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Grandaddy, Blu Wav (Dangerbird/Soundworks)

Sans doute faut-il commencer par faire taire toutes les tentations d’évaluation comparative. Ne pas chercher à savoir si Blu Wav est le meilleur album de Grandaddy depuis le meilleur album de Grandaddy, depuis etc… Le passé est loin, The Sophtware Slump (2000) aussi. Peu importe après tout et Jason Lytle va manifestement assez mal pour ne pas le condamner dès la première écoute à trimballer son œuvre comme un boulet supplémentaire. En 2017, au moment de la sortie de Last Place, il avait semblé encore vaguement décidé à jouer le jeu. Non sans réticences, mais quand même un peu. Le jeu du collectif, du grand retour, des entretiens promotionnels où il nous racontait que ses seuls contacts avec l’humanité se limitaient désormais à ses balades dominicales dans la cafétéria IKEA la plus proche de son domicile californien. Continuer la lecture de « Grandaddy, Blu Wav (Dangerbird/Soundworks) »

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The Chi-Lites, (For God’s Sake) Give More Power To The People (Brunswick, 1971)

Avant que la house n’enflamme les pistes de danse de Chicago, la ville de l’Illinois avait développé dans les années 60-70 une tradition soul, dans un paysage marqué par la Motown ou la Stax. Au delà de Jackie Wilson ou Curtis Mayfield (avec/sans The Impressions), Chicago pouvait en effet compter sur une scène particulièrement riche : Tyrone Davis, Gene Chandler, Jerry Butler, Fontella Bass, Billy Stewart, Baby Huey, The Staple Singers, The Dells, Rotary Connection ou encore les Chi-Lites qui nous intéressent aujourd’hui. Ces artistes adoptaient évidemment les codes de leur époque, mais y injectaient une vraie sensibilité, propre à la Windy City. Définir le son de la Chicago soul n’est pas si aisée, pourtant dès que vous mettez un disque produit dans cette métropole, quelque chose de spécial se passe. C’est groovy, avec un balancement presque nonchalant, plus soyeux que la southern soul, moins pop et amphétaminé que la northern soul. Continuer la lecture de « The Chi-Lites, (For God’s Sake) Give More Power To The People (Brunswick, 1971) »

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Thomas Jean Henri (Cabane) : « J’ai essayé de me persuader que j’étais capable d’écrire des chansons. »

Cabane / Photo : Thomas Jean Henri
Cabane / Photo : Thomas Jean Henri

On s’attendait à des échanges colorés de mélancolie, voire de tristesse. Pas forcément à ce que la cause principale soit de cet ordre. En ce vendredi 26 janvier, Thomas Jean Henri est de passage dans la capitale pour célébrer la concrétisation matérielle – longtemps incertaine et différée – du deuxième volet du triptyque Cabane. La veille, Anderlecht, son club de cœur, a perdu contre l’Union Saint-Gilloise pourtant réduite à dix et il semble en éprouver encore quelques traces de frustration désabusées. Ou de résignation sereine. Entre les deux. Passions supportrices mises à part, c’est très précisément dans cet espace interstitiel entre les émotions contrastées que se prolongent la conversation et surtout la découverte admirative de Brûlée. Les sensations éprouvées au cours des premières sessions d’écoute organisées au printemps 2023 se confirment. S’intensifient même. La délicatesse avec laquelle Thomas Jean Henri y organise le dialogue entre ses interprètes masculins et féminins ne laisse de surprendre et d’émouvoir, tout au long de ces évocations intimes et justes des résidus incertains des sentiments éphémères. Continuer la lecture de « Thomas Jean Henri (Cabane) : « J’ai essayé de me persuader que j’étais capable d’écrire des chansons. » »

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Gnac, The Echoes On Departure (Vertical Features)

Dans l’histoire des musiques modernes, le statut de musicien culte est – si ce n’est enviable – bien souvent envié. Parce qu’après tout, combien auraient finalement préféré ne jamais (mais vraiment jamais) tutoyer le succès et les ors des majors pour mieux rester dans le périmètre du cool et se voir désigné par leurs pairs (et leurs descendants) figure tutélaire sans plus aucun risque de date de péremption ? Il y en a quelques-uns bien sûr, mais le premier qui (me) vient à l’esprit est peut-être Guy Chadwick, un Monsieur Tout le Monde ayant raté son rendez-vous néo-romantique avant de devenir un de ces orphelins du Velvet et damer le pion à ses copains Peter Astor et consorts en approchant le presque grand succès avec des chansons aux titres parfois désespérants – Beatles And Stones, quand même – et une deuxième version ratée d’un premier single qui avec le recul aurait peut-être dû rester le seul disque de The House Of Love – tant qu’à être culte, autant viser haut… Alors voilà, Guy Chadwick ne sera plus jamais Lawrence ou Vini Reilly, et plus rien ni personne n’y pourra rien changer.

