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Last Days of Sonic Protest

Dernière soirée de Sonic Protest au Théâtre de l’Echangeur samedi 30 mars 2024 / Photo : Philippe Lévy (détail)
Dernière soirée de Sonic Protest au Théâtre de l’Echangeur samedi 30 mars 2024 / Photo : Philippe Lévy (détail)

Vingt éditions du festival le plus anti-système et le plus déviant, un des seuls à pouvoir prétendre à remplir ses salles pendant près d’un mois avec des groupes parfois totalement obscurs, aux propositions sonores les plus folles, à travers un parcours de salles franciliennes, mais aussi à travers le pays, l’Europe. Au moment où l’équipe ont choisi de clore le chapitre, il est évidemment impossible de revenir chronologiquement sur ce parcours insensé. Pour saluer leur bravoure, nous avons choisi de proposer à l’un de nos photographes historiques, Philippe Lévy, de documenter les derniers jours de la fête. Avant que la vaillante équipe de Sonic Protest ne prenne un repos mérité, en imaginant qu’ils ne s’arrêteront pas de sitôt.
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Jean-Louis Murat – Les Jours Du Jaguar, par Pierre Andrieu (Le Boulon)

Je me souviens très bien de cet instant-là. Quelques semaines à peine après m’être installé à une dizaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, attablé à la terrasse d’un bistrot de la capitale arverne, mon ami Hervé – un gars vraiment du coin – m’a dit à peu près ces mots-là : “Tu verras, tu n’écoutes pas Murat de la même façon quand tu roules sur les routes auvergnates un jour d’automne… Il faut avoir vécu ça”. Quelques semaines plus tard, je crois qu’il m’avait dit à peu près la même chose au sujet du Steve McQueen de Prefab Sprout… Mais surtout, il avait raison – d’autant plus raison que Murat fut je crois très fan dudit Steve McQueen (l’album, pour l’acteur je ne sais pas), à tel point qu’il était allé jusqu’à louer les services du batteur Neil Conti, qui joue sur ce chef d’œuvre de 1985. Mais Hervé avait tort aussi : parce qu’il ne m’avait pas dit alors (alors, c’était vers 2011) qu’on n’écoutait pas non plus Murat de la même façon sur les routes auvergnates un jour de printemps. Parce qu’il ne m’avait pas dit l’effet que pouvait produire au hasard Le Lien Défait avec la chaine des puys comme ligne d’horizon dans un crépuscule naissant. C’est un effet dingue. Et un effet d’autant plus dingue quand on a appris quelques heures plus tôt, au détour d’un coup de téléphone à la fin d’une réunion, sa subite disparition… Continuer la lecture de « Jean-Louis Murat – Les Jours Du Jaguar, par Pierre Andrieu (Le Boulon) »

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Wesley Fuller, All Fuller No Filler (Cheersquad Records & Tapes)

Tout avait plutôt bien commencé pour Wesley Fuller. Quelques armes musicales collectivement fourbies, dans la première moitié des années 2010, sur la scène de Perth au sein de Hurricane Fighter Plane, le temps d’un single ou deux –  incidemment, on envie tous ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de jeter une oreille ravie sur I Can’t Win (2012), premier coup de génie power-pop, et sur son solo final à la Byrds. De quoi, en tous cas, attirer l’attention de James Endeacott – le directeur artistique de The Libertines et The Strokes – qui, sur la foi de ces fulgurances confidentielles, lui propose un contrat sur son label, 1965 Records pour y publier, coup sur coup, un premier Ep – Melvista (2016) – et un album – Inner City Dream (2017) suivis d’une longue tournée de près de deux ans. Jusqu’ici tout va bien, comme dirait l’autre : un jeune musicien hyperdoué enchaîne les étapes habituelles du parcours vers un succès mérité. Et puis ? Continuer la lecture de « Wesley Fuller, All Fuller No Filler (Cheersquad Records & Tapes) »

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Selon Geo, vous êtes tous étranges.

Geo
Geo / Photo : DR

On vous en avait parlé dans un Sous Surveillance en 2021, les néerlandais Geo sortiront leur premier album début mai chez Erste Theke Tontraeger, un label Allemand de Mannheim à l’initiative d’un certain nombre de pépites punk et dérivées depuis 2010. Dans leur besace, pêle-mêle : Display Homes, Marbled Eyed, Powerplant, Prison Affair, Public InterestYou are all strange, premier titre en écoute, qui prouve que Geo est capable de ralentir le tempo et d’expérimenter. Un environnement sous influence New-Yorkaise ou Georgienne : ESG , Mars, Liquid Liquid ou Pylon en tête. Continuer la lecture de « Selon Geo, vous êtes tous étranges. »

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The Mighty Lemon Drops, Happy Head (Blue Guitar, 1986)

En France, pour la musique d’outre-Manche, nous connaissons mieux la région des Midlands de l’Ouest à travers la ville de Birmingham (Black Sabbath, The Move, Dexys Midnight Runners, Broadcast, ELO…) ou Stourbridge (et son improbable scène Grebo). Pourtant, du coté de Wolverhampton, il s’est parfois aussi passé des choses. Dans les années 70, le club The Catacombs fut à l’avant garde de la northern soul, tandis que Slade frayait dans les charts avec leur glam-rock prolétaire. Plus proche de nous, Goldie, Cornershop ou les one-hit wonders de Babylon Zoo viennent du coin. The Mighty Lemon Drops se forment également là-bas en 1985. Continuer la lecture de « The Mighty Lemon Drops, Happy Head (Blue Guitar, 1986) »

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Close Up Daniel Darc par Marc Dufaud (Le Boulon)

Close Up Daniel Darc n’est pas qu’un livre de Marc Dufaud sur Daniel Darc, c’est un livre sur Daniel Darc et sur le cinéma et sur l’amitié.

En 1990, quand il a écrit le synopsis du film le Garçon Sauvage, au lendemain d’un concert au Gibus, Marc Dufaud a décidé de poser sa caméra – son regard – et de laisser la vie – celle de Daniel Darc, la sienne – se dérouler devant ses yeux. Il y aura, entre 1993 et 2004, quatre films – Le Garçon sauvage, White Trash, Les Enfants de la Blank, Rêve Coeur – puis en 2019, Pieces Of My Life, celui qui, pour reprendre l’expression de Marc Dufaud, les encapsule tous les quatre. Ces films, c’est une certaine idée du cinéma – poser sa caméra et regarder la vie – qui n’existe plus. Le cinéma aujourd’hui, à quelques exceptions près, n’est plus la vie – et la vie, quant à elle, c’est quoi ? – et c’est comme ça. Continuer la lecture de « Close Up Daniel Darc par Marc Dufaud (Le Boulon) »

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Théo Lessour, Chaosphonies (Le mot et le reste)

S’intéresser à l’usage et à la fonction du désordre pour écrire un essai philosophique consacré aux musiques des contre-cultures n’est pas tout à fait dans l’ordre des choses et ce n’est pas moi que ça viendra déranger.

Rock indus, dub, noise, électro, blues et jazz ont toujours fait partie de mes paysages musicaux et ont peu à peu mis à jour les strates sédimentées d’une éducation musicale passive forgée au rythme des sons de la nature, aux volutes du free jazz paternel et aux vastes espaces psychédéliques du Floyd du grand frère, strates auxquelles s’ajoutaient les bluettes américaines et les tubes des Beatles propres au versant féminin de la famille. Sur ce compost, il fallut évacuer la frustration de ne pouvoir utiliser le tambourin de l’école comme bon me semblait, à savoir un chaos répétitif, bruyant et agité, résister à l’ennui soporifique du strident pipeau des années collège et retenir une voix sauvage, enjouée et pleine d’allégresse qui finit par se taire. Dans ce brouhaha éclectique et indompté, un chemin de K7 pirates se dessina embarquant tout le punk rock new wave des 80’s et ses suites électro compactes. Bref, un joyeux foutoir… Continuer la lecture de « Théo Lessour, Chaosphonies (Le mot et le reste) »

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Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique »

Sean O'Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell
Sean O’Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell

Une semaine s’est à peine écoulée depuis la publication de Hey Panda et dans le Landernau – petit, convenons-en – des passionnés d’indie-pop, le débat commence déjà à faire rage. Sacrilège ! On entend de l’auto-tune sur le nouvel album des High Llamas, ces gardiens consacrés d’un temple dont les piliers semblaient sculptés, depuis plus de trente ans et donc pour l’éternité, dans le marbre inaltérable de Pet Sounds (1966). A chaque époque ses dogmes et ses trahisons, ses Dylan électriques et ses « Judas ! ». Toujours est-il qu’on ne peut pas feindre de s’épancher sur la Rétromanie galopante, déplorer que tout est déjà joué, rejoué et archi-joué et ne pas, au moins, consentir à jeter une oreille intriguée et admirative sur cette tentative pour rebattre aussi vigoureusement les cartes alors même que – coïncidence sans doute – un revival Microdisney bât son plein au Royaume-Uni après la diffusion toute récente d’un documentaire dont Sean O’Hagan pourrait se contenter d’assurer le service après-vente. Continuer la lecture de « Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique » »