ses outils d’ouvrier. Continuer la lecture de « I Love You (Miss Robot) – The Buggles »
Catégories playlist
Dance to the Music #4 : Brit Funk, la playlist
Pour accompagner l’article sur la Brit Funk, une playlist pour découvrir le genre et au delà. Le renouveau du jazz funk britannique fut aussi dense que varié. Retrouvez aussi la playlist et l’article sur la Brit Soul. Continuer la lecture de « Dance to the Music #4 : Brit Funk, la playlist »
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Dance to the Music #4 : Brit Funk (1974-1985)
Les années soixante et le début de la décennie suivante sont marquées en Angleterre par la recherche d’une identité pour la soul et le funk (voir le précédent épisode). L’apport de l’immigration issu des anciennes colonies, particulièrement caribéennes, amène cependant un souffle et une singularité aux productions nationales. Si les premiers succès soul sont plutôt classiques (The Foundations, Sweet Inspiration etc.), dans l’underground, des formations (Cymande) tentent de créer des ponts avec une musique à cheval entre le rock progressif et le funk, l’Afrique et les Caraïbes. 1974 marque l’émergence d’une production britannique assumée et authentique. Celle-ci culmine à la fin des seventies grâce à l’émergence d’une scène jazz-funk fertile aussi regroupée sous la bannière brit funk. Continuer la lecture de « Dance to the Music #4 : Brit Funk (1974-1985) »