Peaches, Rub (I U She/INgrooves/K&B)

Elle, c’est l’impératrice officieuse du beat vicieux, de la punchline chargée de sexe brut, une performeuse hors normes idéologiquement militante, allergique aux clichés et au premier degré. Mais depuis I Feel Cream en 2009, Peaches semblait avoir disparu des bacs à disques. Constat à moitié vrai puisqu’à défaut d’un véritable album, elle a expérimenté d’autres formes d’expression : l’opéra rock avec Peaches Does Herself (2012) précédé par la tentative avortée du show Peaches Christ Superstar (2010), et une pléthore de featurings aussi variés qu’hétéroclites : un single aux côtés du guitariste de Rammstein dans son groupe Emigrate l’an dernier, des collaborations électro avec les allemands de Gomma et Boyz Noize en 2012, une autre avec le rappeur queer Cazwell en 2011, sans oublier celle auprès de The Flaming Lips et Henry Rollins pour une version alternative de The Dark Side Of the Moon (2010) et un caméo au même moment chez Christina Aguilera. Cherchez-là, et elle ne réapparaîtra jamais où on l’imagine.

Rub, ce nouvel album autoproduit, révèle une Peaches toujours aussi excitée et excitante. A Los Angeles, dans un studio niché au fond d’un garage avec le musicien complice Vice Cooler, elle a accouché du nouveau chapitre de son exploration sensorielle des mutations sexuelles de notre période fertile. Premier single, le morodérien Light In Places, parfait tube dark à la Peaches, est quasi indissociable de sa vidéo dans laquelle la performeuse anglaise Emperess Stah danse sur un trapèze en projetant un laser jaillissant de son entre-jambe. Du côté des invités, Kim Gordon introduit les bacchanales sur Close Up, premier titre de l’album, où elle semble chercher à saisir l’intimité de Peaches sur pellicule, sur un titre sombre, minimal et charnel. Le ton de l’album est donné : une booty bass dark et squelettique, calée sur le rythme des mouvements de bassin d’une Peaches au ton parlé monocorde et rarement chanté. Onze titres dépouillés qui vont à l’essentiel, avec des montées semblables à l’orgasme, sur des paroles ultra explicites (Dick In The Air, Vaginoplasty), des thèmes hyper actuels où le sexe et ses déviances sont presque toujours au cœur du sujet. Free Drink Ticket est peut-être un des seuls titres où Peaches se place au-dessus de la ceinture, en livrant la montée de rage extrême qui surgit juste après une séparation. Cerise sur le gâteau, Feist, l’amie de longue date avec Gonzales et Mocky, sur I Mean Something, dernier morceau d’un album sans pitié qui enfonce le clou d’une Peaches au poing toujours aussi fermement levé.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *