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Objets du délit #1 TrrrNctrn, Exodus Sexus vs Blason, Tina Thorner

Des objets musicaux comme s’il en pleuvait dans ma boîte aux lettres…

Photos : Renaud Sachet / Montage : Thomas Schwoerer
Photos : Renaud Sachet / Montage : Thomas Schwoerer

A l’heure de la démat’ généralisée et des intérieurs feng-shui bois cramé, béton lisse, du plastique-ça-n’est-plus-trop-fantastique, c’est un peu la grosse shame de continuer d’entasser des trucs qui serviront, en gros, à prendre la poussière sur les étagères de nos souvenirs. Collectionner est même devenu un gros mot, on s’en défendrait. Et pourtant, dans l’échange à micro-échelle de ces petits fétiches, se joue quelque chose de la constitution de notre mémoire vive qui peut échapper encore un temps à l’archivage méthodique d’une intelligence plus artificielle. Se joue aussi le rapport à l’autre, la preuve de l’intérêt, l’envie d’échanger, la musique, son support, puis la parole, l’écrit qui va avec, le commerce. Et l’autre, derrière tout ça. Continuer la lecture de « Objets du délit #1 TrrrNctrn, Exodus Sexus vs Blason, Tina Thorner »

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Selectorama livres : Adrien Durand (Le Gospel)

Adrien Durand
Adrien Durand / Photo : Romance Durand

Si les professionnels de la profession connaissaient son nom pour ses activités de journaliste passionné de musique pointue et attaché de presse auprès de labels indés ou de manifestations musicales de qualité comme la Villette Sonique première version, Adrien Durand a mené sa barque en navigant vaillamment dans des sphères plus indépendantes, comme avec son projet Le Gospel, brillant fanzine DIY qui explore autant la musique que le cinéma ou la littérature. Devenue depuis également maison d’édition (nous vous avions déjà parlé de L’Histoire secrète de Kate Bush (& l’art étrange de la pop) de Fred Vermorel et des Heures défuntes d’Alice Butterlin ici), il poursuit également une analyse intime de ses passions à travers plusieurs livres au format poche comme et Je suis un loser, Baby et Je n’aime que la musique triste, donc ce troisième essai, Tuer nos pères et puis renaître, pourrait être logiquement la suite de son voyage en terres de l’underground et des contre-cultures. Ni Gonzo, ni autofiction, il évoque quelques figures tutélaires qui l’ont marqué, de Al Pacino à J.D. Salinger, en passant par Karen Dalton, Gram Parsons, Vincent Gallo, Richard Hell ou John Cassavetes. Avant la sortie de son premier roman à la rentrée, Cold Wave (Othello/Le nouvel Attila), il a choisi pour nous quelques pierres blanches parmi ses lectures. Continuer la lecture de « Selectorama livres : Adrien Durand (Le Gospel) »

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The Kingfishers, Reflections In A Silver Sound (Last Night From Glasgow/Creeping Bent Records)

Reflections In A Silver Sound the kingfishersToutes les chansons que l’on écoute transportent depuis longtemps une lourde part d’histoire et il s’agit de continuer à les apprécier avec elle. Ou malgré elle, c’est selon et ce n’est pas vraiment le débat du jour. Parmi toutes les manières de s’engouffrer dans les interstices qui fissurent les couloirs du temps musical pour y dénicher un plaisir joyeusement émancipé des fantasmes de la modernité innovante, celle-ci est sans doute l’une des plus originale et des plus appréciable. Et qui consiste à semer la rétromanie et la culpabilité qui lui colle trop souvent aux basques en louvoyant quelque part entre les rayons des rééditions – les albums de 1983 dont on fête légitimement le quarantième anniversaire – et ceux des disques de jeunes qui plaisent aux vieux – les albums de 2023 qui auraient pu être enregistrés quarante ans plus tôt. Reflections In A Silver Sound se faufile entre ces catégories familières et c’est loin d’être son seul mérite. Sans doute le seul grand album de 1983 entièrement enregistré en 2023. Continuer la lecture de « The Kingfishers, Reflections In A Silver Sound (Last Night From Glasgow/Creeping Bent Records) »

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Benny Sings, Young Hearts (Stones Throw, Sing Records)

Benny SingsBenny Sings, de son vrai nom Tim Van Berkestijn, sillonne les eaux internationales de la musique pop depuis une vingtaine d’années. Après une expérience de bassiste au sein du groupe hip hop Abstract Dialect, il prend son envol en solo en 2003. Depuis, le Néerlandais a sorti une dizaine d’albums. Sa carrière a pris une nouvelle dimension en 2018 avec City PopL’album marque le début de sa collaboration avec la structure indépendante Stones Throw. Le label, figure majeure du rap indépendant des années 90/2000 (J Dilla, Madlib, MF DOOM) a ajouté une corde à son arc en signant de nombreux groupes de pop. Benny Sings côtoie ainsi Mild High Club, Jerry Paper mais aussi Stimulator Jones ou Pearl & The Oysters. Continuer la lecture de « Benny Sings, Young Hearts (Stones Throw, Sing Records) »

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Don & Françoiz, Cover Songs In Inferno (Prohibited Records)

Cover Songs In Inferno par don & françoizLe casting est attachant, la liste des morceaux va de bonnes en meilleures surprises encore. C’est comme si la grande Françoiz Brrr et Nicolas Laureau (Prohibition, Don Nino, NLF3) avaient jeté un œil sur nos premières cassettes, sans même le savoir. Et les suivantes aussi. Il faut croire qu’on a eu les mêmes points de bascule. Ou, à peu de choses près, le même âge au même moment.

L’exercice de l’album de reprises étant devenu, au fil du temps, un passage obligé qui peut rapidement devenir aussi excitant qu’un énième voyage en bateaux-mouches au fil de la Seine. Vos potes ricains sont ravis de l’exotisme, pendant que vous vous souvenez de vos sept, huit voire neuf ans, quand tout cela avait encore un peu de sens. Continuer la lecture de « Don & Françoiz, Cover Songs In Inferno (Prohibited Records) »

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Ivy – Appartement témoins

Ivy
Ivy / Photo : Philippe Garcia

C’est un album qui, un quart de siècle après sa sortie, reste davantage que beaucoup d’autres attachés à la fois au contexte dans lequel on l’a entendu pour la première fois et à la réalité qu’il évoque. Un album qui condense encore mieux que la plupart de ceux qu’on a pu découvrir et apprécié à même période un temps provisoirement suspendu. Ces quelques années qui s’écoulent, entre la fin de l’adolescence et le début du véritable âge adulte, un peu différemment des autres : parfois plus vite, parfois plus lentement, au rythme des derniers flux et reflux de l’insouciance. Continuer la lecture de « Ivy – Appartement témoins »

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Selectorama Les Disques Du Crépuscule

Au début des années 1980, le centre du monde (enfin du monde de la musique intéressante) s’était déplacé à Bruxelles. Là, autour des Disques du Crépuscule fondés par Michel Duval et Annik Honoré, convergeait le meilleur d’un postpunk élargi, allant des expérimentations les plus pointues à la variété pop, et souvent alliant les unes et les autres. Tout cela était porté par une mélancolie très européenne, un rien élitiste, qui rassemblait sur les sorties du label et de ses sous-labels (Radical Records à Paris, Operation Twilight à Londres et Crépuscule au Japon) artistes et groupes de Manchester, New York, Düsseldorf, Edimbourg, San Francisco, Liverpool, Berlin, Lille, et Bruxelles évidemment. Singles et albums certes, mais, peut-être de façon plus emblématique, compilations surtout, dont la trilogie fondatrice From Brussels with LoveThe Fruit of the Original Sin et Ghosts of Christmas Past. Le label est toujours en activité, avec quelques péripéties, mais j’ai choisi pour ce Selectorama de me concentrer uniquement sur ses trois premières années. Continuer la lecture de « Selectorama Les Disques Du Crépuscule »

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Chiens de faïence, Faux mouvement (Safe In The Rain / Hellzapoppin)

« Tous ces bonbons cachent pas le goût du Spasfon »

Voilà, j’ai replongé, j’ai plein de nouvelles activités, label et tout. La difficulté, c’est de continuer à écrire sur la musique des autres, parce que quand on s’occupe de la sortie de disques qu’on adore, joués par des gens qu’on aime, on a tendance à avoir un effet tunnel (les gens qui ont un gros stress connaissent ça), c’est à dire qu’on se focalise sur un truc, dont on a une image un peu déformée d’ailleurs et le reste du paysage disparaît, et surtout des choses importantes peuvent nous passer sous le nez sans qu’on bronche. On peut aussi facilement croire qu’il n’y a que ce qu’on sort qui est intéressant. Il ne faut pas que ça dure trop longtemps, parce qu’on peut perdre la joie d’écouter des nouvelles choses, de se laisser aller, et il est aisé de sombrer dans la compét’ surtout, de regarder le voisin en chien de faïence, tiens. Heureusement, il sort plein de disques qui arrivent à te tirer de cet horizon morbide et autocentré. Continuer la lecture de « Chiens de faïence, Faux mouvement (Safe In The Rain / Hellzapoppin) »