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I Like 2 Stay Home #31 : Michael Head

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Je me souviens très bien de l’article. Ou plutôt de la photo qui l’accompagne et de son titre. Visages Pales. C’est une colonne, autant dire par grand-chose mais c’est déjà ça. Pour la signature, j’hésite aujourd’hui : Michka Assayas ou François Gorin ? Je ne sais plus du tout quel était la une ni le sommaire de ce numéro de Rock & Folk, ni même l’année exacte de sa parution – 1984 ou 1985, je pense. Mais les articles sur The Pale Fountains n’étaient pas légion – on lisait déjà la presse anglaise (un peu), mais elle n’était pas plus bavarde au sujet du groupe que son homologue française. Alors, on savait l’origine (Liverpool), on détaillait les photos de la pochette intérieure de Pacific Street (1983) et ces mecs qui avaient une classe folle et bien sûr, on admirait les chansons imaginées par un gamin de même pas un quart de siècle – dont on nous disait qu’elles devaient beaucoup à Love, Burt Bacharach et la bossa (autant de noms qu’on allait découvrir un peu plus tard). Parce que l’époque actuelle prête à se retourner sur le passé, je m’aperçois aujourd’hui que les compositions du garçon en question m’accompagnent depuis presque quarante ans – c’est quand même pas mal quarante ans. Avec The Pale Fountains, donc, puis Shack, mais aussi lors de la parenthèse du vrai faux album solo, le très beau The Magical World Of The Strands, et de la résurrection discographique de 2013, via l’important label franco-anglais Violette Records. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #31 : Michael Head »

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#31 : Palace, Gezundheit (Hausmusik, 1995)

Palace, royal au bar.
Palace, royal au bar.

Prost, cheers, saúde, na zdrowie, kanpai, salud, santé, Gesundheit.

Même en multipliant les locutions étrangères pour faire la nique aux partisans de la fermeture des frontières, trinquer seul depuis 33 jours n’est paradoxalement pas le meilleur moyen de lever le pied sur la picole. Si les amis imaginaires sont depuis longtemps remisés dans les placards de l’enfance, toute une confrérie de buveurs descend régulièrement de la bibliothèque pour s’inviter à la table et me tenir compagnie. Le consul Geoffrey furète à la recherche d’une bouteille de mezcal, René propose de rhabiller les gosses pour la énième fois, déjà Charles s’est endormi. Continuer la lecture de « #31 : Palace, Gezundheit (Hausmusik, 1995) »

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Ricky Hollywood, Le sens du sens (La Modeste Association, FVTVR records)

Montre moi la matière noire
Celle qui se loge dans ton regard

Sur les blogs, dans les journaux en ligne, dans les quotidiens, à la télévision (ah non) ou sur Twitch (tiens, why not), on pourrait gloser des heures sur le fait qu’un type de musique fuselé pour les hit parades se retrouve scotché dans un monde plutôt souterrain, ou du moins perdu « au milieu », où les ventes se comptent sur les doigts d’une main et où les artistes vivent plus souvent de leur intermittence à l’arrache que de leur bingo de sociétaire à la SACEM. Si ces honnêtes personnes ont acquis, à force de travail et de talent, les codes sacrés du tube pop français, s’ils les ont modelés amoureusement selon leur personnalité, à coup imparable de paroles positives et mélancoliques, de couplets brillants, de refrains calibrés et même de ponts (d’or), voire de chorus de saxophones, il faudra bien se résoudre à leur dire que des tops et des charts, ça n’existe plus vraiment. Que les singles et les albums vendus par brouette, que pouic. Ou presque. Du coup, les places sont comptées, car on sait le rap tranquille, assis son trône, sans partage. Il n’en reste pas moins que cette musique existe, qu’elle est plus profonde qu’on ne le pense, malgré son absence de « raison d’être » évidente. Continuer la lecture de « Ricky Hollywood, Le sens du sens (La Modeste Association, FVTVR records) »

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I Like 2 Stay Home #30 : Trippin’ With The Birds

Alors que nous vivons reclus derrière nos fenêtres ou bien que nous déambulons par devoir dans les rues des villes dépeuplées, une autre vie que la nôtre, elle, semble ne pas avoir été troublée par le soudain bouleversement de vous savez quoi. Dans le silence nouveau de ce brusque changement du rythme de l’humanité, le règne des oiseaux pendant ce temps là, lui, s’affirme en décibels charmants et mélodieux semblant nous faire passer délicatement le message que sans nous, un monde parallèle continue de tourner. Et pourtant, de tous temps — de Saint François d’Assise prêchant aux passereaux à la stèle ailée d’Olivier Messiaen pour d’exemples n’en dire que deux — l’interaction Homme-Oiseau a produit une multitude poétique dont l’importance laisse sans voix. La musique immémoriale de nos emplumés tant aimés — qu’elle soit imitée par voix, instruments ou machines, qu’elle provienne du chant printanier du merle ou des sifflements lointains des martinets à la fin de l’été — se retrouve à peu près partout dans la musique, elle, humaine que nous aimons tant. Alors merci à la sérendipité et à mes trois drôles d’oiseaux favoris (Thomas Schwoerer, Sébastien Trihan et Étienne Greib, qui d’ailleurs et hélas déplore l’absence de tout titre à propos de volatiles dans la discographie des Byrds) de m’avoir sifflé quelques exemples qui j’espère vous raviront autant les oreilles que moi. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #30 : Trippin’ With The Birds »

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#30 : The Danse Society, 2000 Light Years From Home (Society Records, Arista, 1984)

The Danse Society, ombres et lumière.
The Danse Society, ombres et lumière.

