Flotter, vibrer, aimer

Le dernier album de Billie Eilish vu par un père et sa fille.

Billie Eilish
Billie Eilish / Photo : William Drumm

Quand je t’ai demandé ce que tu avais pensé de Hit Me Hard And Soft de Billie Eilish, la première chose que tu m’as dite était que cet album vibrait dans ton corps et puis ensuite, il y a eu ces mots, très beaux, très simples : « des mélodies qui restent dans ma tête et des paroles qui résonnent dans mon esprit ». J’ai appris avec le temps, que personne n’écoute les disques de la même façon, que l’on en a tous des visions différentes. Alors moi aussi, je l’ai écouté, ce disque, dans le désordre, pas toi mais dès la première écoute, nos impressions sont les mêmes : être face à quelque chose de familier mais aussi de totalement nouveau. Je suis retombé dans mes vieux reflexes : la recherche des influences, les comparaisons inévitables avec les précédents albums et toi qui d’un coup, me dis « Hit Me Hard And Soft c’est la suite logique de Happier Than Ever. C’est comme un deuxième acte ou un deuxième chapitre. C’est la suite de son histoire, de ses expériences. Oui, dans les sonorités, il y a une cohérence avec les albums précédents mais c’est surtout le récit de sentiments nouveaux. » Je t’avoue qu’une fois que tu m’as dit ça, les chansons ont pris une autre dimension, la voix de Billie Eilish, ses mots, les sons, tout est devenu plus vivant. Tu me parles alors de Skinny, la chanson qui ouvre l’album, où, sans même écouter les paroles, simplement avec sa mélodie, tu me dis avoir ressentie les doutes dans lesquels se trouve – ou se trouvait – Billie Eilish. Je vois que tu es attachée à ça, à l’histoire de Billie Eilish, à ces textes qui racontent sa vie, ces textes qui ne sont pas des fantasmes ou des histoires toutes faites, mais une vie dans laquelle vous, la jeunesse, vous pouvez vous retrouver – ou y retrouver vos doutes -. Je t’ai alors laissée me raconter la suite de ton voyage musical. Après avoir vibré sur les dernières secondes de Chihiro, tu t’es arrêtée – tu ne t’es pas plutôt sentie figée ? – sur les deux chansons qui suivent, Birds Of Feather et Wildflower. Sur Birds Of Feather, il y a ces mots simples – I’ll love you ‘til the day that i die – qui t’ont comme frappée. Tu n’arrêtes pas d’y penser à cette phrase parfaite, à sa mélodie qui ouvre le coeur en deux, à l’émotion dans la voix de Billie Eilish. Cette chanson te donne la sensation d’une journée ensoleillée d’été et en y superposant les paroles, tu y vois à un amour si fort qu’il illuminerait les journées les plus sombres. Je nous imagine dans quelques jours, chantant cette chanson à tue-tête, avec peut-être, quelques larmes qui couleraient sur nos joues. Puis, l’écoute de Wildflower, remet tout en cause. La voix, les arrangements, l’outro comme tu dis, et voilà que tu plonges dans un tourbillon de doutes. Tu te sens comme emportée, tu te laisses aller, portée par la voix – toujours cette voix – celle de Billie, qui t’emporte avec elle. Avec Blue, la dernière chanson, comme Billie Eilish sur la pochette, tu flottes. Et tu te refais le film : une première partie – face A – qui est comme un regard sur son histoire avec ses questionnements, ses regrets et une deuxième partie – face B – qui voit Billie Eilish laisser son passé derrière elle et retrouver une paix intérieure. Est-ce là le sens de cette pochette ? On en reparlera comme on reparlera de L’Amour De Ma Vie. Cette chanson m’obsède, il en fallait bien une – je t’en avais parlé avant même d’avoir écouté le titre – mais je ne m’attendais pas a ca. Je ne pensais pas que L’Amour De Ma Vie serait la suite de Happier Than Ever – ou sa face B – et je ne pensais pas que j’allais découvrir une de plus belles chansons sur la rupture amoureuse. Ces 43 minutes, ces 9 titres et L’Amour De Ma Vie, je les écoute ce soir avec tes mots, avec ce que tu as ressenti, avec ce que je ressens – je doute, je chante, je pleure, je vibre – et je comprends enfin le titre du disque. Il fallait simplement y ajouter le mot Love.


Hit Me Hard And Soft de Billie Eilish est sorti sur les labels Interscope et Darkroom.

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