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Martin Duffy & Felt par Joe Dilworth (Birmingham, 1988)

Felt (avec Martin Duffy à droite) / Photo : Joe Dilworth
Felt (avec Martin Duffy à droite) / Photo : Joe Dilworth

Une partie de ces magnifiques clichés que le photographe, batteur et libraire Joe Dilworth*, Anglais exilé à Berlin, nous a si gentiment envoyé suite à la disparition de Martin Duffy, a été publiée dans le très beau livre consacré à Felt, publié chez en 2012 (tirage limité à 1 000 exemplaire et donc, devenu depuis objet culte) chez First Third Books. Elles ont été prises à Birmingham, quelque temps avant donc que Lawrence ne déménage pour Brighton, où habitaient déjà Alan McGee, tête pensante de Creation Records, et les Primal Scream.

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Le classement de la rédaction 2022

Je n’aurais jamais pensé, en le chroniquant de manière assez spontanée, que l’album de Bill Callahan finirait au firmament des disques de 2022 des contributeurs de Section26. Disque exigeant mais par certains côtés facile à appréhender, Reality (ou plutôt Ytilear) correspond assez bien à nos exigences de curiosité, de qualité et d’entresoi. Si le bonhomme n’est plus depuis longtemps un inconnu, et nous avons, je pense, tous au moins un Smog chéri dans nos petites affaires. Ce retour en grâce après de longues saisons d’ennui relatif, comme je le soulignais ici, trône avec justesse en tête et ce n’est que justice. Laissez-moi en profiter pour dévoiler le pot aux roses, je n’avais nullement l’intention de chroniquer ce disque, préférant laisser ce privilège d’abord à Sing Sing (Arlt, présents dans les plus hautes marches du classement), qui avait déjà rudement bien évoqué son rapport à l’œuvre, icelui déclinant d’emblée pour cause de tournée des stades, puis à Pascal Bouaziz (Mendelson, Bruit Noir), dont j’aime autant les disques que les écrits, déclinant de même pour cause de promotion effrénée de son merveilleux ouvrage sur Leonard Cohen. Tant pis pour moi, au pied du mur j’écrivais donc, citant ledit Leonard et bien évidemment Lou Reed, dont Callahan est surement le plus noble héritier, et j’oubliais, parce que c’était surement trop évident sur le coup, de faire la jonction et visuelle (une pochette moche mais marquante avec une faune impensable) et stylistique avec l’œuvre de Mark Hollis sur la fin (avec Talk Talk ou en solo). Voilà une donnée confuse qui méritait d’être rétablie. La confusion qui marqua également 2022 et des contributeurs qui au final en ont tiré le meilleur parti, s’éloignant des consignes officielles pour repêcher à raison, qui un album de la fin 2021 (celui de Myriam Gendron, qui le mérite infiniment), ne fournissant en guise de top 10 qu’une compilation australienne (même remarque), qui un kebabier, qui plutôt des films, des livres ou des séries. La confusion ça peut être aussi une forme de liberté non ?

2022 en 50 albums

01. BILL CALLAHAN, Ytilaer (Drag City / Modulor)
02. DANIEL ROSSEN, You Belong There (Warp Records)
03. EGGS, A Glitter Year (Howlin’ Banana Records / Safe In The Rain / Prefect)
04. Various, GHOST RIDERS (Efficient Space)
05. MYRIAM GENDRON, Ma Délire. Songs Of Love, Lost And Found (Feeding Tube Records)
06. ARLT, Turnetable (Objet Disque)
07. CATE LE BON, Pompeïi (Mexican Summer)
08. BIG THIEF, Dragon New Warm Mountain I Believe In You (4AD)
09. ROSE MERCIE, Kieres Agua? (Jelodandi Records/Celluloid Lunch Records)
10. SPIRITUALIZED, Everything Was Beautiful (Bella Union/Fat Possum Records)

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Pull Together : Iain Templeton

Iain Templeton
Iain Templeton

eeeIain Templeton est décédé le 20 décembre 2022. Iain Templeton sera resté dans l’ombre jusqu’au bout en partant le même jour que Terry Hall et Martin Duffy.
On connait Terry Hall, on connait Martin Duffy mais au final, on connaissait très mal ce batteur discret qui fit partie des La’s et de Shack. Continuer la lecture de « Pull Together : Iain Templeton »

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« Tenement Kid » de Bobby Gillespie (White Rabbit)

La légende veut que dans un bar new-yorkais, au milieu des années 90, Martin Duffy était tellement fait qu’il n’avait même pas remarqué s’être pris un coup de surin. A l’heure triste où nous pleurons ce génie, cette anecdote à la fois sordide et du plus haut comique ne figure malheureusement pas au sommaire de l’autobiographie de Bobby Gillespie, puisqu’il a choisi de clore ce premier livre (on attendra sagement le second) le jour de la sortie de Screamadelica, le 23 Septembre 1991, le même jour que Nevermind de Nirvana. «  Et pour pas mal de gens, les nineties ont commencé ce jour-là… ». Ce sont donc ses années de formation, d’enfance, d’adolescence qu’il livre avec son brio habituel. Au-delà des figures tutélaires qu’ont pu être Malcolm McLaren ou Tony Wilson pour une génération forgée par le punk et sa suite, Gillespie a surtout hérité de l’esprit combatif de ses parents et notamment de son père, figure syndicale importante du monde de l’imprimerie britannique.