Je lorgne sur certaines des listes de confinement qu’on a bien voulu me communiquer. Ad Astra, First Man, The Right Stuff (L’étoffe des héros), l’immarcescible 2001 : A Space Odyssey. Notre besoin d’évasion est impossible à rassasier – et nous pousse à maladroitement singer Stig Dagerman. Amusant comment toutes ces histoires de conquête de l’espace convoquent la claustration comme condition sine qua non. D’autres relisent Voyage autour de ma chambre, de Xavier De Maistre, et l’adoptent comme vade-mecum pour la période repliée. Ca vaut toujours mieux que Les Carnets du sous-sol, me direz-vous. Continuer la lecture de « #30 : The Danse Society, 2000 Light Years From Home (Society Records, Arista, 1984) »

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Selectorama : Rustin Man

Rustin Man
Rustin Man / photo : Lawrence Watson

Après 17 années de silence radio depuis la sortie de son album avec Beth Gibbons, Rustin Man nous a gratifié de deux albums en l’espace d’un an. Enregistrés lors des mêmes sessions, ils se démarquent par des atmosphères différentes. Si Drift Code est un album dense et électrique Clockdust en est une variation plus aérée et cinématographique. Il aura fallu quinze ans à Paul Webb, l’ancien bassiste de Talk Talk, pour finaliser ces enregistrements. Lee Harris, dont il semble inséparable depuis la séparation du groupe en 1992, est venu lui prêter main forte sur quelques titres. Une grande variété influences musicales ont orienté son approche pendant ces années de travail. De Sigur Ros à Ministry, il revient en détail sur la majorité d’entre elles dans ce selectorama conséquent, et très riche en anecdotes. Continuer la lecture de « Selectorama : Rustin Man »

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I Like 2 Stay Home #29 : Tribute à Adam Schlesinger

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

C’est con, mais c’est ainsi. L’annonce de cette mort-ci m’a bouleversé davantage que toutes les autres, émergeant du flot presque ininterrompu des faire-part de décès qui s’écoule au gré des réseaux sociaux et ne s’accompagne, la plupart du temps, que du ronronnement convenu des condoléances et des hommages, parfois sincères mais rarement plus émouvants qu’un discours compassé d’entrepreneur de pompes-funèbres. Nous écoutons une musique de vieux, il faut s’y faire, et nous avons pris depuis longtemps l’habitude de voir des pans de notre discothèque soudain jumelés avec le coin de cimetière où s’amoncèlent les dépouilles des idoles. Comme dans la vie, ces lieux dédiés où s’alignent les sépultures ne sont pas vraiment propices au surgissement des émotions : trop glaçants, trop imprégnés du formalisme décalé des cérémonies qui s’y déroulent pour qu’y retentisse la vraie brutalité du deuil. Pas cette fois-ci. Bien sûr, je ne connaissais pas Adam Schlesinger et les quelques larmes versées dans la nuit du 1er avril ne proviennent que de cette part du souvenir où continuent de s’entremêler les chansons et ce que nous projetons d’intime en elle. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #29 : Tribute à Adam Schlesinger »

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#29 : Sparks, This Cannes Ain’t Big Enough For Both Of Us (Island Records, 1974)

Sparks, daltoniens sur tapis rouge.
Sparks, daltoniens sur tapis rouge.

Russel Mael ne descendra pas au Carlton. Ron Mael ne jouera pas de son Roland anagrammé Ronald sur la place de la Castre. Les Sparks ne monteront pas les marches sous les vivats, et on s’en désole.
Pas plus qu’en mai, Cannes 2020 n’aura lieu fin juin – début juillet comme l’appelait de ses vœux Thierry Frémaux, le délégué général du festival. Depuis lundi soir la plupart des festivals qui devaient se tenir cet été, dont celui d’Avignon, ont annoncé leur annulation. De même que les sélections parallèles cannoises, Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique, et ACID qui ont de concert plié les gaules. Mais pas Thierry Frémaux, qui s’entête, résiste, s’arc-boute pour trouver une solution, même s’il concédait mardi dans un communiqué qu’ « il apparaît désormais difficile de penser que le Festival de Cannes puisse être organisé cette année sous sa forme initiale ». Ayant balayé toute option d’un Cannes virtuel sur écran d’ordi, il lui faut trouver une forme inédite pour faire « exister les films de Cannes 2020 d’une manière ou d’une autre », et aussi veiller, même s’il se défendra de l’avouer, à ne pas se laisser tondre la laine sur le dos par Alberto Barbera et la Mostra de Venise – qui doit, sauf contre-indication, se tenir du 2 au 12 septembre. Continuer la lecture de « #29 : Sparks, This Cannes Ain’t Big Enough For Both Of Us (Island Records, 1974) »