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The Reed Conservation Society, La Société de Préservation du Roseau (Violette/Kuroneko)

Tout change un peu, rien ne change vraiment. Après avoir achevé une première trilogie sur format court – 3 Ep’s (2021) – The Reed Conservation Society a donc décidé de franchir le Rubicon linguistique en passant de l’anglais au français. « Je suis curieux de retrouver le cœur des chansons, mais dans un autre contexte. » C’est ce qu’annonçait déjà Stéphane Auzenet il y a bientôt deux ans, en évoquant ici ce long cheminement vers un premier album très attendu. De fait, c’est bien la même inspiration palpitante qui anime aujourd’hui ces compositions façonnées avec toute l’attention et le soin du détail qui caractérisent cet amoureux de l’artisanat pop et ses compagnons d’aventure. Continuer la lecture de « The Reed Conservation Society, La Société de Préservation du Roseau (Violette/Kuroneko) »

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Dubstar, Disgraceful (Food, 1995)

Les années 90, si proches et si loin de nous… Fun Radio passe les hits de Nirvana, Pearl Jam ou Soundgarden tandis que les ados pointus écoutent en boucle les albums de Fugazi, Guided By Voices, Teenage Fanclub, Blonde Redhead ou The Breeders. Il n’était pas cependant que question de rock ! La musique électronique connaissait aussi ses premiers grands succès populaires avec les Daft Punk, Underworld, Basement Jaxx ou Laurent Garnier. Dans cette ambiance parfois presque psychédélique (Deee-Lite), des formations tentèrent de créer un pont entre la musique indépendante (rock, pop) et la dance music électronique. Continuer la lecture de « Dubstar, Disgraceful (Food, 1995) »

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Les Pheromoans en ont remis partout

The Pheromoans
The Pheromoans / Photo : le groupe lui-même

En 18 ans d’existence, c’est le déjà le treizième album du groupe du sud-est de l’Angleterre, connu et souvent adulé des féru.es de pop revêche matinée d’expérimentations mais encore trop méconnue par chez nous. Le sextette Pheromoans revient donc avec Wyrd Psearch à paraître le 1er Mars chez Upset ! The Rhythm, la bonne crèmerie Londonienne. En guise de première mise en bouche, Downtown, jolie balade sonique aux guitares carillonnantes et à la rythmique toujours solide, qui s’articule autour de la voix et des paroles de Russell Walker. Celles-ci abordent une tentative de remonter le temps, pour s’échapper de l’ennuyeuse réalité. La formule classique du morceau n’enlève pas moins toute la nostalgie qu’il dégage. Le temps qui passe et la crise de la quarantaine sont d’ailleurs des sujets récurrents dans l’album. Un premier single qui laisse à penser que ce nouvel album sera comme les précédents, un petit bijou collectif. Continuer la lecture de « Les Pheromoans en ont remis partout »

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Sextile : « Depeche Mode a sauvé ma vie »

Sextile
Sextile / Photo : DR

Sur papier, Sextile semblait promis à un bel avenir. Fondé en 2015 à la suite d’une rencontre en rehab, le quatuor avait enfin trouvé la bonne formule avec leur single Current Affair et leur EP 3 sortis en 2018. Résumer leur son de l’époque à de l’EBM serait un peu réducteur tant leurs influences semblent dépasser les étiquettes. Si le projet était avant tout celui de Melissa Scutado et de Brady Kheen, le décès en 2019 d’Eddie Wuebben, membre fondateur, guitariste et joueur de synthé, a entraîné le split du groupe. Mais aussi sa reformation en 2022, comme le racontent de façon très touchante Melissa et Brady dans cette interview. De retour avec Push, énorme album en forme de déclaration d’amour à la musique qui les a construits (électro, punk, rave etc), le groupe réussit l’exploit de retranscrire en studio l’énergie qui fait d’eux l’un des meilleurs groupes de scène actuels.

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