Des démos et des maux

Depuis peu, des démos du regretté Mark Lanegan, complice de Kurt Cobain ou Johnny Cash, ont refait surface.

Mark Lanegan
Mark Lanegan / Photo : Steve Gullick

En février dernier, Mark Lanegan, le taulier des Screaming Trees est parti rejoindre Layne Staley et Kurt Cobain en laissant derrière lui une discographie aussi dense que protéiforme. Il ne s’est jamais rien interdit dans tous les domaines et notamment celui de la musique. On peut donc braconner sur les terres des Queens Of The Stone Age tout en se reposant avec les chansons écrites avec Isobel Campbell. Depuis quelques jours, cette collection de disques s’enrichit d’une poignée de démos mise en ligne par un illustre inconnu. Et quelles démos… Car il s’agit de celles de ses débuts solo, de celles qui permettent à Lanegan de devenir Mark Lanegan.

On connait beaucoup de choses (notamment grâce à Sing Backwards and Weep, l’autobiographie de Lanegan) quant au contexte de l’enregistrement de ces morceaux. On en connait même trop, d’autant que le début des années 90 est pour le chanteur des Screaming Trees un cauchemar. Si son groupe commence à entrevoir une embellie au niveau des ventes de ses disques grâce au sillon creusé par Nirvana, la vie de Lanegan est aussi sombre que de la poix. La dope l’isole de son groupe et il le fait en chantant.

En 1991, il a déjà publié un premier album solo, The Winding Sheet, enregistré en quelques jours avec les 2/3 de Nirvana. Rien ne présuppose de la suite. Il va lui falloir plus de deux ans pour mettre fin à l’enregistrement de Whiskey For The Holy Ghost. Ces démos ont donc été enregistrées en 1992 ou 1993.
Ingérable, il va user jusqu’à la corde quatre ingénieurs du son et pousser dans ses retranchements l’équipe de Sub Pop. La première partie des bandes du disque ont fini dans la rivière qui jouxte le studio. Il est donc bien difficile de cerner l’équipe au chevet de ces chansons.

Par la suite, Lanegan quitte les affres soniques des Screaming Trees pour filer droit vers les racines du rock américain. Avec Mike Johnson, il plonge dans la nuit des pionniers américains et séduit au passage Johnny Cash tout juste auréolé d’un Grammy Award grâce à son premier American Recording. Les deux partiront ensemble en tournée et Lanegan se canalisera, accompagné d’un Mudhoney et d’un Dinosaur Jr.

Ces démos permettent de donner un coup de jeune à l’écoute des premiers Lanegan, disques infatigables que l’on connait par cœur.
Elles annoncent Scraps At Midnight avec le morceau Wheels et nous désarment par leur apparente simplicité. À cheval entre Willie Nelson et un certain… Johnny Cash. Elles montrent surtout un type que le circuit pensait fini et qui va se réinventer en faisant les choses simplement.

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