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« Per Suede – Touring With Suede 1996-1997 » de Anthony Reynolds (auto-édité)

Pour en avoir vécu une infime portion dans les conditions du direct, on sait depuis bien longtemps que les souvenirs d’Anthony Reynolds constituent, pour peu qu’ils ne se soient pas totalement estompés dans les brumes des gueules de bois récurrentes, la matière première idéale pour des mémoires écrites, aussi hautes en couleur qu’en style. Plutôt que d’opter pour une somme englobante et indigeste – et, quand bien même aurait-il prétendu à l’exhaustivité de la reconstitution historique que, compte-tenu de la pente de sa dalle de l’époque, on ne l’aurait pas cru – l’ex-leader de Jack a ainsi l’intelligence et le bon goût de privilégier les réminiscences pointillistes et la juxtaposition des fragments. C’est plus précis et bien plus pertinent. Dernier volet d’un triptyque entamé l’an dernier avec The Promosexuals, 2021 – consacré aux activités promotionnelles consécutives à la sortie de son l’inusable Pioneer Soundtracks, 1996 – et The Momosexual, 2021 – sur l’enregistrement du premier album de Jacques, How To Make Love (Volume 1), 1997 et les rencontres avec Momus et Neil Hannon, Per Suede ajuste la focale mémorielle sur les quelques mois – fin 1996, début 1997 – pendant lesquels Jack répond favorablement à l’invitation lancée par les membres de Suede pour se produire en première partie de la tournée attenante à la sortie de Coming Up, 1996. Mat Osman s’est même fendu d’une préface tendrement confraternelle et, en un peu moins d’une centaine de pages illustrées, c’est une ère révolue qui ressuscite. En effet, on y trouve davantage qu’une collection d’anecdotes spinaltapiennes sur les coulisses de la pop britannique. Lucide, impitoyable mais jamais amer, Reynolds reconstitue au fil des péripéties sa propre version vécue de la théorie inepte du ruissellement à l’échelle de l’industrie musicale en pleine effervescence Britpop. Continuer la lecture de « « Per Suede – Touring With Suede 1996-1997 » de Anthony Reynolds (auto-édité) »

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« L’Histoire secrète de Kate Bush (& l’art étrange de la pop) » de Fred Vermorel et « Les Heures défuntes » d’Alice Butterlin (Le Gospel)

« L’Histoire secrète de Kate Bush (& l’art étrange de la pop » de Fred Vermorel et « Les Heures défuntes » d’Alice Butterlin (Le Gospel)

Ont paru au mitan de l’année 2022, deux ouvrages dont la publication est à noter particulièrement pour deux raisons. La première, est qu’il s’agit de deux livres qui marquent la naissance d’une nouvelle aventure éditoriale (apparition salutaire toujours à chérir) des camarades du fanzine Le Gospel déjà forts d’une présence sur écran et sur papier, et d’une première incursion du format de poche avec les deux petits opus d’Adrien Durand (Je n’aime que la musique triste et Je suis un loser, baby « en finir (ou pas) avec les années 90 » tous deux sortis en 2021). La seconde, est que ces deux titres forment une sorte de manifeste programmatique, chacun tels proue et poupe d’un même navire, promettant, nous l’espérons, de belles publications à venir autour de l’idée de ce que peut apporter la matière texte à notre sujet fétiche, à savoir toute chose pop scrutée par des regards singuliers. Le pas de côté est ambitieux et assez excitant du point de vue du lecteur, avec un pied bien au nord ancré aux mythes immémoriaux et contemporains autour de la figure de Kate Bush, et un autre, fiché en plein est, mélancolique et subjectif, issu de l’âme profonde d’une jeune autrice en devenir. Deux fantasmagories à 40 ans d’écart, deux points à l’extrémité d’une tangente littéraire à parcourir avec délice.

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Space Blues : Martin Duffy

 
Martin Duffy, immortalisé en tournée par Philip King, alors tous deux membres de Felt
Martin Duffy, immortalisé en tournée par Philip King, alors tous deux membres de Felt
 
 
“I’m your greatest fan / Cos’ you don’t give a damn”
Space Blues
, Felt, 1988
 
Alors que la Cigale se vide après le concert de The Stone Roses, il y a le souvenir de l’automne 1989 et de ce jeune homme titubant, sourire aux lèvres et yeux hilares, une bouteille de whisky dans la poche arrière du jeans. Je m’étais dit alors que ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour lui dire à quel point je trouvais Ballad Of The Band jubilatoire, All The People I Like Are Those That Are Dead génial et Space Blues essentiel. Deux heures avant, à sa place favorite, dans l’ombre d’un leader agacé, il avait décoré les chansons de ce dernier de son orgue de poche…
 

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« Le Chewing-Gum de Nina Simone » de Warren Ellis (Éditions de La Table Ronde)

Le musicien australien Warren Ellis fait d’un objet trivial un totem porteur de sens et de liens, symbole d’une transmission entre artistes et destins. Il raconte la vie de cet objet comme le ferait un shaman inspiré de George Perec et Jacques Prévert. Ce livre, un bijou ? Oui ; tout comme ledit chewing-gum. Arrivé en librairie, tout faisait envie : le violet du cadre de la jaquette, la photo de Warren Ellis à l’intérieur, ce musicien incroyable devenu au fil des années le partenaire incontournable et ami de Nick Cave, avec son violon et sa musique transcendantale, les BO de films incroyables, aussi… Et cette préface.

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